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La pensée militaire iranienne : nature, moyens et acteurs de la doctrine

Etudes et prospective
Histoire & stratégie
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Cette note de recherche a pour objectif de contribuer à la réflexion académique portée par une question de recherche simple : que peut être la réflexion militaire d’un pays sous fortes contraintes économiques et de relations internationales ? L’Iran est un cas d’étude et contribue à la réflexion sur l’hybridité.


L’étude porte sur la pensée militaire de l’Iran et tente de saisir les facteurs qui contribuent à la réflexion doctrinale iranienne. Néanmoins, il convient de souligner qu’à ce jour, la logique interne de la doctrine militaire iranienne reste assez opaque. Il n’y a pas de Livre blanc ni, à la connaissance du rédacteur, de document officiel de doctrine militaire. À cet égard, cette étude s’appuie sur des sources ouvertes en français, anglais et persan. La compréhension de la doctrine militaire provient donc de déclarations officielles de responsables militaires, de textes de loi, d’un nombre limité de publications de think tanks, journaux et revues militaires iraniennes. Il en résulte un corps doctrinal protéiforme, mais puissant. En effet, les termes « asymétrique », « hybride » et « irrégulier » alimentent un débat sans fin sur les ressors de la stratégie militaire iranienne et illustrent, au cœur de cette dialectique, la difficulté de définir la doctrine du pays. L’objectif de cette analyse est d’actualiser la connaissance française, à la suite de la publication d’un Cahier du Retex en 2017 dédié à ce sujet[1], en abordant deux questions : comment se construit la pensée militaire iranienne ? En quoi la doctrine iranienne peut-elle être qualifiée de non-conventionnelle ?

Amorcée après la Révolution islamique de 1979, la formulation de la doctrine militaire iranienne se fonde sur un triple constat : « l’Iran hérite d’un environnement géopolitique hostile, de capacités militaires affaiblies et obsolètes et, surtout, d’une infériorité considérable vis-à-vis des puissances rivales[2] ». Prenant note de ces paramètres, le Corps des Gardiens de la révolution (Pasdaran) oriente la réflexion doctrinale vers des stratégies de type asymétrique[3]. En effet, face à des adversaires mieux équipés, aux moyens technologiques avancés, l’Iran opte pour l’asymétrie, c’est-à-dire des tactiques insurrectionnelles et des actions hostiles en territoire étranger afin d’user l’ennemi et l’inciter au retrait ou à la négociation. Isolé diplomatiquement depuis la Révolution islamique et depuis les sanctions économiques mises en place par les États-Unis en 2016, l’Iran s’est recentré sur la défense du régime[4] et la sanctuarisation du territoire[5]. Cette posture reste officiellement toujours d’actualité, même si les crises en Irak et surtout en Syrie ont provoqué une évolution majeure dans sa stratégie comme le montrent les milices iraniennes déployées dans ces pays à partir de 2013.

 

  1. LA FORMATION DE LA PENSÉE MILITAIRE IRANIENNE.

  • La vision stratégique de l’ayatollah Khamenei.

Dans son "Twenty-Year Vision Document[6]" publié en 2005, l’ayatollah Ali Khamenei présente sa vision stratégique pour les vingt années à suivre. Il s’agit avant tout d’un document cadre dont le but est d’établir les objectifs idéologiques, sécuritaires et économiques de la République islamique jusqu’à 2025[7]. Khamenei y exprime l’ambition de faire de l’Iran la première puissance régionale au coeur d’une sphère d’influence comprenant l’Asie centrale, le Proche et le Moyen-Orient. Pour ce faire, l’axe d’effort principal est l’accès à la technologie. De cette ambition découle la majeure partie de la doctrine militaire. En effet, bien que la vision du Guide de la révolution ne porte pas directement sur la doctrine militaire du pays, ce thème s’y retrouve en filigrane. Le language utilisé par Khamenei, personnalité la plus à même d’impulser un changement en matière de défense[8], met en lumière les prémices de la doctrine militaire iranienne et reflète, à cet égard, la base conceptuelle de la stratégie du pays.

Le destin de la République islamique tel qu’il apparaît n’est pas tant de s’opposer aux autres puissances que d’assurer la protection de ses intérêts nationaux[9]. En effet, dès les premières lignes, Khamenei affirme la volonté de l’Iran de devenir un pays « sûr, indépendant et puissant avec un système de défense fondé sur la dissuasion » ("امن، مستقل و مقتدر با سامان دفـاعي مبتنـي بـر بازدارنـدگي [10]"). Il évoque ensuite une défense reposant sur « la cohésion entre le gouvernement et la population » ("پيوسـتگي مـردم و حكومت [11]"). Cette dernière est un élément clé de la doctrine, car elle constitue le centre de gravité depuis la Révolution islamique. Khamenei accorde une importance capitale au maintien de la stabilité intérieure du pays. En effet, le mécontentement de la population à l’égard du gouvernement est un facteur qui remet en question l’alliance entre le gouvernement et la population défendue par Khamenei. Si le pouvoir en place avait certes réussi, en 2009, à empêcher que la population ne se révolte à nouveau, sa crédibilité n’en reste pas moins écornée[12]. C’est pourquoi l’expression « unité et identité nationale » ("وحدت و هويت ملـي [13]") utilisée à maintes reprises par Khamenei dans sa vision stratégique, souligne à quel point le régime s’est senti menacé dès 1979 et combien cette notion est désormais au centre des considérations du pays. La vision stratégique du Guide de la révolution met en lumière le nationalisme fort de l’Iran qui tient par-dessus tout à conserver sa souveraineté et son indépendance.

 

  • Le plan de développement quinquennal de 2010[14]: investissements militaires et priorités de défense.

Depuis la fin de la guerre Iran-Irak en 1988, la République islamique a instauré cinq plans de développement quinquennaux. Plus particulièrement, le plan quinquennal de 2010, ratifié par le pouvoir législatif iranien connu sous le nom de « majles » (مجلس شورای اسلامی), donne la priorité aux politiques de défense et de sécurité ainsi qu’à leurs budgets pour l’horizon 2011-2016. C’est ainsi qu’à l’instar de la vision stratégique de l’ayatollah Khamenei, le plan met l’accent sur une doctrine défensive et dissuassive.

Il évoque, dans un premier temps, la volonté d’améliorer les capacités de défense et de dissuasion conventionnelle « afin de défendre la souveraineté, l’intégrité territoriale, les intérêts nationaux et la sécurité, et lutter efficacement contre les menaces étrangères » ("به منظور دفاع از حاکمیت تمامیت ارضی ، منافع و امنیت ملی و مبارزه موثر با تهدیدات خارجی [15] "). Pour ce faire, la République islamique entend « renforcer ses relations avec les pays non-belligérants » ("قویت روابط سازنده با کشورهای غیرمتخاصم [16]") et cherche à « réduire la présence militaire étrangère dans la région » ("برای کاهش حضور نظامی بیگانگان در منطقه [17]") tout en « renforçant ses bonnes relations avec les pays voisins, en instaurant la confiance et en réduisant les tensions avec les pays de la région » ("تقویت روابط حسنه با همسایگان، اعتمادسازی، تنش‌زدایی با کشورهای منطقه [18]"). À ce titre, l’Iran n’affiche pas de revendications territoriales directes mais revendique un droit de regard et d’influence dans la région. Dans un second temps, le plan vise à sécuriser davantage l’ensemble du territoire afin de garantir le respect des intérêts nationaux. À cet égard, l’Iran encourage « le développement de la défense passive » ("گسترش پدافند غیرعامل [19]") ainsi que la collaboration entre les différents services de renseignement, de sécurité et les institutions judiciaires. Ces moyens mis en place par la République islamique témoignent de la crainte structurelle de voir son régime renversé par les États-Unis. Enfin, le plan quinquennal mentionne la volonté de créer un équilibre régional en « modernisant les industries de défense » ("صنایع دفاعی را نوسازی کنید [20]") et en « favorisant l’autosuffisance » ("خودکفایی را ارتقا دهید [21]").

 

  • Les institutions militaires et les centres de formation du commandement.

La République islamique est confrontée à de sérieux défis pour générer et mettre en œuvre de manière systématique sa doctrine militaire. Évoqués précédemment, le document de vision stratégique et les plans quinquennaux fixent les priorités du développement doctrinal. Les nouveaux concepts, stratégies, techniques, tactiques et procédures de combat sont, quant à eux, mis en œuvre et conçus par les grandes institutions militaires et les centres de formation du commandement.

Créé en 1989 par le général de brigade Ahmad Vahidi, le ministère de la Défense et de la Logistique des forces armées (MDLFA) (وزارت دفاع و پشتیبانی نیروهای مسلح) réunit l’armée régulière[22], connue sous le nom « d’Artesh » (ارتش), et les Pasdaran. Le ministère tient, avant-tout, un rôle de soutien, de planification et de financement des forces armées de la République islamique. L’Organisation de défense passive (ODP) (سازمان پدافند غیرعامل)[23] quant à elle, est une organisation militaire opérationnelle[24]. Fondé par les Pasdaran en 2003 en réaction à Iraqi Freedom, cet organe est largement composé de membres de la milice du Bassij (voir infra). L’ODP est principalement dédié à la dissuasion, bien que ses prérogatives comprennent la lutte informatique défensive (LID) et la lutte informatique offensive (LIO). Rattaché aux forces armées, il assure également la pérennité des infrastructures du pays et parraine la recherche scientifique afin d’améliorer la déception, la dissimulation et le renforcement des cibles militaires et civiles vulnérables face à la puissance aérienne supérieure des États-Unis et de leurs alliés. Également sensible à la question du cyber[25], l’Iran consacre aujourd’hui davantage de moyens pour combler son retard dans ce domaine[26]. Ainsi, le pouvoir iranien crée, en novembre 2010, le Cyber Defense Command (فرماندهی دفاع سایبری) et, en mars 2011, le conseil suprême du cyberespace (CSS) (شورای عالی فضای مجازی)[27]. Dictant la voie à suivre à l’ensemble des organisations nationales en charge du cyber, le CSS joue un rôle considérable dans l’élaboration de la stratégie iranienne. Le Cyber Defense Command, quant à lui, est placé sous l’autorité de l’ODP et est en charge de la défense du pays et de la sécurité des infrastructures nationales.

  • La formation militaire à la doctrine se tient, principalement, dans les centres de commandement des Pasdaran et de l’Artesh: l’université du commandement et d’état-major du corps des gardiens de la révolution islamique (دانشگاه فرماندهی و ستاد سپاه پاسداران انقلاب اسلامی) et l’université du commandement et d’état-major de l’Artesh (AJA) (دانشگاه فرماندهی و ستاد آجا)[28]. À un niveau plus stratégique, l’université suprême de la défense nationale (SNDU) (دانشگاه عالی دفاع ملی)[29] s’occupe de la formation et de l’éducation des hauts responsables militaires. Initialement créée en tant qu’université stratégique en 1992, elle est, depuis 2002, dédiée à la recherche militaire et à la défense appliquée et publie régulièrement des articles d’analyse stratégique.

 

  • Les universités et think tanks : une culture de la recherche stratégique.

La réflexion doctrinale est portée par de nombreuses universités, telles que l’université Imam Hussein, et divers think tanks. La crédibilité académique de ces organismes est toutefois limitée car ils sont dirigés par des hommes politiques qui exercent un contrôle manifeste sur la production d’idée. L’élaboration de la doctrine militaire serait donc assez largement influencée par la réflexion intellectuelle des élites politiques du régime, reflet de l’oligarchie politico-religieuse du pays.

L’université Imam Hussein est un institut d’enseignement supérieur et de recherche spécialisé des Pasdaranet dépend directement du ministère de la Défense et de la Logistique des forces armées. Elle représente aujourd’hui l’un des plus grands centres traitant des questions idéologiques et politiques du pays et enseigne les nouvelles méthodes de gestion et de commandement de la République islamique. En 2008, à la suite de changements stratégiques au sein des Pasdaran[30], l’université Imam Hussein est scindée en deux avec, d’une part, l’université de formation des officiers et des gardes Imam Hussein et d’autre part, la grande université Imam Hussein. Si la première est principalement consacrée au renseignement, à la sécurité et à la production du discours idéologique islamique, la seconde se concentre sur les sciences dans les domaines de l’aérospatiale, des technologies de l’information, de la cyberguerre, des sciences politiques, de la géographie militaire ainsi que de la microbiologie et du nucléaire[31].

Les Pasdaran et l’Artesh abritent de nombreux think tanks s’intéressant à la doctrine militaire iranienne : le Center for Defensive National Security Studies et le Center for Strategic Defense Research, dirigé par Ahmad Vahidi, ministre de la Défense de 2005 à 2009[32]. C’est donc avant tout au travers des écrits d’individus proches du pouvoir politique que la doctrine militaire iranienne est façonnée, cristallisée et diffusée. Pour autant, la pensée doctrinale iranienne souffrirait d’une certaine stagnation intellectuelle, car les mêmes cadres militaires sont aux affaires depuis des décennies. À titre d’exemple, le chef d’état-major général des forces armées, Hassan Firouzabadi, à ce poste depuis 1989, a seulement été remplacé en 2016 par Mohammad Hussein Baqeri[33].

 

 

  1. UNE DOCTRINE MILITAIRE HYBRIDE.

L’Iran est profondément marqué par la guerre avec son pays limitrophe, l’Irak, dans les années 1980 et souhaite tirer les leçons de l’opération Iraqi Freedom en 2003 ainsi que du conflit entre l’Israël et le Hezbollah en 2006[34]. La doctrine de la République islamique repose ainsi essentiellement sur une stratégie défensive, dans laquelle la dissuasion conventionnelle revêt une importance capitale[35]. Cette posture semble être toujours d’actualité. En effet, comme l’affirme le général Yahya Rahim Safavi à l’Iranian Student News Agency (ISNA)[36] en avril 2021, « se tourner vers l’avenir et construire l’avenir, tout en augmentant la capacité de défense et un pouvoir de dissuasion efficace, est un principe pour l’armée de la République islamique d’Iran[37] ».

 

  • Un maillage défensif avec trois objectifs majeurs.

a. La protection du régime.

La République islamique cherche avant tout à protéger les principes islamiques fondateurs de la révolution, le régime et le peuple iranien. Ainsi, pendant la guerre contre l’Irak, l’ayatollah crée les Pasdaran. Organisation politico-religieuse née de la Révolution islamique, les Pasdaran sont garants de la pérennité du régime théocratique et participent à la protection du territoire national contre un ennemi extérieur éventuel. Ils demeurent surtout responsables de missions de police et de défense intérieure et sont positionnés dans les bassins de population et organisés militairement en forces terrestres, navales et aériennes.

Le Basij (بسيج), force paramilitaire dirigée par les Pasdaran, est également créé par l’ayatollah afin de protéger le régime[38]. Le Basij est, sur le plan militaire, une force de maintien de l’ordre et de lutte contre les émeutes urbaines. L’organisation est fortement décentralisée et permet de mieux quadriller chaque région. Elle peut ainsi avoir une emprise plus importante sur la population. En effet, à l’image des « révolutions de couleur » dela Serbie, la Géorgie, l’Ukraine et le Kirghizistan au début des années 2000, la « révolution verte », qui a secoué l’Iran à la suite des élections de juin 2009[39], a été considérée comme une menace très sérieuse par le régime. Comme l’affirme Ali Motahari[40] dans une interview avec le journal Khabar en février 2021, « après 1979, il fallait lutter contre la contre-révolution pour préserver la victoire de la révolution » ("پس از پیروزی 1979 ، برای حفظ ضد انقلاب لازم بود")[41]. La milice des Bassidji est composée principalement de jeunes et de réservistes[42]. L’organisation est présentée explicitement comme un élément de défense passive[43], en cela qu’elle prépare des actions de déception, du camouflage, des abris blindés et la dissimulation d’équipements militaires : les Bassidji évoluent en civil et ne portent pas d’uniforme militaire. Le Basij est clairement conçu comme un moyen et surtout un effecteur d’endoctrinement et d’identification aux normes islamiques de la société[44]. En effet, le zèle révolutionnaire et la ferveur populaire sont considérés par l’Iran comme des piliers au service de la « défense sacrée ». L’Iran fonde sa supériorité stratégique en partie sur les Bassidji[45]. Dans les déclarations des responsables gouvernementaux, des commandants et des religieux, le martyr est par ailleurs souvent valorisé pour défendre le régime[46]. Dans les années 1980, des vagues de Bassidji étaient envoyés sur le front comme martyrs pour défendre le jeune régime islamique face à l’Irak.

 

b. La défense territoriale.

La lutte contre l’invasion du territoire constitue l’un des principaux axes de la doctrine défensive iranienne et ce, grâce à une organisation bicéphale de ses forces armées. L’Artesh, armée classique, héritière des traditions de l’empire du Shah, est chargée de la stricte garantie de l’inviolabilité des frontières et adopte une logique essentiellement défensive. Plus que l’idéologie du régime, le territoire fait l’objet d’une véritable mystique consubstantielle à la construction nationale[47]. L’Artesh est positionnée pour l’essentiel aux frontières occidentales et orientales et aux points d’accès vers le plateau persan.

Conscient de ses faiblesses dans le domaine de la guerre conventionnelle, l’Iran met également en place une stratégie adaptée à ses ambitions et à ses moyens pour protéger le territoire : la doctrine de « défense Mosaïque » (دکترین موزاییکی)[48]. Depuis 2003, le scénario envisagé par les Pasdaran est l’occupation de l’Iran par les forces armées américaines. Les Pasdaran ont donc formé une doctrine en « mosaïque » dans laquelle l’Iran combat l’ennemi « sur une base de guérilla rationnelle[49] ». La stratégie consiste à décentraliser la défense du territoire afin de réduire les vulnérabilités des systèmes de "Command and Control" tout en laissant une large marge d’initiative à la première ligne de défense tenue par les forces terrestres de l’Artesh. L’ennemi est ensuite absorbé dans la profondeur du territoire avant d’être confronté au deuxième rideau défensif. Celui-ci est composé des Pasdaran et des Bassidji, le plus souvent mobilisés pour du combat en zone urbaine (ZUB)[50]. Ces derniers préparent des embuscades en zones urbaines et emploient des engins explosifs improvisés (IED) tout en planifiant des actions de déception, du camouflage, des abris blindés et la dissimulation d’équipements militaires[51]. La République islamique cherche donc à mettre en œuvre une stratégie asymétrique. En présentant à l’envahisseur de multiples menaces, l’Iran rend toute occupation du pays extrêment compliquée, d’autant plus que l’idéal politico-religieux est censé permettre l’union et la cohérence.

 

c. La dissuasion conventionnelle.

La République islamique mène également des opérations de dissuasion conventionnelle plus classiques afin de montrer sa volonté de recourir à la force si l’État ou ses intérêts sont menacés. Ainsi, le pays cherche avant tout à éviter ou dissuader toute agression tout en faisant progresser ses objectifs de sécurité dans la région en recourant à l’exagération, l’opacité ou l’ambiguïté[52]. Il s’agit généralement de démonstrations de force par le biais d’exercices militaires, de parades très médiatisées, de drones, de tests de systèmes avancés tels que des missiles balistiques à portée intermédiaire et d’une propagande menaçante émanant de Téhéran[53].

En 1984, pendant la guerre Iran-Irak, Saddam Hussein a envoyé des missiles balistiques dans les villes de l’ouest de l’Iran pour terroriser la population. Les dirigeants iraniens ont fini par riposter mais ont eu du mal à développer une capacité de production, de lancement et de ciblage de missiles comparable à celle de l’Irak[54]. Cependant, longtemps après la guerre, l’effet psychologique des missiles irakiens persiste. Aujourd’hui, le programme de missiles balistiques est désormais la pièce maîtresse de la dissuasion conventionnelle iranienne et est considéré comme un élément essentiel de la doctrine de défense de l’Iran.

La stratégie navale iranienne repose également sur une approche de guerre asymétrique dissuasive[55]. En effet, les activités agressives fréquentes de la marine des Pasdaran à l’encontre des forces navales américaines ou de la navigation civile dans le golfe Persique visent à rappeler aux adversaires de l’Iran sa stratégie de « déni d’accès et interdiction de zone » (A2/AD) qui empêche ces derniers de pénétrer et manœuvrer dans la zone[56]. L’Iran menace régulièrement de fermer le détroit d’Ormuz à l’aide « de mines déposées dans le détroit, d’essaims de vedettes rapides à même de harceler les bâtiments de puissances rivales, de drones de combat tel le Simorgh ainsi que des tirs de missiles antinavires terre-mer pré-positionnés sur ses côtes[57] ». Afin de détecter les menaces terrestres et aériennes, l’Iran a mis en place un dispositif complexe et multicouche composé de moyens de détection et de systèmes de courte, moyenne et longue portée le long de ses frontières et autour des emprises stratégiques (aéroports, sites nucléaires et de stockage de missiles, principales villes du pays, etc.).

Les doctrines de défense passive et en mosaïque, développées précédemment, contribuent aussi à la posture dissuasive de l’Iran, notamment pour dissuader les États-Unis d’envahir le territoire et de menacer le régime, opérations qui apparaîtraient trop coûteuses face à la défense asymétrique iranienne.

 

  • Une stratégie indirecte qui repose sur trois piliers.

a. Les proxys : la « profondeur stratégique » de la Révolution islamique.

En 2014, le guide de la révolution Ali Khamenei déclarait que « l’impact de la révolution islamique sur les musulmans » ("اثرگذاری انقلاب اسلامی برو مسلمانان") ainsi que « l’intérêt et le soutien des musulmans à l’égard de la révolution » ("علاقه‌مندی و طرفداری مسلمانان از این انقلاب") ont abouti à une « profondeur stratégique » ("عمق استراتژیک") du pays dans la région[58]. Puissance théocratique par excellence, l’Iran a donc d’importants relais à l’extérieur du pays[59], en cela qu’il se pose en protecteur des musulmans chiites, vecteurs d’influence pour sa stratégie d’acteurs tiers et groupes armés.

Ainsi, depuis la création du Hezbollah en 1982 et d’autant plus depuis les années 2000, l’Iran occupe une place de plus en plus centrale au Moyen-Orient grâce à l’instrumentalisation politique, capacitaire et opérationnelle de ses « proxys ». Grâce à ces derniers, l’Iran peut mettre en place « une stratégie indirecte et subversive, lui permettant de mener des actions offensives » tout en bénéficiant d’un « déni plausible[60] ». Isolée dans la région et à l’international, Téhéran qualifie sa stratégie « d’axe de la Résistance[61] ». La principale cheville ouvrière de cette stratégie est la Force Al-Qods (سپاه قدس), unité d’élite des Pasdaran, créée au début des années 1990. Sa tâche est de coordonner et d’appuyer l’action des milices. La Force Al-Qods, armée de l’ombre du régime iranien, a ainsi participé à la création du Hezbollah au Liban et soutient le Kataeb Hezbollah en Irak, le Hamas en Palestine, le Liwa al-Baqir en Syrie, les Brigades Al-Ashtar au Bahreïn, les Houthis au Yémen ainsi que la division des Fatimides en Afghanistan, également appelé Hezbollah afghan[62]. Ces acteurs non-étatiques mènent des opérations d’influence asymétrique, incluant une guerre de l’information contre leurs adversaires, en appui de la politique régionale de Téhéran.

En Syrie, la Force Al-Qods est déployée avec un rôle de conseil depuis 2013. En effet, la Syrie représente un terrain d’expérimentation fertile pour le combat hybride[63]. L’intervention iranienne s’inscrit dans le cadre d’un partenariat ancien avec la famille Assad et vise à préserver son corridor d’influence stratégique vers le Liban ainsi que ses intérêts économiques régionaux[64]. Dans cette perspective, l’Iran vient en appui du régime syrien pour développer une doctrine de contre-insurrection.

En Irak, la République islamique s’évertue à sanctuariser le territoire depuis 2003 en cohérence avec sa doctrine de « profondeur stratégique » car l’Irak représente « un pont économique et un prolongement naturel tant sur le plan politique que religieux de son rayonnement sur le monde chiite[65] ». Face aux récents développements djihadistes en Irak, Téhéran a ainsi veillé à ce qu’ils ne viennent pas déborder sur ses frontières et encore moins contrecarrer sa stratégie d’influence. Pour ce faire, la République islamique a mobilisé les Pasdaran ainsi que la Force Al-Qods depuis l’été 2014 sur le théâtre kurde irakien dans la province de Souleymanieh, sa zone traditionnelle d’influence[66].

 

b. Les drones « made in Iran» : une capacité dissuasive.

Malgré des retards significatifs qui entravent l’industrie de la défense iranienne, Téhéran a réalisé des progrès dans le développement de drones[67]. En effet, l’Iran possède l’un des plus anciens programmes de drones de la région, mis en place au moment de la guerre Iran-Irak. Les drones étaient alors utilisés pour des missions ISR (Intelligence, Surveillance and Reconnaissance), filmer les positions ennemies et obtenir des informations[68]. Selon certaines sources, le programme de drones iranien est devenu l’un des plus actifs au monde car il a permis de compenser les lacunes du pays en matière de puissance aérienne, notamment en ce qui concerne les capacités de frappe et de reconnaissance aérienne[69]. Iran Aircraft Manufacturing Company (HESA) et Qods Aviation Industries sont les plus grandes entreprises du pays pour la conception et la production de drones[70].

Le programme de drones iranien semble être une source de fierté politique, militaire et économique pour le régime qui ne manque pas de mettre régulièrement en avant les avancées dans ce domaine afin de démontrer aux adversaires étrangers que les sanctions ne ralentissent pas les progrès iraniens[71]. Leurs drones sont moins sophistiqués que les drones turcs, mais sont davantage utilisés par des groupes non-étatiques (Daech). La guerre électronique iranienne n’en reste qu’à ses débuts et l’Iran ne dispose à ce jour que d’un satellite militaire (Noor-1).

Les attaques de drones s’inscrivent dans cette logique de guerre asymétrique : « utiliser des moyens tactiques pour des effets stratégiques[72] ». En 2012, par exemple, un drone du Hezbollah fourni par l’Iran aurait pénétré l’espace aérien israélien pour surveiller une installation nucléaire à Dimona, récoltant des données pour ses opérateurs, avant d’être abattu. Le programme de drones de la République islamique est ainsi au service non seulement du régime mais aussi de ses proxys (alliés, mandataires non-étatiques et groupes terroristes). Néanmoins, les drones iraniens demeurent principalement utilisés à des fins de missions ISR et de combat assez conventionnels.

 

c. L’écosystème cybernétique iranien : une capacité offensive indirecte.

Pour l’Iran, le domaine cybernétique constitue un élément majeur qu’il convient d’intégrer à toute réflexion stratégique. En effet, en mai 2021, l’amiral Habibollah Sayyari, coordonnateur adjoint de l’armée de la République islamique d’Iran, a déclaré que « la cybernétique est la cinquième dimension du champ de bataille et représente un élément décisif pour promouvoir les capacités de combat de l’armée iranienne[73] ».

En termes de stratégie, la République islamique semble favoriser la confrontation indirecte avec les pays qu’elle juge hostiles. Ainsi, les proxys sont également utilisés dans le domaine du cyber. C’est le cas par exemple de l’Iran Cyber Army (ICA) et du Cyber Hezbollah qui sont composés de spécialistes informatiques et de hackers professionnels soutenus par les Pasdaran[74]. Ces organisations cyber peuvent utiliser de nombreuses ressources pour leurs actions cybernétiques car ils agissent avec le soutien du régime iranien.

Après la mort du général iranien Ghassem Soleimani en janvier 2019, un groupe de hackers iranien a détourné un site internet du gouvernement américain, publiant une photo de Donald Trump en sang[75]. Plus tard dans l’année, Hamir Hatami, le ministre de la Défense iranien, a déclaré, dans un discours de propagande cherchant à dissimuler les faiblesses structurelles et capacitaires de l’écosystème du cyber iranien, que les nouvelles capacités en matière de télécommunications et de cybernétique mettraient les forces armées iraniennes en position de force face à la guerre électronique de l’ennemi. Il a affirmé que, grâce à ces systèmes cybernétiques, il serait désormais possible d’identifier la menace à temps et d’analyser les scénarios opérationnels[76]. En avril 2021, le gouvernement iranien a ainsi mobilisé 71,4 millions de dollars supplémentaires pour les programmes cyber de deux organisations : l’agence de radiodiffusion de la République islamique d’Iran (IRIB) et la « section cyber » de l’organisation islamique de développement (OID)[77].

 

d. L’influence de l’Iran dans la région : l’instrumentalisation des communautés civiles chiites.

La stratégie indirecte de l’Iran repose aussi sur des actions d’influence qui s’exercent dans les domaines financier et religieux. Cependant, il convient de souligner qu’à l’aune du caractère extrèmement hétérogène et éclaté du chiisme au Moyen-Orient, la capacité de l’Iran à instrumentaliser les communautés chiites reste relative[78]. Le soutien iranien aux minorités chiites peut prendre différentes formes : l’État offre un soutien logistique et financier à divers mouvements politiques ou militaires, missionne différents conseillers à travers la région, finance des projets d’infrastructures (hôpitaux) et diffuse le chiisme sous l’impulsion de la force Al-Qods.

En Afghanistan, l’Iran entretient des relations privilégiées avec la minorité chiite des Hazaras et les Tadjiks, persanophones[79]. Ces relations se traduisent par « un soutien essentiellement financier » et servent à Téhéran de « vecteur d'influence à l’encontre de la communauté pachtoune, de confession sunnite[80] ». Sur le sol syrien, l’Iran exerce son influence dans des emplacements géographiques stratégiques, tels que le gouvernorat de Deir Ezzor, et plus particulièrement les villes et les environs d’Al-Mayadeen et d’Al-Bukamal[81]. Les actions d’influence menées par la République islamique en Syrie reposent essentiellement sur des aides financières et sur l’implantation de nombreux centres culturels tels que le centre culturel iranien de l’université Al-Furat de Deir Ezzor. Ces derniers ne sont toutefois pas utilisés pour des activités strictement culturelles, mais pour propager l’idéologie de la force Al-Qods et recruter de nouveaux membres dans ses rangs[82]. Le pays fournit également des services, du mentoring militaire et une aide financière aux membres des tribus al-Baqara et Nawaf al-Basheer[83].Finalement, si l’Iran use de manœuvres d’influence à l’étranger, sa politique étrangère demeure principalement déterminée par des soucis de préservation nationale et de défense de ses intérêts.

 

CONCLUSION.

La doctrine militaire est une « matière vivante », « enracinée dans notre histoire militaire » et « tournée vers le futur champ de bataille[84] ». A l’heure où les armées occidentales réfléchissent au combat hybride et de haute intensité, la réflexion doctrinale occupe ainsi une place de premier plan, en France et à l’étranger[85]. En Iran, force est de constater que la stratégie de guerre asymétrique s’est enracinée et institutionnalisée au point de devenir un aspect incontournable de la doctrine perse[86]. Face au développement technologique des forces armées adverses, il est devenu pratiquement impossible pour l’Iran de rivaliser sur le plan conventionnel.

La présente étude a permis d’identifier le fil conducteur de la pensée militaire iranienne et ses acteurs. En dépit de l’approche indirecte reposant sur les proxys, les drones et le cyber, la doctrine de l’Iran repose essentiellement sur une stratégie défensive, dans laquelle la protection du régime, la défense du territoire et la dissuasion conventionnelle revêtent une importance capitale. Les sanctions économiques et la dissidence politique interne sont autant d’éléments qui tendent à relativiser l’influence iranienne dans la région. L’Iran fait face à des difficultés économiques importantes depuis des décennies. Dans ce contexte, l’accord de coopération stratégique et commerciale entre la Chine et l’Iran, signé en mars 2021, constitue une opportunité. Finalement, les deux mots clés de la pensée militaire iranienne serait « résilience et résistance[87] » aussi bien d’un point de vue économique et politique que stratégique et opérationnel.

 

 

ANNEXE

Carte heuristique des organismes à l’origine de la pensée militaire iranienne

 

 

 

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[1] CDEC, Évolutions des doctrines iraniennes, Cahier du Retex, CDEC, DDO, 2017.

[2] Pierre PAHLAVI, Guerre irrégulière et analyse institutionnelle : le cas de la stratégie asymétrique des Gardiens de la révolution en Iran, Vol. 42, n° 4, 2011, p. 481.

[3] Christophe WASINKI, Théories des relations internationales, doctrines militaires et pensée stratégique et de sécurité, La Documentation française, Les Champs de Mars, n° 14, 2003, p. 152.

[4] R. Barry POSEN, The Sources of Military Doctrine: France, Britain, and Germany between the World Wars, Cornell Studies in Security Affairs, 1984. Pour Barry Posen, expert dans le domaine des études de sécurité, un État isolé a tendance à préférer une doctrine offensive. A contrario, un État disposant d’alliés est plutôt favorable à une doctrine défensive ou dissuasive. La doctrine militaire iranienne remet donc en question le paradigme défendu par Barry Posen.

[5] CDEC, op. cit., p. 9.

[6] Ali KHAMENEI, سند چشم‌انداز جمهوری اسلامی ایران در افق ۱۴۰۴, (La Vision de la République Islamique d’Iran à l’horizon 2025), 2005.

[7] Sadat MADARSHAHI MONIR, Iran's "Twenty-Year Vision Document": An Outlook on Science and Technology, Taylor & Francis, International Society of Iranian Studies, Iranian Studies, Vol. 45, No. 5, 2012, p. 619.

[8] Selon l’article 110 de la Constitution de la République islamique d’Iran, le Guide de la révolution, l’ayatollah Ali Khamenei, est le commandant suprême des forces armées et des forces de police, en cela qu’il exerce un contrôle direct sur celles-ci. L’ayatollah a donc non seulement la main mise sur l’ensemble du pouvoir militaire, mais également sur les institutions politiques et juridiques de la République islamique. Aucune décision stratégique ou de politique de défense ne saurait donc échapper au Guide de la révolution.

[9] CDEC, op. cit., p. 8.

[10] Ali KHAMENEI, op. cit., p. 1.

[11] Ibid, p. 1.

[12] Clément THERME, De la nature du régime Iranien, Presses Universitaires de France, Relations Internationales, n° 154, 2013, p. 158. En 2009, la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad provoque le mécontement des manifestants iraniens qui soutenaient le candidat de l’opposition, Mir-Hossein Mousavi. Le caractère non démocratique des élections présidentielles ouvre alors « une nouvelle période dans l’histoire de la République islamique » marquée par « une glaciation politique ».

[13] Ali KHAMENEI, op. cit., pp. 3 et 5.

[14] Le sixième plan quinquennal de la République islamique (2017-2021) met davantage en avant le développement économique, social et culturel du pays. Ainsi, cette étude a choisi d’aborder seulement le plan quinquennal de 2010.

[15] Ali KHAMENEI, قانون برنامه پنجساله پنجم توسعه جمهوری اسلامی ایران (1394 ـ 1390) (Loi du cinquième plan quinquennal de la République islamique d’Iran, 2011-2016), p. 7.

[16] Ibid, 39-2, p. 6.

[17] Ibid, 39-5, p. 6.

[18] Ibid, 39-5, p. 6.

[19] Ibid, 45-3, p. 7.

[20] Ibid, 45-1, p. 7.

[21] Ibid, 45-1, p. 7.

[22] Éric GAUVRIT, Les forces armées conventionnelles de l’Iran : état des lieux, Outre-Terre, n° 28, 2011, p. 109. Après le renversement de la dynastie des Qajars (1781-1925), Rezâ Shâh Pahlavi renforce et centralise le pouvoir de l’armée iranienne. Cette dernière est aujourd’hui connue sous le nom « d’Artesh » ou « armée du Shah ». Elle est chargée de la stricte garantie de l’inviolabilité des frontières.

[23] Organisation de la Défense Passive (ODP) (سازمان پدافند غیرعامل), site officiel : http://paydarymelli.ir

[24] Farzin NADIMI, "Iran’s Passive Defense Organization: Another Target for Sanction", The Washington Institute for Near East Policy, Policy Analysis, Policy Watch 3004, 2018. https://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis

[25] Sébastian SEIBT, « Entre censure et cyberattaques, le combat a aussi lieu sur la Toile », France24, 2009. https://www.france24.com/fr. Lors de la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009, plusieurs cyberattaques de sites officiels, dont le blog du président, et des réseaux sociaux, tel que Twitter piraté par l’Iran Cyber Army (ICA), sont pris d’assaut par les opposants au régime iranien.

[26] Olivier DANINO, L’utilisation stratégique du cyber au Moyen Orient, délégation des affaires stratégiques, Ministère de la Défense, 2013, p. 11.

[27] Conseil Suprême du Cyberespace (CSS) (شورای عالی فضای مجازی), site officiel : http://www.president.ir/fa

[28] L’Université du commandement et d’état-major de l’Artesh (AJA) (دانشگاه فرماندهی و ستاد آجا), site officiel : https://www.msrt.ir/fa

[29] Université suprême de la défense nationale (SNDU) (دانشگاه عالی دفاع ملی), site officiel : https://sndu.ac.ir/fa#

[30] Éric GAUVRIT, op. cit., p. 130. « Selon certains réseaux de résistance iranienne, l’organisation territoriale aurait été nettement modifiée en juillet 2008. L’Iran serait maintenant doté d’une brigade de Pasdaran dans chacune de ses 31 provinces (deux à Téhéran) ».

[31] Reza PARCHIZADEH, "What are the Revolutionary Guards doing at Imam Hussein University", The Middle East and Central Asia Research Center, 2021. https://www.ariel.ac.il/wp/mecarc/what-are-the-revolutionary-guards-doing-at-imam-hussein-university

[32] J. Matthew MCINNIS, Iranian Concepts of Warfare: Understanding Tehran’s Evolving Doctrines, American Enterprise Institute, 2017, p. 8.

[33] ParsToday, « Iran : nouveau chef d’état-major des forces armées », ParsToday, 2016. https://parstoday.com/fr/news/iran-i4930-iran_nouveau_chef_d’état_major_des_forces_armées

[34] Le conflit en Afghanistan entre les Talibans et les forces armées américaines a également permis à l’Iran de tirer des leçons en matière de rusticité et de combat face à un ennemi doté d’une technologie supérieure.

[35] YOSSEF Amr, "Upgrading Iran’s Military Doctrine: An Offensive “Forward Defense”", The Middle East Institute, 2019. https://www.mei.edu/publications/upgrading-irans-military-doctrine-offensive-forward-defense

[36] L’ISNA est un des médias jugé le plus indépendant par rapport au régime, bien que cela reste relatif.

[37] Mohammad Reza NOURMOHAMMADIAN, « Le développement des capacités de combat et de défense pour accroître le pouvoir de dissuasion attendu du commandant en chef », ("وسعه توان رزمی و دفاعی و تلاش برای افزایش قدرت بازدارندگی مورد انتظار فرمانده کل قواست"), Iranian Student News Agency (ISNA), 2021. https://www.isna.ir/news/1400012815960

[38] Le Basij est une force hétérogène : les éléments les plus prometteurs pourront intégrer les forces terrestres des Pasdaran voire de la Force Al-Qods et les moins prometteurs resteront à des fonctions d’encadrement et de mobilisation de la population.

[39] Pierre PICCININ DA PRATA, Iran 2009 : Une « révolution colorée » ?, Le Courrier du Maghreb et de l’Orient, 2017.

[40] Ali Motahari est un homme politique conservateur modéré iranien et un membre du majles.

[41] Asriran, « Motahari critique le journal Kayhan / La référence intellectuelle des forces Basij a été remplacée par les œuvres de Shahid Motahari, comme Panahian et Hassan Abbasi » ("انتقاد علی مطهری از روزنامه کیهان/ مرجع فکری نیروهای بسیجی به جای آثار شهید مطهری، امثال پناهیان و حسن عباسی شده اند"), Asriran, 2021. https://www.asriran.com/fa/news/772378

[42] CDEC, op. cit., p. 19. Des nouveaux bataillons (environ 400 à 450), dénommés Imam Hussein, sont intégrés en 2009 à la milice Basij. Ils disposent d’armes légères et lourdes et constituent, en ce sens, une réserve opérationnelle en cas d’engagement.

[43] IRNA, « Le rôle des bases culturelles dans le développement de la culture de la défense passive », ("نقش بسيجيان فرهنگي در توسعه فرهنگ پدافند غير عامل"), IRNA, 2016. https://www.irna.ir/news/82285005

[44] CDEC, op. cit. p. 25.

[45] Mehrnews, « Basij et 41 ans de révolution phare / La pensée Basij est la clé pour résoudre les problèmes » ("بسیج و ۴۱ سال پرچمداری انقلاب/ تفکر بسیجی کلید حل مشکلات است"), Mehrnews, 2020. https://www.mehrnews.com/news/5078872/ L’article fait l’éloge de la milice Basij, institution populaire qui témoigne d’une « efficacité » ("بهره وری ") sans nom et peut être considérée comme « l’un des piliers de l’autorité et du pouvoir du régime » ("یکی از ارکان اقتدار و قدرت رژیم ").

[46] IRNA, « La mobilisation est un besoin essentiel pour toutes les périodes de la révolution » ("بسیج نیاز ضروری برای تمامی دوره‌های انقلاب"), IRNA, 2020. https://www.irna.ir/news/84122453. L’article affirme que « les messages des martyrs de la sainte défense devraient être un exemple pour la jeunesse Basij aujourd’hui » ("پیام های شهدای دفاع مقدس به نمونه ای کامل برای ابتدایی ترین جوانان تبدیل شده است").

[47] CDEC, op. cit., p. 14.

[48] Frédéric JORDAN, « Iran ou la stratégie de la Mosaïque », L’écho du champ de bataille, 2012. https://lechoduchampdebataille.blogspot.com/2012/01/iran-ou-la-strategie-de-la-mosaique. La doctrine Mosaïque de l’Iran est « le fruit de l’étude des concepts occidentaux et des principes idéologiques endémiques (martyr, zèle révolutionnaire) avec, en filigrane, l’héritage historique de la diversité culturelle persane ». C’est l’ancien commandant des Pasdaran, le général Mohammad Ali Jafari, alors directeur du centre stratégique des Pasdaran, qui est l’architecte principal de cette stratégie.

[49] Yoel GUZANSKY et Ron TIRA, "How Iran’s Strategic Drift Emboldens Its Enemies", The National Interest, 2016. https://nationalinterest.org/feature/how-irans-strategic-drift-emboldens-its-enemies-15690

[50] Frédéric JORDAN, op. cit.

[51] Ibid.

[52] L’Iran a mis en place une véritable stratégie de tromperie dans tous les domaines afin de rendre son organisation, ses manœuvres et ses capacités plus opaques. Cela passe notamment par les organes de presse pro-régime représentant l’une des seules sources d’information.

[53] Frederic WEHREY et Nora BENSAHEL, Dangerous but not omnipotent, Chapter 3: Asymmetric Ambition and Conventional Reality: Iran’s Evolving Defense Strategy, Doctrine, and Capabilities, RAND Corporation, 2009, p. 41.

[54] Matthew J. MCINNIS, op. cit., p. 14.

[55] CDEM, Iran, synthèse documentaire, centre de documentation de l’école militaire (CDEM), 2021, p. 28.

[56] Matthew J. MCINNIS, op. cit., p. 19.

[57] CDEM, op. cit., p. 28.

[58] Khamenei.ir, « Extraits de déclarations : profondeur stratégique de la République islamique » (" گزیده بیانات :  عمق استراتژیک جمهوری اسلامی"), Khamenei.ir, 2013. https://farsi.khamenei.ir/speech-content?id=22410

[59] Tewfik HAMEL, « Les paramètres de la stratégie de défense de l’Iran », GéopoWeb, 2021.

[60] Morgan PAGLIA et Vincent TOURRET, L’Iran et ses proxys au Moyen-Orient : les défis de la guerre par procuration, institut français des relations internationales (IFRI), Focus stratégique n° 95, 2020, p. 10.

[61] Ibid, p. 10.

[62] Current Affairs, "Asymetric Warfare of Iran: Iran’s interests and policy in the Middle East", Current Affairs, 2020. https://currentaffairs-ir.com/asymmetric-warfare-of-iran-irans-interests-and-policy-in-the-middle-east

[63] CDEC, op. cit., p. 46.

[64] Ibid, p. 46.

[65] Ibid, p. 46.

[66] Ibid, p. 46.

[67] Tewfik HAMEL, op. cit.

[68] Hossein ARIAN, « La puissance des drones de l’Iran : illusions et réalisations suspectes (Partie 1) », ("قدرت پهپادی ايران : توهّمات و دستاورد های مشکوک (بخش نخست) "), Radio Farda, 2014. https://www.radiofarda.com/a/f3-drones-iran-reality-and-illusion/26765272

[69] Peter BROOKES, The Growing Iranian Unmanned Combat Aerial Vehicle Threat Needs U.S. Action, The Heritage Foundation, Center for National Defense, Backgrounder n° 3437, 2019, p. 4.

[70] ARIAN Hossein, op. cit.

[71] Ibid.

[72] Marek KAMINSKY, « Les drones à l’honneur en Iran », Air&Cosmos, 2021. https://www.air-cosmos.com /article/les-drones-lhonneur-en-iran

[73] Pars Today, « Méga cyber manœuvre en Iran », Pars Today, 2021. https://parstoday.com/fr/news/iran

[74] Olivier DANINO, op. cit., p. 13.

[75] Antoine IZAMBARD, « Iran : forces et faiblesses de l’armée cyber des Gardiens de la révolution », Challenges, 2020. https://www.challenges.fr/monde/moyen-orient/iran-forces-et-faiblesses-de-l-armee-cyber-des-gardiens-de-la-revolution_693426. Selon le fournisseur de services de sécurité Check Point, la semaine qui a suivi l’opération contre Soleimani a vu les pirates iraniens s'attaquer à 35 entreprises (17 % de ces tentatives d'attaques étaient dirigées contre des cibles américaines).

[76] Iran Press, « Dévoilement de nouvelles réalisations cyber du pays » ("رونمایی از دستاوردهای جدید سایبری کشور"), Iran Press, 2020. https://farsi.iranpress.com/iran-i156385

[77] Catalin CINPANU, "Iran updates budget to allocate $71.4 million to ‘cyberspace’ operations", The Record, 2021. https://therecord.media/iran

[78] William LEDAY, Equilibres militaires et stratégiques au Moyen-Orient, Hérodote, n° 124, 2007, p. 105.

[79] SENAT, L’Iran : le renouveau d’une puissance régionale ?, Rapport d’information n° 22, 2015.

[80] Ibid.

[81] Omar ABU LAYLA, "Iran’s efforts at consolidation in Syria’s Deir Ezzor area", Middle East Center for Reporting and Analysis, 2020 https://www.mideastcenter.org/post/iran-s-efforts-at-consolidation-in-syria-s-deir-ezzor-area

[82] Waleed Abou AL-KHAIR, "IRGC ‘cultural centres’ recruit, proselytize Syrian youth", ("مراکز فرهنگی» سپاه پاسداران انقلاب اسلامی جوانان سوریه را جذب و تبلیغ مذهبی می کنند"), Diyaruna, 2019 https://diyaruna.com/fa/articles /cnmi_di/features/2019/04/11/feature-02

[83] Omar ABU LAYLA, op. cit.

[84] CDEC, Les principes de la guerre : clarification sémantique, point de situation et cadre de départ pour de nouvelles réflexions doctrinales, Lettre de la doctrine n° 9, CDEC, 2018, p. 1.

[85] Pascal VENNESSON, Penser les guerre nouvelles : la doctrine militaire en questions, Le Seuil, « Pouvoirs », 2008, p. 81.

[86] R. G. BEDARD, La défense mosaique de l’Iran : une version persane de la guerre hors limites ?, Collège des Forces Canadiennes, maîtrise en études de la Défense, 2013, p. 23.

[87] Mehrnews, « L’endurance et la stabilité de l’Iran ainsi que le chemin de la résistance contre les ennemis se poursuivent » ("استقامت و پایداری ایران و مسیر مقاومت در برابر دشمنان ادامه دارد"), Mehrnews, 2020. https://www.mehrnews.com/news/5032549. En 2020, le coordinateur adjoint du collège Imam Khamenei déclarait que « La sécurité [iranienne] d’aujourd’hui est le résultat des efforts de résistance d’hier et la résistance d’aujourd’hui apportera les victoires de demain » ("امنیت امروز در اثر تلاش‌های مقاومت دیروز است و مقاومت امروز پیروزی‌های فردا را به ارمغان خواهد آورد").

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Titre : La pensée militaire iranienne : nature, moyens et acteurs de la doctrine
Auteur(s) : CDEC
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Carte heuristique des organismes à l’origine de la pensée militaire iranienne
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Défilé de l’armée iranienne (Artesh). Crédits : Amir Hossein Nazari/Tasnim News Agency, CC BY 4.0
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