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La logistique de Daguet : performances humaines et limites techniques

Soldats de France numéro spécial Guerre du Golfe
Histoire & stratégie
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À la fin de l’année 1990, et au début de l’année 1991, l’opération Daguet est la réponse de la France à l’invasion du Koweït par son voisin irakien. Les différentes fonctions du soutien français (sanitaire, ravitaillement, maintenance, commissariat…) sont confrontées à la difficulté d’assurer la logistique d’une division de près de 12 000 hommes et de ses 4 000 véhicules, pendant plusieurs mois, dans une zone désertique située à plus de 5 000 km de la métropole. Au cours des sept mois de crise, la logistique française va mettre à profit son expérience des opérations extérieures menées depuis 1962, ainsi que sa préparation à un conflit de type guerre froide, pour assurer à la division Daguet l’essentiel de ses besoins.

 


Une montée en puissance progressive : le soutien de l’opération « Bouclier du désert », (6 août 1990 au 16 février 1991)

Sur le plan de la conception de la manœuvre logistique, dès le début de l’opération l’évolution croissante de l’effectif à soutenir entraîne des difficultés. Cet effectif passe de 3 000 à 15 000 hommes entre octobre 1990 et janvier 1991. En métropole, il faut trouver et aménager les vecteurs de transport pour les hommes et le matériel. En Arabie, il faut adapter le soutien sur le terrain à cet accroissement de la force. À côté de cette difficulté d’adapter la dimension du soutien à une progression aussi rapide et importante des effectifs, un autre défi est imposé par le choix du pouvoir politique de ne pas engager le contingent. Alors que les troupes de mêlées s’appuient sur un noyau d’engagés constitué par la Force d’action rapide (FAR), les différentes fonctions du soutien peinent à réunir au sein de nouvelles unités des militaires professionnels, qui ne se connaissent guère et n’ont pas manœuvré ensemble. Assurer la cohésion de ce personnel, et harmoniser leurs procédures de travail au sein des structures logistiques du théâtre nécessiteront donc un effort d’adaptation important pour coordonner leurs actions. 

Par ailleurs, sur le plan matériel, ce conflit intervient alors que la « diéselisation » des véhicules de l’armée de Terre, décidée pour faciliter le recomplètement en carburant du matériel roulant, oblige les unités logistiques à renoncer à envoyer un certain nombre de camions spécifiques, tels que les Marmont et les Simca. De plus, l’informatisation progressive du système des approvi-sionnements du matériel nécessite l’envoi d’ordinateurs sur le théâtre, qui résisteront mal à la chaleur et surtout au sable.

Enfin, ce conflit se caractérise par des élongations très importantes, avec la métropole, mais aussi sur le théâtre, notamment entre le soutien de l’avant et celui de l’arrière. C’est une nouveauté pour une logistique dont le maillage territorial national des unités est adapté aux prévisions d’un conflit de haute intensité de courte durée en centre Europe. La distance entre la base logistique aéroportuaire de Yanbu (où les camions chargent les containers arrivant par voie maritime de métropole) et celle de la Cité du roi Khaled (CRK) où ils déchargent, équivaut à celle de Nice-Dunkerque (environ 1 200 km), ce qui explique que chaque camion parcourt au cours de la guerre près de 45 000 km, soit le tour de la terre. L’absence d’infrastructure industrielle pour installer les unités du matériel, et les conditions climatiques éprouvantes pour le matériel, mettent également à rude épreuve le soutien de maintenance. 

 

Un dispositif adapté aux défis de l’opération « tempête du désert » (17 au 28 février 1991)

 

Lors de cette seconde phase du conflit, une offensive contre les forces irakiennes (opération « Tempête du désert ») est déclenchée. La zone d’engagement de 150 km de profondeur et large de 50 km, correspond aux gabarits de la guerre froide. Ainsi, la base divisionnaire et le groupement de soutien logistique « avant », installés pendant la phase « Bouclier du désert » en Arabie saoudite sur la cité du roi Khaled (CRK), assurent le mouvement de la force après le 17 janvier 1991 en se déplacent vers l’ouest, à Rafha, tout en maintenant les échanges avec

la base aéroportuaire de Yambu (sur la mer Rouge). Le maintien de ce flux est nécessaire pour acheminer vers le front des quantités importantes de fret. En effet, quotidiennement la division a besoin de 150 000 litres d’eau par jour (dont 10 litres d’eau potable par homme), 15 tonnes de rations de combat, 500 mètres cubes de carburant. Pour pallier l’absence de matériel de manutention rapide pour les conteneurs maritimes, ces derniers sont chargés directement sur les tous nouveaux camions lourds équipés d’un bras de chargement et capables avec leurs remorques de transporter 25 tonnes ; ainsi 260 véhicules de transport logistique (VTL) et 3 400 conteneurs maritimes permettent le transport de 45 000 tonnes de biens au cours de cette guerre, dont 13 000 de munitions.

Par ailleurs, pour cette phase, un effort particulier du commandement est porté sur le soutien sanitaire. Ainsi, en complément des moyens régimentaires (poste sanitaire), un hôpital de campagne est mis en place à l’aéroport de Ryad, comprenant des blocs opératoires, un centre de réanimation, et un centre pour grands brûlés. De plus, deux navires de la Marine, la Rance et la Foudre, ont préparé deux blocs opératoires chacun. Au total, près de 1 200 militaires sont dédiés au soutien santé, soit 10 % de l’effectif de la division (7 % chez les Américains). En outre, sur les 39 hélicoptères PUMA engagés sur le théâtre, 14 sont réservés au soutien santé.

 

Ainsi, la logistique a mis à profit les délais important de montée en puissance de la force pour pallier ses limites initiales. Elle a ainsi assuré le déploiement du dispositif de la division lors de sa montée en puissance, puis son soutien dans la durée. Mais pour autant, la brièveté de la période d’engagement (une centaine d’heure) a été trop courte pour tester l’efficacité des différentes fonctions logistiques en situation de conflit de haute intensité.

 

 

Abréviations

CRK : Cité du roi Khaled

FAR : Force d’action rapide

VTL : Véhicules de transport logistique

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Titre : La logistique de Daguet : performances humaines et limites techniques
Auteur(s) : CDT Romain Choron
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Le PC de la Division dans la région de CRK. © Le Jamtel, Yann/ECPAD/Défense.
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Le PC de la division Daguet à Miramar. © Le Jamtel Yann/ECPAD/Défense.
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