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Le combat SCORPION

Planifier et conduire la manœuvre - partie 3 / 4 -
Tactique générale
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La compréhension au cœur de la doctrine Scorpion

À l’heure où les grandes entreprises ont pour problématique principale la gestion du big data et où une partie des travaux des postes de commandement consiste à nourrir " le reporting",  la gestion de l’information est au cœur des préoccupations. En regard, la conduite de la manœuvre à Fontenoy en 1744 semble bien simple : Maurice de Saxe embrasse du regard l’ensemble du champ de bataille et, s’appuyant sur ses observations et son expérience, décide rapidement où et quand lancer ses contre-attaques fatales.

 


Les équipements déployés actuellement sur les théâtres d’opérations ne garantissent que rarement un avantage décisif sur l’adversaire. Le vainqueur est usuellement celui qui, ayant plus rapidement une idée claire de la situation, anticipe ses mouvements, concentre ses effets et approche ses moyens de soutien pour accélérer la reconfiguration avant la phase suivante. Une rupture attendue de l’infovalorisation est de donner accès à une compréhension partagée de la situation, où le chef et ses subordonnés ont la même idée claire de la situation et de ses évolutions dans le temps.


L’utilisation massive des outils numériques, depuis plus d’une génération, permet de voir plus clair sur les possibles abus d’emploi : posséder un smartphone connecté à internet donne accès à un volume d’informations incalculable. Pour autant, sauf à être désœuvré, l’utilisateur n’y cherchera que les informations qui lui sont directement utiles.


Savoir utile, voilà la formule qui définit le mieux le rôle de la connaissance dans la doctrine Scorpion. Elle préserve de deux tentations : vouloir savoir tout, tout de suite, ou attendre de tout savoir pour décider. On peut aussi définir quelques préceptes d’utilisation des outils qui permettent cette compréhension partagée, comme « tout voir ne signifie pas tout savoir » ou cette citation du général Mc Chrystal « Eyes on, hands off ».


Repenser le partage de l’information soulève bien des questions et des objections. Le micromanagement est certes une tentation pour le chef qui possède la possibilité technique de tout voir. L’éducation à l’exercice de la subsidiarité, dès la formation initiale, doit en prémunir. De plus si ce risque est avéré il disparaît en cas d’engagement majeur, tant le volume de données venant du terrain augmente.


Survient dans ce cas un autre risque : la surcharge cognitive. Cette surcharge peut amener le chef mal formé à ne pas distinguer l’essentiel ni évacuer ce qui ralentit sa décision. Il est aussi vrai que ce mode de commandement dépend de la qualité des moyens de communication.

Pour qu’une information soit efficacement partagée il lui faut être diffusée sans distorsion et sans délais. Les recopies d’un système d’information à un autre sont souvent à la source de ces distorsions et délais. Il est cependant nécessaire de mettre en œuvre un élément – humain ou technique – qui fasse la synthèse des informations.


Le support cartographique, judicieusement renseigné, est très certainement le plus à même de donner la vision d’ensemble qui facilite la décision. Les évolutions technologiques nous permettent d’espérer, à l’horizon de l’étape 2 de Scorpion, des " caisses à sable numériques " employables par des interlocuteurs à distance.

Mener un mission brief ou un rehearsal en mode distribué, sans les risques et les délais occasionnés par un regroupement des autorités, pourrait être une réelle opportunité pour faire partager la vision de la situation et l’intention du chef. D’autres solutions techniques sont à explorer pour gérer l’information et alléger la charge du poste de commandement.

On pense à la mise en place d’un système de reach back , où les masses d’informations non directement utiles sont transmises à une entité lointaine qui possède les moyens de les exploiter.

Sans attendre ces évolutions, les observations faites par l’ensemble des participants aux expérimentations réalisées par le laboratoire du combat Scorpion depuis 2014 soulignent que la vision partagée de la synthèse tactique, en temps quasi réel, allège la charge des cellules de conduite grâce au blue force tracking .

Elle pousse les commandants de SGTIA à faire des propositions qui respectent pleinement l’intention du chef de corps. Elle soulage le chef du centre opérationnel d’une partie du suivi de situation, lui permettant de se consacrer de manière plus efficace tant à la conduite des feux qu’à l’étude du temps d’après.


Ce nouveau type d’accès à l’information génère des comportements qu’il faudra identifier et corriger. Dans les expérimentations menées par le laboratoire du combat collaboratif terrestre de la DGA,  il n’est pas rare de voir toutes les tourelles converger en direction de la première menace diffusée par l’infovalorisation. Les réflexes de conduite du feu doivent être entretenus, la technologie ne vient qu’en appui. Il en est de même pour les fondamentaux tactiques, qui ne sauraient être remis en question  dès lors qu’un subordonné a accès à la vision d’ensemble de son environnement.


Au final, les évolutions technologiques peuvent faire espérer une vision partagée de la manœuvre, dont les conséquences seront certainement importantes pour la préparation des ordres au niveau tactique. Comme internet, l’usage des outils demande une éducation spécifique, à laquelle il faut penser dès à présent, pour la population qui l’utilisera. La génération qui utilisera (exploitera) l’étape 2 de Scorpion a 10 ans en 2017, et nul ne peut prédire quelles opportunités elle saura tirer des innovations que l’armée de Terre s’applique à acquérir dès maintenant.


Lieutenant-colonel  Sébastien de PEYRET

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Titre : Le combat SCORPION
Auteur(s) : Lieutenant-colonel Sébastien de PEYRET
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