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Rugby et armée de Terre : des valeurs communes

2/2 - BRENNUS 4.0
Histoire & stratégie
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L’exigence du combat pour le soldat, ou pour le joueur de rug-by, nécessite plus que jamais (certes à des degrés différents) de s’appuyer sur des valeurs parmi lesquelles : la combativité, le sens du sacrifice, la fraternité.


 La combativité

Cette dernière se retrouve dans les caractéristiques d’une troupe solide au combat de même qu’elle est l’apanage de nombreuses équipes de rugby. Elle est évoquée dans la directive relative aux comportements dans l’armée de Terre, comme un facteur renforçant la force morale du soldat dans l’exercice de sa mission. A cette dernière est associé entre autres « l’esprit d’équipe »[8].

 

Ainsi, dans le rugby, cette combativité se décline sous diverses expressions chez les grandes nations de ce sport. On parlera du « fighting spirit » irlandais, du courage écossais, de la « furia francese », expression directement issue de l’histoire militaire et inventée par les Italiens, pour décrire la fougue française au combat durant la bataille de Formoue en 1495.

 

Et que dire du Haka des All Blacks, véritable chant guerrier maori assimilant le rugby à un combat, où l’on retrouve la nécessité de vaincre la peur et de faire front ensemble ?

« Nous n’avons pas peur de vous et vous allez vous incliner devant les braves guerriers que nous sommes ! […] Faites face, faites face en rang ! »[9].

 

Il n’est pas éloigné des chants et rites guerriers, auxquels se sont toujours prêtées les armées à travers les âges, pour entre-tenir la combativité et l’esprit de corps dans leurs rangs.

L’entraîneur de l’équipe de Nîmes, Tim Daniel, loue ainsi la combativité du sergent-chef Tavite Veredemu, joueur de l’équipe de France de rugby à sept et sous-officier au 2e régiment étranger d’infanterie, en soulignant la continuité de son état de légionnaire jusque sur le terrain de rugby : « Dans la vie, il est légionnaire. Sur le terrain aussi. Quand on lui dit d’aller au combat, il y va. Il est capable de mettre la tête là où d’autres ne mettent pas les pieds »[10].

 

Le sens du sacrifice

De même que le soldat sait qu’il est amené à mettre sa vie en jeu, le joueur de rugby sait avant chaque match qu’il va à l’affrontement physique et qu’il devra encaisser des chocs. Il sait aussi que sa défaillance dans une ligne de défense peut pénaliser l’ensemble de son équipe. Henry Chavancy, fils du général, évoque « les responsabilités qui se dégagent d’une ligne de front défensive, où chaque coéquipier a un rôle important à jouer »[11].

 

Ainsi, le rugby, comme par une triste ironie de l’histoire, est le sport collectif français le plus durement touché par la Première Guerre mondiale. Il perd 121 joueurs. Le glorieux Stade toulousain perd à lui seul 81 de ses joueurs. Les Alliés perdent 102 joueurs internationaux. Les joueurs français portent depuis 2013, le Bleuet de France sur leurs polos, en l’honneur des combattants de 1914-1918.

 

Deux figures incarnent parfaitement la générosité sur le terrain comme au combat :

 

  •  George André dit Géo André :

Athlète hors norme, il est un grand international de rugby. Blessé et prisonnier au début du premier conflit mondial, il s’évade au bout de sa cinquième tentative en 1917 et sert dans l’aviation jusqu’à la fin de la guerre. Ses aptitudes athlétiques et la combativité dont il fait preuve dans ce sport, le conduisent à s’engager

dans les corps francs d’Afrique durant la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il est âgé de 54 ans. Il meurt au combat en Tunisie en 1943.

 

  •  Dave Gallaher, capitaine des All-Blacks :

Formidable joueur reconnu pour son talent et son charisme, il se porte volontaire à 41 ans pour la guerre. Il meurt à la bataille de Passchendaele, le 4 octobre 1917. Le trophée Dave Gallaher récompense depuis 2000, le vainqueur du premier test match de l’année entre la France et la Nouvelle-Zélande.

 

La fraternité

Plus que jamais, la cohésion s’avère nécessaire au combat comme sur un terrain de rugby. La fraternité d’armes qui lie les combattants est considérée dans l’armée de Terre comme « une des conditions essentielles de l’action collective »[12]. Elle n’est en rien éloignée de celle qui soude les joueurs d’une équipe de rugby. Dans une interview donnée sur le site du rugbynistère, l’international de rugby militaire Antoine Robichon, parle du rugby comme « le sport qui colle le mieux à l’esprit militaire avec des valeurs de solidarité, de cohésion sans oublier le côté stratégique »[13].

 

Daniel Herrero, ancien international et entraîneur du Racing club toulonnais résume parfaitement la réunion de ces trois valeurs, dans un documentaire sur la rivalité ancestrale franco-anglaise au rugby. C’est l’affrontement du danger sur le terrain dont on n’est pas sûr de sortir indemne, qui confère selon lui, une nature quasi militaire au rugby, incitant par conséquent le joueur, à se sacrifier pour les camarades qui le soutiennent :

 

« La meilleure façon de créer du lien c’est de générer du danger. C’est militaire ça ! Pour générer du danger, on a inventé un jeu où il y a du danger. Quand tu rentres sur un terrain de rugby, tu ne sais jamais comment tu en sors. Mais comme il y a du danger, le solidaire va devenir obligatoire. On va penser des règles qui vont inviter au solidaire. La règle c’est : pour aller vers l’avant où il y a le danger, tu regardes le danger. […] Tu seras obligé de faire ta passe en arrière, car tous tes collègues sont derrière. Le solidaire est une loi absolue »[14].

 

Consciente de ces liens solides qui l’unissent au rugby, l’armée de Terre n’a de cesse de faire vivre ce dernier dans ses rangs, à l’image du XV du Pacifique, créé il y a onze ans. Héritier des traditions du bataillon du Pacifique engagé dans les Forces françaises libres durant la Seconde Guerre mondiale, il est un véritable ambassadeur des valeurs militaires et rugbystiques.

 

Conclusion

Ainsi, c’est bien parce que le rugby incarne par excellence le sport collectif de combat, que sa comparaison avec le monde militaire fait sens.

C’est bien la complexité de ce jeu guerrier dès ses origines, basé sur le choc, la vitesse, la capacité à saisir l’opportunité, qui le rapproche du combat interarmes. À cela s’ajoutent les valeurs, sans lesquelles l’affrontement qu’il requiert sur le terrain ne serait pas possible, valeurs que l’armée de Terre n’a de cesse de cultiver pour souder les femmes et les hommes qui la composent.

École de combativité, de discipline collective, ce sport est plus que jamais promu au sein des armées comme véritable ferment de l’esprit guerrier, celui-là même qui fit dire au soldat et rugbyman Manguez, frappé mortellement par une balle de mitrailleuse durant le premier conflit mondial : « Allez dire que je n’ai pas encore reculé devant la mêlée »[15].

                                                           

 

[8] Etat-major de l’armée de Terre, Directive relative aux comportements dans l’armée de Terre, 2001, p.17.

[9] Source : https://paroles2chansons.lemonde.fr/paroles-ora-mate/paroles-kamate.html

[10] Source : https://www.rugbyrama.fr/rugby/rugby-a-7/2017-2018/rugby-a-7-tavite-veredamu-le-legionnaire_sto6861583/story.shtml

[11] Yves BILLON, op.cit.

[12] Etat-major de l’armée de Terre, Livre bleu sur l’exercice du commandement, 2015.

[13] Source : http://www.lerugbynistere.fr/chroniques/vis-ma-vie-de-rugbyman-international-dans-l-armee-avec-antoine-robichon-.php

[14] Maxime BOLLON, Ces chers ennemis, documentaire, 2007.

[15] Michel MERCKEL, op. cit., p. 203.

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Titre : Rugby et armée de Terre : des valeurs communes
Auteur(s) : le chef de bataillon Pierre-Charles de l’École de Guerre Terre
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Armée