À l’été 2015, dès sa prise de fonction en tant que CEMAT, le général d’armée Jean-Pierre BOSSER a voulu une importante transformation de l’armée de Terre. Connue sous l’appellation « armée de Terre au contact », celle-ci est maintenant en phase de consolidation.
Dans un monde en perpétuelle mutation, où les changements sont de plus en plus rapides, nous ne pouvons-nous reposer sur des acquis. Il nous faut dès aujourd’hui passer à l’étape suivante et penser à ce que pourrait être le prochain modèle.
Pour réfléchir l’armée de Terre du futur, doit-on partir d'une page blanche ?
Les déclarations récentes de nos autorités politiques et militaires fixent à nos forces armées un niveau d’ambition inédit :
Le Président de la République, le 1er mars 2018, à l’occasion de sa visite dans les camps de Champagne a déclaré : « Nous sommes à un tournant pour nos armées, en particulier l’armée de Terre. Mon objectif est simple : que notre armée soit sans conteste la première armée européenne, en termes de capacités et de technologie ».
Le CEMAT, le 11 octobre 2017, lors de son audition à l’Assemblée nationale devant la Commission de la défense nationale et des forces armées, notait : « Le Président de la République nous a fixé une ambition et nous donne des moyens. Il a souhaité que nous soyons la première armée européenne. Aujourd’hui, l’armée de Terre française est sans doute la première en Europe, mais comment va-t-elle faire pour le rester ? Quels sont les critères qui nous permettront de dire au Président le chemin que nous traçons pour qu’elle le reste ? »
Une succession logique de 0 et de 1 au sein d’un code informatique binaire pourra-t-elle demain provoquer autant de dégâts qu’un missile de croisière naval ou qu’un obus tiré par un canon Caesar en rendant inutilisables des équipements, des matériels ou des infrastructures militaires ? Un virus aux effets systémiques, par la désorganisation massive qu’il provoquera, aboutira-t-il à la mort d’êtres humains, y compris des civils ? Comme le souligne la Revue stratégique de cyberdéfense publiée en février 2018 par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) : « Il est probable qu’une attaque informatique de cette nature [actes de blocage ou de sabotage des systèmes informatiques] aura, un jour, des conséquences létales. »
Une meilleure cohérence entre les commandes et les ressources budgétaires
Incapable d’assurer dans la durée la cohérence entre les ambitions capacitaires des lois de programmation militaire et la trajectoire du budget d’équipement des forces, l’État s’est trop souvent placé dans l’obligation de réaliser des économies budgétaires à court terme .
La Cour a examiné en 2017 six coopérations majeures, et notamment quatre programmes produisant des systèmes d’armes complets (avion A400M, hélicoptère TIGRE et NH90, frégate FREMM) . Les caractéristiques militaires sont parfois meilleures que les attentes 4, mais aussi parfois insuffisantes en raison des difficultés technologiques rencontrées par les industriels pour satisfaire les demandes 5 .
Une volonté politique réaffirmée dans un contexte en évolution :
La volonté politique partagée entre les États partenaires est un préalable indispensable à toute coopération dans le domaine de l’armement . La France ambitionne de développer plus de programmes en coopération, conformément aux orientations figurant dans la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale d’octobre 2017 et dans le projet de LPM 2019-2025 .
Alors que les dépenses militaires augmentent partout dans le monde sauf en Europe de l’Ouest, la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale d’octobre 2017 promeut la coopération européenne en matière d’armement comme une clé de l’autonomie stratégique . Trois effets des coopérations internationales peuvent y contribuer :
. l’interopérabilité des armées nationales ;
. le partage des coûts de matériels onéreux et innovants ;
. le soutien à l’industrie européenne de défense.
Les progrès scientifiques et techniques ainsi que la convergence actuelle des nanotechnologies, des biotechnologies, de l’informatique et des sciences de la cognition (NBIC) ouvrent des perspectives inédites de renforcement des capacités humaines, tant sur le plan physique qu’intellectuel. La société civile l’a bien compris, elle qui entrevoit les nouvelles perspectives que cette révolution peut entraîner pour l’humanité, lui permettant de devenir actrice de sa propre condition, et ainsi tenter de dépasser ses limites physiques et physiologiques.
Les armées des monarchies du Golfe n’ont historiquement joué qu’un rôle accessoire dans leur stratégie de sécurité nationale. Leur capacité de combat demeurant, en définitive, très limitée, la sécurité de ces États provenait davantage des politiques internationales fortement entretenues par d’importantes acquisitions d’armement.