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Caractéristiques devant être réunies par les systèmes terrestres du futur pour garantir la supériorité opérationnelle

Cahiers de la pensée mili-Terre
Expériences alliées
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Outre une composante d'infanterie renforcée dans le cadre de l’adoption de la structure Heer 2011 (armée de terre allemande), les forces de la Bundeswehr aptes à mener le combat terrestre se composent pour l'essentiel d'un noyau blindé d'unités mécanisées.

Dans les milieux concernés par la politique de sécurité, la nécessité de conserver sur la durée des composantes mécanisées capables de s'imposer dans des duels de haute intensité ne fait pas l'unanimité.


Une telle perception des choses a fréquemment pour origine la conviction selon laquelle la capacité grandissante des effecteurs amis à agir à distance, combinés à des unités légères rapidement déployables, permet de renoncer aux unités mécanisées équipées trop lourdement. S'ajoute à cela que, jusqu'à une date récente, les opérations de stabilisation conduites contre des adversaires aux modes d'action asymétriques occupaient le devant de la scène médiatique. Aujourd'hui, la situation longtemps perçue dans le domaine de la sécurité comme immuable se transforme rapidement et de façon imprévisible. Le livre blanc sur la politique de sécurité de l’Allemagne et sur l’avenir de la Bundeswehr publié en 2016 décrit ainsi la situation: «Créé à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'ordre international, qui constitue aujourd'hui encore le cadre de lapolitique internationale dotée de ses organisations et institutions, traverse un processus de mutation». La résurgence de conflits interétatiques ouverts ou larvés y joue un rôle déterminant. À ce propos, la Russie figure également au centre des réflexions menées dans le cadre du livre blanc allemand: «La Russie, par sa volonté affichée en Crimée et à l'est de l'Ukraine de défendre ses intérêts, y compris en recourant à la violence armée, et de déplacer unilatéralement les frontières garanties par le droit international, remet ouvertement en cause l'ordre de paix européen. Un tel comportement est lourd de conséquences pour la sécurité de l'Europe et celle de l'Allemagne». Face à ces multiples transformations, la question de l’emploi des unités blindées se pose, car elles sont souvent perçues comme anachroniques pour de futures opérations terrestres.

Document conceptuel majeur, la «Conception de la Bundeswehr» est aujourd'hui en cours de refonte et d'adaptation aux nouvelles orientations fixées par l'actuel livre blanc. Toutefois, dans sa version de 2013, la «Conception de la Bundeswehr» soulignait déjà que la capacité à mener le combat constituait l'exigence la plus élevée à laquelle devaient répondre tant ses personnels et ses matériels que la formation dispensée, et qu'elle était l'aune à laquelle devait être évaluée la disponibilité opérationnelle de la Bundeswehr. En outre y étaient formulées des exigences multiples concernant les capacités permettant de produire des effets dans tous les types de missions définies, mais différenciées quant à leur potentiel d'escalade, afin d'assurer la supériorité opérationnelle par la mise en œuvre de forces modulaires, flexibles et intégrables. Les nouvelles priorités définies par le «livre blanc» renforcent cette orientation, dans le sens où la défense du territoire national/de l'Alliance prend le pas sur les opérations de stabilisation.

 

Scénarios d'opérations et conduite opérationnelle

 

Un examen des probables scénarios du futur conduit à penser que les forces terrestres continueront de produire des effets par leur seule présence. Elles pourront ainsi assurer la sûreté de l'environnement et permettre des activités coordonnées au niveau interministériel, entre autres dans le domaine politique et économique. Pour y parvenir, les unités devront s'afficher comme robustes et crédibles et, si nécessaire, déterminées à s’imposer par le combat. C'est par cette caractéristique unique – présence dans l'espace terrestre et gradation des effets jusqu’au combat – que les forces terrestres se distinguent de tous les autres acteurs. Là où la seule présence ne suffit pas devront être menées des opérations visant à produire des effets sur le terrain ou sur l’adversaire, y compris, pour certaines, au milieu de la population. La perception par les populations et autorités locales de la force déployée, dont les actes et comportements auront des conséquences décisives sur le cours de l'opération, sera considérée comme une constante. Les opérations destinées à produire des effets sur le terrain visent à conquérir l’espace, l'investir et le conserver. En revanche, les opérations centrées sur les forces viseront à détruire le potentiel ennemi et à briser la volonté ou la capacité de l'ennemi à poursuivre la confrontation.

 

Formes de conflits aujourd’hui et demain

 

Les exigences auxquelles doivent satisfaire les forces terrestres dans les conflits à venir découlent d’une extrapolation de la menace telle qu’observée aujourd’hui. Mais les erreurs sont fréquentes en matière de prévision. Cette impossibilité de prévoir l'avenir se reflète dans les exigences en matière de capacité d'adaptation de la Bundeswehr, formulées dans la «Conception de la Bundeswehr» mentionnée supra; elle est également confirmée par l'inversion des priorités, l'effort principal portant aujourd'hui sur la défense du territoire national de l'Alliance. De plus, outre la distinction toujours pertinente entre formes de conflit symétriques et asymétriques, on constate une augmentation du nombre de conflits à caractère hybride. Ces derniers se caractérisent par une imbrication des types de conflit et des moyens permettant de les mener (par exemple activités économiques, politiques, militaires, propagandistes, subversives), chacun d'entre eux étant traditionnellement considéré comme différenciable. Des forces régulières et parfois des forces irrégulières organisées militairement œuvrent sous commandement unique ou sous une même bannière idéologique pour atteindre un objectif commun; elles utilisent à cet effet des éléments aussi bien symétriques qu'asymétriques dans leur planification opérationnelle, dans la mesure du possible en deçà du seuil d'un conflit ouvert.

 

La tendance à la stagnation des unités mécanisées – fait indubitable jusqu'à la crise ukrainienne –, et la réduction relative qui caractérisait leur développement se limitaient, en comparaison avec les autres pays du globe, à l'Europe occidentale. Les évolutions géostratégiques actuelles ont, au moins dans ce domaine, contribué à ce que soient prises de nouvelles initiatives. Pour l’Allemagne cela signifie notamment trois mésures bien visibles:

  • le renforcement de l'arme blindée de la Bundeswehr, dont le nombre de systèmes

d'armes disponibles passe de 225 à 328 chars de bataille Leopard;

  • la mise en place d'un bataillon blindé supplémentaire germano-néerlandais.

 

Le lancement de la planification concrète porte sur les futurs besoins en matière de chars et systèmes d'artillerie. Mais ces initiatives suffiront-elles à véritablement renverser la tendance? On peut en douter lorsqu’on observe la proliferation de chars de bataille et véhicules de combat de l'infanterie modernes sur la surface du globe, phénomène dû également à la cession de matériels à des pays tiers (phénomène appelé «cascading»). Les offres de revalorisation des chars de bataille et des véhicules de combat de l'infanterie, équipés également de composantes améliorant tant les effets produits que la protection, contribuent à réduire à vue d’œil l'avance technologique occidentale.

Axée sur les scénarios possibles, une étude portant sur la prolifération des systèmes d'armes mécanisés dans des régions de crise a mis en relief que l’emploi de chars de bataille et de véhicules de combat de l'infanterie par des ennemis potentiels devait être prévu dans presque toute opération terrestre digne de ce nom.

Les forces ennemies opérant dans un premier temps sur un mode asymétrique peuvent être en mesure d'adapter leur mode d'action et d'agir de manière plus robuste, en mettant à profit les désertions des membres des forces régulières d'un État, en utilisant les matériels dont elles se sont emparées ou en recevant un soutien extérieur.

La transformation de DAECH en est l'actuelle illustration. Alors que cette organisation terroriste  opérait  hier  sur  un  mode asymétrique  en  s'appuyant  sur  des  forces irrégulières, elle est aujourd'hui, après la désertion d'unités de l'armée irakienne et la prise de dépôts de matériels, tout à fait à même de conduire avec succès des actions tant offensives que défensives, même contre des forces gouvernementales syriennes et irakiennes. Et ceci en dépit de la menace massive que font peser sur elle les États de la coalition anti-EI, la Turquie et la Russie. Des évolutions semblables ne sont pas à exclure à l'avenir, y compris dans d'autres pays aux structures étatiques fragiles. Ceci vaut notamment là où, par le passé, les forces armées nationales ont bénéficié d'un soutien extérieur en matériels et en formation. Mises en œuvre dans une logique de démonstration de force et comme arme d’effort principal, les forces mécanisées auront donc à l'avenir également un rôle important à jouer.

 

Conclusions pour la conduite opérationnelle des forces adverses

 

Il ne sera pas possible à des ennemis non-étatiques de parvenir à une symétrie complète dans un affrontement contre des forces occidentales.


 

Potentiels de forces et menaces futures

 

Un ennemi asymétrique cherchera donc toujours à empêcher que ses forces soient repérées trop tôt et à mener le combat à une distance favorable, eu égard aux effets pouvant être produits par ses armes. Afin d’y arriver il lui suffira d’appliquer des mesures simples:

  • la mise à l'abri de véhicules dans des bâtiments;
  • l'exploitation du terrain;
  • l'utilisation de  matériaux permettant  un  camouflage  facile  à  réaliser  contre  la reconnaissance aérienne, y compris la réduction des signatures thermiques.

 

Les effets d’une telle dissimulation ont déjà prouvé leur éfficacité lors des conflits passés (Kosovo 1999). Même avec des armes pouvant être mises en œuvre à distance, y compris les moyens aériens, même en s'appuyant sur les systèmes d'acquisition du renseignement les plus modernes, les effets seront très limités sur un ennemi discipliné capable de s'adapter et opérant habilement.

De la même manière, un ennemi disposant de ressources étatiques, apte à conduire des opérations interarmes cherchera à interdire, par tous les moyens disponibles , toute action de renseignement lancée contre ses forces, pour conserver l’initiative du premier contact.

Capacité des systèmes terrestres à s'imposer, à mener des duels et à combattre à distance

 

La supériorité opérationelle découle pour l'essentiel de la combinaison de divers éléments que sont la mobilité, la protection, la puissance de feu, la capacité à commander, les effets psychologiques et la disponibilité au niveau du système global intégré. Cette capacité peut, en fonction de la situation et de l'ennemi, être réalisée par l'effet des armes mises en œuvre à distance, ou bien par la capacité à mener des duels. Faisant depuis toujours l'objet de débats, la recherche du juste équilibre entre ces deux facteurs se reflète dans le monde entier dans la multitude des différents systèmes y correspondant.

Modalité de la domination tactique, le duel s’impose lorsque la confrontation et l’attrition à distance ont échoué. La capacité d'une plate-forme à mener des duels contre des systèmes ennemis de valeur opérationnelle similaire résulte de la capacité à neutraliser la menace au cours de la confrontation immédiate et à survivre en maintenant sa capacité opérationnelle.

 

Capacité à mener des duels

 

Les situations de duel sont caractérisées par la confrontation immédiate et inopinée avec un ou plusieurs systèmes d'armes ennemis. En modalité offensive, contre un ennemi statique et camouflé, celui-ci pourra très probablement décider du moment auquel il ouvrira le feu et ainsi conserver dans un premier temps l'initiative. Selon la modalité tactique «défense», les forces amies pourront exploiter ces conditions à leur profit. Le combat de rencontre est caractérisé pour les deux «duellistes» par un affrontement auquel aucun des deux ne s'attendait. Un duel se termine en général en l'espace de quelques secondes soit par anéantissement du système en état d'infériorité, en fonction de la distance de combat, soit par rupture du contact (en se dégageant de la ligne de visée de l'adversaire). Si le «duelliste» qui se replie conserve sa capacité de combat, il cède l'initiative à l'ennemi et n'est, dans ce cas, plus capable de s'imposer. Une protection supérieure à la menace permet de se soustraire aux effets des armes ennemies, tout au moins pour une période limitée dans le temps. Le temps ainsi gagné devra être exploité pour reconnaître et réduire la menace par la supériorité des feux, en veillant autant que possible à atteindre l’objectif au premier coup. La mobilité tactique des systèmes impliqués peut, elle aussi, influer directement sur l'issue du duel. Sortir vainqueur de la confrontation immédiate avec l'ennemi peut permettre de conserver ou, selon le cas, de reprendre l'initiative, de neutraliser la menace immédiate qui pèse sur les forces amies et de remplir la mission.

 

Capacité à combattre à distance

 

Éviter les situations de duel suppose d'avoir repéré avec un degré de certitude élevé les systèmes ennemis en amont, de manière à pouvoir les engager en temps opportun avec des effecteurs, en utilisant tous les avantages possibles que confère leur portée et en considérant tous les dégâts collatéraux pouvant être causés. Éviter de tels dégâts ou les limiter au maximum exige des effecteurs capables d'opérer à distance avec un degré particulièrement élevé de précision et de gradation de l'intensité de leurs effets.

Pour différentes raisons, la reconnaissance des menaces en temps opportun sera soumise à des contraintes, y compris à l'avenir. Toutefois, la fréquence des situations de duel peut au moins être réduite en associant tous les systèmes de reconnaissance et sources d'information importants, de même qu'en s'appuyant sur le système intégré du renseignement et de la reconnaissance.

 

Importance des plates-formes terrestres capables de s'imposer

 

La capacité à s'imposer continuera donc d’exiger des composantes aptes à mener des duels qui soient intégrées aux opérations interarmes. Les forces mécanisées fournissent cette capacité et présentent, en outre, par leur seule présence, l'avantage d'un potentiel élevé de dissuasion conventionnelle. Dans des situations critiques, elles peuvent ainsi contribuer de manière significative à la désescalade. Outre l'effet indirect obtenu par leur présence, les systèmes terrestres capables de mener des duels contribuent substantiellement à la protection des forces amies par l'«absorption» des effets ennemis et par la neutralisation de la menace immédiate.

Renoncer à ces systèmes implique que les tâches qu'ils remplissent soient assurées par d'autres forces, d'infanterie par exemple, équipées d'armes individuelles antichars disposera, à l'avenir également, de moyens lui permettant d'infliger de lourdes pertes, même à des unités d'infanterie disposant du meilleur équipement, et d'empêcher ces dernières de les prendre sous ses feux.

De ces considérations découle la question de savoir comment les capacités qui viennent d'être décrites peuvent être maintenues sur le long terme pour être engagées dans des opérations terrestres de la Bundeswehr. Sous la responsabilité du ministère fédéral de la défense, des études en ce sens ont été réalisées. Elles associent tous les acteurs importants afin de définir les critères auxquels devront satisfaire les systèmes terrestres pour aquerir la supériorité opérationelle dans les situations de duel et pouvant opérer à distance. Les besoins capacitaires ont été intégrés à ces études, en s'appuyant sur des scénarios et de courtes études de cas sous forme de protocoles. Cette méthode assure la cohérence et la transparence des résultats. Les résultats obtenus jusqu'à maintenant servent actuellement de base pour examiner technologies et concepts de systèmes.

 

Nous retiendrons pour finir que la capacité des forces terrestres à s'imposer dans des opérations interarmes conduites dans tout type de conflit et à tout degré d'intensité sera assurée, y compris à l'avenir, par un dosage équilibré des composantes capables de mener des duels et de combattre à distance de sécurité. Le choix délibéré d’une gestion tenant compte de la rareté des ressources nécessite une approche ciblée axée sur le long terme. Ce n'est qu'à cette seule condition que la Bundeswehr pourra, à l'avenir également, produire dans les opérations terrestres les effets nécessaires à l'accomplissement de sa mission, tout en assurant à ses propres unités la protection la plus efficace.

 

 

Les propos de l’auteur reflètent la vision de l’armée de Terre allemande
 


 


 


 

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Titre : Caractéristiques devant être réunies par les systèmes terrestres du futur pour garantir la supériorité opérationnelle
Auteur(s) : le Lieutenant-colonel André HENKEL
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