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Henry Humphrey Evans LLOYD, un tacticien philosophe

cahier de la pensée mili-Terre
Histoire & stratégie
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Écrivain militaire réputé de la fin du XVIIIème siècle, la vie et l’œuvre d’Henry Lloyd demeurent largement méconnues.


Jusqu’aux travaux de Franco Venturi[1] sur la correspondance entre Lloyd et Pietro Verri, seules les notices de son fils Hannibal Lloyd[2] et de son ami John Drummond[3] fournissent quelques indications biographiques. Celles-ci furent reprises par Henry Manners Chichester[4] dans l’Oxford Dictionary of National Biography et dans un ouvrage à tonalité humoristique de Francis J. Hudleston[5]. Premier penseur britannique à exercer une influence déterminante sur la pensée stratégique avant le XXème siècle, l’étude de ses théories a longtemps été négligée chez ses compatriotes, hormis l’article que lui consacre Liddell-Hart[6]. À l’inverse, les écrivains militaires allemands et russes ont discerné plus tôt son influence déterminante; citons notamment les contributions du major Wilhelm Rüstow[7], du lieutenant-général Genrikh Antonovich Leer[8] et de Rudolph Vierhaus[9]. Les études menées en France et aux États-Unis s’efforcent d’évaluer son impact sur la formation intellectuelle de certains chefs militaires comme Napoléon, Washington et Patton; citons ici les travaux du Général de brigade Jean Colin[10], du Colonel Olivier L. Spaulding[11] et du Lieutenant-colonel Steve E. Dietrich[12]. Plus récemment, outre l’excellente synthèse d’Azar Gat[13], Patrick J. Speelman présente la biographie la plus aboutie du théoricien[14], et son édition commentée de ses œuvres complètes[15] offre la première approche globale d’une pensée originale embrassant les institutions politiques, l’économie, et l’art militaire. Ces recherches marquent un regain d’intérêt pour Lloyd, qui apparaît désormais comme un penseur incontournable pour la compréhension de la guerre limitée pratiquée au siècle des Lumières.

 

Officier de fortune cosmopolite, le Major-général Lloyd naît à Llanbedr vers 1720. Ce fils de pasteur gallois sans perspectives en Grande-Bretagne se tourne vers le service étranger et gagne la France après ses études au Jesus College d’Oxford. En 1744, il est frère lai au collège des jésuites anglais d’Anchin lorsqu’il fait la rencontre de John Drummond. Grâce à l’appui de ce partisan des Stuart, il combat avec la brigade irlandaise à Fontenoy et Bergen-op-Zoom; puis, à la fin des hostilités, il est recommandé au Lord Marischal et à James Keith, qui lui ouvrent les rangs de l’armée prussienne. Toujours grâce au soutien de la diaspora jacobite, Lloyd sert auprès du Comte Franz Moritz von Lacy au début de la guerre de Sept ans et participe aux deux dernières campagnes de la sixième guerre russo-ottomane sous les ordres du Maréchal Piotr Alexandrovitch Roumiantsev. Mais son caractère ombrageux le pousse également à rompre ses engagements à plusieurs reprises. D’abord en 1754 où il quitte le service de Frédéric II pour accepter une mission du Duc de Belle-Isle; puis en 1760 où il abandonne l’armée autrichienne en plein conflit pour servir au sein de l’état-major du Prince héréditaire Ferdinand de Brunswick où il rencontre Sir Henry Clinton. Cette riche expérience lui fournit la matière d’un premier essai sur les armées européennes intitulé «Captain Lloyd's Lists»[16] puis de «The history of the late war in Germany»[17]. Cette relation des campagnes de 1756 et 1757 assoit sa notoriété par une approche innovante de l’histoire militaire qui en fait un initiateur de l’utilitarisme[18]. L’auteur rompt avec les narrations minutieuses, privilégiant la description du théâtre et du plan d’opérations. Son récit intègre l’engagement sur le champ de bataille à celui de la manœuvre stratégique et révèle le concept central des lignes d’opérations. À la même époque, influencé par la lecture de Hobbes, Montesquieu et Helvétius, Lloyd appréhende la «grande stratégie» à travers le lien entre la nature d’un régime politique et les moyens militaires. Il rédige ainsi un essai sur les institutions britanniques[19], où il défend la réforme électorale proposée par John Wilkes et critique la politique coloniale américaine; puis un ouvrage sur la politique monétaire[20] dédié au Premier Lord du Trésor Frederick North, où il s’affirme comme un précurseur des théories libérales d’Adam Smith[21]. En outre, Lloyd s’affirme très tôt comme un expert des missions clandestines et des opérations amphibies. Avec Drummond, il prend part au soulèvement jacobite de Charles-Édouard Stuart, durant lequel il reconnaît les côtes anglaises du Devon jusqu’au Kent en prévision d’un raid français. Belle-Isle lui confie d’ailleurs une mission similaire à la veille de la guerre de Sept ans; son mémoire dissuade Versailles d’entreprendre un raid sur Torbay et contribue au choix de l’opération de Minorque. Enfin après l’échec du raid de Louis Guillouet, Comte d’Orvilliers, le cabinet britannique lui confie une étude prospective sur les risques présentés par une descente française et les moyens de la contrer. Son mémoire, dédié à Sir Robert Clerk et publié sous le titre de «Rhapsody on the Present System on French Politics on the project invasion, and the means how to defeat it»[22], est censuré sur ordre du gouvernement, mais réédité en 1790, en 1794 et en 1798. Première tentative de synthèse théorique de Lloyd, l’ouvrage démontre que toute tentative de descente serait condamnée à l’échec, dès lors le gouvernement doit s’employer à préserver et fortifier la domination maritime, véritable pilier de la puissance britannique. À quelle date Lloyd devient-il un agent britannique? Peut-être dès son arrestation en 1746 pendant la rébellion jacobite, mais plus vraisemblablement après la guerre de Sept ans. Il effectue ainsi plusieurs missions sur le continent dans les années 1760 sur ordre de Saint-James et se voit notamment chargé d’étudier les moyens d’appuyer l’insurrection de Pascal Paoli en 1768. En 1780, il tente en vain d’obtenir un commandement contre les Insurgents, mais le cabinet North l’invite à se retirer à Huy dans la principauté de Liège, où il séjournera jusqu’à sa mort en 1783. Durant ces dernières années, il rédige une introduction théorique à «The history of the late war in Germany»[23], plus connue sous le titre de «Political and military memoirs».

 

Parmi les chefs militaires britanniques contemporains, seul le Major-général Clinton semble influencé par les théories de Lloyd[24]. En revanche, son impact sur le continent est plus significatif. En 1762, il correspond brièvement avec le Comte Friedrich Wilhelm de Schaumburg-Lippe, sous les ordres duquel il doit être détaché au Portugal[25]. Ces deux apôtres de la stratégie défensive développent une approche similaire de l’art de la guerre fondée sur l’étude de la nature humaine et des passions, dont ils déduisent des modèles tactiques et une réforme de l’état militaire très proches. Ses théories sont également reprises par le Maréchal Souvorov dans son «Nauka pobezdat» (Art de vaincre), alors qu’en Prusse, ses critiques vis-à-vis de Frédéric II suscitent la traduction et la réfutation de «The history of the late war in Germany» par le Major-général Georg Friedrich von Tempelhoff[26]. Le même ouvrage fait l’objet de deux traductions en France. L’une de Pierre Roux de Fazillac publiée en 1784[27], dont des extraits sont repris dans un «aide-mémoire» de 1786[28], puis l’ouvrage est réédité et complété en 1803[29]. La seconde de Godefroy Joseph de Romance, Marquis de Mesmon, également publiée en 1784[30], dont quelques extraits sont repris dans «La philosophie de la guerre»[31], attribué à tort à Guillaume Imbert de Boudeaux qui, en revanche, a traduit «Political and military Rhapsody»[32]. En 1793, le manuscrit de Romance est saisi par le comité révolutionnaire de Rethel, puis imprimé et distribué aux officiers généraux sur ordre du Comité de Salut Public. Cette dernière version fait l’objet d’une édition civile en 1801[33]. Il est difficile de déterminer dans quelle traduction et à quelle date Napoléon a lu l’œuvre de Lloyd; néanmoins nous disposons d’une version annotée des «Mémoires militaires et politiques du Général Lloyd» durant son exil à Sainte-Hélène[34]. Si l’empereur considère comme primordial le concept de ligne d’opérations, il se montre très critique sur la primauté accordée par l’auteur à la défensive.

 

Les «Mémoires militaires et politiques du Général Lloyd» demeurent fortement marquées par le mécanisme mais, guidé par un souci de clarté, l’auteur rompt avec le formalisme et le goût du détail des traités contemporains. Dans ses Réflexions sur les principes généraux de la guerre, qui introduisent l’ouvrage, il s’emploie à définir l’art de la guerre: la science humaine la plus difficile mais la moins méditée et, par conséquent, souvent réduite à l’étude de la tactique. Comme tout art, il est fondé sur des principes dont l’application présente des variations. Lloyd introduit ainsi une dichotomie dans son champ d’étude: le «matériel» et le «sublime». Le premier renvoie à la doctrine, à la maîtrise des principes et à leur respect dans la préparation des troupes et la planification d’une campagne; le second, produit de l’expérience et du génie du chef militaire, relève de leur application dans la conduite des opérations. L’auteur prodigue cependant deux conseils pour cultiver cette branche de l’art. Le soldat, premier outil du combat, doit constituer la base de toute réflexion sur le «sublime»; un chef militaire se doit de cerner ses limites et ses qualités, et surtout les moyens de cultiver celles-ci par une discipline consentie basée sur «la confiance et l’amitié». Ensuite, il doit posséder une connaissance absolue du théâtre d’opérations: sa géographie physique et humaine, son histoire, ses institutions, etc. et les envisager comme autant de facteurs qui influeront sur les capacités offensives et défensives d’une nation. Lloyd complète son propos introductif par un tableau des principales armées européennes. Selon lui, les institutions militaires sont le reflet d’un «caractère national», le produit d’un mode de gouvernement, d’une société donnée, de ses croyances, de ses valeurs, d’un système économique, etc. Les Français ont l’avantage de bénéficier d’une société offrant une large base de recrutement; en revanche, ils sont dépeints comme un peuple arrogant enclin à une certaine improvisation sur le champ de bataille. Leur impétuosité, proche de l’indiscipline, les porte aux assauts brefs et violents, mais ils sont également prompts au découragement dès qu’ils subissent un revers. Un ennemi doit donc s’employer à détruire leur confiance en pratiquant une campagne de harcèlement et en agissant sur l’hostilité du théâtre d’opération. Lloyd développe ici une argumentation très proche de celles du Chevalier de Folard, critiquant l’esprit de système et la copie servile du modèle prussien en vogue.

 

Lloyd n’échappe pas à la controverse tactique contemporaine. Il constate que la dotation uniforme des fantassins en arme à feu individuelle, dont la valeur est essentiellement défensive, ainsi que la généralisation des ordres minces et parallèles ont provoqué la dilatation des opérations dans l’espace et le temps. Dès lors, les campagnes moins meurtrières et moins décisives évoluent en «guerre d’usure». L’armée idéale de Lloyd est fondée sur l’appui mutuel, la liaison interarmes, et instruite selon une tactique simple réduisant au minimum le nombre de ses évolutions. Elle doit obéir à trois principes: la «force», c’est-à-dire l’articulation et l’armement des troupes, l’«agilité», soit leurs capacités manœuvrières, et la «mobilité universelle». Les deux premiers, interdépendants et relevant du «matériel», doivent concourir à porter la plus grande masse de troupes sur le point décisif du dispositif ennemi. Le dernier relève du choix de l’ordre de bataille et appartient au «sublime». Sans entrer ici dans le détail de ces considérations tactiques, on retrouve chez Lloyd une synthèse des théories chères au Maréchal de Saxe et aux tenants du modèle légionnaire comme Antoine de Ricouart, Comte d’Hérouville de Claye, ou le Chevalier de Rostaing. En outre, l’auteur plaide pour une réforme de l’état militaire, afin d’attirer les vocations et d’impliquer davantage le soldat dans la sauvegarde de l’État. En s’inspirant des colonies militaires autrichiennes, il préconise de mettre fin au nomadisme des armées en temps de paix. Des garnisons situées aux frontières serviraient de dépôts de recrues, de lieux d’instructions et de magasins; les effets d’habillement et les équipements seraient manufacturés sur place par les épouses. L’État doit d’ailleurs encourager le mariage des militaires et mettre en œuvre une politique nataliste afin de compenser les pertes en campagne. Enfin, les invalides, soldats et officiers à la retraite s’y verraient attribuer des terres, déchargeant ainsi l’État du règlement des pensions.

 

Dans un second temps, l’auteur traite de la «philosophie de la guerre». Il livre ici ses considérations sur les passions appliquées à l’art du commandement, celui «d’engager les hommes à se précipiter dans un danger évident […] la partie de l’art la plus difficile, la plus sublime, et telle enfin qu’aucune profession, aucun art n’en offre de pareille». En opposition complète avec les principes de son temps, Lloyd dépeint le chef militaire comme un homme humble, vertueux cultivant l’exemplarité et dans une excellente condition physique, veillant au bien-être de ses troupes et au perfectionnement de ses subalternes. Il maintient ses hommes dans un équilibre entre l’inaction et un service en campagne ininterrompu, évitant que les succès, les revers ou l’oisiveté ne corrompent leur moral. Chargé de conduire cette masse d’individualités, d’en sauvegarder la cohésion par son influence morale, il n’utilisera la contrainte qu’en dernier recours. Au contraire, il doit tirer avantage des «passions des masses»: peur, fierté, honneur, ambition. Mais Lloyd estime que seuls l’«amour de la liberté», le «fanatisme religieux» et le «fanatisme national» constituent des principes universels pour motiver le soldat. Enfin, ses réflexions l’amènent à déterminer que les «classes intermédiaires», animées par «le plus haut degré de l’activité sociale», sont les plus favorables au recrutement de soldats. 

 

La troisième partie de l’ouvrage est consacrée aux relations existant entre les différentes formes de gouvernement et les opérations d’une campagne. L’auteur constate que les objectifs d’une campagne sont définis de façon quasi uniforme sans tenir compte des spécificités d’un régime, des particularismes propres à un gouvernement despotique, aristocratique, monarchique ou républicain qui, pourtant, sont sensibles dans toutes les branches de l’administration civile et militaire. Après avoir analysé avec pertinence et érudition les processus historiques conduisant à l’émergence et à l’évolution d’un régime, l’auteur s’interroge sur les aptitudes d’une armée à la guerre offensive ou défensive. Il affirme ainsi qu’une campagne offensive présente les chances d’une issue victorieuse face à un gouvernement despotique dans la mesure où l’armée constitue généralement la base exclusive de son pouvoir et ne peut compter sur un authentique sentiment national. Si on laisse l’ascendant dans les opérations à un tel régime, il conserve intact ses forces matérielles et peut affermir ses forces morales par un premier succès. En revanche, prendre l’initiative et infliger des revers mêmes partiels à cet ennemi tout en progressant vers sa capitale, entraîneront la chute du régime et une conquête aisée. Les monarchies absolues, fondées sur la propriété foncière héréditaire, gage d’une «liberté civile bien établie», s’avèrent particulièrement efficaces dans une guerre défensive, mais incapables d’un effort de guerre prolongé dans une campagne offensive. Les républiques également lui apparaissent plus propres à la défensive qu’à la guerre offensive et, dans la perspective d’une guerre de conquête, seraient contraintes de se doter d’un exécutif fort.

 

Les deux dernières parties des «Mémoires militaires et politiques du Général Lloyd» sont consacrées aux opérations, plus particulièrement aux principes généraux présidant à leur conduite, et s’achèvent sur un examen des frontières des principaux États européens sous l’angle du concept des lignes d’opération. Lloyd définit dans un premier temps les critères présidant au choix du point où l’on doit attaquer une position ennemie. Si ce point convenable ne peut être identifié, il faut manœuvrer sur ses flancs pour menacer ses communications, ses magasins et le contraindre à abandonner sa position. Dans de telles manœuvres, l’auteur évoque le danger d’appuyer ses flancs à des obstacles naturels ou plutôt des coupures. Excellents dans le cas où l’on conserve sa position intacte, ils deviennent funestes dans une retraite si l’ennemi pénètre les lignes et pousse vers cet obstacle. Concernant les marches, la «clé des opérations», il combat le modèle prussien en vigueur, lui préférant une colonne serrée de compagnie similaire à la «colonne de Guibert». Des principes largement partagés dans l’élite militaire française et mis en œuvre à la fin des années 1760. En revanche, il demeure le premier à théoriser le concept des lignes d’opération. Il définit celles-ci comme la direction suivie par une armée marchant contre la force qui lui est opposée: elle part d’un magasin et aboutit à un point déterminé, objectif des opérations; son choix est le premier gage de réussite d’une campagne. Rappelons ici que Lloyd s’inscrit dans le cadre de la guerre limitée pratiquée à son époque, où l’objectif d’une campagne est la conquête d’une portion du territoire ennemi. Dès lors, le but assigné à la ligne d’opération sera la principale place défendant cette province ou un obstacle la bornant, et derrière lequel il faudra rejeter ou contenir l’ennemi. Si cette province ne présente pas ces caractéristiques, Lloyd recommande d’y livrer une «guerre de dévastation». Cette réflexion l’amène à une critique des lignes fortifiées classiques: la place de frontière est avant tout propice à une campagne d’invasion, mais inefficace en défensive. Les rideaux défensifs devraient au contraire être édifiés à une centaine de kilomètres des frontières, distance optimale qu’une armée d’invasion peut parcourir en pays ennemi. Cette armée serait contrainte d’établir un dépôt entre la frontière et la place assiégée et d’échelonner ses forces pour couvrir sa ligne. Lloyd accorde la primauté à la défensive, sous le rapport des lignes d’opération. Une armée opérant en défensive bénéficiera de lignes d’opérations multiples et intérieures assurant une plus grande liberté d’action face à la ligne d’opération simple de l’agresseur. Ce dernier doit rechercher la décision, contraindre son adversaire à opérer sur une ligne d’opération simple, alors que le défenseur doit l’éviter, livrer des combats limités tout en se repliant, allonger la ligne d’opération ennemie jusqu’à obtenir un rapport de forces favorable. Enfin, il doit toujours chercher à inquiéter la ligne d’opération de l’adversaire, soit en adoptant une ligne simple visant l’extrémité de cette ligne ou en adoptant des lignes d’opérations multiples concentriques de façon à fixer l’ennemi de front et à porter une masse de troupes sur ses flancs et des détachements sur ses arrières.

 

Lloyd apparaît comme un des grands interprètes de la pensée militaire française au XVIIIème siècle. Chef de file du courant géométrique, stratège de la «guerre active sur la défensive», Lloyd tente d’émanciper les idées de son temps, avec un certain succès au niveau tactique, mais sans appliquer les mêmes principes dans le domaine des opérations. Sa pensée reste dépendante du cadre conceptuel de la guerre limitée et ne peut envisager que les armées puissent s’affranchir du système des magasins. Cette tâche revient à son continuateur, Antoine-Henri Jomini, notamment en corrigeant et en développant son concept des lignes d’opération.

 

[1] Venturi Franco, «Le avventure del Generale Henri Lloyd», in Rivista storica italiana, 1979, pp. 369-433.

[2] Lloyd Hannibal Evans, “Memoir of General Lloyd, Author of the History of the Seven Years War (Printed for Private Circulation), London, Marchant, Singer and Smith Printers, 1842.

[3] Lloyd Henry Humphrey Evans, “A Political and Military Rhapsody on the Invasion and Defence of Great Britain and Ireland. Illustrated with three copper-plates … To which is annexed an introduction, and a short account of the author's life [by J. Drummond]”, London, Egerton and Sewell, 1790.

[4] Lee Sidney (Dir.) (1893). «Lloyd Henry, or Henry Humphrey Evans (1720-1783)». Oxford Dictionary of National Biography (vol. XXXIII pp. 422-423). London: Smith, Elder & Co.

[5] Hudleston Francis Josiah, “Warriors in undress, Boston, Little, Brown & Co, 1926, pp. 116-126.

[6] Liddell-Hart Basil Henry, «Some Extracts from a Military Work of the 18th Century», in Journal of the Society for Army Historical Research, XII, London, 1933, pp. 138-152.

[7] Rüstow Wilhelm, „Die Feldherrenkunst des 19. Jahrhunderts, Zurich, F. Schultess, 1857.

[8] Leer Heinrich Antonowitsch, „Vorträge über Strategie aus dem Russischen übertragen von Eugen Opačić, Wien, 1868.

[9] Vierhaus Rudolf, „Lloyd und Guibert, in Werner Hahlweg (ed.), „Klassiker der Kriegskunst, Darmstadt, Wehr und Wissen Verlag, 1960.

[10] Colin Jean Lambert Alphonse, «L’éducation militaire de Napoléon», Paris, Chapelot, 1900, pp. 87-126.

[11] Spaulding Olivier Lyman Jr., «The military studies of George Washington», in American Historical Review, Vol. 29, N°4, july 1924, pp. 675-680.

[12] Dietrich Steve Emmett, «The professional reading of general George S. Patton Jr.», in Journal of Military History, Vol. 53, N°4, october 1898, pp. 387-418.

[13] Gat Azar, “A History of Military Thought: From the Enlightenment to the Cold War, Oxford, Oxford University Press, 2001, pp. 69-80.

[14] Speelman Patrick John, “Henry Lloyd and the Military Enlightenment of Eighteenth-Century Europe, Westport, Greenwood press, 2002.

[15] Speelman Patrick John (éd.),War, Society and Enlightenment: The Works of General Lloyd, Leiden, Brill, 2005.

[16] Lloyd Henry, “Captain Lloyd’s List of the Forces of the Sovereigns of Europe, London, J. Millan, 1760.

[17] Lloyd Henry “The history of the late war in Germany between the King of Prussia and the Empress of Germany and her allies(by a general officer, who served several campaigns in the Austrian Army), London, printed for the author, 1766.

[18] Charters David A. MILNER (Marc) WILSON (J. Brent), “Military History and the military profession, Greenwood Publishing Group, Westport, 1992, pp. 25-28.

[19] Lloyd Henry “An essay on the English constitution, London, printed for the author and sold by J. Almon 1770.

[20] Lloyd Henry “An essay on the theory of the money, London, printed for the author and sold by J. Almon, 1771.

[21] Reinert Sophus A., «One will make of Political Economy...what the Scholastics did with Philosophy: Henry Lloyd and the Mathematization of Economics», in History of political economy, Vol. 39, N° 4, Duke University Press, 2007, pp. 643-677.

[22] Lloyd Henry “Rhapsody on the Present System on French Politics on the project invasion, and the means how to defeat it; illustrated with plans, on three copper plates(by a Chelsea Pensioner), London, Faden, 1779.

[23] Lloyd Henry, “Continuation of the history of the late war in Germany between the King of Prussia and the Empress of Germany and her allies. Illustrated with a number of maps and plans (by major-general Lloyd, who served several campaigns in the Austrian service), London, printed for the author and sold by S. Hooper, 1781.

[24] Willcox William, “Portrait of a General: Sir Henry Clinton in the War of Independence, New-York, Alfred A. Knopf, 1964, pp. 32-36.

[25] Ochwadt Curd (éd.), „Wilhelm Graf  zu Schaumburg-Lippe : Schriften und Briefe, 3 vol., Frankfurt am Main, Vittorio Klostermann, 1977-1983.

[26] Tempeloff (Georg Friedrich von), „Geschichte des siebenjährigen Krieges in Deutschland […] als eine Fortsetzung der Geschichte des General Lloyd, Berlin, Johann Friedrich Unger, 1785.

[27] «Histoire de la guerre d'Allemagne en 1756, entre le roi de Prusse et l'impératrice d'Allemagne et ses alliés. Ouvrage traduit de l'anglois (par Pierre Roux de Fazillac), auquel on a ajouté la campagne de 1744, écrite par le roi de Prusse lui-même», Lausanne, 1784.

[28] «De la Guerre de campagne à l'usage d'un officier général» (Première partie. Extrait des mémoires militaires et politiques du Général Lloyd 1784 ; Seconde partie. Extrait du règlement provisoire donné au camp de Vaussieux en 1778), Maëstricht, 1786.

[29] «Histoire de la guerre d'Allemagne pendant les années 1756 et suivantes, entre le roi de Prusse et l'impératrice d'Allemagne et ses alliés; traduite en partie de l'anglais de Lloyd, et en partie rédigée sur la correspondance originale de plusieurs officiers français et principalement sur celle de M. de Montazet», 2 vol., Paris, Magimel, 1803.

[30] «Introduction à l’Histoire de la guerre en Allemagne, en 1756, ou Mémoires militaires et politiques, traduits de l’anglais et augmentés de notes et d’un précis sur la vie de Lloyd, par un officier français» (Godefroy Joseph de Romance, Marquis de Mesmon), Londres et Bruxelles, Bruys, Pion, 1784.

[31] «La philosophie de la guerre, extrait des Mémoires politiques et militaires du général Lloyd, traduit par un officier français», Paris, Barrois l’aîné, 1790.

[32] «Mémoires politiques et militaire sur l’invasion et la défense de la Grande-Bretagne, par le général Lloyd. Traduit de l’anglais, sur la cinquième Édition, par Gme Imbert», Paris, Barrois l’aîné, 1801.

[33] «Mémoires militaires et politiques du Général Lloyd. Servant d’introduction à l’Histoire de la guerre en Allemagne en 1756, entre le Roi de Prusse et l’Impératrice Reine avec ses Alliés. Traduits et augmentés de Notes et d’un Précis sur la vie et le caractère de ce Général. Par un Officier Français»(Godefroy Joseph de Romance, marquis de Mesmon), Paris, Magimel, 1801.

[34] Ducaunnes-Duval (Aristide), «Notes inédites de l’Empereur Napoléon Ier sur les mémoires militaires du Général Lloyd», Extrait du tome XXXV des «Archives historiques de la Gironde», Bordeaux, G. Gounouilhou, 1901.

 

Le Capitaine Roussel est officier sous contrat, historien, actuellement professeur d’histoire aux Écoles militaires de Saint-Cyr-Coëtquidan. Il a tenu auparavant les fonctions d’adjoint de conservation au département artillerie et emblèmes du musée de l’Armée à Paris, puis de professeur d’histoire-géographie à l’École nationale des sous-officiers d’active. Il est titulaire d’un DEA de l’Université de Paris IV Sorbonne «L’art opératif dans l’œuvre d’Antoine-Henri Jomini, fondements et héritages», (réalisé sous la direction d’Olivier Chaline), et est doctorant à la même université «Aux fondements de l’art opératif: Antoine-Henri Jomini et la guerre de Sept ans, de la pratique historique à la théorie stratégique», (toujours sous la direction d’Olivier Chaline).

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Titre : Henry Humphrey Evans LLOYD, un tacticien philosophe
Auteur(s) : le Capitaine Antoine ROUSSEL
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