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L’AMX 30 B2 durant l’opération Daguet 

Soldats de France numéro spécial Guerre du Golfe
Histoire & stratégie
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Il y a trente ans, un char destiné au théâtre centre européen connaît son baptême du feu dans le désert irakien : l’AMX 30 B2. L’histoire de cet engin est étroitement liée à celle du 4e Régiment de dragons (RD), seule unité blindée lourde engagée durant cette campagne. 


Un véhicule de transition aux capacités nouvelles

 

L’AMX 30 B2 est une version améliorée de l’AMX 30 B. Cette génération de char est née au début des années 1960 de la scission d’un programme franco-allemand. La version B2 apparaît en 1982, c’est la première fois qu’un char français intègre de l’électronique de bord, créant ainsi un véhicule de transition entre l’ancienne génération issue de la Seconde guerre mondiale et la nouvelle, dont le Leclerc est l’aboutissement. Elle est issue soit de rétrofit d’AMX 30 B, soit de production nouvelle. Le but de cette évolution est d’atteindre 90 % de probabilité de coup au but, de jour comme de nuit. 

 

Les différences majeures entre les deux versions se situent principalement au niveau du télémètre qui est changé au profit d’une version laser mais aussi par l’installation d’une caméra thermique Castor à droite du canon. Cette dernière rend possible la détection de cible à plus de 5 000
mètres et leur identification à partir de 3 000. De plus, un nouveau système de vision nocturne remplace le précédent. La motorisation est elle aussi revue avec un bloc moteur polycarburant Hispano-Suiza 110.2 turbocompressé fournissant 680 chevaux à 2 400 tr/mn (nombre de tours par minute). Il est accompagné d’une boîte de mécanisme semi-automatique Minerva à convertisseur de couple. Du point de vue de la suspension, les barres de torsion sont renforcées et des amortisseurs hydrauliques complètent les balanciers d’extrémité. En ce qui concerne la version spécifique à l’opération Daguet, les engins du 4e RD sont équipés de jupes sur le train de roulement, de GPS ainsi que de lance leurre et fumigène Ruggeri « Spider ». Enfin, en ce qui concerne la puissance de feu, l’AMX 30 B2 est apte à tirer un obus flèche de 105 mm qui, allié à la conduite de tir, lui permet d’atteindre avec près de 90% un objectif dès le premier tir.

 

Le 4e Régiment de Dragons dans le Golfe

 

Pour la France, la mission confiée par la Coalition se caractérise notamment par l’envoi de chars de combat. Le choix se porte sur l’un des deux escadrons professionnalisés : le 1er escadron du 4e RD ou le 2e escadron du 501e Régiment de chars de combat. L’armée de Terre décide finalement le 5 octobre 1990 de professionnaliser tout le 4e RD en regroupant tous les engagés de la cavalerie lourde en son sein. Après huit jours de montée en puissance lors de la semaine de Noël, puis un transport par bateau, l’unité débarque à Yanbu en Arabie saoudite le 2 janvier. Elle se situe alors à plus de 1 000 kilomètres de la future zone de stationnement baptisée Miramar, placée dans la zone des trois frontières. Les chars y arrivent moins d’une semaine avant la fin de l’ultimatum de l’ONU et du déclenchement de l’offensive aérienne. 

 

L’engagement

 

Dans la première version de l’ordre d’opération, ils doivent se lancer frontalement sur leur objectif dans une sorte d’attaque bélier afin de rompre le front ennemi et faire passer le gros des troupes. Cette vision est contrebalancée par une proposition du Colonel Bourret, chef de corps du 4e RD, de prendre l’objectif à revers en coordination avec l’appui de l’artillerie. Or, la prise de Rochambeau1 n’est pas modifiée et l’adaptation de la manœuvre au terrain est laissée à l’initiative du chef. Durant la journée du 24 février 1991, le plan se déroule comme prévu. Les dragons du 4e RD expriment tout le potentiel de leurs engins que ce soit au canon de 105 sur les bunkers ou au canon de 20 mm sur les véhicules. Le soir venu, la masse de prisonniers à contrôler et un fort vent de sable stoppent la progression pour la nuit ce qui permet les recomplètements. Le lendemain, l’assaut sur Chambord2 voit la destruction d’un escadron de chars T-55 irakiens mais aussi le premier champ de mine. Le 26, les chars appuient le 3e RIMa dans la prise de l’aérodrome d’As-Salman, le cessez-le-feu est alors sonné. Le 4e RD va rester sur position pendant un mois avant de faire le chemin inverse et retrouver le sol français le 18 avril. 

 

Au bilan, les 44 chars du 4e Régiment de dragons se sont parfaitement comportés et ont accompli leur mission au meilleur de leurs capacités. L’AMX 30 B2, un char taillé pour arrêter le pacte de Varsovie, va exprimer tout son potentiel en zone désertique pour laquelle il n’est, a priori, pas fait. En ce qui concerne l’engagement du 4e RD dans l’opération Daguet, je vous invite à lire le témoignage du colonel Bourret qui retrace cette épopée de manière humble mais criante de vérité. (https://operation-daguet.fr/des-chenilles-dans-le-sable/) 

 

 

Lexique

 

Polycarburant : véhicule pouvant utiliser la majorité des produits pétroliers (essence, diesel)

Rétrofit : remplacement de certaines pièces afin d’améliorer les capacités du véhicule

Train de roulement : système de « roues » formant un « train » sur lequel repose un châssis (caisse de char)

Turbocompressé : moteur dont l’efficacité est augmentée par l’ajout d’une turbine.

 

Abréviations

AMX : Ateliers d’Issy-les-Moulineaux

EMAT : État-major de l’armée de Terre

RD : Régiment de Dragons 

RIMa : Régiment d’infanterie de Marine

 

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1 - Nom de code donné au premier objectif assigné aux Français. 

2 - Nom de code donné au complexe d’AS-Salman.

 

 

 

 

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Titre : L’AMX 30 B2 durant l’opération Daguet 
Auteur(s) : CNE Jean-Baptiste Pétrequin (conservateur du musée des blindés)
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Armée