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Les relations avec la base arrière

Soldats de France numéro spécial Guerre du Golfe
Histoire & stratégie
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Une des particularités de la guerre du Golfe, qui est aujourd’hui rarement soulevée, est l’absence quasi-totale de femmes militaires dans le déploiement de la Division Daguet. L’opération Bouclier du Désert de la coalition (2 août 1990 – 17 janvier 1991) ayant lieu sur les terres saoudiennes, cette monarchie islamique a catégoriquement refusé leur présence pour des raisons religieuses. De ce fait, qu’elles soient civiles ou militaires, les femmes (et leur famille) doivent rester à l’arrière dans l’attente continue de nouvelles. Se pose alors la question de la communication entre les militaires, déployés à plus de 4 000 km de distance, et leurs proches. D’autant plus que le temps de l’opération s’éternise. Les soldats sont parfois maintenus en opération pendant 7 mois sans pouvoir rentrer chez eux.


Des difficultés à entretenir le lien avec la base arrière

 

Malgré les capacités médiatiques à transmettre cette guerre en direct aux quatre coins du monde, les militaires sur le terrain ne bénéficient pas de cette même facilité ni de cette même fréquence pour communiquer avec leurs proches. À un rythme hebdomadaire, les échanges s’effectuent uniquement par courrier postal, lequel met plusieurs jours avant d’arriver jusqu’à son destinataire. Outre ce moyen traditionnel, quelques heureux élus ont la chance de pouvoir joindre leur famille par téléphone, mais cela ne se fait qu’au bout d’un long périple. Patrice, à l’époque chef de peloton au 1er régiment de Spahis témoigne : « De temps en temps, on va au camp du roi Khaled [infrastructure abritant les armées de la coalition internationale] à trois quarts d’heure de piste. Il faut faire deux heures de queue pour accéder à une cabine téléphonique. Ça coûte la peau des fesses, cinquante francs la minute [l’équivalent de près de 10 euros en 2020]. On parle trois minutes à nos chères et tendres et puis c’est tout1 ». 

 

 

Un soutien national décisif

 

Pour compenser ce manque de relations entre les militaires et leur famille, un grand mouvement de solidarité nationale se met en place dès les premiers mois de la guerre. Beaucoup de colis et de lettres de soutien leur sont envoyés, lesquels s’intensifient à mesure que la période de Noël approche et que la guerre perdure. De plus, des associations se forment, à l’instar d’Un soldat dans le Golfe2, et mettent en place des correspondances régulières avec des marraines de guerre. Autrement dit, les actions de la base arrière démontrent un véritable soutien national, qui est primordial pour entretenir le moral des troupes. Le général Bernard Janvier, à l’époque chef du soutien logistique de septembre 1990 à février 1991, puis chargé du commandement de la division Daguet, considère même cet effort national comme un facteur de victoire : « Nous avons été plus forts parce que le pays était derrière ses soldats3 ».

 

Le courrier comme facteur de concentration : un avantage qui se perd ?

 

Si le délai de réception et la faible fréquence du courrier des proches nous semblent aujourd’hui rédhibitoire, cela présente pourtant des avantages en termes de gestion du personnel. Non seulement le format papier permet de peser le choix des mots et d’éviter le partage des futilités, mais surtout la réception hebdomadaire des lettres permet aux militaires, le reste du temps, de se focaliser pleinement sur le moment présent et leur mission. Gaultier d’Andlau, lieutenant au 1er Régiment de Spahis durant les faits, se souvient qu’à « l’époque, il n’y avait pas de téléphone portable et ça m’a permis d’avoir encore mieux mon équipe avec moi, de pouvoir gérer encore mieux le moral, parce qu’il n’y a rien de plus difficile que de vouloir motiver, de convaincre du personnel, et de savoir que dans sa tête il est ailleurs, notamment en téléphonant quotidiennement avec sa famille qui n’a pas le recul ». En effet, le problème de l’immédiateté induit par les nouvelles technologies est aujourd’hui un réel enjeu, puisque la réception continue d’informations sans filtre de la part de la base arrière risque de compromettre la pleine concentration du militaire sur sa mission. 

 

 

 

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1 - Hubert Leroux, Antoine Sabbagh, Paroles de soldats. Les Français en guerre 1983-2015, Tallandier, 2015, p. 77.

2 - Hubert Leroux, Antoine Sabbagh, ibidem, p. 76.

3 - Propos recueillis par Pierre Bayle, « Daguet : la mise en place et la montée en puissance (Interview du général Bernard Janvier) », Operation-daguet.fr, le 16 août 2018

4 - Frédéric Bouquet, La conquête d’As Salman. La grande aventure de la division Daguet, webdocumentaire de l’Ecpad, 2012.

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Titre : Les relations avec la base arrière
Auteur(s) : Ornella Junet et Sonali Ghoorahoo
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Armée