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Un service national universel pour quoi faire ?

Cercle de réflexion G2S - n°21
L’Armée de Terre dans la société
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« La force de la cité ne réside ni dans ses remparts, ni dans ses vaisseaux, mais dans le caractère de ses citoyens ». Thucydide

Dans le contexte particulièrement tendu de la lutte contre le terrorisme djihadiste, le risque pour la France n’est pas tant de ne pas pouvoir vaincre hors de nos frontières ou de parer aux attentats sur le territoire national, mais plutôt d’assister à un éclatement de notre société par manque de cohésion sociale. Il s’agit là de l’objectif majeur de l’islamisme radical. La société tout entière doit être consciente des enjeux de défense et de sécurité auxquels notre pays fait face, et en être actrice à part entière. Au-delà de ses seules forces armées, le pays doit pouvoir compter sur des forces morales.


D’abord la France, la jeunesse française, a besoin d’un rendez-vous avec elle-même. Il s’agit de fortifier l’esprit civique, de montrer que la patrie n’est pas qu’un mot, qu’il s’agit aussi de symboles (le drapeau, l’hymne…) et d’un vivre ensemble. Ensuite, la défense et la sécurité de la Nation sont l’affaire de tous, pas de quelques professionnels (policiers ou militaires).

Pour répondre au double objectif de cohésion nationale et de sensibilisation aux enjeux de défense et de sécurité, il est envisagé la création d’un service national universel d’un mois, pour l’ensemble des jeunes hommes et femmes de notre pays. Il ne s’agit pas là de rétablir un service militaire, nostalgique et contre-productif : notre armée et nos forces de sécurité sont aujourd’hui constituées de professionnels, et la conscription ne correspond pas aujourd’hui aux besoins de notre défense. En revanche, il est important que les jeunes Français vivent une expérience personnelle et collective de la citoyenneté, à travers des enjeux d’intérêt général dont celui de la défense nationale. Malgré des parcours souvent très divers, il faut leur redonner la possibilité de redécouvrir qu’il y a plus de choses qui les rassemblent que de raisons de s’opposer.

Un service national d’un mois sera l’occasion de redonner les bases et repères d’une vie en groupe structurée, de partager des activités permettant le dépassement de soi, de renforcer l’esprit citoyen, d’inculquer les valeurs de la République. Le service national universel permettra également de détecter les difficultés de nos jeunes, médicales ou sociales, et les aidera à préparer leur entrée dans la vie professionnelle comme dans leur vie de citoyens. Cette période constituera enfin une occasion unique pour diffuser un esprit de défense dans notre jeunesse, et créera un formidable appel d’air pour alimenter la garde nationale ou différentes formes de service.

Il sera l’occasion pour les jeunes Français de :

▪ partager une expérience de vie collective, tous milieux sociaux confondus ;

▪ recevoir une formation civique élémentaire dans le cadre de la Défense : discipline et autorité ; connaissance des priorités stratégiques du pays, des grandes problématiques de sécurité ; activités physiques et sports ;

▪ découvrir  les  métiers  liés  à  la  Défense  et  susciter,  le  cas  échéant,  des vocations professionnelles ;

▪  apprendre  les  gestes  qui  sauvent  et  la  conduite  à  tenir  en  cas  de catastrophes naturelles, attaques terroristes… ;

▪ passer une série de tests pour contribuer à la lutte contre l’illettrisme et proposer des plans de formation ou de rattrapage adaptés, au sein des armées mais aussi en dehors ;

▪ faire un bilan de l’état de santé.

Au-delà de la formation et sensibilisation de l’individu il s’agit de renforcer la résilience de la société par une formation approfondie aux premiers secours et aux comportements adaptés en état d’urgence comme en état de crise (attentats, catastrophes naturelles, pandémies…). Par ailleurs, compte tenu de la menace déjà évoquée des actions de prévention de la radicalisation, et de sensibilisation au devoir de mémoire, l’information sur les droits (boussole des droits) et la sensibilisation aux devoirs (vote, impôts, l’engagement, les dons d’organes, sécurité routière) devraient aussi faire partie de ce mois de service.

Ce temps obligatoire manifestera le devoir que tout citoyen a envers son pays qui vient de consacrer des ressources importantes à sa formation. L’accent devra être mis sur la citoyenneté et les intervenants devront refléter la réalité de la vie de la société : éducateurs, élus, associations. Il s’agit de redonner à des jeunes de tous horizons le goût de l’effort, de leur offrir un cadre de vie structuré et de rétablir la notion d’autorité en les aidant à préparer leurs débuts dans la vie active.

Bien sûr, c’est l’ensemble des acteurs de notre société, et au premier chef la cellule familiale et l’Éducation nationale, qui ont un rôle majeur à jouer dans la construction de la cohésion nationale. Mais devant le risque de fracturation auquel nous faisons face, il est nécessaire de mobiliser tous ceux à même de restaurer la volonté de vivre ensemble. La communauté de Défense est à cet égard particulièrement bien placée pour y contribuer. Selon un récent sondage de l’Institut français d’opinion publique (Ifop)1, 30 % des Français trouvent que les militaires représentent le mieux les valeurs de la République (loin devant les maires pour 18 % et les enseignants pour

17 %). Si le service national a été suspendu, il n’en reste pas moins vrai que les armées ont vocation à fédérer les actions concourant à la défense nationale. D’ailleurs, elles participent déjà à la formation d’une partie de la jeunesse, parce que même professionnelle, cette ambition est le cœur de leur métier. Aujourd’hui, déjà plus de 15 000 recrues sont formées chaque année pour devenir des soldats.

Un autre domaine d’intervention des armées est l’insertion vers l’emploi : le service militaire adapté (SMA) dans les départements et territoires d’outre-mer2 et depuis peu le service militaire volontaire (SMV)3  en France sont des réussites reconnues. Toutefois, si les armées peuvent fournir la structure et l’encadrement en utilisant également la Garde nationale nouvellement créée, il convient aussi d’associer d’autres acteurs : les élus, les syndicats, l’Éducation nationale, le Service d’aide médicale urgente (Samu), les pompiers, la sécurité civile….

Le service national universel est un projet national et en tant que tel n’a pas vocation à être porté uniquement par le ministère des Armées. Comme les autres ministères il doit y contribuer, car la formation de la jeunesse pour la défense du pays et la confiance que celle-ci a dans l’armée le pousse naturellement au premier rang. Toutefois les moyens pour mettre en œuvre ce projet ne doivent pas distraire les armées de leur mission première qui est la défense de la France par les armes.

Forger le caractère des citoyens pour la défense de la Cité est une œuvre de longue haleine qui commence dans la cellule familiale, se poursuit à l’école et peut être complétée lors d’une période courte, mais dense, où le citoyen, pourvu de son bagage pour entrer dans la vie active, se mêle à ses concitoyens pour renforcer la cohésion nationale qui fait le ciment des murs de la Cité.

 

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1 « Les Français et la cohésion nationale », Ifop pour Synopia, mars 2017.

2 Le service militaire adapté (SMA) est un dispositif militaire d’insertion socioprofessionnelle français, créé en 1961 destiné aux jeunes

les plus éloignés de l’emploi au sein de l’Outre-mer français.

3 En France, le service militaire volontaire (SMV) créé le 1er juillet 2015 propose aux jeunes un parcours d’insertion vers l’emploi.

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Titre : Un service national universel pour quoi faire ?
Auteur(s) : Général (2S) Dominique TRINQUAND
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