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La guerre au milieu des peuples

L’action militaire : contribution à l’approche globale de la gestion et de la prévention des crises
Histoire & stratégie
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Afghanistan : des représailles post-11 septembre à la reconstruction du pays. 

De la fin des années 1970 jusqu’à aujourd’hui, l’Afghanistan a vécu trois conflits qui se sont nourris les uns les autres : à l’invasion soviétique de 1979 et à la résistance des moudjahidines, succède une guerre civile d’où émergent les talibans (1992-1996), chassés par une coalition internationale menée par les États-Unis au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Cette coalition appuie la mise en place d’un nouveau régime, entreprend de rebâtir l’État et de redonner corps à une société meurtrie par plus de vingt ans de guerre. Cependant, la dégradation de la situation à partir de 2005 invite les forces armées occidentales à repenser leur doctrine d’engagement en appui des forces nationales de sécurité afghanes , pour favoriser une transition vers une parfaite autonomie des forces locales.

 


L’armée française se trouve engagée dès 2001, d’abord au nom de la lutte contre le terrorisme. La France prend rapidement une part croissante de responsabilités et se déploie dans une province stratégique à l’est de Kaboul, la Kapisa, avec pour objectif de la stabiliser. Les missions qu’y remplissent les contingents français de 2008 à 2012 s’inscrivent aussi dans une évolution importante de l’armée de Terre, habituée aux opérations de maintien de la paix des années 1990. Celle-ci vit en Afghanistan un conflit de contre-insurrection difficile, marqué par de durs combats et des pertes, mais qui se traduit par une exceptionnelle faculté d’adaptation.

 

Contexte

L’Afghanistan est d’abord une mosaïque complexe d’espaces, de peuples et de cultures. Pays enclavé au sud-est de l’Asie centrale qui joint les routes commerciales reliant le sud et l’est de l’Asie vers l’Europe, l’Afghanistan compte 652 000 km² coincés entre l’Iran à l’ouest, le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan au nord, un mince point de contact avec la Chine (76 km), puis une longue frontière terrestre du nord-est au sud avec le Pakistan. La forme du pays ressemble à une feuille, dont la nervure centrale correspondrait au massif de l’Hindu Kush, une chaîne de reliefs qui sépare le pays en trois principaux espaces, les montagnes centrales, les plaines au nord et des plateaux au sud-ouest. Ces dispositions expliquent un climat très continental, avec des étés très chauds et des hivers rudes : il fait -15° C à Kaboul en janvier, et près de 45° C à Jalalabad en juillet…

Aucun recensement de la population afghane n’a eu lieu depuis 1979, mais on l’estime à près de 30 millions - sans compter plusieurs millions de réfugiés dans les pays alentours. Les Pachtounes, ethnie majoritaire (environ 40 % de la population), vivent principalement au centre et à l’ouest du pays ; s’y ajoutent 1/4 de Tadjiks et 10 % de Hazaras et d’Ouzbeks. Les deux langues officielles, le dari et le pachtoune, reflètent la diversité ethnique.

L’histoire de l’Afghanistan est d’abord celle d’un pays de conquête que les conquérants s’avèrent incapables de contrôler de façon permanente. Les invasions se succèdent, du IVe siècle avant notre ère à la fin du XVe siècle (Macédoniens, Indiens, Perses, Huns, Arabes, Horde d’Or et Moghols), avec plus ou moins de succès. Ces envahisseurs ne tiennent que l’espace utile, le Hokoûmat (pays de gouvernement) et les grands centres urbains (Kandahar, Hérat ou Kaboul) tandis que les Afghans - l’autre nom des Pachtounes - baptisent l’espace des montagnes et des vallées reculées du nom de Yâghestân (royaume de la rébellion ou de l’insolence)[1]. Un royaume afghan indépendant naît en 1747, qui cherche à garantir un subtil équilibre entre les ethnies rivales à l’intérieur et la nécessaire union nationale contre les ennemis du dehors. La compétition stratégique entre Russie et Grande-Bretagne, au milieu du XIXe siècle, voit l’Afghanistan bousculé par un « Grand jeu » où les impérialismes cherchent à attirer le pays dans leur sphère d’influence. Les Britanniques interviennent à deux reprises (guerres anglo-afghanes de 1838-1842 et 1878-1880), pour finalement s’entendre sur un contrôle plus ou moins efficace de la politique étrangère afghane et le tracé d’une ligne de démarcation avec la zone d’expansion russe, la fameuse ligne Durand, qui fait de l’Afghanistan une zone-tampon pendant presqu’un siècle.

L’Afghanistan connaît une succession de crises politiques dans les années 1970, avec l’avènement d’un régime inspiré et calqué sur le modèle soviétique. Les tensions sociales et la naissance d’une insurrection qui gagne du terrain, incitent l’Union soviétique à intervenir directement à la fin de l’année 1979. Pendant dix ans, face aux combattants afghans - les moudjahidines[2] - soutenus clandestinement par le Pakistan et par les États-Unis, la 40e Armée rouge combat dans un environnement compliqué, avec des résultats tactiques réels[3]. La volonté de stabiliser le pays et de soutenir le régime en place ne suffisent pas : la population est hostile, la résistance des moudjahidines ne se relâche pas et les pertes s’accumulent, surtout à partir de 1984/1985. Le pouvoir politique, confronté en outre à une nouvelle course aux armements sur le plan international, ne se trouve plus en état de mener un combat sur deux fronts et le nouveau secrétaire général, Mikhaïl Gorbatchev, choisit dès 1986 un retrait progressif pour sauver ce qu’il peut de son empire. En dix ans, l’Union Soviétique subit de lourdes pertes (26 000 tués et 53 000 blessés parmi les 620 000 jeunes Russes, pour la plupart conscrits). Les pertes matérielles sont du même acabit : 118 avions de combat, 333 hélicoptères, 147 chars, et des milliers de véhicules de transport. En février 1989, les derniers soldats russes quittent l’Afghanistan, mais jusqu’à la fin de l’Union soviétique, le régime en place à Kaboul reste sous perfusion.

 

La dissolution de l’URSS contribue à faire glisser l’Afghanistan dans une guerre civile entre seigneurs de la guerre (1992-1996) qui se conclut avec l’émergence des talibans[4] du Mollah Omar, appuyés par des groupes de combattants étrangers vétérans de la lutte contre les Soviétiques. L’un de ces groupes, Al-Qaïda[5], est dirigé par le Saoudien Oussama Ben Laden. Les talibans proposent une paix relative au travers d’un modèle social s’appuyant sur les structures et sur les dynamiques traditionnelles de la société afghane, et l’application stricte de la loi islamique (charia). Les femmes sont placées sous une tutelle extrêmement stricte dont la burqa, l’habit qui couvre la totalité du corps et ne laisse qu’une grille devant le visage, est un symbole. Les jeunes filles ne sont plus scolarisées, les distractions traditionnelles (jeux comme le bouzkachi ou les cerfs-volants, la musique…) interdites sous peine de punitions et de brimades. Une chape recouvre l’Afghanistan, tandis que les talibans élargissent leur emprise.

En août 1998, deux attentats contre les ambassades américaines de Tanzanie et du Kenya portent la marque d’Al-Qaïda. Washington exige des talibans qu’ils expulsent Ben Laden - sans résultat. Après l’attaque contre l’USS Cole (12 octobre 2000) dans le port d’Aden, la communauté internationale et l’ONU infligent de lourdes sanctions au régime de Kaboul, sans modifier leur ligne de conduite.

[…]

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[1] Michael Barry, Le Royaume de l’insolence. L’Afghanistan, 1504-2001, Paris, Flammarion, 2002.

[2] Le moudjahid est celui qui mène le djihad ou « effort dans la voie d’Allah », pris ici dans son sens guerrier.

[3] Meriadec Raffray, « Les leçons russes de la Première Guerre d’Afghanistan », Brennus 4.0, avril 2019 (https://www.penseemiliterre.fr/ressources/30114/42/lecons_russe_de_la_premiere_guerre_afghan_lcl-raffray.pdf)

[4] Étudiants formés dans des écoles coraniques fondamentalistes pendant l’invasion soviétique, adeptes d’un islam sunnite rigoriste inspiré par les courants débobandi et wahhabite.

[5] Le nom signifie « la base » en arabe. Organisation terroriste de type salafiste-djihadiste, fondée en 1987.

 

 

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Titre : La guerre au milieu des peuples
Auteur(s) : CDEC/PEP
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