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HISTOIRE DE LA TACTIQUE, DE GUIBERT À NOS JOURS - Partie 5/6

La Seconde Guerre mondiale et le triomphe de la mobilité
Histoire & stratégie
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La Seconde Guerre mondiale voit le triomphe de la mobilité, mais également, ce qui est souvent occulté, un nouvel accroissement exponentiel des contrain tes logistiques, lié au volume des effectifs engagés par les belligérants, au développement du nombre et des performances des systèmes d’armes et à l’augmentation des élongations.


S’agissant de la mobilité, elle est certes due à la systématisation de la motorisation terrestre, mais réside également dans l’emploi de moyens aériens. Dès 1940 en Hollande, la Wehrmacht procède aux premières opérations aéroportées d’ampleur de l’histoire. Ce procédé sera repris par les Alliés en Normandie et lors de l’opération Market garden. Mais, simultanément, on constate les limites d’un tel procédé mis en œuvre à grande échelle. L’opération d’Arnhem se solde par un échec du fait de l’impossibilité d’effectuer dans les délais la jonction des troupes aéroportées et celles progressant au sol.

 

La Crète, certes conquise, devient néanmoins « le tombeau des parachutistes allemands ». En Normandie, la dispersion des unités larguées réduit considérablement leur efficacité. Par ailleurs, le taux de pertes de ce type d’opérations se montre très élevé. En revanche, la conception d’opérations en milieu difficile, jungle ou montagne, illustre que le succès couronne toujours les unités ayant conservé des capacités de mobilité et de rusticité : campagne de Birmanie du maréchal Slim ou campagne d’Italie du Corps expéditionnaire français, conduite par le maréchal Juin. À une autre échelle, ce facteur de mobilité constitue également la clé du succès de Leclerc lors du raid sur Koufra.

 

Concernant la logistique, la campagne de Cyrénaïque, marquée par ses incessants allers retours entre la frontière égyptienne et la Tripolitaine suffit à illustrer la tyrannie imposée par les consommations des matériels modernes au regard des élongations. La même problématique justifie les choix du haut commandement allié pour la conquête des ports de la Manche et de la mer du Nord en 1944, où les difficultés américaines de l’automne de la même année à l’approche des frontières de la Belgique et du Luxembourg. L’armée qui manœuvre au plus près de ses bases bénéficie d’un atout majeur.

 

Au niveau de la tactique générale, ce conflit se caractérise par le triomphe du combat interarmes et de la modularité, les Kampfgruppen allemands constituant tout à fait le parallèle à l’introduction des groupements au sein des divisions alliées. Cette articulation souple permet la décentralisation du combat, mais impose en contrepartie la constitution d’états-majors plus étoffés, conséquence des indispensables mesures de coordination. La distinction entre commandement et contrôle naît à cette occasion.

 

Enfin, ce conflit voit sinon l’apparition du moins la prise en compte formelle d’un nouvel échelon de manœuvre, intermédiaire entre les classiques niveaux tactique et stratégique : le niveau opératif. Celui-ci est induit d’une part par l’apparition de la notion de planification et de conduite interarmées des opérations dans un contexte aéroterrestre et d’autre part par celle de théâtres d’opérations indépendants, le commandant de théâtre devant détenir entre ses mains l’intégralité des attributions de commandement.

 

Les Alliés l’ont remarquablement appliqué sur le théâtre européen en 1944-1945 par la constitution de SHAEF 18, tandis que les Soviétiques, à une autre échelle, le mettent en œuvre sous la forme des « fronts », échelon intermédiaire entre la STAVKA 19 et les armées. Il est d’ailleurs paradoxal de constater qu’une des raisons de l’échec allemand provient, en partie, de la non prise en compte de ce principe, alors que la notion d’« art opératif », développée dès l’entre-deux-guerres par les Soviétiques, était bien connue des chefs militaires allemands, qui en restèrent pourtant à une conception très proche de celles en vigueur au XIXesiècle.

 

Cette dérive trouve certainement une partie de son origine dans l’hypercentralisation du haut commandement en raison de la nature même du régime et dans l’absence de réelles innovations doctrinales allemandes : la Kriegsakademie formait d’excellents « techniciens » de la tactique, des « professionnels » de l’emploi des armes, pas des penseurs. Il est patent que la « jeune école blindée », illustrée par Guderian et Manstein, s’est imposée contre l’avis de la haute hiérarchie militaire, grâce à l’appui politique dont elle a pu bénéficier. En France dès la fin du second conflit mondial, la notion de groupe mobile est remise à l’ordre du jour en Indochine, où le corps expéditionnaire est confronté à une guérilla qui évoluera progressivement vers une guerre plus classique du fait de la montée en puissance du corps de bataille ennemi, dans un milieu particulièrement hostile, la jungle ou les rizières.

 

En revanche, en Algérie, l’armée française doit revoir toutes ses règles d’emploi : confrontée à un conflit irrégulier tant en milieu ouvert qu’en milieu urbain et devant contrôler la population sur un territoire constitué de départements français (il ne s’agit d’ailleurs pas d’une guerre, mais « d’opérations de maintien de l’ordre »), l’armée doit à la fois quadriller le terrain, le sanctuariser par des barrages frontaliers étanches, réduire les bandes par de vastes opérations et détruire simultanément l’organisation politico administrative rebelle.

 

Ces deux conflits, surtout en Algérie, voient les débuts de l’aéromobilité par l’emploi intensif des hélicoptères, d’abord dans leur fonction d’évacuation sanitaire et d’aérotransport. Le contexte de ce conflit donne lieu à de nombreuses divergences d’appréciation entre les acteurs sur le terrain : les tenants de la « guerre psychologique », emmenés par le colonel Lacheroy et quelques autres officiers, accordent la priorité de l’action au ralliement de la population en retournant contre elle les méthodes de la rébellion. Ils s’opposent aux partisans du « tout militaire », comme les généraux Challe ou Vanuxem qui espèrent, par de grandes opérations, « casser » les bandes rebelles et briser la révolte. 

 

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18 Supreme Headquarters of Allied Expiditionnary Forces in Europe.

19 État-major soviétique dont l’appellation remonte à l’époque tsariste.



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Titre : HISTOIRE DE LA TACTIQUE, DE GUIBERT À NOS JOURS - Partie 5/6
Auteur(s) : Colonel Claude FRANC - CDEC / division Doctrine
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