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L’honneur du camouflage

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Histoire & stratégie
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En même temps que se développent les nouvelles armes, que la guerre devient industrielle et que  les conventions internationales remplacent la morale, le XXème siècle apporte une grande nouveauté dans les uniformes et la manière de faire la guerre ; le soldat parfaitement visible n’est plus une nécessité, au contraire.

Selon l’historiographie habituelle, c’est l’invention de la poudre sans fumée en 1885 par l’ingénieur français Vieille – avec les progrès de la chimie - qui viendrait perturber l’importance des couleurs dans les uniformes. Comme son nom l’indique cette poudre produit peu de fumée et le champ de bataille devient transparent ; il n’est plus nécessaire de porter des couleurs vives pour être vu. Cette explication classique est-elle acceptable ou suffisante ?

 


Les tenues de teintes « neutre »

 

Au début du XXème siècle, les formes de guerre évoluent. En Afrique du Sud, la guérilla a pris une importance considérable ; les Boers souples, manœuvriers, très bon tireurs et se fondant dans le paysage prennent le pas sur  l’armée britannique qui manœuvre en carrés lourds et bien visibles. A la bataille de Spion Kopp en 1900, l’infanterie anglaise est défaite. La guerre russo-japonnaise, elle aussi, pose aux observateurs de nouvelles questions. De nombreuses études sont menées sur les nouvelles armes, les nouvelles poudres, la tactique employée de part et d’autre. Parmi les observateurs occidentaux certains vont devenir célèbres ou importants comme le capitaine Pershnig qui devait commander le contingent américains en France durant la Première Guerre mondiale ou encore Caviglia, futur ministre de la Guerre en Italie, ou John Hamilton futur général d’armée britannique[1].

De nombreux pays tirent rapidement les conséquences des ravages que peuvent causer les nouvelles armes à tir rapide et les tactiques qui s’y adaptent. Ils expérimentent puis adoptent des uniformes de teintes dites “neutres”, destinés à se fondre dans le paysage et à camoufler- le terme est certes impropre pour cette période - le combattant. La Grande-Bretagne adopte le kaki en 1900, les Etats-Unis d’Amérique en 1902, la Russie en 1909,  l’Allemagne le feldgrau en 1907, l’Autriche-Hongrie le gris-brochet en 1909  et l’Italie le gris-vert la même année.

En France, les premières expériences de visibilité  des uniformes ont été réalisées dès 1889 sur le champ de tir de Vincennes. Vers 1900, les débats sont très houleux, passionnés et complexes. Durant la période 1902-1906, deux essais sont faits avec la tenue dite “ boër ” - le nom est révélateur - et la tenue “ beige-bleu ”.  La première est présentée à la revue du 14 juillet 1903  par une compagnie du 28ème régiment d’infanterie. La deuxième est portée par deux compagnies des 43ème et 72ème régiments d’infanterie. En 1911, la tenue “ Réséda ” est expérimentée. Des essais sont effectués par le 106ème régiment d’infanterie de ligne, le 25ème régiment d’artillerie et le 2ème chasseurs à cheval. Tous ces essais s’inspirent des réformes des autres pays sauf celle du peintre Detaille qui propose, en 1912, de nouveaux uniformes aux couleurs chatoyantes. Certes, le peintre n’a pas su échapper à l’esthétique, mais il est surtout révélateur de voir que l’on se soit adressé à un artiste bien connu pour ces scènes de batailles pour définir un nouvel uniforme [2] qui semble surtout seyant pour la revue du 14 juillet à Longchamp [3] et assez inadapté pour le service en campagne.

La France a mis de longues années pour accepter de changer d’uniformes. L’uniforme français, bien visible avec son pantalon garance et pas toujours très adapté à la vie en campagne, n’est pas réellement une spécialité du militaire. La question est sans nul doute plus vaste. Ainsi a-t-il fallu attendre Pasteur pour que le médecin quitte le chapeau pointu du temps de Molière, ou plus exactement le haut-de-forme, pour opérer avec une blouse blanche, plus adaptée aux règles d’hygiène. La robe du juge ou celle de l’avocat est aussi, encore de nos jours, un moyen de désigner la force, le pouvoir, le droit. Mais le commissaire-priseur a généralement abandonné sa robe. On pourrait dire qu’il est en premier ligne ; avec les lois et du marché et de l’argent il est dans le siècle, et il perd, dans cette sécularisation, son uniforme, tout comme le curé.

C’est justement cette sécularisation de l’uniforme que rejette à la fin du XIXème siècle une partie de la société française. Certains raillent même les uniformes qui suivent la mode des vêtements civils. Le soldat et son habillement doivent rester hors du temps ; c’est là sans doute une idée dont la force n’a d’égal que le côté irrationnel. Aucune de ces propositions de réforme ne voit le jour. Les causes sont multiples mais peuvent être regroupées sous trois thèmes.

 

La couleur de l’uniforme reflet des mentalités françaises

Il y a d’abord des raisons politiques. L’impossibilité de fixer un choix est ainsi en partie due à l’instabilité ministérielle car le changement d’uniforme doit faire l’objet du vote d’une loi et donc d’un débat à la Chambre. Un essai est tenté mais le ministre de la Guerre change et son successeur est prêt à lancer autre chose ou … à ne rien faire. Si les ministres André, Berteaux, Goiran et Messiny sont plutôt partisans d’un changement, Etienne et Millerand mettent un terme aux expérimentations. Enfin, au-delà des essais, le changement d’uniforme devait être voté à la Chambre en vertu de l’article 10 de la loi de 1873 sur l’organisation de l’armée et cela supposait une majorité.

Les considérations financières sont aussi importantes car changer la couleur de centaines de milliers d’uniformes a un coût. Il y a environ 500 000 fantassins en temps de paix. La loi de 1889 fixait le service actif à trois ans pour tout le contingent et réduisait les cas de dispense. L’armée française  pouvait être portée à 3 millions d’hommes à la mobilisation. Le changement de tenue n’avait donc pas une incidence neutre sur le budget de l’Etat. D’un autre point de vue économique, il n’est pas possible prétendre, comme cela a pu être fait à tort quelquefois, que c’est le poids électoral des producteurs de garance qui a motivé ces choix : la culture de la garance disparaît au début de la décennie 1880. Les colorants sont alors chimiques et, comble d’ironie, l’alizarine vient d’Allemagne dont les productions de synthèse ont une grande avance par rapport aux réalisations françaises. C’est l’alizarine allemande[4], dont le prix est passé de 34 F. la tonne en 1872 à 6 F. vers 1880, qui a fait disparaître les producteurs de garance provençaux.

Mais au delà de ces raisons qui sont d’ordre technique, il existe des causes profondes qui touchent plus à la psychologie qu’à la réalité, qui s’inscrivent dans les représentations mentales qu’une société se fait d’elle-même et que l’on pourrait tenter de définir de deux manières : le souvenir de la défaite de 1870 contre la Prusse et l’idée que de nombreux français se font de l’Armée. En effet, les prises de positions sur ce sujet sont très diverses mais semble avoir un dénominateur commun. Ainsi, le général et sénateur de Chabaud-Latour dit, dès 1878, à propos de la tenue du fantassin français : c’est un uniforme légendaire et le député Lambert de Sainte-Croix : “ [abandonner le pantalon garance] ce serait renoncer à toutes nos traditions militaires [5]. Nombreux sont ceux qui pensent et disent haut et fort que se serait une lâcheté que se cacher pour faire la guerre, que cette tradition n’appartiendrait à l’armée française. L‘uniforme [le pantalon garance] est consacré par la gloire et je dirai sacré par la défaite[6]. C’est le pantalon de la défaite de 1870 ; la revanche devrait être obtenue par des soldats portant le même uniforme. C’est une façon de laver l’outrage et le déshonneur. M. Etienne,  ancien ministre de la Guerre, va même jusqu’à dire : Le pantalon rouge, c’est la France ! Lors de la revue du 14 juillet 1912, au cours de laquelle est présentée la nouvelle tenue Réséda, la foule siffle les unités qui expérimentent cette tenue et la presse n’est pas plus tendre. Ce sentiment est très persistant et l’uniforme de 1870 peut même devenir un emblème, un signal. Ainsi, en 1914, le peintre Chaperon réalise une grande toile intitulé  Le poteau frontière où il montre très nettement les hommes en uniforme de 1870 qui attentent une revanche sur l’Allemagne alors qu’une alsacienne, reconnaissable à sa tenue, est sous la surveillance d’un Uhlan qui, du haut de son cheval, regarde par delà la frontière matérialisée par le fameux poteau [7].

Il aussi est reproché à ces nouveaux uniformes de manquer de panache et de nuire au prestige de l’armée. Certains ont même peur que cette perte du prestige de l’uniforme nuise au nombre et à la qualité des engagements et rengagements. Le député Clémentel explique ainsi en 1911 son refus de changer la couleur des uniformes : ce serait risquer d’en [les engagements] diminuer sinon d’en tarir la source[8]. A cette époque là il n’est pas concevable de concevoir deux uniformes, un de sortie et un de campagne - pour le combat - et il faut attendre encore trente ans pour qu’un concept d’uniforme adapté soit réalisé en France[9].

Au-delà de ces approches économiques et psychologiques, il faut replacer, en France, ces questions d’uniformes dans le cadre plus large de la pensée militaire. Une autre querelle agite l’Ecole de guerre. Le colonel Pétain a tenté d’y professer une évidence : Le feu tue[10], mais le lieutenant-colonel de Grandmaison prétend que seule l’offensive à outrance pouvait emporter la décision : ses théories trouvent un large écho. Et effectivement, le règlement de 1894 reprend les recommandations audacieuses de celui de 1887. Avec ce type de tactique il n’est pas nécessaire de se protéger des vues de l’adversaire, bien au contraire. On comprend aussi pourquoi une invention de génie faite en France en 1912 par le commandant Kopenhague n’a pas vu le jour. Il avait inventé l’idée du filet de camouflage – le filet-abri selon ses propres termes - et en avait fait réaliser quelques exemplaires qui furent essayés en 1913. Mais l’Etat-major ne retint pas cette invention qui est reprise, devant les nécessités, en 1915[11].

Finalement, une commission présidée par le général Dubail met au point un nouvel uniforme, de teinte gris-bleu, adopté en mai 1914 par le Conseil Supérieur de la Guerre. Ce n’est donc que le 9 juillet 1914 que la Chambre vote la substitution des draps trop voyants, objets de tant de querelles, par un nouveau drap de couleur neutre. Il est à noter que Jaurès s’est opposé à cette réforme et donc à la suppression du pantalon garance en raison de l’importance de la dépense[12]. Le projet de nouveau drap, dit tricolore, est en fait de couleur grise grâce à un mélange de fils blanc, bleu et rouge. Le rouge est obtenu par l’alizarine allemande… La guerre provoque l’arrêt des importations des produits chimiques allemands et ce nouveau drap n’est jamais mis en service…

 

Du « bleu horizon » à la tenue camouflée.

Dès l’entrée en guerre, l’industrie textile doit faire face à des commandes énormes qui passent de 110 000 mètres linéaires par mois  fin 1914 à 2 032 180 en octobre 1917. En dépit de cela de nombreux achats doivent être faits  à l’étranger particulièrement en Grande-Bretagne. Dès septembre 1914, un drap est mis en fabrication avec des laines bleue et blanche[13]. C’est ce drap qui est nommé originellement “ drap bleu clair ” qui devient “ bleu horizon ” après que le journal L’Illustration l’ai appelé ainsi le 16 janvier 1915. Cet uniforme allait mettre fin à la guerre de panache, d’uniformes rutilants, de boutons dorés et des casques argentés [qui] allait s’enliser dans les tranchées, se couvrir de boue, délaver les couleurs [14].

Ce n’est pas parce que des tenues de couleurs plus ou moins passe-muraille ont été adoptées que l’on peut parler de tenues camouflées. Il s’agit pendant la Première Guerre mondiale plus particulièrement de camouflage de matériels ou d’aménagements du terrain. Il est intéressant de donner la chronologie de la diffusion des tenues camouflées dans le monde militaire [15].

Cette couleur « bleu-horizon » avait été un pis-aller. Il n’avait reçu l’aval de Joffre que par défaut car l’industrie se montra incapable de fournir suffisamment de drap kaki. La France adopte d’ailleurs le kaki en 1921. Durant la Première Guerre mondiale, il n’est pas envisagé de faire appel à du tissu camouflé pour réaliser les uniformes des combattants, en dépit de quelques tentatives. Il faut attendre des années trente. En 1937 en Italie, des blouses de saut sont taillées dans du tissu de toile de tente appelée tela mimetizzate conçue en 1929. En 1937 également, la Waffen SS expérimente une veste camouflée et, au cours de la guerre, les Allemands utilisent très largement les tenues camouflées. En 1936, le premier tissu britannique camouflé est réalisé pour les pèlerines anti-gaz puis ce type de tissu se généralise chez les parachutistes anglais en 1943. Les Américains mettent au point un tissu à petites taches en 1942. Ces tenues sont surtout employées dans le Pacifique.  Mais en fait, au cours de la Seconde Guerre mondiale, les tissus unicolores sont majoritaires. Pour la France, s’il l’on excepte deux bataillons parachutistes des Forces Françaises Libres équipés à l’anglaise de tenues camouflées – et c’est vraiment un épiphénomène - il faut attendre la fin de l’année 1944 pour trouver le premier texte officiel sur les tenues camouflées.

Après 1945, les tenues camouflées sont plus courantes dans l’armée française en particulier pour les troupes employées outre-mer, mais il faut peut être voir là davantage la nécessité d’utiliser, en période de pénurie, des stocks britanniques ou américains qu’un vrai choix délibéré. Et ce jusqu’en 1951 où un premier tissu camouflé spécifiquement français voit le jour réservé en priorité aux parachutistes. En 1962, les tenues camouflées - aussi appelés léopard - sont supprimées du service. A la fin de la guerre d’Algérie, elles semblent porter une connotation de putsch et de pouvoir pris par certains militaires. Mais la France fait alors figure de cas isolé car de nombreuses armées utilisent, en tout ou partie selon les unités, des tenues camouflées : Etats Unis, Pacte de Varsovie, Grande-Bretagne, Suisse, pays africains. Il faut donc attendre en France la guerre du Golfe pour qu’une tenue bariolée – le terme camouflée est proscrit - de teinte sable dite « désert » soit mise en place en 1991, suivi peu après par une autre de teinte vert-marron dite « centre-Europe ».

Aujourd’hui toutes les armées du monde sont équipées majoritairement de tenues camouflées. Il est possible de poser une question iconoclaste : servent-elles vraiment à rendre le combattant invisible aux yeux de son adversaire ? Pour résumer, les tenues camouflées ont-elles encore un sens aujourd’hui. ? Les moyens de détection sont tels – de l’infrarouge à l’intensificateur de lumière en passant par les caméras thermiques – que le combattant a du mal à se cacher derrière son tissu camouflé[16].

En revanche, cette tenue camouflée est un excellent moyen de reconnaissance : cette uniforme porte en lui une connotation de soldat d’élite : la tenue camouflée est héritière des parachutistes et de leur gloire. Il y a aujourd’hui une inversion de sens, la tenue camouflée est emblématique. Pour les Américains, c’est la tenue des gendarmes du monde depuis le général jusqu’au simple soldat. Dans le cadre de l’armée française, qui vient de voir disparaître la conscription et qui s’est professionnalisée, cette inversion de sens est aussi importante. Cette armée professionnelle est une armée d’élite et la tenue bariolée - ou la tenue cam. - est, peut être, un moyen de recrutement et de fidélisation.

Et l’honneur et la gloire ? est-ce anachronique ? Peu de situations sont véritablement figées et de nombreux points de vue opposés se côtoient encore aujourd’hui. Par un grand saut dans le temps passons de 1914 à des conflits très récents : la guerre du Golfe et les opérations dans l’ex-Yougoslavie.  En effet, il pourrait sembler que notre société soit étrangère à ces querelles d’un autre temps et pourtant des exemples récents tendraient à prouver le contraire. Trois peuvent être cités, à la limite de l’histoire et du journalisme, qui montrent que les ressources de l’esprit humain ne se renouvellent guère dans cette perception  de l’honneur de la guerre.

Aujourd’hui encore, toutes les méthodes de combat ne sont pas toutes honorables. En 1991, les médias et l’opinion publique se sont émus de voir des chars américains enterrer vivants dans leurs tranchées des soldats Irakiens. Cela n’était pas dit de manière claire dans les articles mais il y avait un jugement fondé sur des bases connues ; ce n’était pas un moyen humain, propre, honorable de tuer un adversaire. En d’autres temps Bayard faisait exécuter les porteurs d’arquebuses…

Aujourd’hui encore, la ruse est souvent synonyme de manque d’honneur. Le message du Chef d’état-major de l’armée de terre française, en mai 1995, à propos des prises d’otages parmi les troupes françaises sous mandat de l’ONU, met en avant des termes comme “ félonie ” et “ traîtrise ” ; il est dit que les agresseurs “ ont utilisé la ruse ”, “ en se déguisant ” pour pénétrer dans le poste de Vrbanja [17].

Aujourd’hui encore, certaines armes sont à rejeter. Si l’on peut comprendre la lutte contre les mines antipersonnel pour des raisons dites humanitaires liées à principalement à leur action après un conflit sur les populations civiles, il est plus difficile de comprendre la volonté d’interdire des armes utilisant les rayons lasers. Diverses questions posées par des parlementaires français au ministre de la Défense en 1995  qualifient ces armes “ d’inhumaines ” car elles peuvent provoquer la cécité des victimes[18]. Une flèche ou un éclat d’obus dans l’œil serait-il plus humain qu’un rayon laser ?…

Est-on finalement loin des querelles sur la couleur du pantalon au début de ce siècle ? Est-on loin de cette petite phrase trouvée dans le journal L’Illustration du 12 avril 1890 : La poudre sans fumée, c’est la guerre sans chevalerie ? Il y a là un certain mimétisme, ou peut-être la preuve du camouflage de la réalité de la guerre qui n’a jamais été et ne sera jamais propre.

 

 

 

[1] Cité par Erik Durschmied dans « La logique du grain de sable » (p. 205); éd. JC Lattes (traduit de l’anglais par Gérald Messadié).

[2] Dès le début de la guerre de 1914, la nécessité d’un casque est mise en évidence. Le modèle initialement proposé par le peintre – encore un - Georges Scott est abandonné car son prix est trop élevé et sa fabrication complexe. Le projet de l’intentant Adrian est quant à lui réalisé par Louis Kuhn, chef des ateliers mécaniques des usines Japy, et réalisé industriellement.

[3] En 1912, le grand-duc Nicolas, généralissime de l’armée russe, aurait dit lors des grandes manœuvres françaises que le pantalon rouge n’avait plus sa place sur un champ de bataille moderne. Voir Délpérier, « La belle époque des uniformes »op. cit. (p. 35)

[4]  Le plus important fabricant est la Badische Anilin und Soda Fabrik. AN carton F12 cité

par L. Delpérier , op. cit. (p. 30)

[5] Annales du Sénat  et de la Chambre des députés , sessions ordinaire 1878, T 2

 (p. 126), cité par L. Delpérier, op. cit. (p. 38).

[6]  Journal L’Illustration n° 2459 du 12 avril 1890. Cité par L. Delpérier dans le catalogue de l’exposition La Belle Epoque des Uniformes, op. cit.

[7]  “ Le poteau frontière ” par Chaperon (Salon de 1914). Service historique de l’armée de terre, Pavillon du roi, château de Vincennes. Voir aussi « L’armée française vue par les peintres, 1870-1914 » par François Robichon, Ed. Herscher, (p. 135 et 142). Un poteau de ce type – provenant des collections du musée de l’Armée - a d’ailleurs été exposé dans l’une des vitrines d’un exposition à Orsay il y a quelques années qui replaçait la peinture de cette période dans son contexte politico-militaire

[8]  Assemblée nationale, Rapport Clémentel sur le projet de budget de l’exercice de 1912, page  114. Cité par L ; Delpérier, op. cit.  (p. 42). Clémentel fut quelques années plus tard ministre de Clémenceau pendant la guerre.

[9] Le gouvernement dit de Vichy lance en 1941 la fabrication pour les 100 000 hommes de l’armée d’armistice d’une paquetage comportant une tenue de sortie/combat  et une tenue de sport. mais la généralisation de véritables tenues différenciées – combat, sortie, sport – n’est réalisée que grâce au paquetage de type américain lors du réarmement de l’armée française en Afrique du Nord à partir de 1943.

[10]  Jean Pouget dans un ouvrage intitulé “ Un certain capitaine De Gaulle ” (éd.Fayard, 1973) raconte comment, lors des manœuvres de 1913, le colonel Pétain commandant le 33ème d’infanterie (où Ch. de Gaulle est lieutenant) démontre à son général comment cette manœuvre  a “ présenté la synthèse de toutes les fautes qu’une armée moderne ne doit  plus commettre ”. En effet la prise en compte des matériels modernes n’est pas faite et cette notion du feu qui tu totalement oubliée, en revanche les clairons sonnaient et les drapeaux claquaient au vent.

[11]  Catalogue de l’exposition “ André Mare, cubisme et camouflage, 1914-1918 ” notice consacrée par G. Aubagnac à ce prototype (pp. 21-22) dont un fragment est conservé au musée de l’Armée à Paris.

[12] Jaurès était pourtant partisan d’une “ Armée Nouvelle ” A titre anecdotique rappelons que le terme “ armée nouvelle ” à été utilisé, au moins, trois fois ;  d’abord en 1911 par Jaurès qui a consacré un livre à l’armée et qui porte ce titre ; puis en 1940 pour l’armée d’armistice par le gouvernement de Vichy ; enfin en 1945 par le général de Lattre qui refonde une armée après l’amalgame.

[13] 15 % de laine bleu foncé, 50 % de laine bleu clair et 35 % de laine écrue.

[14]  Danielle Lelouche “ Cubisme et camouflage ”, Revue Guerres mondiales et conflits contemporains, n°171/1993 (pp. 123 – 137).

[15] Voir sur ces sujets :

-  lieutenant-colonel Christian Benoit : « A quoi servent les tenues camouflées ? » dans Actes du colloque international « Mimétismes et camouflage » Société géologique de Normandie (Le Havre), Tome 86, fascicules ¾, 3ème/4ème trimestre 1999.

[16] Une tenue camouflée d’un nouveau type pour masquer un combattant aux vues d’une caméra thermique pourrait  être une combinaison qui masquerait la signature thermique de l’individu, en produisant du froid par exemple …et peut importe alors sa couleur dans le spectre du visible !

[17]  Pour être clair comprenons : on s’est fait avoir parce que les autres n’ont pas appliqué les (nos !)  règles du jeux …

[18]  Voir dans le Journal officiel de la République française les questions des parlementaires N° 23 725, 23 942, 24 632, 24 674   et 25 898 (1995).

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Titre : L’honneur du camouflage
Auteur(s) : le Lieutenant-colonel Gilles AUBAGNAC
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