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Façonner l’espace urbain au regard des objectifs tactiques

cahier de la pensée mili-Terre
Histoire & stratégie
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Le chef a pour coutume de penser selon la maxime «Le terrain commande». Le Capitaine (TA) Grégory Ollier considère que, si l’aménagement du terrain est d’un intérêt militaire acquis en toutes zones d’action, le prolonger en transformant l’urbanisme de la ville dès le niveau tactique est le moyen de prendre l’initiative.


Le chef a pour coutume de penser selon la maxime: «Le terrain commande». Cette conception de l’espace fait notamment sens en terrain ouvert car il est difficile de déplacer une montagne ou un cours d’eau sur l’échelle temps propre aux actions militaires de niveau tactique. Pour autant, les conflits armés se déroulent désormais de plus en plus dans les zones urbanisées. Ce milieu est spécifique et a entre autres caractéristiques celle d’être entièrement construit par l’homme, pour l’homme et sur une échelle de temps qui est la sienne. Ne deviendrait-il donc pas possible de commander au terrain des villes à dessein dans le cadre particulier des conflits de haute intensité?

Commander le terrain reviendrait à le façonner, c’est à dire à le travailler pour lui faire prendre une forme devenue militairement avantageuse. Mais, dans ce genre d’entreprise, des contraintes significatives apparaissent. Une ville, qui ne serait pas totalement détruite par les combats, est faite de gros œuvre nécessitant a priori des savoir-faire techniques et des moyens lourds. Les unités tactiques en sont généralement faiblement dotées. Alors, la problématique de ce façonnage semble davantage sous-tendue par des logiques de moyens que par celle de la fin.

Si l’aménagement du terrain est d’un intérêt militaire acquis en toutes zones d’action, le prolonger en transformant l’urbanisme de la ville dès le niveau tactique est un bon moyen de prendre l’initiative en ce que cela contribue à cacher sa volonté. Le faire est d’ailleurs possible à moindre frais parce que cela relève davantage de la volonté que de la possibilité, de l’inventivité que de la capacité.

La différence entre aménagement et transformation du terrain est variable selon que ce dernier est ouvert ou urbain. Par ailleurs, lors d’une bataille, l’enjeu initial est généralement de prendre et de garder l’initiative: la transformation du terrain peut largement y contribuer. Pour le faire en zone urbaine, il suffit de mettre en œuvre des procédés simples, abordables aux unités de combat, mais qui nécessitent une approche intellectuelle différente.

 

L’affrontement des volontés – essence de la guerre selon Clausewitz –, si elle s’exprime à travers le feu des combats, s’exprime également dans le rapport du militaire au terrain et l’action qu’il a sur lui pour imposer sa volonté à l’ennemi. Il peut alors s’agir d’aménagement du terrain ou de transformation.

En effet, chaque action militaire est généralement précédée d’une période de préparation du terrain dont l’objectif est, pour le défenseur, de réduire l’impact des tirs et de la mobilité de l’ennemi dans la zone d’action considérée. Le défenseur travaille donc en amont de l’action alors que l'attaquant doit fournir un effort pendant l’action et le plus souvent en prenant des coups. Les batailles de l’ère industrielle sont fournies en exemples: l’aménagement des plages de Normandie par l’armée allemande, l’embossement des chars serbes face aux forces de l’OTAN entrant au Kosovo en 1999, ou plus généralement l’extension des savoir-faire de la poliorcétique[1] à la guerre de rencontre (tranchées, forts en terre, abattis, redoutes, parapets mis en œuvre depuis la guerre de Sécession) sont autant d’illustrations que l’aménagement du terrain est une constante.

Des forces armées peuvent aller bien plus loin que l’indispensable aménagement du terrain en changeant sa physionomie. Il s’agirait alors d’une transformation totale ou partielle d’une zone pour disposer d’un avantage stratégique initial. Elle est si importante par nature qu’elle implique forcément la volonté stratégique de mettre en œuvre des moyens lourds et spécifiques sur une échelle de temps tout aussi importante. La découverte des tunnels «d’agression» par la Corée du Sud sous la frontière avec la Corée du Nord est un exemple de transformation du terrain destinée à prendre l’initiative dans l’hypothèse d’un nouvel affrontement.

Or, rapportée à une zone urbanisée, la différence entre aménagement et transformation du terrain est toute autre. Les villes sont construites par l’homme, pour l’homme, sur une échelle de temps propre à l'action humaine. Les efforts devant être produits pour changer l’urbanisme sont donc moins importants que ceux devant l’être pour changer la physionomie d’un terrain ouvert, en termes de temps, de capacité et de moyens humains. S'il n'est pas possible de déplacer un col, une ligne de crête ou un talweg avec les moyens disponibles dans une unité tactique, il devient possible au moins de détruire des constructions, voire de les modifier avec les moyens disponibles dans les unités de combat.

La transformation du terrain, ambition stratégique en terrain ouvert, devient donc possible à l’échelle tactique en zone urbaine. Peu de moyens sont à mettre en œuvre pour un gain militaire potentiellement significatif.

 

Dès lors, les conclusions de l'étude du terrain ne seraient pas simplement un préliminaire au choix du mode d’action, mais le moyen de décider de quelle manière il pourrait être commandé au terrain au profit d’un mode d’action. Une adaptation de la réflexion tactique et la volonté sont de mise pour tourner pleinement la zone urbaine à son avantage et prendre plus facilement l’initiative.

En effet, accepter le terrain tel qu’il est revient à subir la discontinuité du milieu qui disloque et isole les unités élémentaires, à suivre le plan de bataille et à se jeter de front dans un combat de rencontre pour lequel la majorité des fonctions opérationnelles ne sont pas adéquates. Même la cavalerie perd toute ou partie de ses aptitudes en milieu cloisonné. Au-delà des nombreuses erreurs de conception et d’organisation lors de la première offensive de Grozny, l’armée russe s’est reposée sur sa force (unités mécanisées, artillerie de saturation…)[2] en jetant ses blindés sur les axes là où ils étaient attendus. Elle subira la perte de près de 300 chars et véhicules de combat d’infanterie et de 1.000 hommes dans la nuit du 31 décembre 1994 face à des Tchétchènes qui avaient solidement préparé leur défense de zone. Les Russes ont en effet accepté les contraintes du terrain en laissant ce dernier s'imposer au schéma de manœuvre.

C’est pourquoi une approche intellectuelle adaptée est nécessaire car il ne suffit pas d’aménager le terrain en zone urbaine: façonner la zone urbaine en modifiant sa structure devrait conférer un avantage supplémentaire et complémentaire à l’aménagement. Il est donc avant tout nécessaire d'en changer sa compréhension. Ainsi, attaquer une ville structurée en damier comme Ortona[3] n’imposerait pas nécessairement de le faire selon les axes naturellement proposés par l’agencement des avenues et des rues perpendiculaires, comme l’a fait l’armée canadienne en 1943. Un axe d’attaque de biais refusant la canalisation naturelle permettrait à l’assaillant d’imposer sa manœuvre plus facilement qu’en attaquant là où le défenseur a vu comme étant évidente la défense. Le principe de géométrie inversée conceptualisé par l’armée israélienne permet de mettre un tel mode d’action en œuvre. «Nous avons interprété la ruelle comme un endroit où il est interdit de passer. […] C’est pourquoi nous avons choisi la méthode qui consiste à passer à travers les murs»[4]. Dans ce cas, l’armée israélienne refuse la lecture conventionnelle du terrain et, d'une certaine manière, rebat les cartes de l'analyse terrain. L’urbanisme est moins une contrainte pour la manœuvre à condition d’ajouter impérativement la «militarisation de l’urbanisme».

En conséquence, une entité faisant face à un adversaire qui repense l’urbanisme aurait davantage de difficultés à comprendre sa manœuvre, quel que soit le style de l’action. Elle serait donc plus rapidement en réaction, état propice à la perte d’initiative. Cela aurait des impacts probables sur le dénouement de la confrontation en ce qu’elle permet à l’un de prendre un double ascendant sur l'autre: tactique et moral. S’en suit une déstabilisation de l'entité qui, ainsi surprise, aurait sans doute des difficultés à s’adapter avant même d’avoir culminé (engagement de ses moyens réservés). Les modes d'action défensifs mis en œuvre par le Hezbollah au sud-Liban en 2006 illustrent en partie cette approche. Les miliciens ont transformé le terrain pour disposer d’une capacité de manœuvre grâce aux souterrains creusés secrètement, à Bint Jbeil, Maroun al-Ras ou encore dans la zone confinée du Wadi Salouqi. Ces couloirs de mobilité surprendront les unités israéliennes.

La zone urbaine est donc un milieu particulier qui peut être transformé au niveau tactique pour prendre l’initiative. Pour cela, il est avant tout nécessaire de modifier l’approche intellectuelle que l’on peut avoir en étudiant le terrain et, surtout, de faire preuve d’adaptation et d’initiative.

 

Le façonnage du terrain serait alors la déclinaison de l’audace stratégique à l’échelle tactique, rendue possible par la volonté de commander au terrain en utilisant tous les moyens disponibles dans les unités de combat. Ce façonnage comporterait plusieurs champs interdépendants, mais le principe de pensée serait simple: rompre la corrélation entre la carte et le terrain pour créer de la mobilité et de la contre-mobilité là où elles ne sont initialement pas permises par l’urbanisation civile.

 

Transformer pour camoufler, bouger, contraindre et tromper

 

Rompre la corrélation carte-terrain reviendrait à inverser les caractéristiques urbanistiques de la zone d’engagement. En d’autres termes, il s'agirait de cloisonner les espaces ouverts et d'ouvrir les espaces cloisonnés, peu importe le style de l’action. Presque tous les moyens disponibles dans les unités tactiques peuvent y concourir, mais il serait sans doute nécessaire de s’alourdir un peu. Ce principe permettrait donc d’ouvrir des espaces de mobilité dans les bâtis pour l’infanterie, mais aussi pour les chars (à l’instar de l’armée israélienne) et de fermer les axes d’attaques ou de contre-attaques les plus évidents (en préparation ou pendant l’action). Le camouflage des unités en serait facilité (face aux drones, dans les espaces d’intervisibilité identifiés sur la carte…). Ces couloirs de mobilité seraient choisis là où il est difficile pour l’adversaire de les anticiper. C’est intuitivement ce que les combattants de l’État islamique, dans le prolongement des modes d’action du Hezbollah, ont réalisé, notamment à Mossoul ou Alep, en creusant des tunnels et des trous de souris. Pour ce faire, il ne s’agit pas de s’arrêter à la capacité génie disponible dans les unités. La dotation du génie doit être exclusivement réservée là où l’homme muni d’une masse et la capacité de brêchage des engins sont impuissants. Les simples lots d'effraction disponibles jusqu'aux plus bas échelons peuvent suffire à ouvrir les cloisons intérieures des constructions les plus modernes. L’infanterie se soucie alors en permanence de trouver, créer et aménager des postes de tirs pour les chars. Les tirs en hit and go et tirs à la fenêtre, qui accroissent l'efficacité des blindés et chars et réduisent le niveau de combat de rencontre, sont alors favorisés. Parallèlement, tous les artifices d’habillage sont bons. Des masques amovibles[5] (draps, bâches…) emportés ou récupérables sur le terrain peuvent être tendus entre les constructions. Ces masques permettront de changer les secteurs d’intervisibilité dans la deuxième dimension mais aussi dans la troisième (masques face aux étages, face aux drones…). Ils pourront être mis en place dans le prolongement immédiat des fumigènes déclenchés par les combattants au cours de leur progression, ou dès la préparation d’un dispositif défensif. Certains d’entre eux pourront également être valorisés d'un trompe-l’œil pour induire l’adversaire en erreur, notamment lorsqu’il observe par imagerie depuis les airs par exemple. Cet habillage peut également être thermique ou athermique. La recherche et développement est à l’origine de quelques innovations dans ce domaine[6]. Toutefois, le masque athermique le plus courant demeure la couverture de survie, qui, couplée à un filet de camouflage, peut donner de bons résultats. Enfin, à défaut de pouvoir cloisonner le terrain ou en complément, il peut être habillé de leurres (fausses silhouettes, simulacres d’engins blindés ou parties d’engins blindés savamment disposées…). Là où il deviendrait difficile de camoufler certaines sources thermiques, il pourrait être plus facile d'en surcharger le paysage.

 

De la volonté pour mettre en œuvre

 

La réalisation de ces travaux de transformation est d'ailleurs certainement davantage une affaire de volonté et d'ingéniosité que de moyens tant la pierre demeure fragile face à la volonté de l’homme. Il s'agit donc d'exploiter la capacité d'initiative et de «main d'œuvre» disponible dans une unité de combat. Certaines actions demanderont notamment d’allouer des tâches spécifiques à des unités dédiées: une section d’aide à l’engagement débarquée peut être chargée de s’infiltrer pour disposer des masques dans une zone d’action future ou des leurres dans un secteur adjacent pour appuyer une action de diversion. Si l'aménagement du terrain relève probablement de l'expertise du génie, la transformation et la militarisation de l'urbanisme relèvent de la tactique générale. Mettre des coups de pioche dans des cloisons ne demande aucune qualification particulière. Cela implique que lorsque l'unité connaît des temps morts, caractéristiques des moments de réflexion des chefs, les subordonnés s'affairent à travailler le terrain, pour leurs blindés, la logistique ou les échelons suivants. L'une des conséquences serait, semble-t-il, le ralentissement du rythme général de la manœuvre si l’on trace un mode d’action qui s’affranchit du terrain. Mais ce rythme serait en réalité accru, du point de vue de l'enchaînement des actions successives, en misant sur le fait que ces dernières seront plus difficiles à contrarier. Il y aura donc une volonté, de bout en bout de la chaîne hiérarchique, de servir un schéma de manœuvre pleinement dirigé sur le centre de gravité. La qualité du renseignement initial sur l’ennemi et sur le terrain est sans doute le facteur de succès prédominant, tout comme la prise en compte et la localisation de la population. Enfin, ces mises en œuvre doivent tout de même satisfaire le principe de simplicité au risque d’alourdir les mesures de coordination.

 

Transformer le terrain: un avantage aujourd’hui qui sera différent demain

 

Au-delà de ce que l'histoire et l'actualité peuvent nous inspirer dans le domaine du combat en zone urbaine, les questions militaires seront concernées par les évolutions que l'urbanisme[7] est voué à connaître dans de nombreux domaines (architecturaux, culturels, cyber…). Ces évolutions ne seront pas sans impact demain. Il est probable que la mobilité dans les villes évolue sans cesse, avec dans un premier temps l'avènement des drones civils mais, aussi, l'investissement probable de la troisième dimension par des véhicules à usage courant. Dans ce domaine, les innovations civiles ont généralement un temps d'avance sur les plans d'équipement militaires. L'action des «faibles» dans les conflits asymétriques en est souvent favorisée. Par ailleurs, de nouveaux concepts de villes sont attendus: à l'instar des îles artificielles déjà bien réelles, des villes flottantes, volantes ou même sous-terraines, voire spatiales sont des concepts crédibles. Ces milieux urbains de demain auront probablement entres autres caractéristiques d'accroître le pouvoir égalisateur de la ville et incluront très probablement une quatrième dimension: celle du cyberespace urbain propre à la ville connectée. La transformation de l'urbanisme sera alors une notion différente. La maîtrise de l'espace cyber sera une phase préalable à toute action militaire physique dans ce type de ville.

 

En conclusion, la frontière entre aménagement et transformation de la zone d’action est différente suivant le niveau militaire considéré. Il semblerait que plus le terrain est cloisonnant, plus les transformations sont possibles aux échelons tactiques, à quelques exceptions près. Cette transformation urbaine à des fins militaires reviendrait donc à fermer les espaces ouverts à et ouvrir les espaces fermés. La volonté de déstructurer l'urbanisme en rompant la corrélation carte-terrain offrirait un moyen sûr de disposer d'un avantage et de préserver ses propres forces. Dès lors, l’analyse du terrain ne porterait plus totalement sur les contraintes induites par le milieu, mais sur la manière de commander au terrain. Il deviendrait possible d'appliquer un schéma tactique plus favorable à la surprise, en créant de la mobilité (ou de la contre-mobilité) là où elle n’est pas possible au premier regard.

D’ailleurs, la mobilité dans les zones urbaines ne s’arrête pas aux aspects matériels tels qu’évoqués ici. La mobilité immatérielle (des flux de données numériques, radio…) invite également à regarder la carte avec une approche intellectuelle spécifique.

 

 

 

[1] Technique du siège des villes

[2] «L’ultime champ de bataille», Colonel Pierre Santoni, Commandant Frédéric Chamaud, éditions Pierre de Taillac, pages 30 et suivantes. L’armée russe avait planifié cette offensive davantage comme une opération de police (erreur de conception) et avec les moyens du bord: de nombreux VCI étaient dépourvus de groupes de combat d’infanterie embarqués (erreur d’organisation)

[3] Ville portuaire de la mer Adriatique dans laquelle l’armée canadienne affronta les nazis en 1943

[4] Général de brigade Aviv Kochavi, armée israélienne, cité dans «À travers les murs», Eyal Weizman, éditions La fabrique, p41

[5] Ce genre de masque serait rapidement détruit par des tirs directs. Pour les faire durer, il serait nécessaire de les doubler, voire tripler, d’emblée ou au fil du temps.

[6] Une entreprise britannique est à l’origine du système ADAPTIV qui peut se résumer en une cape d’invisibilité capable de fondre un char dans le paysage thermique et même de représenter la signature thermique d’un animal ou encore d’afficher des formes calibrées sur une fréquence particulière pour favoriser les mesures d’identification et de reconnaissance entre amis

[7] Rapport «La mobilité dans les zones urbaines (horizon 2035)» de Jean-Jacques Patry, Génral (2S) Bruno Lassale et Col (CR) Pascal Nebois, Fondation pour la recherche stratégique.

 

Engagé en 1999 comme sous-officier cynotechnicien au 132ème BCAT, le Capitaine (TA) Grégory OLLIER a ensuite poursuivi une carrière d’officier EMIA. Il a servi au 92ème régiment d’infanterie et à l’École de l’infanterie. Depuis l’été 2014, il sert au Centre d’entraînement au combat en zone urbaine(CENZUB) où il a été instructeur «commandant d’unité» durant trois ans et où il est désormais adjoint au chef du groupe entraînement.

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Titre : Façonner l’espace urbain au regard des objectifs tactiques
Auteur(s) : le Capitaine (TA) Grégory OLLIER
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