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CORÉE : retour vers le futur

ou l’importance de certains facteurs de supériorité opérationnelle
Engagement opérationnel
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Les paramètres actuels de la conflictualité coréenne : des forces armées nombreuses  et capables de mener un combat asymétrique

La force militaire de la Corée du Nord se situe dans le haut du spectre des capacités. Le pays détient l’arme nucléaire ce qui implique, en cas  de conflit, une menace d’emploi de cette dernière. Il possède des armes bactériologiques et chimiques. Il est doté de capacités cyber offensives.

Ses capacités balistiques massives sont une réalité.


L’ensemble des forces d’active représenterait un peu plus d’un million deux cents mille hommes.

Les hommes, et depuis peu les femmes doivent faire un service militaire de 10 ans pour les premiers et de 4 années pour les secondes. Après son service militaire, la population (5) rejoint des organisations paramilitaires. Habitué à l’autarcie, le pays a très probablement réalisé des stocks protégés de denrées lui permettant de durer pendant une période de 6 mois à un an.

Les forces conventionnelles sont nombreuses mais technologiquement datées, le pays a donc surtout développé deux capacités particulières lui permettant de mener une guerre face au sud : les appuis-feux et les forces spéciales. 

 

La masse au profit de la défense du territoire (population en armes, échelonnement, dissémination). 

L’armée de Terre, plus importante composante  de l’armée populaire coréenne, compte plus d’un million d’hommes ; 70 % des unités sont stationnées au sud d’une ligne Pyongyang-Wonsan. Elle dispose de 15 unités de niveau du corps d’armée. Son parc d’équipements majeurs se compose de plus de 4100 chars, de plus de 8000 pièces  d’artillerie et de plus de 5000 LRM. Un grand nombre de ces équipements serait toutefois obsolète, ils ne constituent donc pas une menace pour une coalition détenant une supériorité technologique forte dans les duels. 

En revanche la masse des effectifs pose un problème tout comme la question de la « force morale » de ces troupes. L’ensemble des forces paramilitaires et de réserve compterait plus de 7 millions d’hommes, soit environ un tiers de la population âgée de 15 à 60 ans. Ces forces recouvrent 4 composantes : les unités d’entraînement paramilitaires (0,6million) ; la garde rouge des travailleurs et des paysans  (5,7 millions) ; la garde rouge de la jeunesse  (1 million) ; la garde populaire (0,5 million).

La question se pose de la motivation de ces troupes. Les signaux dans ce domaine sont ambivalents. L’ouverture de la Corée du Nord à la Chine permet de faire percevoir à la population qu’un autre mode de vie existe. Les défections de NordCoréens vers la Chine sont une réalité même si elles sont limitées par le régime nord-coréen.


La probable saturation de la profondeur du théâtre par une large panoplie de missiles sol-sol, de LRM et de canons d’artillerie.

Concernant les missiles sol-sol, tout le territoire sud-coréen est à portée de tir de batteries, fixes pour certaines mais mobiles pour la plupart. Pour la péninsule, les missiles  Hwasong 5, 6 et 7 (de 300 à 800 km de portée) constituent les missiles balistiques de théâtre. Les LRM sont pléthoriques et peuvent facilement saturer le champ de bataille. D’autres positions de tir sont enterrées. Le renseignement sud-coréen connaît probablement l’emplacement de la majeure partie des sites de déploiement et de stockage mais l’armée de l’air serait probablement incapable de neutraliser complètement cette menace dans le court terme. Les grandes métropoles sud-coréennes seraient la cible privilégiée de cette artillerie de saturation.


Des brigades de forces spéciales prêtes à s’infiltrer au sud pour y mener un combat asymétrique sur les arrières du dispositif allié.

Les forces spéciales constituent une composante essentielle de la tactique nord-coréenne. Même si cette dénomination est différente de la nôtre, elle fait référence à une infanterie légère bien entraînée, capable de mener un combat derrière les lignes amies. Le chiffre de 100 000 hommes pour l’armée de Terre est souvent cité. La Marine et  l’armée de l’Air comptent aussi des forces spéciales ce qui multiplie les capacités d’infiltration au sud : par la mer, par les airs, par des tunnels.

Les attaques cyber et le brouillage des transmissions sont déjà effectifs en temps de paix.

Une autre capacité importante des Nord-Coréens réside dans leurs capacités cyber. Une opération militaire se déroulerait sans doute dans un contexte de guerre électronique au moins localement et ponctuellement. Les capacités de brouillage GPS des Nord-Coréens pourraient avoir de fortes conséquences sur nos capacités déployées.


Un cycle régulier d’exercices de grande ampleur pour se préparer à la guerre

Compte tenu de l’absence de traité de paix les forces américaines et sud-coréennes mènent conjointement des exercices de grande ampleur, les plus grands au monde par l’ampleur des effectifs qu’ils mobilisent. 


Les principaux exercices sont les suivants : 

• un exercice américano-coréen de PC de théâtre dénommé UFG pour  Ulchi Freedom Guardian ; cet exercice se déroule au mois d’août. Certaines nations garantes de l’armistice de 1953 décident d’y participer, comme les Canadiens qui une année sur deux y déploient un état-major de division  blindée.

• un exercice de PC  Key Resolve , qui concerne les pays de l’United Nations Command. Dans les exercices qui s’appuient sur les plans d’opérations, un commandant des éléments  français est présent, aux côtés de Britanniques, Australiens, Néo-Zélandais, Danois et Norvégiens :

• un exercice bilatéral américano-coréen, FPX Foal eagle , qui comprend un exercice de composante terrestre, à côté des composantes aérienne et navale et des marines.
Corée : retour vers le futur ou l’importance de certains facteurs de supériorité opérationnelle

En cas d’engagement au nord du 38eparallèle, la compréhension et l’influence joueraient un rôle prépondérant pour prévenir l’engagement massif de la population contre la force. Le volume potentiel des forces armées et de sécurité nord-coréennes est à prendre en compte. Quelle que soit sa motivation au combat, cette masse d’effectifs ne serait pas sans poids sur les opérations.

L’absence de profondeur stratégique sud-coréenne et le fait que tout le territoire sud-coréen soit à portée de tir d’un arsenal pléthorique de feux indirects nécessite l’engagement rapide d’une force au sol. C’est ce que confirme l’exemple de 2006 entre Israël et le Hezbollah libanais : lors de ce conflit de 34 jours, le Hezbollah a été capable de tirer des roquettes de type Grad jusqu’au dernier jour du conflit sur le territoire israélien en dépit des formidables capacités ISR et de bombardement israéliennes. Seule une offensive terrestre aurait permis de prendre le contrôle du terrain et de mettre fin à ces tirs. Le cas de la Corée du Nord présente ici une forte similitude rendant nécessaire un rapide franchissement du 38eparallèle par les troupes sud-coréennes.

Face à un ennemi de ce type, le contrôle du milieu dans la profondeur amie est une contrainte. Cette menace potentielle sur les arrières de la force n’est pas sans conséquence sur la protection de celle-ci. La chasse aux infiltrés pourrait mobiliser un nombre important de forces sur les arrières et affaiblir d’autant le front.

La force alliée pourrait être visée et atteinte avant son engagement par des capacités conventionnelles et non-conventionnelles de l’ennemi. Les modes de fonctionnement en dégradé doivent être maîtrisés, y compris en ambiance NRBC.

 

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(5) En 2015, la population de la Corée du Nord est officiellement de 24,9 millions d’habitants, soit deux fois moins que celle de Corée du Sud.

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Titre : CORÉE : retour vers le futur
Auteur(s) : Colonel Benoit de LA RUELLE
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