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Pourquoi la dissuasion ? De Nicolas ROCHE

cahier de la pensée mili-Terre n°50
Histoire & stratégie
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Dense et limpide, «Pourquoi la dissuasion» s'ouvre sur 2 crises contemporaines, emblématiques de l'usage international de la dissuasion: la crise chimique syrienne et la crise Ukrainienne. La démarche consiste à s'interroger sur les conditions d'emploi de la force et la protection des intérêts collectifs de la communauté planétaire (autrement dit, de la paix) face à «des acteurs non coopératifs» voyant dans toute négociation un signe de faiblesse.


L'exercice est complexe, subtil, souvent décourageant, car le moindre incident de terrain peut ranimer le feu. Le récit des mensonges syriens, le déficit de crédibilité de la tactique nord-américaine, l'adaptation obligée des stratégies de défense, comme la dimension nucléaire de l'imbroglio ukrainien sont longuement décortiqués, pour aboutir à l'extension dans le temps et l'espace de chicanes irrémédiables. «La dissuasion – explique Nicolas Roche – est une grammaire, un langage de puissance qui vise à maîtriser l'escalade d'un conflit» sinon l'empêcher. Cela suppose des capacités militaires, un langage diplomatique approprié et des actes d'intimidation adéquats, concrétisant le discours politique.

Dans une première partie l'auteur retrace l'exemple de la France dans une approche à la fois historique et technique. Ensuite, la description de l'aspect nucléaire de la dissuasion est longuement évoqué, car «tout est là»: comment détruire la violence de l'autre sans s'auto détruire...Les principaux concepts de la dissuasion, de la riposte graduée aux représailles massives, sont exposés avec une grande clarté, d'où il ressort la nécessité d'avoir des interlocuteurs crédibles, durables et constants dans leurs objectifs. Ce qui n'est pas toujours évident.

Le danger est grand, quasi constant. Plus d'interlocuteurs seront détenteurs de l’arme nucléaire, plus le risque sera grave et difficilement maitrisable. «Noyer le poisson» est un sport cérébral opiniâtre et physiquement dangereux. Jusqu'où aller, comment, où, et pourquoi arrêter la violence mesurée, le dialogue offensif? Le dosage doit être revu et corrigé au fur et à mesure des incidents. Notre système d'information désormais quasi instantané n'arrange rien.

Les dernières parties de l'ouvrage décrivent avec force détails les possibilités de la cyberdéfense, et surtout brossent le tableau international des stratégies de dissuasions face aux turbulences constantes: la plaie, finalement, de la «mondialisation» c'est l'interdépendance de tous, tout le monde et tous les désaccords. Heureux ceux qui apprirent le tremblement de terre de Lisbonne avec un an de retard!!!!

En gros, il y aurait les «vieux sages» du nucléaire, ceux qui depuis 1946 savent qu'il ne faut surtout pas y recourir, autrement dit les 5 du Conseil de Sécurité, et puis les autres...les petits trublions de la modernité: l'ambiguïté d'Israël, le magma silencieux et sophistiqué de l'Iran, la dangerosité immédiate de la Corée du Nord.

L'auteur revient longuement sur ces différents aspects – passionnantes pages 263 à 357 – les possibles stratégies antimissiles, l'entrée de la maîtrise spatiale exo atmosphérique dans l'arsenal de concertation et dissuasion; il met en relief, au passage, les errances, maladresses et contradictions de la politique nord-américaine.

La conclusion, en quelque sorte une «non conclusion», remet en scène les deux fondements de notre droit international: la morale et le principe de la règle acceptée en commun. Les désastreuses conséquences d'un usage inconsidéré de l'arme nucléaire, l'illégalité de cet usage, le principe de proportionnalité des ripostes face à l'agression, sont autant de barrières besogneusement érigées au fil des conflits, mais qui s'avèrent bien peu solides face à une mauvaise volonté définitive. La religion quelle qu'elle soit – peut-elle être un atout ou un accélérateur du désastre?

La dissuasion nucléaire reste en tous cas la clé et le fondement des stratégies de gestion planétaire.

Bel ouvrage, certainement plus philosophique qu'il n'y paraît.

 

 

Nicolas Roche est le responsable du Centre Interdisciplinaire d'Études sur le Nucléaire et la Stratégie à l'École Normale Supérieure (Ulm). Diplômé de l'ENA, il a occupé différents postes au Ministère des Affaires Etrangères, à la Défense et au CEA. Son autorité est internationalement reconnue. L'ouvrage est aussi le développement littéraire et technique de ses différents enseignements.

 

 

 

 

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Titre : Pourquoi la dissuasion ? De Nicolas ROCHE
Auteur(s) : Madame le Professeur Françoise THIBAUT
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