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L’OTAN en Afghanistan

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Histoire & stratégie
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Le Commandant suprême des forces militaires de l’OTAN est toujours un général d’armée américain: le premier fut le général Eisenhower avec comme second – excusez du peu – le maréchal Montgomery. Ce général porte «deux casquettes», celle du SACEUR (commandant suprême des forces de l’OTAN) et celle d’USAREUR (commandant des forces américaines stationnées en Europe et en Turquie).


En 1991, les Américains, pour la conduite de la guerre dans le Golfe, firent appel à l’USAREUR (casquette américaine) pour le support logistique, médical et administratif, d’abord de la mise en place des forces en Arabie saoudite et ensuite des opérations de guerre en Irak…avec succès. J’étais alors le chef de la Mission militaire française au SHAPE (état-major de l’OTAN) et, comme nos forces françaises étaient engagées dans le Golfe aux côtés des Américains, j’ai pu, tout à loisir, observer, de l’intérieur, comment fonctionnaient les Américains. Ainsi ai-je été convié tous les matins à huit heures dans le Bunker souterrain, devenu une sorte de réplique, à distance, du P.C. du général Schwarzkopf en Arabie saoudite. Dans ces moments de précipitation, voire de confusion, que vivent quelquefois les état-majors soudainement plongés dans l’incertitude, le doute et l’urgence, notre général en chef, le général Galvin, réagissait sans trop se demander quelle casquette il portait alors («otanienne» ou américaine). Mais tout le monde s’en fichait puisqu’il décidait pour le bien commun!

 

Dix ans plus tard, au lendemain de la destruction des tours du World Trade Center, le 11 septembre 2001, les Américains se lancèrent à corps perdu, avec l’approbation quasi unanime du monde occidental, dans la chasse contre Al Qaïda, en Irak et en Afghanistan. Ils réactivèrent alors le système OTAN qui avait si bien fonctionné vers le Moyen Orient et, une nouvelle fois, le généralissime se retrouva impliqué d’abord avec sa casquette «américaine» pour l’Irak et puis avec sa casquette «OTAN» pour l’Afghanistan avec, ce qui était une première, des responsabilités opérationnelles sur ce nouveau théâtre d’opérations. Et c’est ainsi que, par une dérive qu’expliquent les évènements, le commandement des opérations de l’Alliance est, aujourd’hui, exercé par le SACEUR (casquette OTAN) à partir du Bunker (que je viens d’évoquer) situé à Mons en Belgique.

 

Ces opérations ont beau être placées sous mandat de l’ONU, presque aucun Afghan ne le sait ou, ce qui revient au même, tout le monde feint de l’ignorer, d’autant que l’image de marque de l’OTAN au Moyen Orient est déplorable.  Nous nous en sommes aperçus à Beyrouth en 1983 et nous en avons fait les frais. Cette image souffre d’un amalgame simpliste, habilement colporté auprès du musulman de base: OTAN = États-Unis = Satan. De toute évidence, nos forces françaises engagées en Afghanistan pâtissent aujourd’hui de cet amalgame largement entretenu et amplifié dans la population.

 

Depuis le 11 septembre 2001, Al Qaïda a multiplié ses attentats de par le monde en frappant plus de pays «non-otaniens» que de pays membres de l’OTAN...les derniers pays frappés étant l’Algérie et la Chine mais on peut rappeler le Soudan, la Tunisie,  l’Australie via l’Indonésie etc…, etc... Dès lors, dans la mesure où Al Qaïda affiche une menace de dimension planétaire, on est en droit de se poser la question de savoir pourquoi l’OTAN aurait la charge exclusive des opérations en Afghanistan, si, de surcroît, on observe qu’au delà de ce cul-de-sac que constitue le sanctuaire d’Al Qaïda se trouve la moitié de l’humanité, soit trois milliards de personnes: Pakistan, Inde, Chine, Indonésie, Japon...tous aussi concernés par le terrorisme que le sont les pays européens.

 

Ne serait-ce pas plutôt à l’ONU, dont la Charte de 1945 a pour but la «sécurité internationale», de déléguer à son Conseil de Sécurité la responsabilité d’opérations menées sous le chapitre VII de la Charte (ouverture du feu en configuration «guerre») et non pas le chapitre VI («légitime défense», comme au Liban)?

Resterait alors à trouver une structure d’état-major appropriée: dans l’état actuel des choses, celle-ci ne pourrait être fournie que par l’Union de l’Europe Occidentale dont l’image de marque au Moyen Orient est encore à peu près préservée à ce jour.

 

 

 

 

 

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Titre : L’OTAN en Afghanistan
Auteur(s) : le Général(CR) François CANN
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