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David Galula, du Capitole à la roche Tarpéienne ? 1/4

Revue militaire n°55
Histoire & stratégie
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Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et titulaire d’un master de recherche en relations internationales, Matthieu Meissonnier est administrateur du Sénat. Il est également membre du groupe réflexion Terre (GRT), auditeur de la 63e session de l’IHEDN et officier de réserve (Orsem).


Au prétexte de l’évocation de Galula, l’auteur dénonce l’erreur qui consiste à « plaquer » des concepts dans la conduite des opérations militaires en faisant fi de la prise en compte de paramètres environnementaux au théâtre d’opérations. Par ailleurs, il explique qu’aujourd’hui, la seule application « d’un art militaire » ne saurait donner sa pleine mesure sans un aspect politique complémentaire.

 

« Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne ; mais l’homme qui combat pour la raison, pour la patrie, ne se tient pas si aisément pour vaincu » répondait Mirabeau à ses accusateurs lors d’un célèbre discours à la tribune de l’Assemblée nationale1.

Ces mots ne s’appliqueraient-ils pas à David Galula2 ? Adulé hier, ses thèses seraient devenues inapplicables et sans utilité.

Il y a dix ans, le monde de la pensée stratégique française découvrait David Galula grâce à la traduction par le colonel Philippe de Montenon de son livre théorique Contre-insurrection, théorie et pratique3, dans lequel il tirait les leçons de ses observations comme attaché de défense en Asie et en Europe au plus près des guerres contre les mouvements communistes puis de son expérience comme commandant de compagnie en Algérie (1956- 1958). Il avait été tiré de l’oubli peu auparavant, presque par hasard, lors d’un colloque de la Rand Corporation, par Fred C. Iklé ancien directeur de son département des sciences sociales. À l’époque, le général Petraeus, au sommet de la célébrité, avait fait de ce lieutenant-colonel français inconnu la lecture obligée des stagiaires du Command and General Staff College et des officiers partant en Irak ou en Afghanistan. Il écrivait d’ailleurs dans la préface de l’édition française : « On peut dire de l’ouvrage de Galula qu’il est à la fois le plus grand et le seul grand livre jamais écrit sur la guerre non conventionnelle […] Il sera considéré un jour comme le plus important des écrits militaires français du siècle dernier. C’est déjà le cas aux États-Unis ».

Depuis, l’intervention américaine en Irak a ouvert la porte à l’État islamique. En Afghanistan, les États-Unis semblent tenter de négocier leur sortie et le partage du pouvoir avec les Talibans… Serait-ce la faute de Galula ?

Avant de prononcer la sentence, l’a-t-on seulement vraiment lu pour ce qu’il est, un outil et non une martingale ? Ne nous tend-il pas encore le miroir révélant les points d’achoppement des opérations de contre-insurrection menées aujourd’hui en Irak ou au Sahel ?

Relisons-le donc et examinons, conscients des limites de ses réflexions, comment elles éclairent les opérations en cours et comment Galula pose la question toujours actuelle des relations politico-militaires.

 

1 Second discours de Mirabeau sur le droit de paix et de guerre, en réponse à celui de Barnave, séance du 22 mai 1790.

2 Né à Sfax (Tunisie) en 1919 dans une importante famille de la communauté juive, saint-cyrien de la promotion « Amitié franco-britannique » (1940), il est rayé des cadres de l’armée pour judéité. Réintégré en 1943, il participe à la libération de la France et à la campagne d’Allemagne. Après-guerre, il est affecté en Extrême-Orient et dans les Balkans comme attaché de défense où il observe les succès ou les échecs des insurrections communistes et nationalistes (Chine, Malaisie, Philippines, Grèce). Cette expérience le conduit à demander son affectation en Algérie (1956-1958) où il mettra en pratique avec succès la pacification. Remarqué lors d’un colloque, l’Université d’Harvard lui propose un poste de chercheur puis la Rand Corporation. À la suite du refus des autorités françaises de le détacher aux États-Unis, il quitte l’armée en 1962. Il publie alors en anglais son témoignage, puis ses réflexions théoriques. Ayant refusé un poste avantageux chez BP qui était conditionné à l’abandon de sa citoyenneté française, il rentre en France où il travaille chez Thomson. Il meurt d’un cancer en 1967, à 48 ans.

3 Paris, Economica, 2008, 213 p. de l’anglais « Counterinsurgency Warfare, Theory and Practice », 1963.

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Titre : David Galula, du Capitole à la roche Tarpéienne ? 1/4
Auteur(s) : Monsieur Matthieu MEISSONNIER
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