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Chine: un dragon de papier?

cahier de la pensée mili-Terre
Histoire & stratégie
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L’excellente organisation des JO 2008 donne de la Chine populaire (RPC) une image d’incontestable modernité. La Chine auréolée de sa première place aux JO s’est montrée unie autour d’un projet commun.

Déterminée à gagner un statut de grande puissance[1], la Chine est devenue en une trentaine d’années un acteur économique mondial. Sur la scène internationale, son retour illustre la volonté de Pékin de ne pas laisser les autres puissances écrire l’histoire à sa place. Pourtant, cet immense pays est confronté à des difficultés sociales qui pourraient freiner son développement.

Cet article propose d’évaluer les forces et les faiblesses d’une grande puissance émergente.

 

[1] Le sinologue Joseph Needham soulignait au XXème siècle que la Chine du XVIIème siècle jouissait d’une avance technique considérable sur les puissances occidentales. Il relevait qu’elle avait apporté à l’Occident vingt-quatre innovations dont: la poudre, la brouette, l’imprimerie, la fonte et le compas magnétique. Cette avance technologique en faisait une grande puissance mondiale.


La Chine une puissance mondiale en devenir…

L’ouverture économique du pays entamée en 1979 vise à lui donner les moyens de retrouver une place de grande puissance.

  • «Peu importe la couleur du chat pourvu qu’il attrape la souris[1]»

S’inscrivant dans la continuité des réformateurs de la Chine de 1912, Mao avait pour objectif de rendre au pays son statut de grande puissance, perdu au cours du siècle précédent. Pourtant à sa mort, en 1976, le bilan du modèle de développement maoïste censé permettre à l’Empire du milieu de rattraper son retard est jugé désastreux.

Sans remettre en question l’organisation politique de la «Chine nouvelle», le réformateur Deng Xiaoping lance en 1979 la libéralisation progressive du marché et l’ouverture maîtrisée de l’économie chinoise aux investissements étrangers.

Intégrée au système économique mondial depuis l’initiation des réformes, elle entre dans l’Organisation mondiale du commerce en 2001. Même si la Chine sera probablement toujours en voie de développement en 2010[2], elle est néanmoins devenue comme un «grand» dans l’économie mondiale, et une grande puissance asiatique.

  • Le dragon déploie ses ailes sur la scène internationale

Les priorités de la diplomatie chinoise sont la reconnaissance du statut de puissance du pays et le respect de sa souveraineté.

  • Softpower[3] en devenir, la Chine se dote des moyens d’une grande puissance.

S’appuyant sur le concept de softpower développé par Joseph Nye, la Chine veut rassurer le monde sur ses intentions et montrer qu’en devenant une grande puissance elle est prête à s’intégrer dans la communauté internationale.

Dans le domaine de son influence culturelle d’une part, le pouvoir de séduction d’une civilisation prétendument vieille de cinq mille ans est indéniable. Afin de promouvoir la connaissance de cette dernière, Pékin a, en 2004, commencé à déployer dans le monde les instituts Confucius. Ces instituts proposent des cours de chinois, de civilisation ou de cuisine et organisent des expositions sur la culture chinoise. Ils contribuent ainsi à développer le pouvoir de séduction de la Chine et à dissiper les craintes suscitées par la montée en puissance du pays. Les instituts Confucius sont des relais d’influence au service de Pékin.

D’autre part, Pékin s’implique de façon croissante dans les questions internationales et entend désormais être un acteur diplomatique responsable.

Reconnue membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU en 1971, la Chine populaire adhère au Comité spécial pour les opérations de maintien de la paix de l'ONU en 1988. Depuis, plus de 10.000 casques bleus chinois ont participé à des missions dans des pays comme: la République du Congo, le Liban et le Soudan.

En 2001, elle a créé avec la Russie l’Organisation de Shanghai pour contribuer à la lutte contre les talibans, les mouvements séparatistes et fondamentalistes. Plus récemment, la diplomatie chinoise a joué un rôle crucial dans le règlement du désaccord opposant les Occidentaux à la Corée du Nord.

  • Enfin, la Chine devient une puissance maritime[4].

L’implication croissante du pays dans les affaires internationales est surtout remarquée dans les pays au potentiel énergétique avéré. Ainsi la Chine investit dans certains pays africains et d’Amérique latine, selon le principe «monnaie contre matières premières», sans exiger de contrepartie politique[5].

Désirant garantir la sécurité des couloirs pour les importations énergétiques et être en mesure de garantir sa souveraineté territoriale maritime, la Chine reprend la mer en se dotant de la troisième plus importante flotte de combat dans le monde.

 

…qui doit s’affranchir de nombreux handicaps pour pouvoir prétendre à la première place du podium.

La RPC poursuit son ascension vers son objectif, pourtant elle doit veiller à ne pas «tirer sur les pousses pour en accélérer la croissance[6]».

  • La rigidité du système politique peut nuire à l’image du pays

La Chine, qui, nous l’avons souligné plus haut, cherche à redonner confiance à ses interlocuteurs, voit tous ses efforts balayés par une gestion souvent désastreuse des crises intérieures.

Le principe politique d’un parti unique ne permet pas la libre expression de la société civile sur des enjeux majeurs. La capacité de décision est concentrée entre les mains des instances centrales et provinciales du Parti Communiste Chinois. La population est encadrée par le parti jusqu’au niveau du quartier. Une telle organisation laisse peu de place à l’initiative citoyenne et bride toute forme normale d’expression de la pluralité. L’unique solution dont disposent les mécontents est la manifestation. Comme dans la plupart des pays totalitaires, les réactions de l’État à la contestation populaire sont souvent violentes. Les événements du mois de juin 1989 (Tian an men) et plus récemment, la crise tibétaine du printemps 2008, en sont deux exemples qui ternissent durablement l’image du pays.

  • Un développement économique sur fond de difficultés majeures.

La Chine doit faire face à des défis pouvant entraver le développement du pays.

  • Une croissance économique exceptionnelle mais fragile.

Tout d’abord, il convient de préciser qu’un bon nombre des exportations chinoises à forte valeur ajoutée est le fait des sociétés étrangères implantées en Chine. De même, la production chinoise de biens de consommation à bas prix ne présente pas toujours les meilleurs gages de qualité. Ceci peut à terme fragiliser les exportations chinoises vers les pays occidentaux.

Plus grave, le secteur de la recherche et du développement, garant de l’innovation technologique et de la croissance, souffrent d’une paralysie structurelle. En effet, les politiques d’investissement dans ce domaine sont définies par l’État selon des méthodes de planification de type «soviétique» et offrent peu de souplesse d’adaptation aux besoins du marché.

  • Par ailleurs, les défis énergétiques et environnementaux pèsent lourdement sur l’avenir de la Chine. La consommation de matières premières et de ressources énergétiques ne cesse d’augmenter. Les conséquences sur l’environnement sont une grave menace pour le développement durable du pays. Ainsi, la très mauvaise qualité de l’air fait peser un risque sanitaire sur l’ensemble de la population[7].

Quant à l’eau, les modes de traitement, d’acheminement et d’utilisation sont en partie responsables de sa mauvaise qualité et de sa raréfaction. Le nord du pays connaît une pénurie d’eau chronique qui oblige le gouvernement à réactiver les anciens canaux construits par les dynasties Sui et Tang afin d’y acheminer l’eau du sud du pays[8]. Les grandes villes comme Pékin, épuisent les nappes phréatiques pour subvenir à leurs besoins en consommation courante.

  • Enfin, Pékin doit relever le défi démographique d’une population forte de 1,3 milliards d’âmes. Sur le plan social, environ 60% de la population chinoise connaît la précarité alors que 10 millions de Chinois concentrent 40% de la richesse du pays. Rappelons que la Chine côtière est la principale bénéficiaire de la croissance économique alors que la Chine rurale n’en bénéficie que très partiellement. Les problèmes sociaux sont aggravés par le vieillissement de la population induit par la maîtrise tardive des naissances. De plus, le chômage des jeunes diplômés, le financement des retraites, l’absence de protection sociale et de gratuité de l’éducation pour les populations rurales, condamnées à rester à la campagne par le permis de résidence Hukou qui interdit tout exode rural, sont autant de questions auxquelles Hu Jintao a promis de répondre.

 

Pour conclure, on peut dire que la Chine a pris son envol, mais qu’à l’image d’un cerf-volant représentant un dragon de papier, elle reste tributaire du vent des réformes non achevées et du frein exercé sur son ascension par le poids des nombreux défis que Pékin doit encore relever. Aux journalistes étrangers qui vantent la puissance de l’Empire du milieu, nous pouvons dire que le temps n’est pas encore venu où le dragon chinois volera sa suprématie à l’aigle américain.

Ainsi à l’image de son coureur vedette de 110 mètres haies, la Chine pourrait être contrainte de déclarer forfait, victime de son tendon d’Achille: son gigantisme.

 

 

[1] Deng Xiao Ping

[2] Rapport d’information du Sénat n° 400, 15 juin 2006. La population chinoise est très majoritairement rurale; ceci classe la Chine dans la catégorie des pays en voie de développement.

[3] Le terme créé en 1990 par Joseph Nye, professeur à Havard, désigne: «la capacité d’un pays A à amener un pays B à agir selon sa volonté sans avoir recours à la menace mais par son simple pouvoir d’attraction (ou de séduction)». Selon Wu Jianmin le président de l’université des affaires étrangères: «Le softpower devient une obligation pour la Chine». Pékin chercherait à mettre au point un nouveau concept le soft making qui engloberait le softpower en politique étrangère et le «développement harmonieux» en politique intérieure.

[4] «Le Monde diplomatique», septembre 2008, pp 18-19

[5] Le gouvernement chinois n’a pas l’intention de délivrer de message universel à l’attention des autres pays mais soutient que son développement économique et social est facteur de paix. D’un point de vue chinois, Pékin n’est donc pas en contradiction avec son rôle d’acteur diplomatique responsable lorsqu’il n’accompagne pas son aide financière d’exigences politiques autres qu’une reconnaissance diplomatique de la RPC au détriment de Taïwan.

[6] http://www.chine-nouvelle.com/outils/dictionnaire.html?dico=%E5%8A%A9 Ba miao zhu zhang. Il s’agit d’un des multiples proverbes chinois signifiant qu’il faut se garder de gâcher les choses en contrariant les lois de leur développement pour obtenir un résultat plus rapide

[7] Les affections pulmonaires sont la première cause de mortalité en Chine.

[8] L’eau du sud de la chine vient du plateau tibétain ce qui peut expliquer l’attachement «affectif» de Pékin pour le Tibet.

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Titre : Chine: un dragon de papier?
Auteur(s) : le Chef de bataillon Frédéric CORAS
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