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Audition du Général de division Pascal Facon

Compte rendu Commission de la défense nationale et des forces armées
Engagement opérationnel
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M. le président Jean-Jacques Bridey. Mon général, vous commandez le centre de doctrine et d’enseignement du commandement (CDEC), rattaché à l’état-major de l’armée de terre. Après vous avoir écouté à une conférence-débat, j’avais pensé qu’il fallait vous entendre devant notre commission.
Chers collègues, je crois que vous allez en effet apprendre des choses nouvelles sur la doctrine militaire française.


Général de division Pascal Facon, commandant le centre de doctrine et d’enseignement du commandement. Je vous remercie de votre accueil, comme je vous remercie de me donner l’occasion d’évoquer devant vous le retour d’expériences de trois conflits, au Levant, dans la bande sahélo-saharienne (BSS) et en Ukraine. Dans le cadre de cette audition, je suis accompagné du colonel Nicolas Auboin, qui dirige la division doctrine, et du colonel Gilles Haberey, chef d’état-major du CDEC.


Le CDEC est un organisme placé sous l’autorité du major général de l’armée de terre, le général de corps d’armée Barrera. Sa mission est double : élaborer le mode d’emploi de notre armée de terre, c’est-à-dire sa doctrine – définie par le maréchal Foch comme un « ensemble de principes appliqués de façon variable, en fonction des circonstances » –, sur la base notamment des retours d’expériences (RETEX) et des études prospectives ; former les futurs chefs de nos armées et ceux qui les aideront à décider.


L’objectif du CDEC, de ses quatre écoles, de ses trois divisions, de ses deux pôles et de sa chaire de tactique, est de concevoir, enseigner et faire rayonner la pensée militaire française dans un environnement opérationnel caractérisé par notre engagement sur le territoire national, par la poursuite des opérations extérieures de type Barkhane et Chammal, par des progrès techniques qui font tous les jours évoluer sous nos yeux le champ de bataille et par un possible retour des conflits de haute intensité.


Cette audition offre au CDEC une occasion unique de présenter les principaux enseignements et conclusions tirés de trois conflits en cours au Levant, dans la BSSet dans l’est de l’Ukraine. Nous répondons ainsi à la devise du centre : « Si tu veux la paix, prépare la guerre. »


Le RETEX influence l’ensemble d’un cycle que nous appelons DORESE – acronyme de « Doctrine, organisation, ressources humaines, équipements, soutien des forces, entraînement ». Il s’agit d’une méthodologie qui permet d’avoir une approche globale de la question des capacités, qui ne sont plus uniquement perçues sous le prisme des matériels.  


Cette démarche est indispensable, car le temps de l’étude et du RETEX n’est pas celui de l’action. Comme le disait le général Foch, lorsqu’il était à la tête de l’École de guerre, entre 1908 et 1911 : « La réalité du champ de bataille, c’est qu’on n’y apprend rien ; on fait ce que l’on peut avec ce que l’on sait. Dès lors, pour pouvoir un peu, il faut savoir beaucoup et bien. » C’est là tout l’enjeu de l’enseignement du commandement et du travail de RETEX.


Ce RETEX a de multiples conséquences et usages. D’abord, il éclaire l’action de ceux qui sont en charge de forger l’épée et le bouclier de nos forces. Le général de division Charles Beaudoin, sous-chef d’état-major chargé des plans et des programmes de l’état-major de l’armée de terre (EMAT), lorsqu’il a été auditionné le 16 mai dernier, a montré que chaque programme, chaque matériel, aussi petit ou simple soit-il, renvoie à un besoin opérationnel directement issu d’un retour d’expériences.


Le RETEX est à l’origine de l’adaptation réactive sur toutes les étapes du processus DORESE, comme par exemple la lutte contre les Engins explosifs improvisés (EEI) qui détruisent nos véhicules : quel matériel devons-nous dès lors posséder pour y faire face ? Il en va de même de la lutte contre les drones, dont l’utilisation est désormais généralisée. À l’autre bout du spectre, le retour d’expériences nourrit l’anticipation proactive avec la doctrine exploratoire SCORPION – acronyme de « Synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation ».  


Il aide le Commandement des forces terrestres (CFT), pourvoyeur de forces certifiées pour une opération, à entraîner nos unités. L’expérience acquise à tous les niveaux par nos forces dans différentes opérations est le carburant de la préparation opérationnelle conduite par le tout nouveau commandement de l’entraînement et des écoles du combat interarmes (E2CIA), créé le 2 juillet dernier à Mourmelon-le-Grand et placé sous l’autorité du CFT.


Le retour d’expériences nourrit enfin la doctrine, le mode d’emploi opérationnel de notre armée de Terre, en faisant en sorte que celle-ci ne soit pas une pensée figée.


Le RETEX alimente une pensée militaire qui associe les enseignements tirés des opérations, vécues ou observées, et une réflexion menée tous azimuts sur l’évolution des formes de conflictualité. La semaine dernière, nous recevions ainsi un haut responsable de l’Historial de Péronne, pour réfléchir aux facteurs de résilience et de résistance d’une société, au regard de l’expérience de 1914-1918. L’ « esprit guerrier », mis régulièrement en exergue par le général d’armée Bosser, chef d’état-major de l’armée de terre (CEMAT), était au centre de nos discussions. Nous réfléchissons ainsi à ce que nous voyons, à ce que nous imaginons, quand nous observons notre histoire.


Sans être prédictif, sans permettre de prévoir tout ou d’anticiper tout, le RETEX participe pleinement, en revanche, à la formation d’esprits orientés vers l’action. « La cuirasse parfaite n’existe pas, mais il ne faut pas être pris en flagrant délit d’impréparation », comme le dit souvent le CEMAT.


Vous m’avez demandé de vous livrer une analyse de trois conflits. Il ne s’agira pas de revenir sur leur genèse politico-militaire, ni même de me prononcer sur la conduite des opérations, ce qui relève de la responsabilité du Chef d’état-major des armées (CEMA).
Nous allons, en revanche, chercher à caractériser les principaux déterminants de ces conflits. Nous allons aussi, et surtout, montrer que les choix opérés dans la loi de programmation militaire (LPM) sont justifiés au regard de ce que nous savons des engagements actuels et envisageons pour les conflits futurs.


En termes de méthode, je ne vous présenterai pas les conflits au Levant, dans la BSS ou en Ukraine successivement. Je me propose plutôt de les aborder sous l’angle des Facteurs de supériorité opérationnelle (FSO), tels qu’ils sont identifiés dans « Action terrestre future », et donc de jeter un regard sur ces trois conflits au prisme des huit facteurs de supériorité opérationnelle : masse, coopération, compréhension, agilité, influence, force morale, endurance, performance du commandement. Ces facteurs sont en permanence combinés pour atteindre l’état final recherché d’un point de vue militaire.

 

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Titre : Audition du Général de division Pascal Facon
Auteur(s) : Présidence de M. Jean-Jacques Bridey
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Armée