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La suprématie militaire japonaise: la chute de la Malaisie

cahier de la pensée mili-Terre n°50
Histoire & stratégie
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L’Empire du Soleil levant prit très vite possession de différents territoires en Asie du sud-est, avec des opérations qui commencèrent le 10 novembre 1941 par un raid aérien sur la Malaisie. La prise de la Malaisie, effectuée peu avant l'attaque de Pearl Harbor, était préparée de longue date. Le Capitaine (Air)Mourtont Jonathan Jay montre comment renseignement et influence s’avéraient indispensable pour lancer une opération de cette envergure


L’Empire du Soleil levant prit très vite possession de différents territoires en Asie du sud-est, avec des opérations qui commencèrent le 10 novembre 1941 par un raid aérien sur la Malaisie coulant des navires britanniques. En janvier 1942, la Birmanie, l'Indonésie, Manille et Kuala Lumpur tombent sous la puissance militaire japonaise. La prise de la Malaisie, effectuée peu avant l'attaque de Pearl Harbor, relève d'abord d’une série d'attaques à différents points, poussant une partie des forces britanniques vers l'est du pays, pour ensuite être prise à revers par les autres forces japonaises qui débarqueraient. L'opération japonaise est une réussite qui se manifeste le 8 décembre 1941 à partir des villes de Singora et de Pattani en Thaïlande vers le côté ouest de la Malaisie, sur la ville de Jitra notamment. Un mois plus tard, les Japonais arrivent à Malacca. Les Anglais sont encerclés de toutes parts. Les forces alliées repliées à Singapour capitulent le 15 février 1942. Les Japonais occupent désormais la Malaisie.

Renseignement et influence

Cette opération militaire était préparée de longue date, et le renseignement s’avérait indispensable pour lancer une opération de cette envergure. Le Japon, via des terrains qu'il possédait dans différentes localités à Johore et à Singapour, put en obtenir en temps réel grâce à une vue sur les bases navales de Singapour, ainsi que sur le système défensif côtier[1]. Les services de renseignement japonais utilisèrent alors des moyens diversifiés, comme des pêcheurs, pour sonder les côtes et les plages afin d’en évaluer la profondeur et définir les zones potentielles de débarquement. Les studios japonais de photos participèrent également au renseignement en prenant des clichés des lignes de communication, des routes, des chemins de fer[2]. Mais le plus spectaculaire fut l’action du Colonel TsugunoriKadomatsu qui travailla pendant près de six ans au British Officers Club et put obtenir, en toute discrétion, des informations sur les cadres de l'armée britannique[3]. Le système performant de renseignement dont disposait le Japon facilita ainsi la réussite du déploiement de ses forces. 

Pour s’assurer le soutien et au moins la résilience de la population, un important travail d’influence fut entrepris, faisant ainsi concurrence à l’Empire britannique. Dès la fin des années 30, le Japon avait investi dans cinq journaux publiés à Singapour. Trois d’entre eux étaient en langue japonaise, les deux autres utilisaient les langues anglaise et chinoise pour influencer les populations locales[4].

Une supériorité britannique illusoire

Les Japonais bénéficièrent aussi d’une situation favorable pour la prise de la Malaisie. Depuis les années 1920, les Britanniques avaient toujours privilégié la défense de Singapour[5], et pensaient que leur système de défense était suffisant pour repousser un assaut japonais. Cependant, la guerre en Europe faisait rage et inscrivait peu à peu l'idée qu'ils seraient seuls à affronter les Japonais. Dans cette perspective, il devenait essentiel de bloquer le débarquement d’une force. Cette mission fut dévolue à l'armée de l'air et à l'infanterie. Mais les moyens disponibles pour affronter les forces japonaises s’avéraient insuffisants pour défendre l'île. 336 avions étaient prévus initialement, alors que les responsables locaux insistaient sur un nombre nécessaire de 556 appareils[6]. Quand les Japonais attaquèrent avec plus de 500 appareils, seuls 158 avions étaient véritablement disponibles[7].

Un enjeu économique pour l’Archipel

L'occupation du territoire malaisien par le Japon fut bien planifiée. Leur intérêt pour cette région était motivé par l'acquisition de ressources: fer, bauxite, manganèse, étain, gomme naturelle et tannins[8]. La gomme naturelle ainsi que l’étain étaient exportés massivement aux États-Unis. En 1930, ces exportations représentaient près de 54% de la gomme et 74% de l’étain produits en Malaisie[9]. Il devenait vital pour le Japon d'empêcher ces ressources d'arriver aux États-Unis.

La Malaisie, dont l'économie s’appuyait sur l'exportation, fut largement détruite par la stratégie japonaise[10]. Le traitement des travailleurs différait selon les origines de chacun d'eux. Les travailleurs chinois, perçus comme des espions ou des membres des mouvements antijaponais, subissaient la violence et le rejet[11]. Des crimes furent commis envers cette population chinoise, comme au village de Lamping où 200 villageois furent tués et leurs maisons brûlées[12]. Une partie de la population subit l’internement dans des camps ou la déportation dans d’autres pays, comme à Taïwan, au Japon, ou en Corée[13].

Les ennemis de l’intérieur

Dès son installation, le Japon élimina les opposants politiques du Kuomintang (lié à la Chine), et d'autres organisations comme la Central Indian Association (liée à l'Angleterre). À l'inverse, les Japonais renforcèrent l'association pro-japonaise KesatuanMelayu Muda (KMM), qui ne dura pas plus de six mois, avant de disparaître à son tour.[14]

Un mouvement survécut pourtant à la traque japonaise, la MalayanPeople's Anti-JapaneseArmy (MPAJA), avec pour objet, comme son nom l'indiquait, la lutte contre l'envahisseur japonais. Les Japonais, après le 1er septembre 1942, réussirent à mettre à mal la capacité opérationnelle des mouvements de résistance en éliminant les principaux leaders du Mouvement Communist Party (MCP). Cette opération fut possible grâce au concours d’un agent japonais, Lai Tek, secrétaire général du MCP. Grâce à ce dernier leurs capacités de nuisance furent réelles, mais restèrent pourtant limitées[15].

L’émergence des milices nationalistes

Durant cette période, nous assistons, au sein de la population malaisienne, à l'émergence d'un nationalisme affirmé dont le Japon veut se servir pour appuyer ses opérations sur ce territoire en créant des armées de volontaires, les Giyûgun[16]. Elles étaient cependant difficiles à mettre en place par manque de mouvements nationalistes puissants, contrairement à la situation en Indonésie. L'objectif de ces troupes nationalistes était le renforcement des défenses côtières pour éviter un débarquement des forces alliées[17]. Ils ne furent jamais considérés comme des soldats à part entière, et pas un seul Malaisien ne reçut une formation dans une académie militaire japonaise, contrairement à 56 Philippins ou à 17 Indonésiens[18].

La formation des Giyûgun se faisait par l'intermédiaire d'officiers japonais, au sein d'une structure appelée DokuritsuShubitai, commandée alors par le Général major ShiratakiKishiro[19]. Cette unité, forte de 5.000 membres en 1944, exécutait des missions de maintien de l'ordre, ainsi que de construction d'éléments défensifs en vue d'empêcher un débarquement allié futur. L’entraînement était élémentaire: marche, course à pied, surveillance[20]. Certains d'entre eux recevront une formation militaire à Singapour pour le renseignement militaire, le maniement des armes – particulièrement celles en dotation chez les Britanniques – l’espionnage, la contre-ingérence, ainsi que le sabotage[21]. L'objectif militaire des Japonais consistait à créer des unités militaires locales afin d'assurer la stabilité, l'ordre public, pour et par les populations des différents pays d’Asie du sud-est sous leur contrôle. Cet objectif dispensait les forces japonaises d'un certain nombre de tâches à accomplir pour qu’elles puissent se concentrer sur l'effort de guerre contre les Occidentaux.

Conclusion

Le Japon, après avoir été invincible jusqu’en 1942, va accumuler les défaites successives, ne réussissant pas à renverser la tendance, bien qu’ayant encore en 1943 les moyens de réussir militairement. L’étendue du territoire, la multiplicité des zones de combat, les bombardements alliés sur le territoire japonais rendus possibles dès 1942 (suite à la défaite de Midway), vont mettre à mal la production militaire et la capacité du Japon à réagir. Les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki vont avoir raison des dernières velléités de combat d’une partie des partisans de la guerre prêts à poursuivre le combat même si cela devait entraîner l’annihilation totale du Japon et de sa population. Le cabinet de l’Empereur choisira la reddition, entraînant l’occupation de l’Empire du Soleil levant par l’armée américaine avec, à sa tête, le Général Mac Arthur.

 

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Chercheur spécialiste de l’Asie, les travaux du Capitaine (R) de l’Armée de l’air Jonathan Jay MOURTONT portent sur les questions de défense (aérospatiale, technologie et robotique, I.A, Soldat augmenté…), de sécurité en Asie de l’Est, ainsi que des problématiques de stabilité régionale liées au terrorisme en Asie du Sud-est.

[1] Paul H. Kratoska, “The Japanese occupation of Malaya, Hurst and Co. Ltd, First edition, (1998) p.28.

[2] Ibid.p.28.

[3] Ibid.

[4] Paul. H. Kratoska, “The Japanese occupation of Malaya, Hurst and Co. Ltd. First Edition (1998) p.27.

[5] Ibid.p.34.

[6] Ibid, p.35.

[7] Ibid.

[8]Yôji Akashi, Mako Yoshimura, “New perspectives on the Japanese occupation in Malaya and Singapore,1941-1945”, Singapore University Press, Singapour, Juin 2009, p.115.

[9] Ibid.

[10] Ibid. p.117.

[11] Ibid.p.128

[12] Ibid.

[13] Ibid.

[14] Boon Kheng Cheah, “Red Star Over Malaya: Resistance and Social conflict during and after the Japanese Occupation”, Singapore University Press, Singapour, 2003, p.56.

[15] Paul H. Kratoska, “The Japanese Occupation of Malaya: A Social and Economic History, C. Hurst&Co.Publishers, London, 1998, p.292.

[16]Fondéesen 1944

[17] Joyce Lebra, “Japanese trained armies in Southeast Asia, p.114.

[18] Ibid, p.115.

[19] Ibid, p.117.

[20] Ibid, p.118

[21] Ibid.

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Titre : La suprématie militaire japonaise: la chute de la Malaisie
Auteur(s) : le Capitaine (Air) (R) Jonathan Jay MOURTONT
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