Le sens de l'équité
L’ÉQUITÉ … QUOI ?
L’équité est un des fondements de la légitimité du chef. Exigence première de l’exercice du commandement,elle peut être définie comme la vertu qui consiste à régler sa conduite avec impartialité, dans un souci naturel et permanent de justice. Cependant, dans un monde marqué par une forte tendance aux revendications, l’équité ne doit pas être confondue avec l’égalitarisme. Reposant sur la juste appréciation, elle va bien au-delà de la stricte application de règles : c’est donc le chef qui garantit l’équité et non le règlement, étant entendu qu’il n’y a pas d’équité absolue.
Dans la pratique, l’équité nécessite une grande attention aux autres et une connaissance précise de l’environnement de ses subordonnés, de leurs contraintes et de leurs capacités. Elle conduit celui qui commande à trancher, à s’engager personnellement et à assumer ses choix.
L’ÉQUITÉ … POURQUOI ?
L’équité s’applique à de multiples domaines tels que : la répartition des missions, les récompenses et punitions.
- Elle garantit l’ordre et la fidélité.
- Elle est un enjeu de cohésion.
- Elle préserve la crédibilité du chef et la motivation au sein du groupe.
- Elle est un gage de confiance dans la relation d’autorité.
PAS D’ÉQUITÉ … SANS :
- droiture et impartialité ;
- courage moral ;
- connaissance de ses subordonnés ;
- engagement personnel du chef pour distinguer les mérites et sanctionner les fautes ;
- individualisation de la relation de commandement ;
- décision et finesse d’analyse des situations, pour apprécier avec justesse ce qui est dû à chacun.
L’ÉQUITÉ … DANS LES TEXTES :
« Un bon chef est juste non pas seulement en droit mais aussi en équité ».
Daniel Hervouët - Mener des hommes vers le succès (2014).
L’ÉQUITÉ … « AU CONTACT » :
Témoignage d’un lieutenant chef de section dans l’exercice quotidien du commandement :
« Jeune chef de section, je dois présenter au commandant d’unité deux légionnaires qui sont de retour d’un stage qualifiant ; ils ont malheureusement tous les deux échoué. Dans l’exercice qui consiste à proposer une sanction, la recherche d’équité est souvent difficile. Je fais le choix de demander à ce que l’un des deux soit sanctionné de jours d’arrêt et pas l’autre. De prime abord, cette prise de position peut sembler difficile à justifier. Pourtant, je connais bien le cas de chacun de ces deux légionnaires. L’un est volontaire et travailleur, il s’est préparé avec sérieux mais malgré ses efforts, a échoué parce qu’il ne possédait pas les qualités et aptitudes demandées. À l’inverse, l’autre, nonchalant, a subi sa formation et a participé au stage sans volonté de réussir. Cette demande de sanction a paru juste et surtout équitable au commandant d’unité qui a entendu mes arguments. Cette situation assez peu originale met cependant bien en lumière l’importance de la connaissance des hommes et de leur profil qui est nécessaire pour commander avec équité. »
Témoignage d’un capitaine commandant d’unité - opération LICORNE - RCI - 2004 :
« Engagé en urgence avec mon sous-groupement dans une mission de raid blindé vers Abidjan, le niveau supérieur nous informe que nous allons rencontrer des résistances qu’il faudra contourner ou réduire.
Je répartis la position des pelotons dans la colonne du raid blindé en fonction des qualités de leurs chefs ou des moyens dont ils sont dotés. Au jeune lieutenant, enthousiaste, je confie la tête. Il saura maintenir le rythme de la progression à un niveau élevé, compatible avec les horaires serrés qui nous ont été fixés. En deuxième position, je place le peloton commandé par un sous-officier chevronné. De fait, si le peloton de tête vient à buter sur une résistance, c’est le deuxième échelon qui aura la charge de manœuvrer et je sais pouvoir compter sur l’expérience de son chef pour mener à bien une mission forcément délicate. En troisième position, un peloton VBL, chargé de l’escorte du PC et des moyens logistiques. Compte tenu de son absence d’armement lourd, c’est le meilleur emploi possible pour lui.
Je sais que chaque chef de peloton aimerait mener la reconnaissance en tête. Pourtant, la mission impose de positionner chacun en fonction de ses qualités propres ou des effets qu’il est capable d’appliquer sur le terrain et l’adversaire. Il ne s’agit pas de rechercher l’égalité dans la répartition des tâches, mais bien de donner à chacun la mission qu’il sera le mieux à même de remplir. L’équité apparaît ainsi comme un facteur de succès. »