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Il y a 30 ans, l’armée de Terre était engagée dans l’opération Daguet

Soldats de France numéro spécial Guerre du Golfe
Histoire & stratégie
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Il y a trente ans, l’armée de Terre était engagée dans une opération remarquable à plus d’un titre : couverture médiatique exceptionnelle et en direct d’un domaine jusqu’alors « réservé », prépondérance de l’observation et du renseignement couvrant en permanence le dispositif ennemi, menace chimique incessante des Scud et engagement d’une force aéroterrestre majeure alors que le contingent constitue la majorité de l’armée de Terre. Confiée à la FAR du général Roquejoffre, la montée en puissance et la projection d’une division forte de 12 000 hommes, dotée de moyens lourds, sont une véritable prouesse opérationnelle et logistique. Les défis furent en effet nombreux à être relevés et ont ouvert la voie à des solutions usuelles aujourd’hui. 

 


Daguet : deuxième force aéromobile de la coalition

 

Tout d’abord, les réseaux de liaisons de commandement, permettent de connecter ensemble la métropole, le théâtre, la division comme le groupement logistique malgré d’importantes élongations. À cette fin, satellites, RITA, faisceaux hertziens tactiques, postes à évasion de fréquence sont donc utilisés souvent pour la première fois en opérations tout en étant interopérables avec les systèmes américains. La confrontation en elle-même offre des opportunités d’emploi inédites avec les matériels français les plus récents : combat de haute intensité de blindés et aéronefs en milieu désertique et ambiance NBC, équipements de vision nocturne et caméras thermiques, systèmes antimissiles, obus-flèches, mines et sous-munitions dispersables, drones, VTLR, etc. La division Daguet se préparait à un véritable combat aéroterrestre engageant la deuxième force aéromobile de la coalition (130 appareils) en appui de 150 blindés français. Tous ces moyens motorisés n’ont pu se déployer que grâce à l’avènement du GPS, outil indispensable pour s’orienter dans les étendues désertiques mais dont seuls quelques véhicules légers furent équipés1.

 

Un effort logistique considérable

 

Un tel environnement opérationnel s’accompagne bien sûr d’un effort logistique considérable avec une élongation allant jusqu’à 1 700 km pour les 300 véhicules de transport lourds mobilisés, entre le port de ravitaillement (Yambu sur la Mer Rouge) jusqu’à la division située à la frontière irakienne2.
Le défi est de soutenir un combat de type « Centre-Europe » (tel qu’il était envisagé par l’OTAN) comme on disait à l’époque, dans un cadre espace-temps dont les dimensions sont celles des interventions extérieures en milieu désertique contemporaines. La « base arrière » en métropole n’est pas épargnée3. La pression médiatique à laquelle elle est soumise avec persistance, a conduit à une appréciation outrancière d’un ennemi puissant, parfois fanatique (la Garde Républicaine de Saddam Hussein) et endurci par sa guerre avec l’Iran. La couverture en direct des opérations et les alertes Scud ne laissent aucun répit à une opinion publique alertée par les rumeurs d’emploi de gaz. Son soutien vibrant et indéfectible à la division n’est pourtant jamais affecté (courriers, messages…).

 

Une opération combinant les effets des armes

 

Le 17 janvier 1991, de vastes actions aériennes initient l’opération Tempête du désert. Dans une première phase, elles détruisent les capacités aériennes et antiaériennes ennemies ainsi que les systèmes de commandement irakiens, puis, pendant plusieurs semaines, elles entament les défenses terrestres en vue de la phase suivante. Cette dernière est aéroterrestre afin d’assurer le succès par le feu et le mouvement au sol. Placé sous commandement américain, le centre opérationnel (CO) de la division Daguet s’est renforcé et compte alors 500 hommes répartis entre un CO lourd déployé, un CO léger sur roues, un poste de commandement (PC) logistique et un PC arrière. Les unités de la division appartiennent à l’aile marchante de l’opération qui, par un large débordement par l’ouest, vise le fleuve Euphrate pour interdire à l’armée irakienne toute possibilité de manœuvre ou de repli. Elle fait face à trois brigades d’infanterie irakiennes protégées par de solides défenses, dont un certain nombre est endommagé par la campagne aérienne. Cela vaut à la division de s’élancer en premier le 24 février 1991 pour une opération d’une ampleur inédite depuis de nombreuses années.

 

100 heures de combat

 

La division, scindée en deux groupements (ouest et est), ont pour objectif l’aérodrome d’As Salman. Pendant l’offensive, la division bénéficie d’appuis démesurés. Elle est renforcée d’une brigade d’artillerie américaine et d’un bataillon de lance-roquette multiples (MLRS) fournissant à l’offensive française un véritable rouleau compresseur constitué par les feux de plus de 100 tubes. Chars et blindés en bataille dans un désert de rocailles offrent un spectacle peu commun digne des représentations tactiques de tous militaires, et qui conduit à la débandade d’un ennemi démuni. Les réductions de résistance se succèdent et l’afflux de prisonniers menace de submerger les groupements. Son ampleur problématique (3 000 hommes) et pas assez anticipée, oblige à un régiment complémentaire de lui être dédié. Au final, par sa mobilité, sa puissance et sa rapidité, la division atteint ses objectifs sans subir de pertes importantes, ceci après près de 100 heures de combat.

 

Ce succès résulte du rassemblement inédit d’une puissance matérielle considérable combinée à une qualité humaine remarquable. Les bases de l’engagement aéroterrestre sont mises à l’honneur lors de cette opération qui voit se conjuguer mobilité et protection, continuité du combat, cohérence des systèmes d’arme. Le poids énorme de la logistique (malgré un ratio entre combattant et soutien français le plus faible de la coalition) rappelle qu’elle demeure un facteur clé de réussite et qu’il est nécessaire de disposer de tous ses échelons en temps de paix. La médiatisation à outrance du conflit a pris une dimension capitale. Enfin, cet engagement de moyens aéroterrestres considérables, dans des conditions rustiques n’ayant plus souvent cours, rappelle que c’est le durcissement de l’armée de Terre qui prépare à faire face aux chocs les plus rudes.

 

 

Abréviations

CO : Centre opérationnel 

FAR : Force d’action rapide

GPS : Global positioning system (système de positionnement mondial, par satellites)

MLRS : Multiple Launch Rocket System (lance-roquette multiple)

NBC : Nucléaire, bactériologique et chimique

RITA : Réseau intégré des transmissions automatiques

VLTR : Véhicule de liaison tactique et de reconnaissance

 

 

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1 Au fonctionnement parfois aléatoire et souvent dépendant des vents de sable

2 Voir article Soutien : « La logistique de Daguet », Commandant Romain Choron, page 22

3 Voir article Lien armée/nation : « Les relations avec la base arrière », Ornella Junet et Sonali Ghoorahoo, page 34

 

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Titre : Il y a 30 ans, l’armée de Terre était engagée dans l’opération Daguet
Auteur(s) : COL ® Coste
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Manœuvre de la division daguet
Armée