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Les principes de la conduite opérationnelle ...

et ceux de la conduite politico-stratégique sont-ils distincts ?
Engagement opérationnel
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Olivier Zajec est maître de conférences en science politique et relations internationales à l’université Jean Moulin Lyon III. Agrégé et docteur en Histoire des relations internationales (Paris-IV Sorbonne), diplômé de l’École Spéciale Militaire de Saint Cyr et de Sciences-Po Paris, il est chef du cours de géopolitique de l’École de Guerre (Paris) depuis 2015. Conférencier à l’Institut des Hautes Études de la Défense Nationale (IHEDN) et au Centre des Hautes Études Militaires (CHEM), il est chargé de recherches à l’Institut de Stratégie Comparée (ISC, Paris) et directeur adjoint de la revue Stratégique. Il collabore régulièrement à diverses publications de défense et de relations internationales : Le Monde diplomatique, Défense et sécurité internationale (DSI), Res Militaris, Monde chinois, Conflits, La Revue de Défense nationale.


L’intervenant est d’abord revenu dans un premier temps sur la définition de la guerre, puis sur les principes de la conduite opérationnelle, et enfin ceux de la conduite politicostratégique. Il présente ici deux conceptions différentes de la guerre. La première repose sur la dialectique générale de la puissance, de la violence et de la force menant au politique tandis que la deuxième repose sur la conduite opérationnelle. La nature de la guerre étant, selon Clausewitz, pleinement et essentiellement politique.

 

La guerre a deux dimensions notables. Le fait d’être en guerre relève de la conduite politico-stratégique, et celui de faire la guerre se rapporte à la conduite des opérations. Le décideur politique va orienter et gouverner la première, tandis que le décideur militaire va planifier, rythmer et conduire la deuxième. Il est important de noter que ces deux dimensions forment un tout. Il reste tout de même une tension qui va peser sur la définition et l’exploitation de principes.

 

Les forces françaises adoptent une posture clausewitzienne qui se définit comme : « penser la guerre ». Le politique est dans cette vision très lié au militaire. Son rôle est de comprendre la tension, la dynamique du conflit pour pouvoir s’adapter au mieux tout en conservant une souplesse d’action et un certain réalisme. Dans cette optique, la posture clausewitzienne admet un corpus de principes peu nombreux et intemporels. Friction et non linéarité sont au cœur de cette tendance. Ils sont donc toujours utilisables malgré les formes changeantes des conflits.

 

La posture jominienne est la posture sur laquelle les AngloSaxons se reposent. Celle-ci défend une approche particulière, celle de faire la guerre. La guerre est destinée à un corps professionnel particulier, qui défend un groupe politique organisé par les armes et l’usage de la force. La stratégie est une science applicative tournée vers la décision opérationnelle. Celle-ci repose donc sur des processus opératifs et l’établissement de rapports de forces. Il faut, dans cette logique, disposer de principes nombreux et variés marqués par la conjoncture stratégique (donc évolutif). On a donc une traduction différenciée de la stratégie, de la structure fondamentale du raisonnement opérationnel et des principes. Les différences culturelles, et donc la diversité de principes, dissimulent une confusion entre la conduite politico-stratégique et la conduite du domaine opérationnel. Peut-on dépasser ce cadre, ce paradoxe ?

Les principes n’ont pas la même intemporalité. Certains sont plus conjoncturels. Il en résulte un malaise principiel chez les Jominiens. Les évolutions permettent de réinterpréter ces principes.

 

Ces révolutions successives, qu’elles soient culturelles, technologiques, médiatiques, juridiques vont mener à une réévaluation des principes de la guerre. Il en va de même pour les retours d’expériences des cadres de contact des forces armées.

 

On peut distinguer trois grandes périodes dans ces évolutions. La première est représentée par l’avènement de la dissuasion nucléaire. Elle est particulière et ne sera donc pas présentée ici. La deuxième regroupe l’ensemble des guerres périphériques (Vietnam, Indochine, etc.). Enfin, plus récemment, et avec l’apparition de la Revolution in Military Affairs (RMA) techno-centrée et renforcée par les conflits en Irak puis en Afghanistan, les principes ont été remis en question par les différentes forces armées. En effet, les concepts de « guerre au milieu des peuples » ou d’irrégularité/asymétrie ont mené à des évolutions doctrinales (remise en cause de la masse notamment). Les forces armées poussent désormais en avant les concepts de légitimité et de retenue dans l’usage de la force.

 

On voit donc que la nature de la guerre ne change pas mais que la forme des conflits évolue. Trois solutions se présentent à nous : tout changer, rien changer ou supprimer les principes pour garantir une liberté d’action. Olivier Zajec estime que ce ne sont pas de bonnes solutions. Il préconise plutôt la distinction des principes sans pour autant les disjoindre. Le document prospectif Action terrestre future (ATF), diffusé par l’armée de Terre en 2016, offre une solution. Il présente de manière pyramidale des principes, des facteurs de supériorité opérationnelle, des aptitudes et des capacités organisés selon une logique d’intemporalité. Contrairement aux principes, les facteurs de supériorité opérationnelle ne sont pas des invariants. Ils peuvent évoluer tout en préservant les principes. Cela permet de garder une stabilité doctrinale.

 

En conclusion, les principes de la guerre doivent être manipulés avec prudence en raison de leur intemporalité. Les principes opératifs n’étant pas des invariants, ils peuvent évoluer en fonction de la forme du conflit.

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Titre : Les principes de la conduite opérationnelle ...
Auteur(s) : Olivier ZAJEC
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