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Que reste-t-il des théories de la contre-insurrection ? 2/4

Une contre-insurrection populo-centrée : l’adhésion des populations comme état final recherché - Revue militaire n°55
Histoire & stratégie
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« La réponse au terrorisme ne consiste pas à inonder la jungle avec plus de troupes. Elle réside plutôt dans les coeurs et les esprits du peuple malaisien ». Par ces mots, le général Sir Gerald Templer (1888-1979), commandant civil et militaire pour la Malaisie, exprimait en 1953 la nécessité de « gagner les coeurs et les esprits » pour éteindre une insurrection3.


En effet, en la privant de son accès à la population – par l’adhésion de cette dernière à la cause loyaliste – l’insurrection perd sa source de revenus, de logistique, de partisans et de renseignement. Ce faisant, elle sera réduite à des actions plus risquées lors desquelles l’action militaire des forces loyalistes, souvent dissymétriques, pourra l’emporter. L’adhésion des populations est donc bel et bien un objectif puisqu’il conduira inexorablement à une séparation physique et psychologique des insurgés de la population, but de la contre-insurrection. Pour obtenir cette adhésion, le général Templer fait admettre, par des mesures socio-économiques, l’idée selon laquelle il sera plus profitable aux populations, dans un calcul rationnel coût/avantages, d’être du côté loyaliste que dans l’insurrection communiste.

Reprise à de multiples occasions, la célèbre formule de Templer trouve certainement son inspiration dans les oeuvres de pacification des maréchaux Gallieni (1846-1916) et Lyautey (1854-1934) à Madagascar et au Maroc notamment. En effet, tous deux avaient compris l’enjeu immense de l’adhésion de la population et y ont contribué par des mesures politiques, sociales et économiques4. Ces mesures ne sauraient être efficaces cependant sans une juste appréhension des besoins de la population, d’où l’importance du renseignement. Pour les deux maréchaux, c’est véritablement « l’action politique [qui] est de loin la plus importante », l’action militaire n’étant que supplétive. Pour ne pas produire l’inverse de ses effets escomptés, l’action politique doit s’inscrire dans le respect des structures culturelles et traditionnelles, insistent également Gallieni et Lyautey. Le renseignement trouve donc également son importance ici. Cette alternative au « tout-cinétique » s’explique par les leçons tirées des guerres révolutionnaires et impériales (Vendée, Espagne, Algérie), notamment celles du maréchal Bugeaud (1784-1849) lors de la conquête d’Algérie. Bugeaud, s’il a eu plus d’une fois recours à la force, a également institué les « Bureaux arabes ». Ces derniers visaient à administrer la population pour répondre à ses besoins socio-économiques et à coordonner les actions civiles et militaires.

Aujourd’hui encore, l’adhésion de la population aux forces loyalistes demeure l’épicentre des doctrines de contre-insurrection, largement abreuvées en cela par les écrits « galuléens » et leurs reprises dans les doctrines « néo-classiques »5, notamment sous l’impulsion du général David Petraeus. Parce que la contre-insurrection n’est pas qu’une opération militaire, mais surtout une opération politique, elle se doit d’être conduite par des moyens et acteurs civils et militaires.

 

3 Templer considérait que si la priorité va à la restauration de la sécurité (protéger), ce qui contribue à gagner les coeurs, un enchaînement rapide vers des réformes socio-économiques d’amélioration des conditions de vie (servir) contribue à gagner les esprits. Le cas malais était néanmoins une insurrection particulière puisque fondée sur une minorité ethnique chinoise et coupée de soutiens externes.

4 Ainsi, en 1905, après neuf années sous le commandement du maréchal Gallieni, ce sont 38 hôpitaux, 42 maternités et plus de 700 écoles qui sont construits. Le maréchal Lyautey attribuait au maréchal Gallieni la phrase suivante : « Tous les officiers savent s’emparer d’un village à l’aube ; moi, je veux des officiers qui sachent s’emparer d’un village à l’aube et y ouvrir le marché à midi ». Tiré de « Gallieni à Madagascar et Lyautey au Maroc, deux oeuvres de « pacification » complémentaires », Cahiers de la Recherche doctrinale, Centre de Doctrine et d’Emploi des Forces, 2011, p. 74.

5 Les doctrines de contre-insurrection, décrédibilisées par l’échec au Vietnam, retrouveront des partisans dans les années 1990 à la suite d’opérations de stabilisation en Somalie et en ex-Yougoslavie.

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Titre : Que reste-t-il des théories de la contre-insurrection ? 2/4
Auteur(s) : Monsieur Benjamin HAMM
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