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DU CADRE D’EMPLOI DES FORCES ARMÉES

TACTIQUE GÉNÉRALE, Emploi des forces armées et nouvelles conditions des opérations
Histoire & stratégie
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La fin de la guerre froide a modifié les équilibres stratégiques rendant ainsi improbable la guerre entre Etats dans l’espace occidental tandis que s’impose la prédominance des guerres civiles ou intra-étatiques.

Dans ce contexte, de nouvelles formes de menace apparaissent, qui contournent les voies de la confrontation classique et accroissent encore l’incertitude inhérente à la guerre


Appréhender le brouillard de la guerre

Les natures nombreuses et les origines multiples de ces menaces et des risques assortis, contribuent à épaissir le “brouillard de la guerre”.

 

Le facteur humain

L’analyse du brouillard de la guerre se conçoit d’abord en termes de “passions des hommes” - c’est-à-dire en termes changeants et apparemment illogiques - car “l’homme est l’instrument premier du combat”.

L’homme est la première source d’imprévisibilité et en particulier le combattant qui est soumis à une violence qui stimule ses passions et ses faiblesses. Si la psychologie du combattant régulier semble relativement aisée à comprendre car elle repose d’abord sur des fondements partagés, en revanche l’adversaire irrégulier est sujet à d’autres facteurs plus difficiles à appréhender.

 

  • La psychologie de l’adversaire

“Chacun des adversaires fait la loi de l’autre” comme le dit Clausewitz et celle qu’impose aujourd’hui le combattant adverse devient de plus en plus aléatoire. La disparité des cultures engendre en effet une diversité des perceptions. La principale cause d’incertitude est la difficulté à discerner les buts politiques et militaires de l’adversaire. Ce dernier n’est plus homogène, mais constitué d’une multitude d’acteurs aux intérêts divergents.

 

  • La confrontation des volontés n’obéit  plus aux règles passées.

L’adversaire politique ou militaire n’a le plus souvent ni les mêmes modes

de pensée, ni les mêmes références éthiques, ni les mêmes modèles d’action.

  • Sa psychologie a elle-même subi plusieurs évolutions notables dues :
  • à l’emploi de la terreur comme mode opératoire normal justifié par les objectifs ;
  • au retour vers les affirmations les plus extrêmes du nationalisme ou de l’identité d’un peuple ou d’une ethnie. Ce phénomène est parfois conjugué à l’irruption d’une dimension religieuse qui affirme la supériorité de ses dogmes et de ses pratiques sur les autres droits.
  • aux motivations qui reposent sur la corruption, les promesses de pillage, de butin ;
  • aux effets des drogues, en particulier distribuées à des enfants-soldats, etc.

Enfin, le modèle démocratique occidental n’est pas reconnu comme tel dans bien des pays.

Comprendre la psychologie et les modes de pensée des chefs politiques et militaires adverses devient alors hasardeux. Le principe de distanciation doit être appliqué pour ne pas céder au penchant naturel de vouloir classer en “bons” et “méchants”, ce qui n’a souvent pas de sens.

 

  • La psychologie de “l’arrière”

L’implication de la nation reste un facteur majeur du succès qu’il est parfois difficile de susciter. Il est également malaisé d’évaluer si les dirigeants adverses peuvent être affaiblis voire désavoués par leur population ou s’ils bénéficient d’un soutien sans faille. Cette psychologie de l’arrière repose sur des facteurs classiques comme :

  • l’adhésion à une politique de défense ou d’intervention pour protéger des intérêts clairement perçus ;
  • la capacité des autorités à limiter les pertes civiles et militaires ;
  • le soutien d’alliés ou d’organisations internationales ;
  • l’espoir d’un règlement du conflit avantageux pour tous.

 

  • Les frictions du champ de bataille

Le brouillard de la guerre se conçoit aussi en termes de frictions.

Par sa nature interactive, une confrontation est soumise aux forces psychologiques de tous les protagonistes et se caractérise par des contrecoups permanents. Il s’ensuit que le cours d’une guerre ne se limite pas au simple enchaînement des intentions et actions des parties en présence car il génère des frictions permanentes.  Ce sont celles des réactions de l’adversaire à nos propres actions qui engendrent des effets qui sont interprétés, produisant à leur tour d’autres effets.

La guerre ne peut être enfermée dans une simple logique de coups et de contrecoups. Tout adversaire cherchera à tirer avantage des effets disproportionnés et des situations imprévisibles issues des frictions. Qui plus est, il ne suit pas toujours les mêmes règles ; dans sa volonté de prendre le dessus, il cherchera souvent à changer les normes qui pourraient éventuellement exister. C’est l’une des raisons majeures qui explique que la conduite d’une guerre peut changer de caractère et que toute guerre est structurellement instable.

 

La bataille de Malplaquet (11 septembre 1709) : moral et incertitude.

Lors de la guerre de succession d’Espagne, la France de Louis XIV fait face à l’Europe coalisée ; en 1709, elle a subi une série de défaites catastrophiques. Les négociations de paix et opérations militaires vont alors de conserve tandis que le royaume est affecté par une terrible famine due à un hiver particulièrement rigoureux. Usant de ces revers, la propagande des Alliés se fait très active.

Face aux troupes ennemies qui couvrent le siège de Tournai, Villars retranche ses 75 000 hommes sur le terrain très compartimenté autour de Malplaquet. En fin de journée alors que les bruits de paix parcourent avec insistance le champ de bataille, une véritable rencontre pacifique réunit plusieurs centaines d’officiers des deux bords sur l’aile gauche du dispositif français à l’initiative d’officiers généraux alliés. Il résulte de cette embrassade qu’à cet endroit, outre que son dispositif a été reconnu par l’ennemi, la partie française croit à la paix.

A 7h30 le lendemain matin, c’est sur ce secteur du front qu’après une préparation d’artillerie, les Alliés attaquent vivement les Français. Déstabilisés par les événements de la veille, les meilleurs régiments français (Gardes et du Roi) cèdent à la panique entraînant une grande confusion dans les rangs de l’aile gauche en partie enveloppée par l’ennemi. Les désorganisations qui s’ensuivent rompent le dispositif français qui n’est rétabli qu’au prix de nombreuses mêlées parfois fratricides. Villars est en outre blessé, ce qui affecte le moral des troupes françaises.

Refoulé sur l’aile gauche et menacé d’être tourné, Boufflers qui le remplace, fait sonner la retraite qui s’effectue en bon ordre. Au bilan, les pertes furent néanmoins supérieures chez les Alliés et la France put prolonger ainsi la résistance pendant quatre années.

 

Le cadre  des interventions militaires

Il convient de distinguer les trois types de conflits dans lesquels s’inscrivent les interventions militaires. Ils se différencient par la nature de l’adversaire qui s’oppose à l’engagement des forces terrestres.

- les conflits  symétriques  mettent en opposition des forces armées de nature similaire dans leurs volumes, équipements, technologies et doctrines, et usant des mêmes modèles stratégiques militaires. Le plus souvent, il s’agira de conflits violents visant la victoire militaire.

- les conflits dissymétriques mettent en opposition des forces armées également de nature similaire, mais de structures, de volumes, d’équipements et technologies et de doctrines différents.

- les conflits asymétriques sont d’un type dans lequel il y a disparité de nature des buts de guerre, des moyens et des manières d’agir.

Quel que soit le type de conflit, la conception et la conduite des opérations dépendent en premier lieu des buts politiques retenus et du choix de l’option politico-stratégique. Puis l’analyse militaire détermine le mode stratégique  pouvant être utilisé, c’est-à-dire les grandes lignes de l’action militaire découlant directement de l’option stratégique et des contraintes imposées par le politique.

 

  • Dans le cadre de la politique de sécurité collective des Etats, trois buts politiques peuvent être envisagés selon la gravité de la crise et le moment où elle est prise en compte :

- éviter le déséquilibre avant qu’il ne se produise,

- rétablir l’équilibre existant avant la crise,

- créer un nouvel équilibre parce que le retour à l’ancien est impossible.

  • Le but politique fixé, trois options politico-stratégiques sont possibles pour l’atteindre; elles ne sont pas forcément militaires. La Charte des Nations Unies par ses chapitres VI et VII, contribue à la recherche de ces objectifs.

- La  participation  à  un  règlement  pacifique  est  largement développée dans le chapitre VI de la Charte de l’ONU.

- Le maniement de pressions  et de sanctions  est évoqué dans le chapitre VII de la Charte. Des moyens militaires peuvent être engagés dans cette option. Ils seront nécessaires pour effectuer des démonstrations de force ou mettre en œuvre des mesures en cas d’embargo.

- L’option  de  recours   à  la  force  armée  signifie  que  la  solution envisagée ne pourra être obtenue que par l’emploi de forces militaires dans le cadre d’une stratégie opérationnelle à déterminer et à conduire.

  • Pour une crise donnée, différentes options  stratégiques militaires sont élaborées, qui proposent une combinaison d’actions permettant de satisfaire l’option politique retenue. Le document de doctrine interarmées d’emploi des forces en opérations4 en distingue trois familles :

- Le  soutien  à  la  prévention   et  la  sécurité,   comprenant  les contributions des forces armées aux actions politiques, diplomatiques et économiques, ainsi qu’aux actions militaires d’un pays tiers et enfin aux actions humanitaires et de sécurité.

- La maîtrise de la violence  qui a pour but de permettre de prévenir, contenir et contrôler l’escalade de la violence. Il en résulte que ces actions ne pourront être menées sans courir le risque d’entraîner une force mandatée dans un affrontement armé durable que le décideur politique tente d’éviter.

- Les actions de force recherchant une victoire militaire sur un adversaire désigné, ce qui n’implique pas nécessairement la destruction complète de sa capacité de défense politique, militaire et économique. L’objectif dans le contexte stratégique actuel, est de contraindre un adversaire à renoncer à ses objectifs militaires sur le théâtre d’opérations.

 

  • Une fois l’option stratégique militaire arrêtée, les opérations menées par une force nationale ou multinationale, sont planifiées et conduites à trois niveaux : stratégique, opératif et tactique.

- Le niveau stratégique est celui de la conception, de la préparation et de la conduite générale des opérations menées sur différents théâtres. L’action stratégique, dès lors, vise à conduire l’adversaire à la négociation ou à la défaite à plus ou moins brève échéance.

- Le niveau opératif est celui auquel les opérations sont planifiées, conduites et soutenues sur un théâtre d’opérations déterminé, en vue d’obtenir l’effet voulu et d’atteindre un objectif militaire donné. Il s’agit donc du niveau de coopération et de coordination des actions interarmées, dont la responsabilité incombe au commandant de théâtre.

- Le niveau tactique, enfin, est celui auquel sont préparées, conduites et exécutées les manœuvres en vue d’atteindre les objectifs définis par le commandant de théâtre. La responsabilité en incombe, pour les forces terrestres, au commandant de la composante terrestre.  La manœuvre tactique terrestre est partie intégrante de la manœuvre opérative interarmées.

La planification et la conduite des opérations respectaient autrefois une spécificité propre à un mode opératoire (par exemple la coercition). Cette représentation n’est plus adaptée car elle traduit mal la complexité des situations et la variété des postures prises par les forces sur un même théâtre d’opérations.

 

En effet sur un même théâtre et en même temps, peuvent être menées :

- des opérations de coercition servant à la gestion de la crise mais qui demeurent des actions de guerre même quand elles sont engagées contre un adversaire asymétrique ;

- la  restauration  de  la  sécurité  générale,  conduite  en  parallèle  pour s’opposer aux auteurs de violence et selon les cas, assurée par l’armée de Terre ou les forces de sécurité

- une participation des forces armées à la reconstruction : reprise de la vie politique et administrative, restauration de la justice, relance de l’économie, organisation de la vie quotidienne.

Cette ambivalence des conflits astreint les forces terrestres à respecter une triple  posture opérationnelle, c’est-à-dire à pouvoir mener simultanément des actions de force,  de sécurisation et d’assistance. Cette triple posture persiste tout au long de l’engagement militaire.

L’engagement militaire est décrit dans sa globalité selon un continuum des opérations : l’intervention, la stabilisation et la normalisation.

Au cours d’une campagne, l’action militaire évolue selon ces phases - sans limite précise et se recouvrant partiellement - afin de concourir à l’établissement des conditions indispensables au succès stratégique.

 

  • L’intervention : imposer la décision militaire

L’intervention initiale est un engagement à dominante militaire. L’objectif de cette phase d’intervention est d’imposer la décision militaire. Cette phase est indispensable mais pas suffisante.

 

  • La stabilisation : instaurer les conditions nécessaires à la paix

La stabilisation est une phase décisive pour l’atteinte de l’objectif stratégique. Elle implique divers types d’actions conformes à la triple posture opérationnelle des forces terrestres :

-  des actions de sécurisation, qui visent à  contrôler  le milieu et qui comprennent :

  • des actions de combat contre des rebelles armés ou de lutte contre des activistes ;
  • des actions de maîtrise de l’espace physique dans le but d’assurer la sécurité et la liberté de mouvement ;
  • des actions de sécurité publique, dont la protection des personnes et des biens et la restauration de l’ordre public
  • des actions d’influence  privilégiant  des  modalités  non  strictement militaires ;

- des  actions  de  soutien à la population dont  le  désarmement  et  la reconstruction des structures armées et de sécurité ;

- des actions de relance de la vie politique, administrative et économique.

 

  • La normalisation : le retour à une paix qui s’affermit d’elle-même

La dernière phase de retour à un Etat de droit comprend le transfert des responsabilités.

En parallèle, la reconstruction est un élément essentiel de la phase de normalisation. Elle s’exerce dans différents domaines :

- le soutien aux collectivités centrales et locales pour les administrations publiques, la justice et les affaires intérieures ainsi que la santé ;

- le soutien à l’économie et à la vie sociale notamment pour l’éducation ;

- la poursuite de la reconstruction des systèmes militaires et de sécurité.

 

L’environnement complexe d’une confrontation et l’incertitude qui l’accompagne, représentent un ensemble de défis défini comme “le brouillard de la guerre”. L’efficacité militaire repose d’abord sur la compréhension  du milieu humain tout  en  intégrant  les nombreux  facteurs  d’évolution  qui agissent sur celui-ci.

Pour autant, les interactions liées au caractère imprévisible du champ de bataille ne pourront être écartées. Elles engendrent un phénomène de frictions qui entretient l’instabilité de la guerre.

Le cadre d’emploi de la force armée est déterminé par un objectif stratégique.  Celui-ci, déduit du but politique, est le point de convergence des actions militaires. Les opérations doivent permettre l’établissement des conditions indispensables au succès stratégique en instaurant la sécurité nécessaire après avoir établi le contrôle du milieu. L’objectif des opérations, décrites selon un continuum - intervention, stabilisation et normalisation - est la restauration des conditions de vie normale pour la population d’une entité politique réinsérée dans la communauté internationale.

Au Maroc dans les années 1920, le Maréchal Lyautey aimait à dire “Tout officier sait s’emparer d’un village à l’aube, mais moi je cherche des officiers qui sachent s’emparer d’un village à l’aube et y ouvrir le marché à midi”. Rappelé sous diverses formes par plusieurs de ses collaborateurs, cette phrase signifie évidemment que la manière coercitive de s’emparer d’un village sera choisie différemment selon que l’on intègre ou non cet objectif de la tenue d’un marché à midi (normalisation). C’est pourquoi au Maroc, même si Lyautey fit conduire de nombreuses opérations de force, il a aussi souvent agi par des démonstrations et des contacts personnels pour obtenir des ralliements à l’autorité du sultan avec un minimum de combats. Il advint aussi souvent que la fin des combats soit marquée par des formes de fête commune où les belligérants se réconciliaient sincèrement.

 


 

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Titre : DU CADRE D’EMPLOI DES FORCES ARMÉES
Auteur(s) : FT-02
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