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✅ Esprit et génie militaires au service de la gestion de crise

Revue de doctrine des forces terrestres
Histoire & stratégie
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« La mission de la sécurité civile est d’intervenir de manière calme et efficiente en situation d’urgence et de rétablir l’harmonie dans les milieux touchés par des sinistres »65

 

02 décembre 1959 : le barrage de Malpasset dans le Var rompt. Une vague de 40 mètres de hauteur sur un kilomètre de large dévale vers Fréjus tuant plus de 400 personnes. L’ampleur du drame convainc le général de Gaulle de créer une réserve d’intervention nationale : l’armée de Terre met sur pied ces nouvelles unités. Leur rôle est unique. Renforts nationaux militaires, elles devront être aptes à : s’engager  rapidement et dans la durée, et aussi à travailler avec n’importe quel service de secours local, collectivité territoriale, service de l’État et partenaire international.


1. Une double mission : structurer la réponse de l’État, appuyer les moyens de secours territoriaux.

La mission des 1400 sapeurs-sauveteurs des Formations Militaires de la Sécurité Civile (ForMiSC) est double : consolider la structure de réponse de l’État, appuyer les forces de secours civiles. 100 d’entre eux servent dans les centres opérationnels de zone, au COGIC (Centre Opérationnel de Gestion Interministérielle des Crises) et au sein de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion de Crise  (DGSCGC). Les 1300 autres, répartis en 3 régiments : Nogent-le-Rotrou  (28), Brignoles (83) et Corte (2B), sont en mesure d’engager, 260 hommes en 3 heures et 600 en 72 heures en France comme à l’étranger, sur n’importe quelle catastrophe naturelle, technologique ou sanitaire.

 

Contribution permanente de l’armée de Terre à la  protection des populations et des biens, dotés de mission de secours, les ForMiSC sont une interface privilégiée entre les armées et les services de l’État.

 

2.Militaires et crise de sécurité civile : un défi contre nature ?

Une crise de sécurité civile, par essence, heurterait les principes de conduite de l’action militaire. L’affrontement des volontés et la prise d’ascendant cèdent la place à une succession d’évènements, parfois prévisibles, souvent subis. L’obligation de moyens dans la réponse des forces de secours vient contredire la concentration des efforts et l’économie des moyens. La multiplicité des aléas secondaires, santé, hébergement, alimentation, etc..., vient renforcer ces difficultés, et complexifie la coordination entre les acteurs.

 

3.Le principe clef : s’appuyer sur les facteurs de supériorité opérationnelle.

Dans la conduite des opérations, l’application des principes doctrinaux trouve toute sa place. Engagé dans des environnements déstructurés, avec des aléas à évolutions rapides (catastrophes naturelles, évènements épidémiques, pénuries énergétiques et alimentaires, rupture de réseaux, flux de populations,...), le sapeur-sauveteur doit faire preuve d’adaptabilité et d’endurance pour assurer sa mission dans la durée ; de force morale, pour surmonter les contraintes naturelles et techniques qui jouent contre lui ; de compréhension, pour saisir les subtilités de l’environnement humain, politique et naturel où il évolue ; mais aussi d’agilité pour répondre rapidement aux nouvelles sollicitations et bascules d’efforts.

 

4.Un format et des capacités uniques.

Appelées, avec un effectif réduit, à faire face à des risques multiples : feux de forêts, inondations séismes, cyclones, accidents radiologiques, chimiques, conséquences d’actes terroristes, etc... les ForMiSC ont : développé la polyvalence de leurs sapeurs, uniformisé la structure de leurs unités66 et mis en place un « pion tactique insubmersible » : la colonne d’intervention67. Ainsi, pour chaque domaine de risques, les sapeurs- sauveteurs maîtrisent un tronc commun de base et des techniques plus particulières selon la section où ils servent.

Eléments rares, les ForMiSC développent,  en sus des savoir-faire pompiers, des capacités critiques ou uniques : détachement d’intervention héliporté et retardant pour les feux de forêt ; module lourd de recherche et sauvetage sous décombres  ; pompage et barrages anti-inondations  ; décontamination de masse, traitement de l’eau.

Cette organisation renforce l’interopérabilité et rend les modules lisibles pour les autorités d’emplois civiles.

 

5.De nouveaux défis à relever.

Plusieurs facteurs et tendances lourdes pourraient influencer le format capacitaire, le corpus doctrinal et l’organisation des ForMiSC dans les années à venir.

 

Polyvalence vs technicité.

Clef de la réponse en qualité, et en quantité (effet de masse) au contrat opérationnel de la DGSCGC, la polyvalence représente un défi permanent. L’inflation des coûts des équipements et l’arrivée de matériels de pointes comme les drones ou les systèmes de communications sont à surveiller. Le maintien, ou le renouvellement de certaines capacités en dépendent.

 

Grands rassemblements, menace terroriste, coopération avec les forces de sécurité intérieure, approche globale de la gestion de crise.

De 2018 à 2024, la France accueillera un évènement sportif majeur chaque année. Systématiquement  engagé en complément des dispositifs de sécurité, en particulier sur le domaine NRBC, la réponse à ces nouvelles sollicitations est cruciale. Un des axes de travail est la réversibilité des détachements pré-positionnés ou en exercice. Chaque section est désormais équipée en kits de secours permettant la prise en charge des victimes d’attentats.

La coopération avec les forces de sécurité évolue.

L’évacuation de la ZAD de Notre Dame des Landes a vu l’engagement des moyens d’appui travaux publics ;  les pompiers ont fournis des groupes d’extraction de victimes aux escadrons mobiles. Ces nouvelles missions deviendront-elles pérennes ? Vont  elles se généraliser  ? Il est encore trop tôt pour dégager une tendance.

 

Changements climatiques et aléas naturels.

Le réchauffement climatique est à anticiper. Centré sur l’arc méditerranéen et la Corse, le risque feux de forêts devrait s’étendre vers l’ouest et le centre. Les phénomènes météorologiques violents, en métropole, comme outre-mer sont aussi à attendre avec des conséquences humaines, matérielles et économiques pouvant déstabiliser ponctuellement ou durablement un pays.

 

Développement des coopérations internationales.

Pionnier dans l’engagement international, les ForMiSC sont le coeur de la contribution française au mécanisme européen de sécurité civile68. Ce dernier pourrait connaître des évolutions majeures dans les années à venir : développement d’un nouveau système de certification ; mise en place d’éléments d’interventions propres ; hausse des normes d’interopérabilité.

 

 

65 Extrait d’un flyer de communication.

66 Structure unique/compétences multilples : UIISC1 et 7 sont structurées en 3 compagnies d’intervention à 3 sections (1 légère, 1 lourde, 1 moyenne) et 1 compagnie d’appuis (engins TP, équipes cynos, drones, traitement de l’eau). L’UIISC5 de Corte ne compte qu’une compagnie d’intervention à 3 sections homogènes.

67 1 colonne (feux de forêts, inondations, tempête etc...): 1 compagnie avec ses 3 sections et soutien.  SGTIA des UIISC.

68 18 modules projetables sur les 19 déclarés par la France.


 

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Titre : ✅ Esprit et génie militaires au service de la gestion de crise
Auteur(s) : Commandant Jean-Michel Audibert
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