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Peuples et populations dans la conduite de la guerre, une approche historico-militaire 4/4

Rendre plus efficace la guerre au milieu des peuples - Revue militaire générale n°55
Histoire & stratégie
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La guerre au milieu de peuples impose une unité d’action entre autorités politiques, civiles et militaires. Or, bien des décisions échappent au militaire. Comment agir sur l’économie ? Que faire de la réforme agraire décrétée par l’ancien occupant ? Doit-on revenir à l’ordre ancien alors que la population sur place a profité du nouveau système ?


Il est impératif de synchroniser les actions militaires et civiles, en se raccrochant à des lignes d’opération compatibles, sur un tempo unique. Aujourd’hui, nous ne pouvons que rarement dépasser le registre de la coordination des actions militaires et civiles, en limitant les incohérences et les interférences.

Atlante fournit un exemple heureux de synchronisation d’actions avec la disparition de la piastre Hô Chi Minh. Interdire cette monnaie en aurait fait un symbole de résistance. La laisser courir aurait généré un risque très important sur les finances publiques. Les autorités civiles organisèrent le désamour progressif de la monnaie en jouant sur le taux de parité, les délais accordés pour échanger l’ancienne monnaie contre la nouvelle et l’envie de dépenser. L’affaire fut rondement menée, tout à l’honneur de ceux qui imaginèrent cette action de change conduite en phase avec le déploiement des forces, le réapprovisionnement des marchés et les campagnes d’explication.

 

Atlante fournit également un exemple de dysfonctionnement majeur. Sur les territoires reconquis, deux autorités devaient recruter des auxiliaires pour assurer la garde de lieux à défendre. Les civils ont mobilisé la garde civile ; les militaires les forces supplétives. Or, les volontaires se font rares. Les autorités civiles décident alors d’augmenter les rémunérations et obtiennent leurs effectifs au détriment des militaires qui ne recrutent pas, ne pouvant renchérir. Mais ils disposent de l’armement et des munitions pour l’ensemble de gens à recruter. Ainsi, en pleine opération, il y eut des gardes civils non armés à côté de dépôts militaires sans soldats ! Il a fallu l’intervention courroucée du gouverneur de la province pour mettre fin à ce gâchis.

 

La pacification dresse deux administrations l’une contre l’autre, dans un environnement où deux armées se disputent la stabilité. Il s’agit pour l’État de puiser dans ses racines historiques et culturelles pour montrer sa légitimité. Il doit alors défendre les symboles structurants de la société qu’il sert. À l’opposé, le révolutionnaire crée une nouvelle légitimité à travers la geste qu’il écrit. Un des arguments qu’avance le révolutionnaire est qu’il représente la légitimité du peuple et que son adversaire n’est qu’un régime fantoche, telle une marionnette mise en place par l’ennemi pour donner le change. Expression cruelle, mais lourde de sens, qui habilla le gouvernement Sud Vietnamien durant la guerre du Vietnam. Elle constitue toujours une limite d’actualité, car si les autorités politiques soutenues passent pour des fantoches, toute l’action est construite sur du sable.

 

La pacification constitue donc un mode d’action très lourd de sens, qui puise dans les racines profondes qui structurent la société. Elle constitue dans certains cas l’alternative ultime à la guerre civile. Certains désastres n’auraient-ils pu être évités avec des opérations de pacification mieux préparées et moins improvisées ?

 

La création d’un niveau décisionnel continu, politique, civil et militaire, capable de rédiger les plans, tenir le métronome des opérations militaires et civiles et faire rapidement les choix qui s’imposent reste encore à développer. Tant que la cohérence des actions ne sera pas assurée, il sera bien difficile de vaincre un ennemi beaucoup plus unifié. La guerre d’Indochine nous l’illustre facilement : d’un côté, la France ne parvient à définir formellement ses buts de guerre qu’en 1953 ; dix-sept gouvernements et dix commandants en chef se succèdent aux affaires, laissant passer de multiples occasions favorables. De l’autre, une équipe unique qui suit les mêmes buts depuis 1945 et qui n’hésite pas à embrigader la population lorsque nécessaire, ni à pratiquer l’assassinat politique.

 

Une telle dissymétrie perdure de nos jours, dans ce qui oppose le monde libre et démocratique aux sociétés en guerre créées par nos ennemis. Ne leur facilitons pas la tâche en admettant dans nos plans de campagnes des solutions discontinues, voire concurrentes, entre ce que font les civils et les militaires. La Seconde Guerre mondiale nous montre que les démocraties savent remarquablement bien faire la guerre quand elles se donnent les moyens de la gagner. Pourtant, les occasions manquées de 1936 rappellent qu’une organisation de temps de paix ne permet pas de conduire efficacement une guerre. Ne pas se donner dès aujourd’hui les moyens de gagner les batailles du moment, pourra rendre la tâche beaucoup plus ardue demain.

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Titre : Peuples et populations dans la conduite de la guerre, une approche historico-militaire 4/4
Auteur(s) : Le général de corps d’armée Michel GRINTCHENKO
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Armée