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Le discernement

Exercice du commandement
Valeurs de l’Armée de Terre
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LE DISCERNEMENT … QUOI ?

Le discernement peut être défini comme une disposition d’esprit permettant d’apprécier les choses selon leur nature et à leur juste valeur, d’en juger avec bon sens et clarté. Agir avec discernement exige réflexion, circonspection et prudence. La vertu de prudence  n’est ici pas antinomique de l’acceptation du risque. Elle doit être entendue  au sens aristotélicien  du terme  comme : « le sens de l’adaptation des moyens aux buts à atteindre ». Cette prudence  n’a donc  de sens que si elle débouche sur une décision et une action. Ainsi, loin de l’acception  courante  en lien avec le principe de précaution,  la prudence  est source de l’action  efficace  du chef  militaire. Le discernement préserve donc  de la confusion et fait appel aux capacités de jugement du chef militaire. Pouvant s’acquérir par l’expérience, il est à développer en amont de l’action. Le discernement se forge dans le travail personnel, la lecture, la réflexion, la culture générale. Il permet de décider seul dans l’urgence des situations opérationnelles.


LE DISCERNEMENT … POURQUOI ?

  • Il permet de conserver ses repères éthiques, dans le brouillard de la guerre ou lors d’engagements en situation dégradée.
  • Dès le temps de  paix, le discernement aide à dénouer  les situations  complexes,  en  distinguant l’important de l’accessoire et en restant focalisé sur la mission.
  • Le discernement préserve le chef des excès, lui évitant de sur-réagir aux évènements.

 

PAS DE DISCERNEMENT … SANS :

  • sens de la responsabilité ;
  • repères éthiques ;
  • exercice de réflexion personnelle et de capacité de jugement ;
  • circonspection ;
  • tempérance ;
  • prudence et acceptation du risque ;
  • hauteur de vue ;
  • résilience psychologique ;
  • clarté d’esprit.

 

LE DISCERNEMENT … DANS  LES TEXTES :

« Ce qui compte c’est l’aptitude à juger plus que la certitude des principes dont le revers est d’altérer la capacité de jugement  et d’adaptation. »

Général de Gaulle - Le fil de l’épée (1932).

 

« Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout, il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. »

Charles Péguy, Pensées (1936).

 

 

LE DISCERNEMENT … « AU CONTACT » :

Témoignage d’un capitaine  commandant d’unité  - opération TRIDENT - Kosovo - 2004 :

« Engagé au Kosovo à Mitrovica début 2004, la compagnie que je commande arme l’unité équipée de capacités contrôle de foule du bataillon français. Le mandat que nous avons débuté en janvier s’annonce calme : il est placé sous le signe du désengagement progressif. Pourtant, le 17 mars, le pays connaît une soudaine flambée  de violences. Dès les premières heures, les émeutes  intercommunautaires font  neuf morts et plusieurs centaines de blessés dans la ville de Mitrovica et les enclaves serbes. Toutes les unités de combat  sont déployées en urgence sur le pont et en ville. En fin d’après-midi, le bataillon français compte déjà douze blessés, pour la plupart polycriblés, suite à des jets de grenades offensives des émeutiers. En début de soirée, nous parvenons à reprendre le contrôle du secteur, pour interdire le franchissement de la rivière Ibar qui sépare les deux communautés. Dans la nuit, le bataillon danois voisin est victime de tirs à partir de notre secteur. Le départ des coups est identifié. Le chef de corps donne alors l’ordre de riposter et deux tireurs postés sur le toit d’un immeuble sont neutralisés à quelques minutes d’intervalles par le groupe de tireurs d’élite de la compagnie.

L’action ponctuelle des tireurs d’élite à cet instant précis a permis de réduire la menace, d’employer  la force à un juste niveau et de poursuivre en sécurité la mission de contrôle de zone. Au-delà de la situation tactique  simple qui a entrainé la riposte, c’est bien l’analyse par le chef de corps des conséquences  de cette ouverture du feu, dans un contexte contraint  d’emploi  minimum de la force (à l’encontre  d’individus issus d’une population que nous devions protéger en toute impartialité) qui a conduit à prendre la décision appropriée. Cette réaction a fait la preuve de notre détermination face aux partis en présence, en évitant que la situation  ne nous échappe. Elle a aussi eu un impact psychologique très positif sur le moral  du bataillon. Quelques jours plus tard, le dialogue avec les deux communautés kosovardes a d’ailleurs repris, car ils ont parfaitement compris  notre action. Cet usage maîtrisé de la force a fait basculer le rapport de force et a mis un terme au déchaînement de violence. »

 

Témoignage d’un lieutenant chef de peloton - opération SERVAL - Mali - 2014 :

« Notre  sous-groupement tactique  interarmes  à dominante blindée  est engagé  dans une  opération visant à lever le doute  sur l’existence  de caches  d’armes utilisées par les groupes  armés terroristes.  Il s’agit d’exploiter des coordonnées GPS récupérées sur le corps d’un combattant neutralisé par les forces spéciales. Nous progressons  en zone désertique  en traçant nos propres pistes car il n’y a plus aucune route, ni présence de population depuis des centaines de kilomètres. C’est alors que le véhicule de tête croise un sillon fraîchement  tracé dans le sable. Le commandant d’unité  décide  de suivre ces traces à distance  et nous abordons  bientôt  une dune, favorable  à l’observation.  Au loin, le panorama,  troublé par une brume  de chaleur,  révèle des individus enturbannés effectuant  des va-et-vient  réguliers entre leur véhicule pick-up  et un groupe  d’arbres situés à proximité  d’un puits. Les apparences et le contexte indiquent un comportement suspect : leurs coordonnées correspondent aux indications transmises par la cellule renseignement, leur attitude suggère un chargement ou un déchargement de matériel ; la tension monte  d’un cran, le chef de détachement comprend que son compte rendu peut entrainer des réactions très différentes et faire basculer la situation.

Incapable d’apprécier  distinctement les agissements du groupe  observé, le capitaine décide d’aller à sa rencontre,  appuyé par un élément  posté sur la butte. Son analyse lui révèle rapidement  une scène bien différente  : les traces correspondent à une ligne de puits empruntée par les populations  nomades  qui s’arrêtent de points d’eau en points d’eau et utilisent cordages et poulies de fortune laissées à hauteur des arbres par les autres voyageurs pour puiser l’eau ; le groupe observé était donc parfaitement  inoffensif. Le doute fut levé en allant au contact  de cette population de bergers qui avaient simplement établi un camp de fortune  à proximité,  le temps d’une halte.

Le commandant d’unité aurait pu sur-interpréter  la scène observée, aveuglé par la volonté d’agir, absorbé par la seule réussite de la mission. Le discernement dont il a fait preuve a certainement permis d’éviter un drame. Dans de telles circonstances,  le chef doit conserver le recul nécessaire et une capacité d’analyse rapide enrichie par la connaissance du milieu, son intuition  et le souci de la précision. »

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Titre : Le discernement
Auteur(s) : publication arméee de terre
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Armée