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David Galula, du Capitole à la roche Tarpéienne ? 4/4

Primauté du politique - Revue militaire n°55
Histoire & stratégie
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Au-delà de la manière de conduire les opérations militaires, le principal apport de Galula est de démontrer que la guerre contre-insurrectionnelle est essentiellement politique. Non seulement les aspects militaires ne représenteraient guère que 20 % des missions à accomplir, mais ce serait une erreur de confier aux militaires les fonctions des civils que ce soit en matière de police, de justice ou d’administration générale. C’est bien le politique qui détient la clef du succès des opérations.


En Algérie, Galula montre que toute réussite durable était impossible dès lors qu’une partie de la hiérarchie militaire et surtout le pouvoir civil étaient convaincus que la seule issue était l’indépendance. Au-delà du cas algérien, il explique pourquoi la pacification ne peut réussir que si le pouvoir politique propose une alternative crédible, avantageuse et durable aux rebelles. Si tel n’est pas le cas, l’opération dans son ensemble est vouée à l’échec. En effet, pour arracher la population à l’emprise des insurgés, il faut, on l’a dit, dans un premier temps la séparer militairement de la rébellion, mais ensuite il sera nécessaire d’apporter progrès social (écoles, dispensaires), économique (infrastructures, etc.) et politique (démocratie locale, création de partis politiques) qui fassent apparaître le camp loyaliste comme plus désirable et profitable à la population.

Ce qui est déjà difficile à réaliser dans une guerre contre-insurrectionnelle, menée par un gouvernement sur son propre territoire, devient infiniment plus complexe quand l’opération doit être conduite en coalition avec des forces réduites et dans un pays étranger dont les institutions se sont effondrées ou manquent de crédibilité.

Dès lors, on peut se poser la question des objectifs réellement assignables à la force armée occidentale en opération extérieure. Si la pacification n’est pas à sa portée, quel est le sens de l’action et quels sont les buts intermédiaires qu’elle peut atteindre ? Selon les cas, on peut penser, par exemple, à la réalisation de la phase purement militaire du début du processus, ou ensuite au containment des capacités adverses. Mais également quels doivent être la durée de la présence de la force, les conditions de son retrait et les risques acceptables ?

Or la mission, c’est naturellement au pouvoir politique qu’il convient de la fixer. Mais a-t-il toujours conscience qu’en même temps qu’il la donne au militaire, il doit s’assurer de lui procurer les conditions du succès ? Il ne s’agit pas ici seulement des moyens matériels ou des règles d’engagements appropriées, comme on l’entend souvent. Galula rappelle l’exigence d’un environnement politique favorable avec des réformes et des moyens civils en soutien pour prendre le relais, puis devenir la dominante de l’opération. Dans le cas contraire, ne serait-il pas sage de ne s’engager que dans des opérations de nature plus limitée ?

David Galula n’est donc pas l’auteur d’une méthode infaillible pour remporter les guerres contre-insurrectionnelles ; c’est certain. Mais en cherchant à tirer de ses succès et de ses échecs des leçons pour l’avenir, il n’avait pas cette ambition.

Le renvoyer aujourd’hui dans l’oubli serait ignorer tout ce qu’il peut apporter aux officiers pour effectuer leur RETEX ou analyser les opérations et les méthodes employées. S’il ne sert peut-être à rien de mettre un de ses livres dans sa musette pour partir au combat, une lecture nourrie de l’expérience des OPEX ouvre certainement un dialogue fécond entre générations différentes.

Enfin, on peut suggérer que David Galula sorte des cercles militaires pour être connu des diplomates et des politiques qui détiennent 80 % des conditions du succès des opérations de pacification. C’est bien à eux qu’il s’adresse, mais c’est sans doute par eux qu’il est le moins lu !

Alors formons le voeu que Galula soit étudié et que des échanges fructueux et confiants se nouent entre les différents acteurs de l’action extérieure de notre pays. L’engagement des forces armées est une décision lourde qui mérite d’être mûrement réfléchie car, comme le disait Alfred de Vigny : « La parole, qui trop souvent n’est qu’un mot pour l’homme de haute politique, devient un fait terrible pour l’homme d’armes ; ce que l’un dit légèrement […], l’autre l’écrit sur la poussière avec son sang. »5

 

5 Servitude et grandeur militaire, 1885.

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Titre : David Galula, du Capitole à la roche Tarpéienne ? 4/4
Auteur(s) : Monsieur Matthieu MEISSONNIER
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Armée