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De l'évolution des procédés

TACTIQUE GÉNÉRALE, Principes pérennes de la guerre... procédés nouveaux
Histoire & stratégie
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Les opérations subissent désormais la prééminence de la phase de stabilisation et la forte incidence de la maîtrise de l’espace physique et humain. Il en résulte que les procédés militaires doivent s’adapter aux impératifs d’une manœuvre globale tracée par l’effet stratégique à obtenir.


Les notions d’approche “directe” et “indirecte”

Le cadre d’emploi des forces armées - décrit dans la première partie - sous- tend une menace qui, face aux forces classiques :

  • recherche les déséquilibres dans tous les domaines,
  • évolue au cœur des populations et là où le milieu exerce son pouvoir “égalisateur”,
  • frappe en évitant  leur  puissance  selon  une  véritable  guerre  du contournement.

Pour y faire face, deux approches des principes de la guerre doivent se combiner : l’approche directe et l’approche indirecte.

Là où l’approche directe consiste à attaquer les forces combattantes de l’adversaire en vue de les mettre hors de combat, l’approche indirecte privilégie l’attaque des sources de la puissance adverse : elle consiste à surprendre, déséquilibrer et désorganiser l’adversaire, mais aussi à façonner l’environnement en cherchant à limiter l’intensité des combats.

 

Un problème tactique peut donc être résolu selon ces deux approches.

❐ L’approche directe vise l’annihilation progressive de l’ennemi par l’attrition :

  • elle considère la guerre comme une confrontation de puissance ;
  • le succès y est obtenu par l’effet cumulatif de la puissance de destruction matérielle ; il repose à la fois, sur :

☞ la supériorité globale, la capacité à tirer le meilleur parti de la puissance de destruction disponible par les voies les plus immédiates ;

☞ parallèlement, sur sa propre capacité à supporter l’attrition imposée par l’adversaire.

  • La confrontation repose  sur  le  choix  des  concentrations  et  des  axes d’efforts.

❐ L’approche indirecte  privilégie une manœuvre globale qui cherche à briser la cohésion adverse :

  • elle recherche la victoire par l’effondrement plus que par la destruction en utilisant les voies les moins prévisibles ;
  • la force matérielle de l’ennemi n’est pas systématiquement attaquée en tant que telle
  • le but est  d’appliquer  une  supériorité  relative  ponctuelle  sur  une vulnérabilité décelée et d’obtenir, par effet d’entraînement, la dislocation matérielle et morale du système adverse ;
  • elle repose sur l’alternance des concentrations et des dispersions des effets.

 

Entre ces deux extrémités, des combinaisons variables dans le temps et dans l’espace permettent de trouver des voies directes comme des voies indirectes au sein d’approches imposées par le niveau supérieur. Ainsi, le choix de l’approche défini au niveau stratégique ne préjuge pas du type d’actions à mener aux niveaux opératif et tactique.

Outre leurs modalités d’action, chacune des deux approches se distingue aussi par une vision différente de l’ennemi.

L’approche directe adopte une vision quantitative et exclusive de l’ennemi qui est perçu comme une addition de forces dont la domination suppose une supériorité relative progressivement accrue par l’usure infligée. Cette approche conduit à la centralisation du commandement et à la maîtrise imposée des actions.

A l’inverse, l’approche indirecte relève d’une vision systémique : l’ennemi est d’abord un système innervé, irrigué, géré, qui présente des points forts, mais également des vulnérabilités. Il convient d’exploiter celles-ci pour saper une structure organisée capable de produire de la violence et de matérialiser une volonté. La cible de l’action n’est pas constituée des composants du système mais de sa cohérence. Cette vision favorise l’économie des moyens. Elle laisse une part plus large à la décentralisation et à l’initiative qui sont indispensables à l’exploitation rapide des vulnérabilités décelées.

Les opérations qu’exécutent les forces terrestres se déclinent au niveau tactique en une combinaison d’actions directes et indirectes. Pour mener ces dernières, toute la gamme des moyens terrestres disponibles est utilisée dans les champs physiques et immatériels pour contraindre l’adversaire en exploitant ses vulnérabilités.

 

La manœuvre globale  pour les forces terrestres

La manœuvre globale est un processus visant à obtenir un effet recherché sur l’adversaire ou l’environnement par la mise en œuvre de capacités militaires ou non militaires dans un contexte interministériel et éventuellement multinational.

  •  Les principes de la manœuvre globale

Il s’agit d’une démarche indirecte qui vise un centre de gravité11 en tant que clef de voûte dont la disparition ou le retournement contribue à l’effondrement du système adverse.

Centre de gravité : source de puissance, matérielle ou immatérielle, d’où sont tirées la liberté d’action, la force physique et la volonté de combattre.

Conformément à l’approche indirecte, la manœuvre globale ne vise pas une destruction systématique de l’ennemi. En conséquence, il importe de considérer les effets des capacités de la force armée dans les champs d’action matériels mais également immatériels.  La maîtrise du milieu et les interventions de type sécuritaire ou humanitaire, procurent aux unités terrestres une forte capacité d’influence.

Tout au long du continuum des opérations, les forces terrestres contribuent à tout ou partie des effets requis au niveau opératif pour agir sur l’environnement et l’adversaire au niveau tactique. La manœuvre globale y est menée par l’exécution et la déclinaison dans le temps et l’espace des ordres reçus du niveau supérieur, et par la combinaison de l’ensemble des moyens. L’action des forces terrestres concourt à la réalisation de l’état final recherché (EFR) permettant la sortie de crise.

C’est pour atteindre cet EFR qu’au niveau opératif - en parallèle à l’action politique dans d’autres domaines - le commandant de la Force définit des lignes d’opération militaires  convergeant vers les centres de gravité de l’adversaire ou de l’environnement sur lesquels agir.

☞ Les  lignes  d’opération représentent  des  lignes  de  cohérence  par domaine d’action qui permettent d’atteindre directement ou indirectement un centre de gravité en exploitant les faiblesses de l’adversaire et en évitant la confrontation directe avec ses forces.

☞ La concentration des efforts est appliquée sur un point qu’il faut savoir identifier judicieusement. Ce point d’application peut être un centre de gravité ou un des points décisifs.

☞ Ce procédé des lignes d’opération et des points décisifs est un apport essentiel à l’adaptation aux nouveaux contextes d’engagement quand l’outil militaire n’est plus que l’une des composantes mises en œuvre pour atteindre l’objectif politique.

 

  • La recherche des points décisifs

Le centre de gravité est source de puissance ou de résistance physique ou morale. Il ne possède cette nature qu’au travers de capacités fondamentales. Celles-ci dépendent de besoins essentiels qui sont autant de ressources qui permettent leur existence. Si ces besoins sont sensibles aux agressions, ils constituent des vulnérabilités critiques. Ces vulnérabilités critiques sont les points décisifs à détruire, neutraliser, saisir, isoler, contrôler...

Les points décisifs peuvent relever de l’adversaire ou du milieu :

☞ une partie de l’adversaire principal ou immédiat ;

☞ un point fort de l’adversaire : éléments réservés ou fanatisés, capacités de mobilité opérative, PC ou centre de télécommunications, appuis extérieurs ou criminels... ;

☞ un point caractéristique du terrain, des moyens logistiques, le démantèlement d’une milice, un camp d’entraînement, un refuge physique ou virtuel... ;

☞ un  domaine  immatériel  (attitude  de  la  population,  médias,  berceau historique...).

Le niveau tactique intègre les points décisifs des lignes d’opération du niveau supérieur, lorsqu’ils sont conformes à ses moyens et adaptés à sa mission. Il les complète ensuite de ceux définis en propre. Les lignes d’opération du niveau tactique adaptées dans le temps et dans l’espace, sont alors élaborées.

Seul le niveau grande unité, dont celui de la brigade si elle constitue le niveau composante terrestre, dispose des moyens et des capacités de planification pour concevoir une véritable manœuvre globale. Les niveaux subordonnés ne peuvent qu’appliquer les ordres du niveau supérieur selon les dispositions de la manœuvre globale.

Un ou plusieurs points décisifs - ou le centre de gravité lui-même - pourront être le point d’application de l’effort principal. Le meilleur point d’application est celui qui fait basculer la volonté de l’adversaire. Ce choix permet d’y concentrer les efforts et de préserver l’affectation raisonnée des forces aux différents ensembles tactiques chargés de conduire la manœuvre globale. C’est une étape essentielle pour réaliser une véritable économie des moyens.

A l’instar de l’étude sur l’adversaire, la vulnérabilité globale amie doit aussi faire l’objet d’une analyse qui commence par la détermination du centre de gravité ami, des capacités fondamentales qui lui donnent sa puissance, des besoins essentiels qui le font vivre et des vulnérabilités critiques à protéger impérativement.
 

La perception du brouillard de la guerre

Comme cela a été décrit dans la première partie, l’imprévisibilité fait partie de la guerre de manière indéfectible.

☞ La première conséquence est la nécessité de conduire l’action suivant les principes généraux précédemment détaillés plutôt que suivant des règles figées.

☞ La seconde est l’impossibilité d’acquérir la certitude indispensable à la bonne application de l’effort utile en conduite des opérations. La recherche du renseignement associée au discernement peut néanmoins y contribuer.

 

L’intelligence de l’intention adverse

Le renseignement est indispensable mais imparfait et il n’existe pas de compensation technologique à l’irréductible brouillard de la guerre. Ainsi, “à défaut de renseignements sûrs et exacts, un général capable ne devrait jamais se mettre en marche sans avoir deux ou trois partis pris sur les hypothèses vraisemblables” 13. La manière de les obtenir est :

  • la connaissance que procurent une recherche et une analyse méthodique et contradictoire des informations ; elle doit tendre à une meilleure compréhension de l’intention adverse et ainsi permettre d’éviter de confier la décision à l’événement ;
  • les technologies qui permettent aujourd’hui de disposer d’une meilleure connaissance technique des dispositifs effectifs et prévisibles, mais dont l’efficacité est diminuée par l’élargissement des champs d’action ;
  • les contacts avec le plus grand nombre de protagonistes afin de profiter de leur connaissance du milieu (ROHUM) pour bénéficier d’informations et de soutiens.

 

La réflexion

L’esprit permet de développer ce que le général de Gaulle considère comme l’unique principe de la guerre : “la capacité d’adaptation aux circonstances”. Il s’agit de se préparer à agir malgré l’incertitude et de se donner les moyens de réagir face aux imprévus issus des frictions par :

❐ La planification qui doit préserver les capacités de contre  réaction aux  circonstances  à  venir  (la  manœuvre  contraléatoire  du  général Beaufre ; elle élabore ainsi :

  • un plan d’opération qui décrit comment remplir la mission,
  • un plan de manœuvre qui permet la manœuvre contraléatoire.

❐ Une capacité d’adaptation qui repose sur :

  • la faculté des modes d’action et des dispositifs à se plier à toutes circonstances,
  • la simplicité comme principe,
  • la constitution de réserves.

 

Néanmoins, la planification étant issue d’une connaissance imparfaite et progressivement caduque de la situation, elle ne peut déterminer une liste d’actions successives corrélées à des échéances horaires et ignorer l’incertitude de la confrontation. Elle doit donc permettre d’envisager une partie des futurs possibles par l’élaboration de manœuvres contraléatoires anticipant les évolutions de la situation, qu’elles soient favorables ou défavorables. C’est le fameux “Et si... ?” des planificateurs qui prévoient les différentes arborescences possibles de réaction par la production d’ébauches de manœuvres. Elles sont intégrées dans le plan de manœuvre afin que la cellule réaction de l’état-major puisse les utiliser en temps opportun.

Le plan élaboré doit surtout créer pour le subordonné les conditions de l’initiative dans les circonstances à venir et ne pas brider la liberté d’action du chef, seul atout maître contre l’imprévu.

Par l’unité de vue qu’elle procure, l’unicité du commandement est la qualité essentielle à la rapidité  d’exécution pour compléter la prise d’ascendant sur l’adversaire. Mais le commandement doit aussi faire preuve de cohérence,  de simplicité  et de subsidiarité.

❐ A l’action planifiée succèdent en effet très vite la réaction des subordonnés et l’adaptation nécessaire du chef pour la manœuvre future. Les modes d’action et les dispositifs doivent faire preuve de souplesse et de simplicité et agir sur une ligne menaçant plusieurs objectifs afin d’accroître l’incertitude adverse.

❐ La simplicité  s’acquiert en limitant la dépendance des actions futures à la réalisation des actions qui les précèdent. Le succès de ces dernières ne peut en effet être assuré.

❐ Les ordres doivent fixer des objectifs concrets à atteindre et se limiter strictement et brièvement à cela tout en veillant à déléguer une grande part d’initiative. Leur fonction est d’assurer la cohérence  de l’action globale tout en organisant l’autonomie des subordonnés.

❐ Loin de tout prescrire, ils doivent définir l’axe et les limites de l’action, c’est-à-dire l’intention et “la bulle de liberté d’action” du subordonné.

 

Ordres et comptes rendus se limitent au strict nécessaire. La zone des objectifs est “confiée” aux petits échelons tactiques. L’efficacité - particulièrement en phase de stabilisation - repose sur l’intelligence de situation du subordonné dans le respect de l’intention du chef.

Il en résulte l’importance à accorder au commandement par objectif  par opposition au commandement par ordre tels qu’ils sont définis dans le FT 0415. Il est le style de commandement le mieux adapté aux nouvelles conditions des opérations. Le tableau ci-dessous en apporte l’illustration.

Il exige une expression très claire de l’intention du supérieur, donc de l’effet majeur. Son efficacité repose sur quatre éléments complémentaires :

  • l’idée de manœuvre du chef,
  • la capacité des subordonnés à la comprendre et à y adhérer,
  • leur esprit d’initiative,
  • la qualité des ordres  qui  définiront  leur  mission,  leur  alloueront  les ressources nécessaires et préciseront les mesures de coordination indispensables.

 

. La complexité des nouvelles formes de menace impose la recherche de l’effondrement de l’adversaire qui prévaut en stratégie indirecte. Elle est mise en œuvre au niveau tactique par une manœuvre globale qui permet de concentrer les efforts par l’aboutissement de lignes d’opération sur les centres de gravité adverses.

Cette approche ne peut néanmoins s’affranchir des incertitudes liées à toute confrontation. L’acquisition du renseignement - dont la dimension humaine redevient essentielle - et le développement des capacités d’initiative et d’adaptation - notamment grâce au commandement par objectif et aux réserves - permettent malgré les frictions, une exécution décisive du plan élaboré.

Enfin, l’emploi de la force armée ne se conçoit que dans un cadre légal renforcé de règles d’engagement.

 

 

 

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Titre : De l'évolution des procédés
Auteur(s) : extrait du FT-02
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