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L´engagement de l´armée d´Autriche au sein de l´ EUFOR TCHAD/RCA dans le cadre de la PESD

cahier de la pensée mili-Terre
Histoire & stratégie
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L’article porte sur la participation dune unité militaire autrichienne au sein de la mission EUFOR TCHAD/RCA, qui s´est déroulée de janvier 2008 à mars 2009. Cette contribution des armées autrichiennes nous immerge dans d’autres réalités. Loin de la fureur des combats en Afghanistan et du gigantisme de la machine otanienne, c’est de l’apport de ces de ces puissances tierces aux opérations de la paix dont il s’agit. Apport modeste certes, mais bien réel, et dont on ne peut se passer au nom de la nécessaire légitimité internationale que les coalitions recherchent.


Toile de fond de l´opération

L´Union européenne (UE) a mené, du 28 janvier 2008 au 15 mars 2009, l´opération militaire de transition EUFOR TCHAD/RCA, conformément au mandat donné par la résolution 1778 du conseil de sécurité des Nations Unies (ONU). Déployée dans l´est du Tchad et le nord-est de la RCA[1], elle s´est inscrite dans le cadre de la PESD et en cohérence avec la stratégie de l´UE pour l´Afrique. L´armée française a fourni plus de 2.000 hommes sur un total de 3.700. Les autres contingents importants sont venus de Pologne (400), d´Irlande (400), de Suède (200), d´Autriche (160) et de Roumanie (100). Une dizaine d´autres pays ont fourni des effectifs à des doses plus ou moins homéopathiques.

Cette opération avait plus particulièrement les objectifs suivants:

  • contribuer à la protection de 260.000 réfugiés répartis dans treize camps et d´environ 180.000 déplacés à l´intérieur des frontières du Tchad;
  • faciliter l´acheminement de l´aide humanitaire;
  • améliorer la situation sécuritaire dans l´est du Tchad, et donc faciliter l´opération de la MINURCAT[2] dont la tâche première était la formation de la police tchadienne.

 

La planification de la contribution autrichienne

Les premiers officiers autrichiens ont été envoyés au sein de l´OHQ installé au Mont-Valérien à Paris dès le début du mois d’octobre 2007. Ainsi, l´état-major à Vienne a pu être impliqué dès le début, ce qui a facilité la planification. Simultanément, plusieurs plans ont été établis sur des sujets variés allant du traitement de l´eau potable à l’utilisation des forces spéciales. Le contingent autrichien a finalement été constitué par une force de 160 soldats, principalement des forces spéciales[3]. Pour la mise en place d´infrastructures, 50 autres soldats ont été envoyés pour une durée plus limitée. Enfin, le contingent comprenait également 15% de soldats issus de la réserve, en particulier pour des besoins liés au soutien national.

La logistique des forces autrichiennes, à cause de l’éloignement, a constitué un grand défi. Une grande partie des ressources disponibles a été regroupée pour faciliter l´engagement au Tchad. À titre d´illustration, en raison de la distance et de la capacité d´absorption limitée du port de Douala (Cameroun), 136 jours ont été nécessaires pour le déploiement de l´EUFOR.

La phase de préparation a suscité l´attention des médias autrichiens, notamment parce que cette opération a généré un grand débat avec les partis d´opposition. Sur place au Tchad, les groupes rebelles ont d’ailleurs profité de cette situation: s’appuyant sur les vecteurs médiatiques mondiaux, ils ont soufflé sur les braises, attisant les tensions parfois avec succès.

 

Déploiement du contingent

Après des retards répétés, l´avant garde autrichienne a finalement rejoint le 30 janvier 2008 sa zone d´action. Cependant, le déploiement de l´EUFOR a été retardé par l´attaque d´une colonne rebelle tchadienne réfugiée au Soudan qui a tenté de prendre le pouvoir au Tchad. L´élément précurseur autrichien a alors été pris au piège par les combats entre les rebelles et les forces armées tchadiennes, dans l´hôtel Kempinski à N’Djamena. Cet incident a démontré la nécessité pour la «lead nation» de disposer d´une force puissante et d´une connaissance appropriée de la situation sur le terrain. Pour des raisons de sécurité, l’antenne autrichienne a finalement été transférée dans le camp français Kossei sur l’aéroport. Après l´échec de l´attaque rebelle, l´acheminement du contingent autrichien et de la force de l´EUFOR a pu se poursuivre.

 

Mission des forces spéciales dans le cadre de l´ EUFOR

Après le passage sous l´autorité du Force Head Quarters (FHQ) à Abéché, commandé par le Général français Jean-Philippe Ganascia[4], les opérations spéciales destinées à faciliter «l´intelligence préparation of the battlefield», ou «initial entry operations», dans toute la zone d´opération ont commencé début mars 2008. Il faut «être opérationnel tout de suite, même si toutes les questions logistiques ne sont pas réglées. Il faut obtenir des renseignements, organiser des patrouilles, être visible partout»[5]. Souples et efficaces, capables de prendre ou reprendre l´initiative pendant leurs patrouilles dans la profondeur vers la frontière avec le Soudan, les forces spéciales autrichiennes ont pu apporter une plus-value considérable. Une planification précise était donc de la plus haute importance. Les patrouilles dans la profondeur duraient en effet jusqu’à 3 semaines.

Dans les opérations du type de l´EUFOR, on doit garder à l´esprit que de nombreuses difficultés existent en raison des différences dans l´approche tactique et des équipements à soutenir des nombreux membres de l´EUFOR[6]. Mettant en valeur le professionnalisme de ses soldats, l´Autriche a été chargée du commandement de la «Combined Joint

Special Operations Task Force»[7] (COM CJSOTF) de mi-avril à mi-octobre 2008.

Bien que l´engagement des forces spéciales restât à un niveau relativement bas, les patrouilles dans la profondeur de la zone d´action furent quelquefois dangereuses, comme l´incident de mars 2008 l’a démontré. À cette occasion, un soldat français de l´EUFOR fut tué lors d’une reconnaissance près de la frontière soudanaise à la suite d´un accrochage avec les forces de ce même pays.

 

Conclusion

La participation à l´EUFOR Tchad/RCA a démontré que l´Autriche est un partenaire fiable. Les forces spéciales de l´armée autrichienne ont été utilisées pour la première fois comme «early entry force», et l’armée a pu en retirer une expérience valorisante. La logistique demeure un grand défi pour les petits pays européens qui participent à ce type d’intervention.

Pour l’armée autrichienne, qui était en outre engagée sur d’autres théâtres, une grande partie des ressources restantes ont été regroupées pour faciliter l’engagement au Tchad. Il serait souhaitable d´améliorer la mutualisation au niveau de l´UE. Ainsi, une approche commune de l´utilisation des effectifs et des moyens disponibles dans les États membres est sans doute à privilégier. Avec une meilleure synergie, il serait possible d´économiser des effectifs et les réaffecter à d’autres tâches.

Malgré son succès, l’opération EUFOR Tchad/RCA a toutefois connu des difficultés dans sa montée en puissance. Il a fallu en effet près de 7 conférences communautaires pour arriver à un contingent pouvant répondre au défi posé.

 

 

[1] République de Centre Afrique

[2] Mission Nations Unies en République Centrafrique et Tchad

[3] Les unités n´ont été engagées dans les opérations que dans le bas du spectre des forces spéciales

[4] Né en 1953, sorti en 1977 de l´académie de Saint-Cyr, parachutiste (1978-1989), puis à la Légion étrangère (1994-1999), avant de servir au commandement de l´armée de Terre (1999-2003), l´État-major de force et d´entraînement interarmées

[5] Énonciation du général Ganascia pendant une interview de presse sur Bruxelles 2, le 28 avril 2008

[6] Pleinement déployée, elle a rassemblé jusqu´à 3.700 hommes, avec 19 État membres présents sur le terrain, et 22 au quartier général

[7] Entre autres, forces spéciales de la Belgique, des Pays-Bas, de l´Irlande, etc…

 

Le Lieutenant-colonel Florian PAMMER est né le 21 octobre 1957 à Graz. Depuis 32 ans dans l’armée de terre autrichienne, il sert au sein du bureau du chef d´état-major. Depuis 1985, il a participé à trois missions extérieures: récemment au sein de la représentation militaire autrichienne auprès de l´UE et auprès de l’OTAN et, auparavant, deux missions comme observateur militaire auprès de l’ONU au Koweït et au Cambodge.

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Titre : L´engagement de l´armée d´Autriche au sein de l´ EUFOR TCHAD/RCA dans le cadre de la PESD
Auteur(s) : le Colonel Florian PAMMER, de l’armée autrichienne
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