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Pont aérien sur Khé Sanh : Adaptation des tactiques et innovation technique, clés du succès des opérations aériennes

cahier de la pensée mili-Terre
Histoire & stratégie
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Le succès du pont aérien réalisé en 1968, pour soutenir les Marines assiégés sur la base de Khé Sanh au Vietnam, tient tout d’abord à l’opération de bombardement Niagara qui a permis aux Américains de conserver l’initiative. Mais surtout, le siège était tel que ce succès n’aurait probablement pas eu lieu sans trois nouvelles techniques de ravitaillement décrites ici.

L’auteur conclut par une mise en perspectives des opérations aériennes menées à Khé Sanh et à Diên-Biên-Phu, en 1954, et ouvre la voie à une réflexion sur l'aspect fondamental des capacités d’innovations et sur les moyens futurs qui pourraient être dédiés à l’aérolargage.

 

«Dans le présent futur, où se meut nécessairement toute conception stratégique, il faut à la fois s’appuyer sur l’expérience passée et inventer l’adaptation de cette expérience aux moyens nouveaux. Toute innovation constitue un risque majeur, mais toute routine est perdue d’avance».

Général Beaufre[1]

 

[1] «introduction à la stratégie», chap II


La réalisation d’un pont aérien au profit de troupes assiégées exige des moyens considérables. De nombreux exemples dans l’histoire des conflits modernes illustrent les difficultés d’une telle opération. En 1942, les besoins en vivres et munitions des 250. 000 soldats de la VIème armée allemande pris au piège de Stalingrad exigeaient un ravitaillement quotidien de 400 tonnes, soit plus de quatre fois la capacité de transport des moyens dédiés de la Luftwaffe. En 1954, le soutien des 13 bataillons français engagés dans la défense de Diên-Biên-Phu était estimé à 165 tonnes. Durant les 57 jours de siège une moyenne de 120 tonnes de fret fût larguée au-dessus du camp retranché, soit près de 100 kilogrammes par minute.[1]

Derrière les chiffres se cachent d’autres réalités : celles des combats et de la capacité à récupérer ces matériels. Les dimensions restreintes des zones de largages, la proximité des lignes ennemies, des conditions météorologiques souvent défavorables nuisent à la précision des parachutages. L’aptitude à conserver le contrôle des pistes d’aviation s’avère décisive.

Dans ce contexte, le succès du pont aérien réalisé en 1968 par les Américains pour soutenir les 6.680 Marines assiégés par les troupes nord-vietnamiennes sur la base de Khé Sanh est remarquable. Située à une dizaine de kilomètres de la frontière laotienne et 25 kilomètres au sud du 17ème parallèle, dans une zone faiblement peuplée de la province du Quang Tri[2], la base de Khé Sanh servait de point d’appui aux actions de renseignement et de lutte contre les infiltrations des troupes régulières nord-vietnamiennes. La prise de ce verrou stratégique aurait assuré, aux forces de Giap, l’accès aux plaines côtières du Sud-Vietnam. Confrontées à un rapport de force de trois contre un, hantées par le spectre de Diên-Biên-Phu[3], les forces armées américaines parvinrent, tout au long des 77 jours de siège, à conserver l’initiative et, de fait, leur liberté d’action. Leur capacité à adapter les matériels et les tactiques dans les domaines du bombardement et de la livraison par air assurèrent le succès des opérations.

Le déroulement chronologique de la bataille souligne l’importance du fait aérien, particulièrement dans les domaines de l’appui feu et du transport. Après un bref rappel historique, nous nous intéresserons à l’opération «Niagara» destinée à détruire les positions nord-vietnamiennes par l’action combinée de l’aviation et de l’artillerie. Une seconde partie sera consacrée à la réalisation du pont aérien et à la mise en œuvre des C130 et hélicoptères de l’USAF (US Air Force), l’US Navy et l’USMC (US Marines corps). Enfin, une mise en perspective des batailles de Khé Sanh et de Diên-Biên-Phu à travers le prisme des opérations aériennes conclura cette étude.

 

Opération «Niagara» : les prémices

Les opérations aéroterrestres américaines au Vietnam débutent officiellement en février 1965, mais dès 1962 des éléments des forces spéciales sont à pied d’œuvre, en charge de la surveillance de la zone démilitarisée et de la piste Hô-Chi-Minh, située à cheval sur les territoires du Nord-Vietnam et du Laos. La base de Khé Sanh est créée à cette occasion.

Le caractère stratégique du site fut renforcé par la construction d’une piste d’aviation, réaménagée en 1967. D’une longueur de 1.180 mètres, recouverte de plaques d’aluminium, la piste était en mesure d’accueillir les hélicoptères et les avions de transport tactique américains.[4]

Au mois de novembre 1967, un certain nombre d’indices amenèrent l’État-major américain à envisager une offensive d’envergure nord-vietnamienne dans la région de Quang Tri. Deux divisions faisaient mouvement au Nord de la zone démilitarisée. Au total 6 régiments d’infanterie, 2 régiments d’artillerie renforcés par des chars[5] et des unités de soutien prenaient position autour de Khé Sanh, soit un total de 23.000 hommes.

L’activité de guérilla s’intensifiant, les liaisons terrestres furent bientôt impossibles, transformant les places fortes aménagées le long du 17ème parallèle en bases assiégées, ravitaillables uniquement par la voie des airs. L’unique voie routière praticable, l’ancienne route coloniale 9 (RC9), orientée Est-Ouest et permettant de joindre le Laos aux provinces côtières du Sud-Vietnam, était sous le contrôle du Viêt-Cong.

Conscients du traumatisme sur leur opinion publique qu’aurait provoqué la chute de Khé Sanh, les Américains renforcèrent les troupes défendant le site, portant les effectifs à 6.680 soldats. Près de la moitié des effectifs engagés était affectée à la défense des collines environnant le site[6]. La stratégie américaine reposait sur la capacité d’appuyer leurs positions avec des moyens sol-sol et air-sol, notamment les B52 «Stratofortress» du Strategic Air Command (SAC)[7]. La faible densité de population autour du camp permettait d’envisager une intense campagne de bombardement.

En plus de la quarantaine de chars et de pièces d’artillerie assurant la protection de la base, les Marines pouvaient bénéficier d’un appui des canons de 175 mm de Camp Caroll et de Rock Pile, autres bases américaines situées plus à l’Est le long de la zone démilitarisée.

Compte tenu du rapport de force défavorable, et fort de l’expérience de la défense du site de Con Thien à l’automne 1967, l’État-major américain planifia l’opération «Niagara», une campagne de bombardement associant B52 et chasseurs bombardiers destinée à détruire le dispositif ennemi autour de Khé Sanh.

Le 20 janvier 1968, un officier déserteur nord-vietnamien confirmait l’imminence de l’attaque, prévue la nuit même.

 

Opération «Niagara» : les B52 en soutien des forces assiégées

Le 21 janvier à 5H30 du matin, les postes avancés et la base de Khé Sanh étaient soumis à un important pilonnage d’artillerie. Les dépôts de munitions et de carburant furent détruits, une partie de la piste d’aviation rendue inutilisable. Mais en dépit de durs combats, les Marines purent contenir l’offensive et conserver la maîtrise des points côtés. Le général Westmoreland ordonnait le déclenchement de l’opération «Niagara». L’opération de bombardement destinée à dégager le site de ses assaillants pouvait commencer.

Des moyens de renseignement considérables furent mis en œuvre afin de localiser les positions ennemies. Plusieurs centaines de capteurs sismiques et acoustiques[8] avaient été préalablement disposés autour de Khé Sanh. Les signaux collectés étaient transmis vers un avion Lockheed EC-121R «Warning star»[9] en «hippodrome» à haute altitude, qui les compilait et les diffusait vers un centre spécialisé[10], situé en Thaïlande à Nakhon Phanom. La coordination des feux était réalisée depuis un C130 AB3C[11] et une cellule au sol chargée du guidage en phase terminale des B52. Quotidiennement, 35 B52 et 300 chasseurs bombardiers prirent part aux opérations.

Au début des opérations, les «Stratofortress» engageaient des objectifs à une distance de sécurité d’au moins 3 kilomètres par rapport aux positions tenues par les Marines. Les Nord-Vietnamiens en profitèrent pour masser leurs troupes et dépôts de munitions dans des réseaux de tranchées au plus près des positions américaines.

 

«Combat skyspot», adaptation des techniques de bombardement

Observant la manœuvre adverse, les contrôleurs avancés américains mirent au point une nouvelle méthode de désignation des cibles. Baptisée «combat skyspot», cette technique de guidage radar permis de ramener la marge de sécurité à 1.200 yards, soit moins de 1.100 mètres, provoquant des pertes importantes dans les rangs ennemis.

Sur les 77 jours de siège, les avions du Strategic Air Command réalisèrent 2.548 missions et larguèrent 59.542 tonnes de bombes. À ce chiffre s’ajoutent 37.000 tonnes de munitions diverses délivrées par les autres avions de combat.[12].

«On leur a cassé les reins…par la puissance de feu du B52»[13]. Cette phrase du Général Westmoreland résume l’efficacité des bombardements réalisés par les avions du SAC.

Ce déluge de feu contraria la manœuvre des forces nord-vietnamiennes, permettant la réalisation du pont aérien.

 

Ravitailler Khé Sanh !

Une première estimation des besoins évaluait à 165 tonnes l’approvisionnement quotidien nécessaire pour soutenir les opérations. Le général W. Momyer, un aviateur, commandant la 7th Air Force, fût désigné pour diriger le pont aérien et coordonner les moyens mis en œuvre par l’USAF, l’USMC et l’US Navy.

Comme à Diên-Biên-Phu, les opérations aériennes allaient être contrariées par les conditions météorologiques, l’artillerie anti-aérienne ennemie et les contraintes inhérentes au ravitaillement des postes avancés.

La météorologie en cette période de l’année était peu propice aux opérations aériennes. Près de 40% des aéroportages et aérolargages furent annulés du fait de la brume. Les troupes de Giap profitaient de ces mauvaises conditions de visibilité pour déplacer leur artillerie anti-aérienne, contraignant les équipages à appliquer des procédures d’arrivée de type grande pente et à réduire leur temps d’escale.

La mise hors service d’une partie de la piste dès le premier jour de la bataille  mit en évidence les qualités du C123 «Provider». De masse et dimensions plus réduites que le C130, dotés de fusées d’appoint pour le décollage, les C123 furent les premiers appareils de l’USAF à ouvrir le pont aérien. Leur action fût complétée par des hélicoptères lourds Boeing Vertol CH46 «Sea knight» de l’USMC. Dès le 23 janvier, les opérations en C130 purent reprendre. Le 27 janvier, au plus fort de la campagne, 310 tonnes de fret furent mises à terre. Une moyenne quotidienne de 250 tonnes fut ainsi assurée les 8 premiers jours de la bataille, permettant de compenser la destruction du stock de munitions survenue dans les premières heures des combats.

Le 10 février, un «Hercules» transportant des réservoirs souples de carburant était touché par l’artillerie anti-aérienne et prenait feu à l’atterrissage. Un second C130 était sévèrement endommagé le lendemain. À compter de cette date, seuls les C7A et les C123 continuèrent leurs rotations sur Khé Sanh, assurant les évacuations sanitaires et la livraison des colis trop fragiles pour être largués.

Contraints d’assurer coûte que coûte le ravitaillement de Khé Sanh, les aviateurs américains allaient exploiter les remarquables capacités offertes par le C130 en matière d’aérolargage lourd. Trois nouvelles techniques allaient ainsi être mises en œuvre.

 

LAPES et GPES, innovations techniques

La première, LAPES (Low altitude parachute extraction system)[14], consistait en la mise à terre, par éjection, de palettes à une hauteur comprise entre 3 et 5 mètres. Contraignante d’un point de vue logistique (parachute extracteur et palette spécifique) cette méthode fut complétée par le GPES à la suite de plusieurs accidents mortels provoqués par l’impact des charges après le largage[15].

Mis en œuvre à compter du 30 mars, le GPES (Ground proximity extraction system), s’apparentait à la technique d’appontage sur porte-avions. Une crosse, solidaire de la charge et laissée pendante à l’arrière de la rampe ouverte du C130, était destinée à accrocher un câble tendu sur la piste et extraire la palette.

Au bilan, 52 largages de type LAPES et 15 de type GPES furent réalisés.

Enfin, pour s’affranchir des mauvaises conditions météorologiques, un profil de largage sans référence visuelle fût mis au point. Utilisant les moyens radars au sol et le radar doppler du C130, cette méthode assurait une précision remarquable. Sur 600 colis largués seuls 3 furent perdus.

 

«Super gaggle», innovation tactique

Le ravitaillement des positions autour de Khé Sanh fut assuré par les hélicoptères de l’USMC. Compte tenu de la proximité des troupes ennemies, une tactique originale baptisée «super gaggle»[16] fut mise au point. Une douzaine de chasseurs bombardiers, de type A4 «Skyhawk», et des hélicoptères de combat, de type «Huey Gunship», neutralisaient les positions ennemies avec du napalm, des gaz lacrymogènes et des écrans de fumée. Dans le même temps, jusqu’à 16 hélicoptères lourds, évoluant en formation serrée, assuraient les opérations de ravitaillement. Compte tenu de la différence de vitesse relative des appareils engagés, une préparation minutieuse était nécessaire. La durée des opérations sur le terrain ne dépassait pas 5 minutes. Cette méthode fut probante : sur l’ensemble des ravitaillements réalisés avec ce soutien d’aéronefs de combat, seuls 2 hélicoptères (2 CH46) furent abattus par les forces nord-vietnamiennes. Au total 17 hélicoptères, 1 C130 et 3 C123 auront été perdus par les forces américaines.

Le 8 avril, un renfort de troupes américaines composé de Marines et de la 1st US Air Cavalry Division (division aéromobile) atteignait Khé Sanh[17], mettant définitivement fin au siège. Au terme de 77 jours de combat, les pertes américaines s’élevaient à 205 soldats[18]. Les pertes nord-vietnamiennes sont estimées entre 9.000 et 15.000 hommes. À ce chiffre il faut ajouter les 45.000 soldats perdus par les troupes du Général Giap dans l’offensive du Têt. Au bilan, sur 2 mois de conflit au Sud-Vietnam, les forces nord-vietnamiennes avaient perdu l’effectif et le matériel de 6 divisions. Leur sacrifice s’avèrera pourtant payant. Contraints de renforcer leurs positions autour de Saïgon, les Américains abandonnèrent la base de Khé Sanh en juin 1968.

 

De Diên Biên-Phu à Khé sanh

La géographie du site ne permet pas de comparer de façon objective le déroulement des combats terrestres menés à Khé Sanh à ceux de Diên-Biên-Phu. Par contre, dans le domaine aérien, l’homogénéité et la continuité[19] qui caractérisent le milieu aérospatial autorisent une comparaison de ces 2 batailles au travers du prisme des opérations aériennes.

Le bilan du pont aérien sur Khé Sanh est à la mesure des moyens aériens déployés par les forces américaines. Des aéronefs nombreux et de conception moderne, ouvrant la voie à de nouveaux modes d’opération, ont permis d’assurer le ravitaillement durant 11 semaines d’un site assiégé dans des conditions météorologiques difficiles et une menace anti-aérienne permanente. Mise en perspective avec les opérations menées à Diên-Biên-Phu, la gestion de la campagne aérienne réalisée par les Américains révèle les faiblesses du dispositif français de 1954 dans les domaines du commandement et du contrôle des opérations, du transport aérien et de l’appui feu.

Des moyens de renseignement performants, une chaîne de commandement centralisée et des moyens aériens modernes type AB3C ont permis d’optimiser l’activité de plusieurs centaines d’appareils engagés quotidiennement dans les opérations d’appui et de transport. Cette coordination et les tactiques mises en œuvre ont permis de réduire les pertes d’aéronefs de moitié par rapport aux pertes françaises[20] pour un nombre de missions aériennes 10 fois plus important.

Les capacités nouvelles offertes par le C130 dans le domaine de l’aérolargage de matériel ont permis la mise en œuvre de nouvelles techniques, limitant les risques pour les équipages et garantissant la précision des livraisons par air. En 1954, seuls les 24 C119 «Flying boxcar» disposaient d’une porte à l’arrière de l’appareil permettant le largage, en un seul passage, de charges lourdes et volumineuses. La centaine de C47 «Dakota»[21] disponibles ne pouvaient larguer que par les portes latérales, plus étroites, contraignant les équipages à effectuer jusqu’à 12 passages sur les zones de mise à terre pour larguer la totalité de leur chargement, offrant aux forces ennemies l’occasion de régler leurs tirs.

La dispersion des colis au sol et le manque de précision des largages imposaient que le ravitaillement des postes avancés français soit réalisé à dos d’hommes. Le coup humain de ces missions fut exorbitant, contraignant à l’abandon de certaines positions[22].

La mise en œuvre d’hélicoptères lourds et du «super gaggle» évitera à Khé sanh de connaître ces difficultés d’approvisionnement.

À Khé Sanh, les Nord-Vietnamiens ne purent jamais neutraliser la piste d’aviation. La piste, même endommagée, permettra les atterrissages de C123 et C7. Les évacuations sanitaires purent ainsi être assurées durant les 77 jours de siège. À Diên-Biên-Phu elles purent être réalisées seulement pendant les 2 premières semaines de la bataille[23]. Le moral américain fût également maintenu par la distribution du courrier assuré en permanence tout au long du siège.

Les aérolargages réalisés en 1968 par les Américains ne concernèrent que du matériel. Les personnels furent  mis en place par aéroportage et héliportage, évitant ainsi la dispersion des personnels lors de leur mise à terre. À l’inverse, la destruction après le décollage d’un C123 avec 48 militaires à bord démontre la vulnérabilité de ce type d’opérations.

La base aéroterrestre américaine ne fut jamais l’objet d’assauts massifs comparables à ceux vécus par les défenseurs du camp retranché français. Seuls les postes avancés américains subirent les vagues d’assaut des soldats nord-vietnamiens. Deux positions américaines seront ainsi submergées par les forces de Giap[24]. La campagne de bombardement réalisée dans le cadre de l’opération «Niagara» a vraisemblablement provoqué un véritable chaos dans les tranchées ennemies, permettant aux américains de conserver l’initiative. En 1954, les 26 Bombardiers Boeing B26 alignés par le corps expéditionnaire français et les missions «napalm» réalisées par les C119 ne pouvaient à eux seuls renverser le cours des évènements.

 

Conclusion

Le succès militaire américain à Khé Sanh est sans nul doute le résultat d’une coordination exemplaire entre les opérations aériennes de transport, d’appui feu et de bombardement. La mise en place d’une chaîne de commandement supervisant l’ensemble des moyens aériens a porté ses fruits. Si la puissance de feu des bombardiers B52 fut décisive, la capacité des forces américaines à innover dans les domaines tactiques et techniques doit également être soulignée.

Près de 40 années après ces évènements, alors que de nouveaux matériels entrent en service dans l’armée française, cette capacité d’innovation apparaît primordiale. Elle est la garantie du succès dans les opérations à venir.

Ainsi, dans le domaine de l’aérolargage de matériel, les systèmes actuels de navigation par satellite permettent d’envisager la réalisation de moyens de guidage autonome des charges sous voile, après un largage réalisé à moyenne ou haute altitude. Permettant de s’affranchir des conditions météorologiques, réduisant les dimensions des zones de mise à terre, limitant les risques pour les aéronefs et les équipages, ce type de technique ouvre la voie à de nouveaux modes de livraison par air.

En ce qui concerne les hélicoptères, les caractéristiques remarquables du «Tigre», de l’EC 725 «Caracal» et demain du NH90 ouvrent de nouveaux domaines d’emploi.

À l’image du «super gaggle» mis en œuvre à Khé Sanh, ces atouts ne seront valorisés que par le biais d'une réflexion interarmées, condition nécessaire à la réussite de nos futures opérations extérieures

 

Bibliographie

  • Général Chassin, «Aviation Indochine», Editions Amiot-Dumont, 1954, 242 pages
  • Marc Bertin, «Packett sur Diên-Biên-Phu : la vie quotidienne d’un pilote de transport», Edition Naveil, 1991, 156 pages
  • Frederic Lert, «Les ailes de la CIA», Collection actions spéciales / histoire et collection, 1998, 512 pages
  • Henri Le Mire, «Les Paras français : La guerre d’Indochine», Editions Princesse, 1977, 200 pages
  • Pierre Pellissier, «Diên-Biên-Phu», Editions Perrin, 2004, 622 pages
  • Colonel Jacques Suant, «Vietnam 45-72», Editions Arthaud, 1972, 320 pages
  • LTT Général J Tolston, «Vietnam Studies : Airmobility 1961-1971», Dppt of the Army-Washington DC, 1973, 304 pages
  • «Airpower at Khe Sanh», Airforce magazine, August 1998 Vol 81, N°8
  • Bernard C Nalty ,«Airpower and the fight for Khe Sanh», (Service historique de la défense, dppt air, ref 1903), office of air force history, USAF, 1986, 134 pages

(disponible sur www.airforcehistory.hq.af.mil/Publications/fulltext/fight_for_khe_sanh)

  • Marc Jason Gilbert et William Head, «The Tet offensive», Prieger pub text, 1996, 310 pages
  • François D’Orcival, «Les Marines à Khé Sanh», Presses de la cité, 1979, 249 pages
  • Général Beaufre, «Introduction à la stratégie», Editions Hachette, 1998, 192 pages
  • Colonel Chamagne, «L’art de la guerre aérienne», Editions l’esprit du livre, 2004, 284 pages

 

 

 

[1] Chiffres extraits de l’ouvrage «Aviation Indochine», Général Chassin

[2] voir carte en annexe

[3] “I don’t want another Diên-Biên-Phu”, président Lyndon Johnson, Times Février 1968

« L’ennemi espère remporter à Khé Sanh une victoire du même type que celle obtenue en 1954 à Diên-Biên-Phu, dans le but de provoquer un choc psychologique et de briser le moral américain », Général Westmoreland, commandant en chef des forces américaines au Vietnam (cité dans Vietnam studies, Air Mobility 1961-1971, by Ltt General J Tolston, Chap IX)

[4] De type Lockheed C130 «Hercules», Fairchild C123 «Provider» et De Haviland C7A (dénomination américaine de la version militaire du DHC-4 «Caribou»).

[5] Il s’agissait de chars amphibies de construction soviétique de type PT76. C’est la première fois que les forces du Général Giap utilisent l’arme blindée dans la guerre du Vietnam.

[6] Voir carte en annexe

[7] Les B52 opéraient depuis la base d’Andersen dur l’île de Guam, située à plus de 4.000 kilomètres de leurs objectifs. Chaque mission durait entre 10 et 12 heures. Leur capacité d’emport était de 51 bombes classiques de 374 kg. D’autres opéraient depuis les bases de U Tapao en Thaïlande ou de Kadena (Okinawa) avec un chargement de 108 bombes de 250 kg.

[8] Capteurs de type ACOUSID: acoustic / seismic intrusion detector. ADSID / HELOSID: Air / Helicopter delivered seismic intrusion Detectors  (conçus pour se planter dans le sol, ils étaient largués par des avions d’attaque type F4 ou de reconnaissance type OP-2E « Neptune » ou d’hélicoptère)

[9] Version d’écoute et de renseignement électronique du C121 « super constellation »

[10] Ce centre, ISC (infiltration surveillance center), était en charge de l’ensemble des opérations de localisation sur la piste Hô-Chi-Minh

[11] AB3C : Airborne battlefield command and control center

[12] Au total, les B52 et chasseurs bombardiers américains délivrèrent en 11 semaines autour de Khé Sanh près du double du tonnage de bombes larguées par l’US Army air force durant la guerre du pacifique entre 1942 et 1943. (Chiffres extraits de “Airpower at Khe Sanh”, Air force magazine, août 1998, VOL 81, N°8)

[13] «the thing that broke their back...was the fire of B52’s», cité dans “Airpower at Khe Sanh”

[14] Plus connu en France sous le nom de largage très faible hauteur ou TFH , ce type de livraison par air est encore pratiqué par les équipages de C160 «Transall» et les spécialistes de la 11ème Brigade parachutiste (1er Régiment du train parachutiste).

[15] Plusieurs Marines furent tués après qu’une palette ait percuté leur abri.

[16] Littéralement «gros frelon» ou «grand cirque»

[17] L’opération associé au déploiement de la 1st US Cavalry division et à la prise de contrôle de la route coloniale 9 reçu le nom de code «Pegasus». Voir à ce sujet l’ouvrage «Vietnam studies, Air mobility» Ltt Gen J.Tolston, Chap IX

[18] Ce chiffre officiel ne concerne que les pertes de l’USMC. Il convient d’y ajouter les passagers et équipages des avions détruits ainsi que les pertes de l’opération «Pegasus» et des défenseurs des positions avancées de Lang Vei et Khé sanh village soit un bilan proche de 1.000 décès.

[19] Voir à ce sujet l’ouvrage du Colonel Chamagne, «L’art de la guerre aérienne», pages 97-102

[20] 62 appareils français furent détruits dans les opérations de Diên-Biên-Phu, 14 au sol et 48 en vol (chiffres extraits de l’ouvrage «Aviation Indochine», Général Chassin).

[21] Le Douglas C47 «Skytrain» est la version militaire du célèbre DC3 «Dakota»

[22] Dans la nuit du 16 au 17 avril 1954, dix heures de combat furent nécessaires pour apporter quelques jerrycans d’eau et des munitions  à «Huguette»; la position «Huguette 6» sera évacuée quelques heures plus tard. Cité dans «Les Paras français, la guerre d’Indochine», Henri Le Mire

[23] 213 blessés seront ainsi évacués, cité dans «Les Paras français, la guerre d’Indochine», Henri Le Mire

[24] Les positions de Lang Vei et de de Khé Sanh village seront prises par les Nord-Vietnamiens

 

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Titre : Pont aérien sur Khé Sanh : Adaptation des tactiques et innovation technique, clés du succès des opérations aériennes
Auteur(s) : le Commandant Éric LE BRAS
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