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La clairière de l’Armistice

cahier de la pensée mili-Terre
Histoire & stratégie
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Les Cahiers continuent d’apporter leur modeste contribution à la commémoration de la Grande Guerre. Dans ce cadre, le Général de Percin évoque ici un lieu ô combien chargé d’histoire, devenu lieu de recueillement, celui de la signature de l’Armistice.


L’Armistice du 11 novembre 1918

 

Le 7 novembre 1918, le Maréchal Foch, commandant en chef des armées alliées, accompagné de son chef d’état-major, le Général Weygand, quitte son quartier général de Senlis avec l’Amiral Wemyss, premier lord de l’amirauté et commandant en chef des armées alliées en mer. Il va gagner la clairière, improprement appelée «de Rethondes» puisqu’elle se situe sur le territoire de la ville de Compiègne.

Un épi de tri y avait été aménagé à partir des voies ferrées de la gare de Rethondes. C’est là que le maréchal a décidé d’entamer les pourparlers de l’Armistice; l’isolement de la clairière permettait d’assurer le calme et le silence propres au respect, souhaité par le maréchal, de l’adversaire vaincu.

Il lui était également apparu qu’il n’était pas raisonnable d’entamer les négociations à Senlis, où l’armée allemande avait commis en 1914 des exactions terribles, fusillant nombre d’otages dont le maire, Monsieur Odent.

 

Le wagon salon du Maréchal Foch n’a encore jamais servi; le train du maréchal est en place dans la clairière le 7 novembre au soir.

 

Dans le même temps, la délégation allemande, conduite par le ministre d’État Ersberger et le Général von Winterfeldt, ancien attaché militaire à Paris et commandeur de la Légion d’honneur, traverse les lignes françaises à Haudroy, à proximité de La Capelle; en voiture, elle est conduite à Tergnier; elle monte alors dans le train qui les amène à la clairière où elle arrive à 3 heures du matin; le wagon des plénipotentiaires allemands est le wagon salon de l’empereur Napoléon III[1].

 

Le 8 novembre 1918, le Maréchal Foch reçoit à 9 heures les plénipotentiaires dans son wagon; le Général Weygand leur lit le texte des conditions d’Armistice, telles que celles-ci avaient été arrêtées à Versailles par les Alliés le 4 novembre.

Après cette lecture, Monsieur Ersberger sollicite la suspension des combats; le Maréchal y oppose son refus, exigeant avant tout arrêt des hostilités l’acceptation des conditions de l’Armistice.

Le Capitaine von Heldorff, membre de la délégation allemande, est chargé de porter le texte au Maréchal Hindenburg à son PC de Spa; il parvient à Spa au prix de nombreuses difficultés pour traverser les lignes allemandes[2].

Pendant son voyage vers Spa, l’empereur Guillaume II avait abdiqué, le chancelier Max de Bade avait démissionné, la république avait été proclamée, la «direction des affaires» étant confiée au député Ebert (en fait, au Maréchal Hindenburg pour ce qui concernait les négociations).

 

Dans la journée du 9, les Allemands remettent des observations concernant les conditions d’Armistice; le maréchal les accueille avec la même fermeté.

Il adresse aux commandants d’armées le message n°5828:

«L’ennemi, désorganisé par nos attaques répétées, cède sur tout le front; il importe d’entretenir et de précipiter nos actions…»

 

Le 10 novembre, enfin, entre 19 et 20 heures, arrivent par radio deux messages:

«Le gouvernement allemand accepte les conditions d’Armistice»

«Le ministre d’État Ersberger est autorisé à signer l’Armistice».

 

Le 11 novembre à 02 heures 15 s’ouvre la dernière séance. Le Général Weygand donne lecture du texte définitif; signé à 05 heures 30. Il prend effet pour un cessez-le-feu à 11 heures.

Le dernier soldat français tué, Augustin Trébuchon, le sera à 10 heures 45, à proximité de Charleville.

La délégation allemande quitte la clairière à 11 heures 30.

 

L’entre-deux-guerres

 

Très vite, après la guerre, on se préoccupa de ce qui allait s’appeler «la clairière de l’Armistice». Sous l’impulsion du Lieutenant de réserve Binet-Valmer, de la ligue des chefs de section et de Monsieur Fournier-Sarlovèze, maire de Compiègne, la clairière fut dessinée et créée telle que nous la connaissons aujourd’hui, pour être inaugurée par Messieurs Millerand et Poincaré le 11 novembre 1922.

Quant au wagon, exposé dans la cour des Invalides, il fut, après remise en état, installé dans un abri à proximité immédiate de la clairière; la cérémonie d’inauguration eut lieu le 11 novembre 1927, en présence du Maréchal Foch et du Général Weygand.

 

 

Au centre de la clairière, une grande dalle, en forme de tombeau, porte l’inscription: «Ici, le 11 novembre 1918, succomba le criminel orgueil de l’empire allemand, vaincu par les peuples libres qu’il voulait asservir». Deux dalles, de dimensions plus réduites, marquant la position des deux trains, sont construites de part et d’autre de la dalle centrale.

Dominant l’allée qui conduit à la clairière, un monument symbolise «l’aigle abattu par l’épée»; il fut offert par souscription nationale.

Enfin, le 26 septembre 1937, fut inaugurée une imposante statue du Maréchal Foch.

Tous ces monuments, à l’exception de la statue du Maréchal Foch, furent démontés et amenés à Berlin, en même temps que le wagon, après l’armistice de 1940.

 

Les 21 et 22 juin 1940

 

En prévision de sa venue le 21 juin, Hitler a fait sortir le wagon de son abri. Il est placé à l’emplacement qu’il occupait le 11 novembre 1918. Un bataillon est là pour rendre les honneurs dans la clairière; photographes et journalistes sont présents en grand nombre. Le contraste est saisissant si on compare ce grand concours de publicité avec le respect pour le vaincu du Maréchal Foch. Arrivé avec son état-major (Rudolf Hess, Ribbentrop, Goering, l’Amiral Raeder, les Généraux Keitel et Brauchitsch), Hitler monte dans le wagon, s’installe à la place du Maréchal Foch, puis reçoit la délégation française conduite par le Général Huntziger et l’ambassadeur Léon Noël[3]. Après lecture du texte d’armistice par Keitel, Hitler quitte le wagon. L’armistice sera signé le 22 juin par Keitel et le Général Huntziger.

 

La clairière et le mémorial aujourd’hui

 

Le 11 novembre 1950, la clairière est complètement remise en état. Les monuments, retrouvés à Berlin, ont été remontés; le wagon, détruit accidentellement, est remplacé par un wagon de même type, installé dans un abri reconstruit; le mobilier qui avait servi au Maréchal Foch, heureusement sauvegardé, y retrouve sa place.

Prolongeant l’abri du wagon, un mémorial a été construit. Il rappelle les sacrifices des soldats au cours des deux guerres mondiales. Une rotonde permet de regarder quelques-unes des 8.000 vues stéréoscopiques prises entre 1914 et 1918 et détenues par le mémorial. Une crypte est là pour le recueillement.

Deux salles consacrées respectivement à chacun des deux armistices complètent le mémorial.

 

Dans les mois qui viennent, une nouvelle extension devrait être érigée. Il y sera présenté l’évolution des trois sociétés anglaise, allemande et française entre les deux guerres, toutes marquées par l’influence des anciens combattants.

 

À l’extérieur, enfin, un «espace de mémoire» a été récemment créé en souvenir des soldats morts en opérations extérieures. Il a pris l’appellation d’Augustin Trébuchon.

 

 

[1] Elle se trouve actuellement au musée de la voiture du château de Compiègne.

[2] Après plusieurs tentatives infructueuses pour traverser les lignes allemandes, il fut acheminé par avion.

[3] Léon Noël fut le premier président du Conseil constitutionnel.

 

Le Général d’armée (2S) de PERCIN-NORTHUMBERLAND a quitteé récemment la présidence du Mémorial de la clairière. Gérés par une association, ces lieux de mémoire accueillent chaque année plus de 50.000 visiteurs dont un tiers d’étrangers.

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Titre : La clairière de l’Armistice
Auteur(s) : le Général d’armée (2S) Pierre de PERCIN-NORTHUMBERLAND
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Armée