COMMANDER EN DONNANT UN BUT À TRAVERS L’INTENTION DU CHEF
LE COMMANDEMENT COMPORTE DES ASPECTS IRRATIONNELS MAIS IL EST EGALEMENT UNE SCIENCE
La doctrine de l’OTAN sur le « commandement » fait apparaitre deux notions complémentaires : « command » et « control » (C2). Au sein de l’OTAN, reprenant l’acception américaine des termes, le « command » se limite à l’élaboration et la diffusion des ordres, tandis que le « control » correspond à la conduite et à la coordination. C’est ainsi que « command » constitue la partie la plus importante du C2.
Cette notion recouvre les prérogatives et les attributions de commandement du chef, le processus décisionnel, l’exercice de l’autorité, bref le caractère unique et personnel du commandement. Le « control » décrit tout ce qui relève du fonctionnement des systèmes de commandement pour accomplir la mission, dans le respect de l’intention du chef, recouvrant tant les systèmes de PC, que leur fonctionnement et les équipements liés. La notion de « command » qui fait appel à l’intelligence et à l’intuition du chef relève de l’art du commandement, tandis que le « control » qui s’appuie sur des organisations, des structures, des méthodes et de la technologie, relève de la science du commandement.
A ce titre, la contingence de la situation se présente au chef sous toutes ses formes imaginables : en effet, l’exercice du commandement ne subit qu’une seule loi ; la rude exigence des faits que le chef ne peut ni ignorer, ni négliger sous peine que son commandement ne devienne alors pure divagation. Les réalités – mission, milieu, ennemi, population – imposeront toujours leur loi.
De manière quasi universelle, le commandement est donc à la fois un art, car centré sur la personnalité du chef, son intuition et in fine l’expression de son intention, et également une science car s’appuyant sur des méthodes, des systèmes et des organisations.
Face à la gravité de la situation générée par la brusque offensive allemande dans les Ardennes le 16 décembre 1944 et à la surprise qu’elle a occasionnée, le général Eisenhower convoque ses commandants d’armées au PC de BRADLEY le surlendemain. Patton, commandant la 3e armée y prend la parole pour déclarer : « Mon armée sera en mesure de prendre l’offensive sous 48 heures pour débloquer la 101e Airborne à Bastogne.» Eisenhower ne cache pas son agacement face à ce qu’il considère comme une nouvelle forme de fanfaronnade de son bouillant subordonné : en effet, engager en Sarre, face au nord –est en direction du Rhin, une telle manœuvre correspond pour la 3e armée à un mouvement de rocade de 90° avec une réorientation totale de toutes ses pénétrantes logistiques, sans cisailler aucun itinéraire, soit une préparation minutieuse. Mais, Patton reprend : « Ike, cela fait 72 heures que, lorsque mon B2 m’a fait part des premiers indices d’une contre attaque allemande, j’ai mis tout mon état-major sur la planification fine de plusieurs contre attaques. Ce travail est achevé. Dès qu’au terme de cette réunion, je rentre à mon PC, j’y donne mes ordres et, dans 48 heures, la 3e armée débouche. » C’est rigoureusement ce qui s’est passé.