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Intégration de l'armée au sein de la société britannique

Dossier G2S n° 25
L’Armée de Terre dans la société
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Pour faire écho à la question de l'intégration de l'armée française au sein de notre société interrogeons-nous sur le cas des soldats britanniques au sein de leur propre nation.


Une armée bien intégrée

 

L'armée britannique est très appréciée et sa cote de popularité est très élevée car les Britanniques sont un peuple fier de son histoire militaire. Certainement en premier lieu parce que l'armée est la première institution portant la royauté. On parle de Royal Navy, de Royal Air Force, de Royal Signal, de Royal Engineer, etc. L'armée est d'abord celle de la Reine dont les enfants et petits-enfants ont été militaires comme le Prince Andrew, qui fut pilote d'hélicoptère pendant la guerre des Falklands ou le Prince Harry, qui a servi en Afghanistan en 2013 comme co-pilote d'hélicoptère Apache et qui est aujourd'hui le promoteur reconnu des Invictus Games, destinés à soutenir les blessés de guerre. Les autres membres de la famille sont colonels (d'honneur) de régiments, comme le Prince Charles qui est colonel d'honneur du Parachute Regiment et du Welsh Guards ou la Reine elle-même, qui est colonel en chef du Royal Regiment ofScotland, ou encore la Princesse Anne, qui est colonel d'honneur du Signal Corps. L'armée, c'est la Reine, et la Reine c’est la Nation ! C'est un sentiment extrêmement fort.

 

La seule période qui ait laissé un mauvais souvenir dans l'opinion et chez les militaires eux-mêmes est l'engagement en Irlande du Nord. À cette époque, les militaires n'avaient pas le droit d'être en tenue dans les rues et ils incarnaient la division et la guerre civile déchirant le Royaume. Mais hormis cette expérience douloureuse, l'armée a toujours eu l'estime de l'ensemble de la population.

 

Cela date au moins de la période napoléonienne, lorsque l'armée et la milice affrontaient une menace mortelle. La présence des régiments de milice dans les villes de garnison du sud de l'Angleterre face au débarquement possible de troupes françaises est d'ailleurs décrite de manière très favorable par Jane AUSTEEN dans Pride and Prejudice. Les militaires animaient la vie des campagnes et rassuraient la population. Ce sentiment a perduré après 1815, même si l'Army a vécu à cette époque une véritable période de vaches maigres et d'effacement. Mais les guerres coloniales, puis les deux guerres mondiales, ainsi que la guerre froide contre l'Union soviétique, ont relancé l'intérêt du peuple pour son armée. Sa mission était claire ; il s'agissait de défendre le sol sacré du Royaume et ses intérêts immédiats.

 

Les choses auraient pu devenir plus délicates avec la fin de de la conscription en 1963. Mais malgré ce facteur d'éloignement potentiel du peuple d'avec son armée, les opérations récentes comme la guerre des Falklands, la première guerre du Golfe, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo et, surtout, les campagnes d’Irak et d'Afghanistan n'ont jamais démenti un soutien populaire quasi inconditionnel.

 

On constate néanmoins que le soutien aux forces armées dépend fortement des missions qu'elles conduisent. De 2006 à 2014, l'adhésion aux opérations en Afghanistan a rarement dépassé 30 % des personnes interrogées et près de 70 % de la population pensait que l'engagement en Irak ne valait pas les pertes subies. Malgré cela, 90 % de la population avaient une opinion favorable des militaires eux-mêmes. Il faut donc distinguer « attachement à l'armée et à ses soldats » et adhésion aux choix politiques conduisant à leur engagement.

 

On constate d'ailleurs de manière éclatante l'intégration des armées dans la Nation lors de la campagne annuelle du Poppy41, par la Royal British Legion, à l'occasion de la célébration de la fin de la première guerre mondiale. Les Poppies sont en vente dans tous les endroits publics, dans tous les pubs. Les gens de tout âge l'affichent dans la rue, les politiques le portent ostensiblement, les journalistes de la BBC l'ont tous à la boutonnière. Nous n'en sommes pas encore là en France avec le bleuet, même si les choses évoluent.

 

 

Mais une armée méconnue

 

Et pourtant, l'armée est une institution mal connue. La fin de la période d'intense engagement qu'elle vient de traverser pendant 10 ans en Irak et en Afghanistan n'arrange pas la situation. Aujourd'hui ce sont surtout les mauvaises nouvelles qui prévalent dans la presse : actions judiciaires contre certains agissements de l'armée en Irak et en Afghanistan, (il y a plus de 400 procès en cours contre l'armée), coupes budgétaires depuis la chute de la livre, effacement en raison du Brexit, qui occupe tous les esprits politiques depuis trois ans. À ces phénomènes déjà pénalisants s'ajoutent la diminution des effectifs et le regroupement des régiments dans des grands « Hub militaires » dans la région de SALISBURY Plain à l'ouest de LONDRES ou de CATTERICK dans le Nord du Yorkshire. Tout ceci ne facilite pas les échanges entre civils et militaires. L'armée est ainsi de plus en plus un univers professionnel ignoré, ce qui explique peut-être les difficultés de recrutement qu'elle éprouve actuellement.

 

Qui sont les militaires, quelles sont leurs missions ? Pourquoi parle-t-on encore de suppressions d'unités prestigieuses (chez les Royal Marines par exemple) ? Quels sont les matériels majeurs de l'Army ? Peu de Britanniques pourraient répondre précisément à ces questions. Comme me l'a écrit un Brigadier servant actuellement au PJHQ42 comme chefJ5 "Traditionally, Army is only recognised in times of war".

 

L'armée fait donc un gros effort d'information et de publicité dans les médias pour surmonter ce handicap. Elle valorise beaucoup la réserve, qui a beaucoup évolué depuis 15 ans. Elle est devenue comme en France, une réserve opérationnelle et n'a plus cette image désuète de « Dad's Army » (une célèbre série TV qui brocarde les gardes nationaux pendant la deuxième guerre mondiale) qu'elle avait du temps de la Territorial Army. Les réservistes sont le véritable thermomètre de l'intégration de l'armée dans la société. Et tous les témoignages confirment le grand respect que les citoyens ont pour ces militaires à temps partiel, qui sont régulièrement sollicités pour intervenir dans les écoles publiques ou privées pour évoquer leur expérience. Dans le monde du travail, être réserviste est plutôt un atout que l'on met en avant, qu'une contrainte que l'on cache car elle pénalise l'entreprise. Les patrons considèrent la réserve comme un accélérateur de performance.

 

Les officiers d'active se reconvertissent d'ailleurs très bien et n'attendent pas longtemps avant de trouver un emploi dans le civil. Comme me l'écrivait récemment le chef du PJHQ "The vast majority of officers find employment when retirement and good employment".

 

Enfin contrairement aux idées reçues la population des officiers n'est plus la caste qu'elle était par le passé lorsque les officiers se recrutaient essentiellement parmi les fils de militaires ayant servi dans le régiment familial. La féminisation des armées, le recrutement dans les universités, l'ouverture aux minorités ont largement fait évoluer ce facteur de distanciation entre l'armée et de la Nation.

 

Ainsi l'intégration de l'armée britannique est plutôt positive malgré l'évolution de la société, dont les aspects hédonistes sont, comme chez nous, loin des valeurs d'abnégation et de sacrifice qui prévalent dans l'armée. Cela est dû à l'histoire profonde du Royaume-Uni, à son attachement à la royauté, au patriotisme qui règne sans complexe chez nos voisins.

 

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[41] Insigne représentant un coquelicot. L'argent recueilli est destiné à soutenir les familles des soldats morts Ou blessés au combat.

[42] Quartier général permanent interarmées.

 

 

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Titre : Intégration de l'armée au sein de la société britannique
Auteur(s) : GDI (2S) Hervé BIZEUL
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Armée