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Maréchal de Rochambeau: aux origines du lien transatlantique...

cahier de la pensée mili-Terre
Histoire & stratégie
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... et de l’approche globale, par un succès décisif dans la guerre d’indépendance américaine (1775-1783)

Le Maréchal de Rochambeau: une personnalité exemplaire mais, aux yeux de l’auteur, peu connue dans nos armées. Le Chef de bataillon Courtiau  nous décrit avec talent et enthousiasme la vie de ce chef militaire exemplaire ayant su également se montrer un citoyen éclairé en cette période troublée de la fin du XVIIIème siècle


«La guerre d’Indépendance américaine allait fournir à l’armée française l’occasion de prouver qu’elle reprenait le premier rang». Le Général de Gaulle souligne dans cette affirmation l’importance de la campagne américaine pour une France humiliée par la guerre de Sept ans.

 

Cette campagne représente effectivement un succès politique et stratégique. Et pourtant, celui qui l’a orchestrée à la tête du corps expéditionnaire, le Maréchal de Rochambeau, demeure peu connu dans nos armées.

Tant citoyen actif que chef militaire exemplaire, le Maréchal de Rochambeau mériterait d’être mieux connu au sein de notre institution, car il a incarné et promu toute sa vie les plus belles valeurs militaires, lesquelles expliquent son action décisive lors de la campagne d’Amérique (1780-1782).

 

En premier lieu s’impose l’évocation d’une carrière exemplaire, avant de dévoiler l’officier-citoyen moderne et actif au cœur d’une société en mouvement, pour enfin comprendre comment, il y a 230 ans, ce général a si bien réussi dans la campagne d’Amérique, en combinant approche globale et excellence de la conduite des opérations.

 

Mérite et détermination au cœur d’une riche carrière militaire exemplaire

 

De son passage dès 15 ans à l’École royale militaire à Paris à son élévation à la dignité de maréchal de France à la veille de ses 67 ans en 1791, Rochambeau a multiplié les combats et responsabilités.

 

  • La guerre de Succession d’Autriche (1740-1748): une période de formation dense et exigeante

Après à peine 6 mois passés en académie militaire, il débute comme simple cornette dans le régiment de cavalerie commandé par le marquis de Saint-Simon. Promu capitaine en 1743, il participe aux combats de Wissembourg, d’Haguenau, de Fribourg, aux sièges de Mons et de Charleroi. En 1746, à l’armée du Maréchal de Saxe en Flandre, il se conduit de façon brillante lors du siège et de la prise de Namur. En 1747, il est nommé colonel du régiment d’infanterie de la Marche. Pendant la bataille de Lawfeld le 2 juillet 1747, il est blessé par deux fois à la tête de son régiment lors d’une des cinq charges meurtrières ayant abouti à la prise de la ville.

  • Un professionnel aguerri dans la guerre de Sept ans: 1756-63

Rochambeau fait partie de l’expédition amphibie de Minorque sous les ordres du Maréchal de Richelieu, et s’y signale lors de la prise de Port-Mahon en 1756. À tout juste 31 ans, il est nommé brigadier d’infanterie et chevalier de Saint-Louis. En Allemagne, la brigade Rochambeau s’empare par la ruse de la forteresse réputée imprenable de Regenstein, scellant la conquête du Hanovre. Il est nommé colonel du régiment d’Auvergne en 1759 et, sous le Marquis de Castries, il résiste avec son régiment à une division de grenadiers anglais lors de la bataille de Clostercamp le 16 octobre 1760, où il est blessé. Remarqué pour son action décisive lors de ces combats, il se voit promu en 1761 au grade de maréchal de camp, puis inspecteur général de l’infanterie.

 

  • Un général qui ne baisse pas la garde dans une période plus calme: 1763-1779

Ses vertus militaires sont reconnues à travers ses promotions dans l’ordre de Saint Louis: commandeur en 1766, puis grand-croix en 1771. Gouverneur de Villefranche en 1776, il est placé sous les ordres du Maréchal de Broglie en 1778, commandant de l’armée du roi sur les côtes de Normandie et de Bretagne, préparant l’invasion de l’Angleterre. De Broglie organise de grandes manœuvres au camp de Vaussieux, visant à démontrer la pertinence des principes qu’il préconise, en appliquant la thèse de l’ordre profond, contre le règlement en vigueur de l’ordonnance de 1776, choisissant l’ordre «linéaire» de Guibert. Rochambeau est désigné pour commander la brigade «de comparaison» face au maréchal et, par sa maîtrise totale de la manœuvre, remporte tous les duels tactiques. En 1779, le Lieutenant-général Comte de Vaux succède au Maréchal de Broglie. Il confie le commandement de son avant-garde à Rochambeau. Mais fin septembre, le projet d’invasion est abandonné.

 

  • Le stratège de la campagne d’Amérique devient maréchal de France: 1780-1792.

Promu lieutenant-général et surtout commandant en chef du corps expéditionnaire français en mars 1780, Rochambeau conduit la campagne d’Amérique de mai 1780 à janvier 1783, couronnée par la victoire de Yorktown le 19 octobre 1781. Il commande alors 7.800 Français aux côtés de Washington (8.000 «continentaux américains» et 3.100 hommes des milices), face à 6.000 Anglais et 4.000 mercenaires allemands ou tories américains (s’appuyant sur 5.000 esclaves noirs réquisitionnés en Virginie). Cette victoire constitue un succès stratégique car elle aboutit de manière décisive à la signature des traités de Paris (hispano-britannique) et de Versailles (franco-britannique) le 3 septembre 1783, qui reconnaissent l’indépendance des Treize Colonies.

 

À son retour en France en 1783, le roi lui remet le cordon bleu de l’ordre du Saint Esprit et le fait gouverneur de Picardie et de l’Artois. Admiré par l’armée entière, il est considéré comme un interlocuteur autorisé par les différents ministres de la Guerre. En 1791, il prend le commandement de l’armée du nord. Le 28 décembre 1791, l’Assemblée constituante le nomme à la distinction de maréchal de France. Il démissionne enfin définitivement de l’armée en 1792, âgé de 71 ans, fatigué par ses blessures et ses infirmités. Napoléon l’élève à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur en 1804.

 

Un officier qui rayonne par ses valeurs morales, citoyen actif au cœur d’une société agitée

 

  • Un chef ferme et réfléchi, plaçant l’homme au cœur de ses préoccupations

Fermeté avisée et intelligence de situation sont deux qualités qui habitent Rochambeau. C’est parce qu’il exerce une ferme autorité, tout en restant juste, qu’il se voit confier le commandement du réputé régiment Royal-Auvergne en 1759, mais dont la discipline s’était relâchée. Quant à son intelligence de situation, elle se manifeste à l’occasion de la cérémonie de reddition des Britanniques à Yorktown, lorsque le Général O’Hara, second de Cornwallis absent pour maladie, veut remettre son épée à Rochambeau, celui-ci lui désigne Washington afin que les Anglais reconnaissent la victoire des «Insurgents».

 

Ayant appris les bases du métier auprès des vieux soldats, Rochambeau conservera toujours une certaine proximité avec la troupe, qu’il soit colonel, inspecteur de l’infanterie ou commandant d’armée. Lors de son retour d’Amérique, il écrit ainsi que parmi toutes les récompenses qu’il reçoit, il est surtout fier d’obtenir du roi les marques de reconnaissance demandées pour ses soldats.

 

  • Un officier novateur

 

Rochambeau n’hésite pas à développer des nouveautés dans quatre domaines principaux. Dans son Traité à l’usage de l’infanterie, Rochambeau développe dès 1758 la mise en place d’une compagnie de voltigeurs par bataillon, encadrée par les meilleurs officiers et chargée de sortir des lignes pour «les découvertes et les patrouilles». Le Maréchal de Broglie applique ensuite ce principe pour chaque régiment, tandis que cette nouveauté sera encore développée sous Napoléon.

 

En matière d’artillerie, il est le premier, avec le siège de Yorktown, à employer en campagne des canons Gribeauval, révolutionnaires par leur mobilité, leur cadence de tir et leur portée. Ils seront ensuite utilisés à grande échelle durant les guerres napoléoniennes.

 

L’intendance aussi intéresse Rochambeau, qui institue en 1759 un conseil d’administration pour gérer les finances du régiment, mettant un terme aux assemblées de corps tumultueuses qui étaient alors en usage. Le ministre de la Guerre, Choiseul, reprend cette idée dans son ordonnance du 10 décembre 1762. Par ailleurs, Rochambeau introduit dans l’ordinaire militaire le haricot sec. Légume rustique, calorifique, bon marché, simple de conservation et de transport, son succès ne se dément pas.

 

Enfin, Rochambeau démontre une bonne compréhension de l’utilisation des moyens amphibies. Au débarquement en 1780 à Newport (Rhode Island), en bonne intelligence avec les marins, il élabore un système défensif comportant un dispositif d’appui feu à terre, complétant l’interdiction de la rade par les canons de l’escadre de l’Amiral de Grasse. «L’interarmisation» est si poussée que l’artillerie des terriens se trouve renforcée de canons de marine et d’équipages de frégates. En dépit d’un rapport de trois contre un, face à ce dispositif, les Britanniques n’osent plus attaquer.

 

  • Un homme des lumières défendant en société son point de vue original

Rochambeau découvre en Amérique ce qu’il avait lu concernant la liberté, l’égalité et la propriété. De retour en France, et participant à la seconde assemblée des notables qui se tient à Versailles en 1788, il fait partie d’une minorité prônant une double représentation du tiers-état au lieu du maintien d’une simple représentation datant de 1614. Inspiré par les nouveaux systèmes politiques anglais et américains, il constate la place prépondérante du tiers-état dans le commerce maritime ou les manufactures. Avec les États généraux de 1789, il écrit combien il est persuadé qu’une subordination à une monarchie limitée aurait pu réellement fonctionner si les deux premiers ordres avaient concédé une partie de leurs avantages et fait preuve de réalisme au moment opportun.

 

  • Un notable courageux qui impose respect et mesure

Rochambeau désapprouve, en 1791 et alors qu’il commande l’armée du Nord, l’émigration massive de la plupart des officiers de son armée et même de son état-major. Il est très déçu par la tentative d’évasion manquée de Louis XVI en juin 1791. Il doit passer à l’offensive dans la vie publique pour se défendre lui-même dans une période ou appartenir à la noblesse devient extrêmement dangereux.

 

Dans ses mémoires, il décrit en s’en inquiétant la montée en puissance du comité de salut public et critique vivement Robespierre, qu’il observe devenir un dictateur accaparant tous les pouvoirs et livrant la Terreur aux «haines individuelles et [aux] passions particulières de tout [son] parti».

 

Alors qu’il aurait pu s’échapper lors de son arrestation, pour ne donner aucune prise à de quelconques soupçons et parce qu’il assume son statut et ses positions il choisit de ne pas fuir et est emprisonné à la Conciergerie le 21 avril 1794. Il passe un an en captivité, et échappe de peu à la guillotine.

Un «terrien» pratiquant intelligemment une approche globale, et conduisant les opérations avec excellence

 

Rochambeau, à la tête de son «expédition particulière» en Amérique, prend en compte un certain nombre de facteurs stratégiques et déploie des talents tactiques.

 

  • Les prémices de l’approche globale

Tant le contexte géopolitique que les aspects économiques et culturels de cette campagne s’avèrent stratégiques. La France soutient les Américains de Washington depuis la signature du traité d’alliance (1778). Elle a ainsi envoyé de l’argent, des armes et du matériel aux colons, et des officiers français, tel La Fayette, servent sous les ordres de Washington. Elle veut prendre sa revanche sur l’Angleterre après le désastreux traité de Paris (1763) sanctionnant la guerre de Sept ans, qui lui fait perdre une partie de ses colonies.

 

L’importance de l’économie dans cette campagne revêt principalement deux formes. La première concerne le soutien financier des éléments français. Cette armée, qui stationne près de trois années, doit payer tout ce dont elle a besoin: alimentation, bois de construction ou de chauffage… Par ailleurs, Washington dépend également des ressources financières françaises pour équiper et entretenir son armée. L’enjeu commercial constitue le second aspect économique: il s’agit bien, en soutenant les «Insurgents», d’appauvrir les Britanniques en les privant des richesses naturelles ou des impôts qu’ils tiraient des Treize Colonies.

 

Enfin, le dernier facteur stratégique est culturel. En effet, Rochambeau a bien compris la prégnance d’un enjeu de perceptions. Tout d’abord, cette campagne suscite en France, dans le même élan que la montée des Lumières, un réel engouement qui a abouti au traité d’alliance de 1778. Une forte attente existe donc dans l’opinion française et l’entourage de Louis XVI, qui favorise la satisfaction du soutien financier et matériel. De plus, dans cette campagne «multinationale», une véritable confiance mutuelle doit unir les combattants américains et français. Or ces derniers tendraient à considérer les Américains comme des amateurs inexpérimentés, tandis que les «Insurgents» perçoivent les Français comme vaniteux et même piètres soldats en référence à de précédents combats. Les deux généraux imposeront à leurs subordonnés, par la fermeté et l’exemplarité, un respect mutuel qui sera scellé par la victoire de Yorktown. Par ailleurs, en exprimant de manière argumentée ses idées stratégiques et tactiques, à force de persévérance et en dépit de nombreuses péripéties, Rochambeau convainc Washington que le véritable objectif est bien la saisie de Yorktown, plutôt que celle de New-York, certes à haute valeur symbolique mais véritable place forte britannique, et le général américain s’appuiera finalement sur lui en toute confiance pour la suite des opérations. Les bases d’une relation particulière entre Français et Américains venaient d’être posées. Cette relation alterne ainsi depuis 230 ans entre admiration mutuelle enjouée et méfiance suspicieuse.

 

  • La conduite de la campagne par un général expert de la guerre

Concernant la conduite de la campagne, il apparaît intéressant de souligner trois points: l’organisation du commandement, la logistique, et l’application des principes de la guerre. En matière de commandement, comme fixé par les instructions du roi à Rochambeau, ce dernier, bien que plus expérimenté et gradé, doit se placer sous la subordination de Washington, et les troupes françaises doivent se comporter en «auxiliaires». Par ailleurs, «l’interopérabilité» de la force franco-américaine est assurée par le rôle «d’officier de liaison» que va jouer le Major général Chevalier de Chastellux, qui sera très apprécié par Washington.

 

La campagne des Amériques représente une véritable prouesse logistique: un corps expéditionnaire de 5.000 hommes soutenu à 5.000 km des côtes françaises par une «armée navale», celle des Chefs d’escadre de Grasse et Barras, pendant près de trois années. C’est donc en étroite collaboration avec les marins que l’état-major de Rochambeau aura le souci du moindre détail.

 

Enfin, l’application de certains principes de la guerre doit également être soulignée. Force est de constater que la concentration des efforts représente la caractéristique principale de cette campagne. Rochambeau arrive ainsi à rassembler en octobre 1781 à Williamsbourg aux abords de Yorktown: sa propre armée «de terre» renforcée, d’une part, de l’artillerie de siège de Newport convoyée par Barras, et, d’autre part, des régiments des Antilles du Marquis de Saint-Simon convoyés par de Grasse; «l’armée navale» de de Grasse qui, exploitant sa «victoire des caps», interdit à l’entrée de la baie de Chesapeake tout renfort naval britannique, isolant pour la première fois les troupes de Cornwallis à Yorktown et Gloucester sur les rives sud et nord de l’embouchure de la rivière York; et enfin les forces américaines de Washington dont les troupes de La Fayette. Il y est notamment parvenu en pratiquant l’approche indirecte. D’une part un dispositif défensif minimal a été maintenu sur Newport, lieu de stationnement pendant onze mois du corps expéditionnaire, afin de laisser penser que cette place reste inexpugnable. D’autre part, aux abords de New-York, une efficace action de déception simule le maintien sur place de nombreuses troupes. Un «rideau» de soldats reste stationné, et Rochambeau a fait construire un énorme four à pain pour tromper les Anglais. En plus de cette concentration des efforts, le principe de sûreté a été appliqué par le maintien patient des troupes sur Newport, tant que les renforts en troupes et la supériorité navale n’étaient pas acquis. Quant à la liberté d’action de Rochambeau à la tête de sa force expéditionnaire, elle découle des relations qu’il a su instaurer avec Washington et les chefs d’escadre français pour obtenir l’adhésion à ses projets, et de son succès à conserver discipline et combativité des troupes françaises dans la durée malgré treize mois et demi sans véritable combat avant ceux de Yorktown. Au final, en trois semaines, en combinant une période de siège puis des assauts coordonnés, les forces combinées de Washington et de Rochambeau vont prendre en tenaille les troupes britanniques au sud à Yorktown et au nord à Gloucester.

 

De la concentration des efforts à la liberté d’action, en passant par la sûreté ou l’approche indirecte, il apparaît clairement que le Maréchal de Rochambeau maîtrise parfaitement les fondements de la tactique.

 

Ainsi, les succès de Rochambeau dans cette campagne d’Amérique sont effectivement liés à sa capacité à mettre une conduite des opérations sans faille au service d’une approche qui pourrait être caractérisée de globale.

 

Ayant vécu une carrière exceptionnelle et exemplaire, tout en ayant été un citoyen présent dans les débats de société, le Maréchal de Rochambeau, dernier maréchal de France de l’Ancien Régime et premier général de la République, s’est particulièrement illustré par une maîtrise tactico-stratégique des opérations lors de la campagne d’Amérique. Une meilleure connaissance de cet acteur fondamental de la relation particulière entre la France et les États-Unis d’Amérique apparaît donc essentielle, au moins au sein des armées.

 

Et la devise de sa famille ne peut pas manquer de séduire tout militaire: «Vivre en preux, y mourir».

 

Saint-cyrien, le Chef de bataillon COURTIAU a exercé des commandements de section puis de compagnie au 21ème régiment d’infanterie de marine de Fréjus de 2001 à 2004 puis de 2006 à 2008. Il a également servi à Tahiti au régiment d’infanterie de marine Pacifique-Polynésie (2004-2006) et à Lille au sein de l’état-major opérationnel Terre de 2009 à 2012. Il a découvert le Maréchal de Rochambeau en emménageant récemment à 300 mètres du lieu où ce grand homme repose, à Thoré-La-Rochette (41100).

 

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Titre : Maréchal de Rochambeau: aux origines du lien transatlantique...
Auteur(s) : le Chef de bataillon COURTIAU
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