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De l’uniforme

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Madame Françoise Thibaut nous livre ici ses réflexions sur l’uniforme, son évolution, sa signification au fil des âges en fonction de la profession, de la corporation, de la classe sociale concernée par son port. Ces réflexions prendront un sens particulier pour les lecteurs des Cahiers, majoritairement issus du monde militaire et donc concernés au premier chef !

 


L’uniforme uniformise. Il informe et désinforme.

 

L’uniforme uniformisateur désinforme sur l’intime, sur l’individu porteur qui n’est plus qu’un porte-vêtement indicateur d’une fonction. Il est d’ailleurs possible de concevoir cette uniformisation comme une atteinte à l’identité ou, au contraire, comme une protection du plus secret de l’individualité. L’uniforme induit en lui-même que tous les porteurs de la même enveloppe distinctive seront traités de la même façon et/ou accompliront des tâches identiques. Cette enveloppe rend donc indistincts ses porteurs. L’uniforme sert à ne pas être distingué et entrave toute individualisation. D’un autre côté, l’uniforme informe d’une fonction – «l’habit fait le moine» –, c’est un médium ravageur d’une redoutable efficacité; on est vêtu de ce que l’on fait: outil de repérage visuel instantané, il est un simplificateur des relations sociales, un outil hiérarchique et fonctionnel; peu importe ce qu’il il y a à l’intérieur de l’enveloppe distinctive, du moment que le rôle indiqué par l’uniforme est rempli.

 

L’uniforme commença peut être sa belle carrière à la Tour de Babel. La Bible ne le dit pas, mais c’est presque évident: dans la multitude affairée, puis le galimatias des langues différentes, la seule façon de s’y retrouver fut de vêtir les transporteurs en transporteurs, les tailleurs de pierres en tailleurs de pierres, les esclaves en esclaves, leurs gardiens en gardiens. Trois mille ans avant les balbutiements de la civilisation indo-européenne, les empereurs de Chine du nord, déjà, vêtaient les lettrés en lettrés, leur imposant de longues robes entravées pour les empêcher de cavaler et de faire autre chose que penser et s’exercer à la calligraphie. Une complexe hiérarchie de coiffures et de vêtements permettait de distinguer les différents serviteurs de l’État. Le tablier de cuir distinguait aussi le céramiste et le forgeron: même loin du feu, ces artisans devaient toujours en être vêtus afin que, en cas d’urgence, on les retrouve facilement. Plus proche de nous, la pourpre bordant la toge indiquait à Rome la fonction délibérative et sénatoriale, et les épouses des sénateurs romains étaient astreintes au port d’une unique coiffure permettant de les distinguer en quelque lieu qu’elles fussent. L’oubli de cette obligation étant lourdement sanctionné.

L’uniforme «oblige» et «libère»; il est la plus efficace des cartes de visite; il évite toute explication et même la déclinaison d’une identité. Point de discours, point de tracas de langues étrangères et de patois mystérieux. Arborer l’habit ou les signes distinctifs de son rôle social évite toute autre justification. La fonction existe dès que l’uniforme apparaît: l’infirmier apporte avec lui l’hôpital, le religieux sa chapelle, le militaire son bivouac ou son casernement. La distinction par la tenue peut d’ailleurs être valorisante ou dévalorisante, une indication de grade, de hiérarchie, de classification: tout fautif est en fautif (parfois très voyant), son gardien en gardien. La présence de deux uniformes ensemble indique automatiquement la hiérarchie: celui qui doit se soumettre et celui qui commande. Mais il «oblige» aussi: malheur à celui dont l’attitude ne correspond pas à ce que l’on attend de l’uniforme…

 

L’apogée du système est dans «l’uniforme de masse» pour deux raisons: parce qu’il dépersonnalise complètement ceux qui le portent, et parce qu’il fait la fortune de ceux qui le fournissent. Avec la conscription patriotique au nom de l’État national, la République française inventa «l’usine de confection» et, par là, les premières fabrications à la chaîne: une des premières manifestations de la première révolution industrielle est la mise en fabrication des uniformes militaires. Avant, en vertu de la personnalisation des commandements et de l’origine privée des effectifs, les chefs de guerre équipaient eux-mêmes leurs hommes, les officiers s’équipant le plus souvent à leurs frais. Les riches s’équipaient richement, pas toujours uniformément; les pauvres allaient «n’importe comment» ou en guenilles (mot issu du néerlandais guet signifiant coquin), d’où la difficulté de distinguer les gens de guerre des voleurs, faute de repères clairs. Même le roi équipait lui-même ses troupes. Le premier uniforme uniformisateur de notre histoire moderne est la tunique du Croisé: dans le chaos humain et les imprévisibles retournements des Terres saintes, la Croix par-dessus la cotte vaut identité. La conscription de la République élective vient bien plus tard et indique un repérage clair, appelle aussi la facilitation des sanctions des comportements inadéquats; toute indélicatesse commise par un uniforme est immédiatement repérable; celui qui accuse a un indicateur clair (qui peut aussi l’inciter au silence); mais, en principe, l’uniforme protège à la fois l’autorité et la victime. Le système hiérarchique prend corps à travers l’uniforme et ses signes distinctifs, de même que le système de sanctions.

Sur les chemins de Compostelle, le pèlerin se distinguait à sa pèlerine, sa coiffure, son bâton et sa coquille…On le reconnaissait de loin. De même les religieux, les réguliers itinérants et mendiants, les séculiers, plus libres hors les offices, mais astreints eux aussi au port des signes distinctifs de leur fonction, à la robe ou à la longue veste à rabats. En ces longs siècles de culture parcimonieuse souvent retenue par l’élite, d’analphabétisme quasi général, le vêtement indique non seulement la fonction, mais également l’appartenance sociale: vêture de petite ou haute noblesse, mise sombre du bourgeois, livrée domestique. Tout comme les enseignes des boutiques, la vêture révèle le métier, le niveau des revenus, parfois même l’âge et le rang dans l’activité: le nombre des rubans au chapeau, les boutons, les galons, les boucles aux chaussures – le port même de chaussures en ces temps où tant de gens vont nu-pieds ou au mieux en sabots –, le droit à l’épée ou au chapeau, au bicorne ou au tricorne, au col de fourrure, aux revers garnis d’hermine ou de ragondin. Dans les rôles plus humbles cela joue aussi: il existe différentes catégories de nécessiteux, repérables aisément. En les secourant, on aide aussi l’institution qui les protège. L’uniforme des internats uniformise les enfants, formant d’indistinctes masses bleues, noires ou grises. Madame de Maintenon mit toujours ses «jeunes filles de saint Cyr» en uniforme afin de gommer les différences de fortune, ne distinguant leur classe que par des couleurs de tabliers. Il y a aussi les bons et les mauvais élèves, ceux arborant le ruban blanc ou rouge de l’excellence, le moyen bleu pâle, le vert de la médiocrité ou l’infamante coiffure du crétin.

 

Le Vatican se préoccupa de protéger les chrétiens des maux spirituels ou temporels qui pourraient les détourner du droit chemin: en 1215 le concile de Latran imposa le port de signes distinctifs aux musulmans (vert) et aux juifs (jaune) présents en terre chrétienne, ainsi qu’aux lépreux (noir) et aux prostituées (rouge). La cape, le mantelet, le chapeau, le tablier, revers et rubans prenaient un sens social et distinctif, appartenant à une stratégie d’ordre, de prévention sociale et sanitaire. La Révolution française crût bien faire à l’automne 1791, par trois décrets successifs, en intimant aux «juifs du pape» – ceux de l’Avignonnais et du Comtat Venaissin – de renoncer à la cape jaune, aux rubans et tabliers ornés de bandes jaunes indiquant leur appartenance, afin qu’ils fussent, comme les protestants, des «Français comme les autres». Ce brutal abandon leur parut effrayant, car ces signes distinctifs adoptés depuis Clément VI constituaient leur «armure» dans leurs déplacements, leurs commerces et la pratique de leurs mœurs. La brutalité de l’ordre d’abolition déclencha émeutes et manifestations à Carpentras et alentours, une «guerre des rubans et des tabliers» qui ne prit fin qu’en 1807 à la suite de l’Édit impérial de «francisation» des anciens États du pape. Tout aussi brutale et inattendue fut, vers 1751 sous Charles XII au royaume de Suède, la «guerre des perruques et des bonnets» entre la noblesse (les perruques) et le tiers (les bonnets) en vue de l’abolition des privilèges et des droits féodaux, origine du parlementarisme nordique moderne.

 

Religion, guerre et éducation sont souvent liées par l’uniforme les arborant et se signalant très tôt dans toutes les sociétés, car les trois secteurs d’activités représentent aussi une mentalité, une adhésion culturelle, politique, une «appartenance» mentale aussi bien que pratique, laquelle engendre sa défense ou sa propagation (propagatio fide). L’écrivain nord américain Alison Lurie rappelle que «l’uniforme est un costume totalement déterminé par les autres», évoquant le rôle symbolique et signalétique du vêtement, sa signification d’intégration et de fonction sociales: le vêtement de travail ne correspond ni à un choix ni à un instinct personnel: il indique «l’action dans le groupe»et il est conçu pour «garder les gens à leur place» dans un rapport d’efficience, de hiérarchie et d’ordre. Il contribue à ce qu’une tâche s’accomplisse plus facilement et que cette dernière se trouve non seulement indiquée mais aussi valorisée et reconnue. C’est une évidence pour le «rôle» militaire: sur le terrain, dans le combat, le vacarme et la fumée, il faut pouvoir repérer le chef, voir où sont les hommes de l’unité, savoir qui doit être protégé ou éliminé. Cela est valable pour les combats classiques, terrestres, mais cela concerne aussi les corps plus techniques engagés au sein même des unités en action dans lesquelles les hommes ne se connaissent pas forcément. L’uniforme et ses insignes permettent un repérage visuel instantané dans des situations où la rapidité est essentielle.

 

De nos jours, le plus souvent, on endosse l’uniforme de sa fonction uniquement dans le laps de temps où on l’accomplit: le maître d’hôtel et le serveur revêtent leur tenue sombre et leur nœud papillon dans leur établissement, le chef de chantier son bleu de travail dans son vestiaire, tout comme l’hôtesse d’accueil, l’infirmière, le professeur. Plus jamais de repérage professionnel au long des rues: fini Gabin en spahi dans les bistrots d’Orange, Jean Chevrier en aviateur cherchant sa belle vers le Pont des Arts, plus jamais de pompons rouges sur les boulevards… Le militaire, devenu fonctionnel et non plus élément du corps social, ne revêt l’uniforme que dans ses quartiers ou dans des circonstances précises. Le pompier n’est pas pompier tout le temps, ni le dentiste, ni le juge: la caractéristique la plus spectaculaire de la déambulation urbaine contemporaine est son anonymat. La rue n’est plus un spectacle social: elle est un fleuve anonyme de gens indistincts, dont la liberté consiste justement à n’être ni signalés ni repérés.

 

L’uniforme planétaire, asexué et mondial est désormais volontaire: c’est «le jean» qu’il soit blue, black, lavé, foncé, noirci, stoned, washed, délavé, coupillé, élégant, avachi, griffé, de récup, numérisé, large ou étroit, propre ou sale, pauvre ou chic. D’abord utilitaire, uniforme des ouvriers, métallos, bûcherons, chercheurs d’or du Klondike ou du Yukkon pour sa robustesse et sa facilité d’entretien, puis, après la Seconde Guerre mondiale, signe de révolte et de jeunesse insoumise, le «jean» enveloppe désormais toutes les classes sociales, tous les âges, toutes les activités. Tenue préférée du voyageur, du touriste, il est banal dans les écoles et les universités, toléré dans les bureaux, admis dans les banques, commun dans les commerces. Il est l’uniforme des non uniformisés. Vêtement de loisir des cadres, des militaires et des juges, commun compagnon de toutes les jeunesses du monde, il côtoie le sari, le boubou, la burka, équipe les chrétiens comme les musulmans, les Palestiniens comme les Israéliens…. Il est celui que l’on endosse en quittant son vêtement de fonction. Il fait partie de la panoplie libertaire, signe d’évolution progressiste et de modernité, alors qu’en fait il est un signe majeur d’uniformisation des masses, d’indistinction des individus. Sa symbolique libérale occidentale fut si forte dans les années 60-70 en URSS qu’il y fut un temps interdit, donnant d’ailleurs naissance à un florissant marché parallèle, alors qu’au départ il est plutôt l’uniforme du camarade-ouvrier. Étonnant destin d’un uniforme professionnel détourné pour devenir le repère d’une individualisation contestataire. De nos jours, celui qui le revêt, qu’il soit général ou pacha d’un monstre marin nucléaire, devient parfaitement anonyme, indéterminé, abandonne ses galons, peut redevenir étudiant dans sa tête par le truchement de ce «grimpant de Nîmes».

 

«Nous sommes ce que nous portons»: cette définition sociale très ramassée du vêtement résume assez bien la perception complexe du vêtement dans laquelle – en fait – nous évoluons: le «vêtement non signalétique uniformisé» est un protecteur de l’intimité et de la personnalité, des origines et des activités; il provoque aussi, indirectement, une perte de l’identité. Selon les contextes, les circonstances, l’État politique où l’on se situe, ce peut être un avantage ou un inconvénient. En France, l’uniforme militaire a complètement déserté les rues après la guerre d’Algérie afin «d’éviter toute provocation»… Pour un individu, passer en une journée de l’uniforme au «jean» signifie «aller du repérage volontaire à l’anonymat programmé»: revêtir l’uniforme signalétique le matin pour l’abandonner le soir et revêtir celui de «l’uniformité indifférenciée» signifie une intellectualisation importante de sa propre vie et une vraie compréhension du «droit à l’intimité et à la vie privée» telles qu’exprimées dans les lois françaises.

 

Finalement, «être éduqué» est en partie s’être laissé endoctriner pour se vêtir «conforme»: on ne joue pas au foot en complet veston, on ne va pas dans sa tour de bureaux en combinaison de plongée… Toutefois, l’extension des activités sportives et des loisirs amène la ville à copier les stades. Les fabricants l’ont compris: à quand les militaires en survêtements? Il y a 40 ans, l’acteur américain Dustin Hoffmann déboulait dans les soirées mondaines en smoking et en «baskets»; ce fut un pionnier… Dès l’école maternelle, la garderie, les enfants intègrent que l’uniforme est un moyen de communication extraordinairement efficace et permet de s’y retrouver, même si l’on est débutant: l’assistante en blouse rose qui aide à faire pipi, le policier municipal qui sécurise la traversée de la rue, le pompier avec son extincteur sont sans doute les premières représentations, pour un enfant, de la hiérarchie et de la sécurité sociales. L’uniforme, dans l’imaginaire enfantin, est presque toujours prestigieux et salvateur de situations inextricables, sauf peut-être pour Tintin avec son pantalon de golf (remplacé maintenant par un «jean») et son petit pull bleu; mais il est épaulé par le capitaine Haddock, l’archétype Tournesol et Milou, inéluctablement chien. En grandissant, on peut acquérir un avant-goût de l’uniformité chez les scouts, dans les écoles pratiquant l’uniforme ou sur les stades dans les sports collectifs.

 

Entourés de personnes habillées comme nous, nous développons un double sentiment: en interne, celui de l’appartenance et de la puissance du groupe; vis-à-vis de l’extérieur, celui de la différence. Pour cette raison, tous les régimes autoritaires, quels qu’ils soient, imposent à leur population, et en particulier à leur jeunesse – du Duce à Mao –, le port de vêtements identiques et d’uniformes «civils». Selon Marx, dans «Le capital», l’individu n’est qu’un «rouage» du grand projet communautaire: il est «dans» la masse uniformisée et se définit par elle, ce qui fait la force du système, lequel s’incarne dans l’uniforme prolétarien. Mais, sans doute, dans sa tête, l’homme est-il toujours différent de son voisin?

 

Dans le monde actuel, planétairement, c’est dans les services que le recours à l’uniforme est le plus important: serveurs, cuisiniers, chauffeurs, hôtesses, accompagnateurs en tous genres, gardiens, personnel navigant portent des uniformes définissant leur fonction. Le tourisme et les métiers liés aux transports le pratiquent largement, beaucoup en raison des difficultés linguistiques et de la nécessité d’offrir un service rapide et parfait. L’uniforme définit le service, donc le travail de celui qui le porte: un commandant de bord en jogging mettrait mal à l’aise. L’uniforme sert à gommer l’individualité, contribue à la dépersonnalisation de celui ou celle qui remplit une fonction. Dans les avions, les chefs de cabine, qui affrontent parfois beaucoup d’agressivité de la part des passagers, disent couramment que leur uniforme leur sert «d’armure» et que les mécontentements ou anxiétés s’adressent non pas à eux mais à la compagnie dont ils assurent le service. Il y a d’ailleurs un paradoxe, car des lois récentes, dans le même temps, tendent à imposer une responsabilité individuelle accrue dans certaines fonctions administratives, obligeant le fonctionnaire ou l’acteur du service (rarement en uniforme) à faire connaître son identité par un badge, une immatriculation ou un cavalier posé sur son bureau. La fonctionnaire territoriale, l’employé de poste, l’agent bancaire peuvent – dans une certaine marge – se vêtir comme ils le veulent, mais ils ont l’obligation d’arborer un signe de reconnaissance pour l’usager indiquant leur grade et leur fonction: c’est ainsi une sorte d’uniforme minimaliste permettant le repérage fonctionnel et hiérarchique.

 

L’uniforme fonctionne donc comme une sorte de balise. Il répond à un besoin social: repérer l’uniforme ou le porteur du badge relève d’une nécessité de trouver celui ou celle qui doit être le bon interlocuteur et résoudra le problème, indiquera le chemin ou la procédure, qu’il s’agisse du docteur en blouse, de la lingère de l’hôtel ou du policier au carrefour. Nos sociétés en danger de délabrement ont-elles à nouveau besoin d’uniformes dans les rues? Nos présidents élus y ont-ils gagné en arborant l’anonyme complet veston (parfois bien mal coupé) dont ils tombent désormais souvent la veste pour faire moderne? Où est l’empanaché «représentant en mission» de la Première République?

 

En se professionnalisant, l’armée – surtout de Terre – devient «service public sécuritaire». C’est d’ailleurs le reproche que font les militaires aux terroristes ou aux civils de guérillas indéterminées: ils tirent dans le dos et ne portent pas d’uniformes. L’uniforme indique en principe que chacun est à sa place dans une société et que cette même société est à peu près en ordre ou sur la voie de l’être. Cela, du moins, devrait être ainsi. Dans les situations de crise, l’apparition des uniformes devrait indiquer le retour à la normalité, une réinsertion de la justice, l’espoir du rétablissement de l’ordre, des secours, du calme… et non plus le bruit et la fureur perpétrés de plus en plus sans uniforme. On est encore loin de cet idéal, et réfléchir à cet aspect des choses n’est pas inutile…

 

Docteur en droit et en sciences politiques, Madame Françoise Thibaut est professeur émérite des universités, membre correspondant de l'Académie des sciences morales et politiques. Elle a enseigné aux Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan le droit et la procédure internationale ainsi qu'à l'École supérieure de la gendarmerie de Melun. Elle écrit aussi des thrillers pour se distraire, tout en continuant de collaborer à plusieurs revues et universités étrangères. Elle est notamment l'auteur de «Métier militaire et enrôlement du citoyen», une analyse du passage récent de la conscription à l'armée de métier.

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Titre : De l’uniforme
Auteur(s) : Madame le Professeur Françoise THIBAUT
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