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Autres sources

 
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Du théâtre d'opération syrien ....

.... au service politique intérieur russe
Histoire & stratégie
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Au début de l'intervention russe en Syrie, les sondages effectués par le centre Levada accordent 50% d'opinions favorables (voir 70% pour les plus optimistes) auprès de la population russe. Fin 2017, la population semble plus réticente car même les sondages les plus optimistes affichent seulement 50 % d'opinions favorables. Si la Syrie ne semble pas être un sujet de préoccupation majeur pour la population russe comme le fût la crise Ukrainienne et l'annexion de la Crimée, cela est en partie dû aux médias russes qui l'ont beaucoup moins couverte et beaucoup moins commentée.


Perception de l'intervention au sein de la population[1]

 

             Face à une production médiatique unanime et contrôlée par l’État (notamment au travers du contrôle des chaînes de télévision), le débat politique trouve refuge sur internet. Les voix d'oppositions sont peu nombreuses bien que l'on retrouve des associations comme l'association des mères de soldats qui émettent un discours contestataire au travers de leur combat pour connaître les circonstances de la morts de leurs fils en opérations.

 

La menace du terrorisme islamique sur le territoire russe[2]

 

            La Tchétchénie et le Caucase forment un terreau fertile pour l'EI. Ramzan Kadyrov, président de la République de Tchétchénie a été menacé de mort et sa tête mise à prix. En 2015, les russes estiment qu'entre 5000 et 7000 individus ont rejoint les rangs de l'EI. Une organisation nommée « Émirat du Caucase – Imarat Kavkaz » fondée en 2007 à l'issue de la seconde guerre tchétchène aurait prêté allégeance à l'EI. En juin 2015, un leader séparatiste tchétchène aurait juré fidélité à l'EI entraînant autour de lui des partisans au Daghestan et en Ingouchie à solliciter une aide directe de l'organisation au Levant. Le porte-parole officiel de l'EI, Al Adnani, a annoncé par la suite la création de la branche du Caucase du Nord. Chez les islamistes du Caucase, l'autorité de l'EI s'est imposé de fait par les cellules salafistes pré-existantes comme le mouvement radical Hizb ut-Tharir. Cette radicalisation de l'islam d'abord traditionnellement cantonné dans cette région, s'exporte désormais dans les grandes villes russes comme à Moscou ou dans les régions à forte population musulmane comme en Volga ou en Extrême-Orient. En septembre 2015, le porte-parole du gouvernement, Dmitri Peskov, a révélé l'implication constante des organismes chargés de la lutte antiterroriste comme le FSB face à l'envolée des menaces liées à la radicalisation. Depuis l'intervention en Syrie, la menace s'est amplifiée. Octobre 2015, 224 passagers périssent au cours de l'attentat contre l'avion de ligne 9269 Metrojet au dessus du Sinaï perpétué par l'EI en réponse à l'intervention russe dans le conflit syrien.[3]

 

La justification de l'intervention par la lutte antiterroriste

 

            L'annonce du déploiement de l'outil militaire en Syrie a été concomitant au discours de Vladimir Poutine à l'Assemblée générale de l'ONU concernant la mise en place d'une coalition internationale antiterroriste. La peur des « révolutions de couleur » et du printemps arabe est certainement à prendre en compte dans le processus décisionnel qui a conduit à intervenir militairement. Moscou a dénoncé le caractère terroriste des groupes d'opposition au régime syrien. Les Russes attribuent la dénomination « terroriste » aussi bien à l'EI qu' au Front Al-Nosra ainsi qu'aux autres groupes armés rebelles. Cependant, ils travaillent également avec les milices chiites parrainées par l'Iran et avec le Hezbollah. Or la branche militaire du Hezbollah est considérée comme une organisation terroriste par le conseil de l'Union européenne dans sa dernière version du 1 août 2015 publié au Journal officiel de l'Union européenne.[4] La Russie ne partage donc pas la même vision du terrorisme que les Européens.


            Moscou prône l'idée qu'éliminer les organisations terroristes dans leur zone d'origine s'avère plus efficace que de tenter d'empêcher les djihadistes de se répandre sur le territoire russe. Cette rhétorique a réussi à fédérer l'opinion publique au déclenchement du conflit en novembre 2015 : 55 % des personnes sont favorables aux frappes aériennes et 27 % y sont opposées.[5] Les estimations officielles du nombre de terroristes partis vers le théâtre irako-syrien peuvent être mises en relation avec la baisse des violences dans le Caucase Nord entre 2014 et 2016. Les chiffres avancés font état de 4000 à 5000 individus ayant rejoint les zones de conflits au Levant, chiffres pouvant atteindre 10 000 combattants en incluant les fondamentalistes originaires d'Asie centrale.

 

La question du retour des foreign-fighters russophones est donc un enjeu majeur de sécurité intérieure russe. En effet, comme le souligne Jozef Lang du Centre for Eastern Studies, «  le retour des combattants de Daech risque d'augmenter considérablement le degré de radicalisation en Asie Centrale et en conséquence le degré de répression exercée par les différents États de la région. Cela pourrait déboucher à plus ou moins court terme sur la déstabilisation de pays au profil d' « États faillis », comme le Tadjikistan particulièrement vulnérable, le Kirghizistan ou l’Ouzbékistan. »[6]

 

 

[1]    Entretien de l'auteur avec un journaliste indépendant spécialisé Russie et Défense.

[2]    Entretien de l'auteur avec un chercheur du Ministère de la Défense spécialisé sur les questions russes.

[3]    MANDRAUD Isabelle. « Crash dans le Sinaï : Poutine admet un attentat et promet de « punir » les responsables », Le Monde, 17 novembre 2015. Disponible sur: « http://www.lemonde.fr/international/article/2015/11/17/crash-dans-le-sinai-poutine-admet-la-piste-de-l-attentat-et-promet-de-punir-les-responsables_4811717_3210.html »

[4]    Décision (PESC) 2015/1334 du conseil du 31 juillet 2015, Journal officiel de l'Union européenne. Disponible sur : « http://eur-lex.europa.eu/legal-content/fr/TXT/PDF/?uri=CELEX:32015D1334&qid=1440691334018&from=FR »

 

[5]    «  Sirijskij-konflikt - Le conflit syrien », sondage du Centre Levada, 31 novembre 2015. Disponible sur : « http://www.levada.ru/2016/10/31/sirijskij-konflikt/ »

[6]    LANG Jozef. « Exporting Jihad – Islamic terrorism from Central Asia », Centre For Eastern Studies, Commentary, n° 236, 14 avril 2017, p. 1. in GAYARD Laurent. « Asie centrale : le prochain foyer islamiste ? », Qui est l'ennemi ?, Conflits, n° 15, décembre 2017, pp. 20-21.

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Titre : Du théâtre d'opération syrien ....
Auteur(s) : Malcolm Pinel
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