LA DISPONIBILITÉ … QUOI ?

La disponibilité est une obligation  statutaire pour tout militaire, qui va à l’encontre  des usages de la société moderne  (réduction  du temps de travail, rétribution horaire). Ce principe peut d’ailleurs être écorné  par une  vie de quartier  trop  réglée  (horaires quotidien,  quartier  libre le vendredi  après-midi),  que  le chef veillera à adapter en fonction des besoins opérationnels et des impératifs de service. Pour le chef, elle est comme un impératif  qui le place au service des autres et de son unité, faisant écho  à la citation  de Jean Guitton : « toute  autorité  est un service ». La disponibilité  s’exprime à la fois dans les dimensions physique et intellectuelle. Pour le chef militaire, elle peut aussi être vue comme la première marque de son engagement  et de son implication en tant qu’autorité, car le commandement doit d’abord s’incarner par la présence. Marque de désintéressement et d’investissement personnel, la disponibilité rend l’obéissance et l’adhésion plus spontanées. Elle entretient  la confiance et prépare à l’engagement  opérationnel.

LA DISPONIBILITÉ … POURQUOI ?

• Elle est intimement liée à l’efficacité opérationnelle et à l’investissement personnel  consenti  par le chef pour l’atteindre.

• Elle matérialise le souci de ses subordonnées et l’intérêt porté à l’institution  militaire.
• Elle développe naturellement la confiance mutuelle.

PAS DE DISPONIBILITÉ … SANS :

• générosité et don de soi ;
• sens de la mission et du bien commun ;
• engagement intellectuel,  véritable abandon de soi au profit du service ;
• esprit de service allant au-delà de ce qu’impose le service courant.

LA DISPONIBILITÉ … DANS  LES TEXTES :

« Quand le chef manque, l’anarchie commande et l’anarchie n’est bonne qu’à détruire, jamais construire. (…) Le vrai chef ne comprend sa mission qu’à partir du moment où il s’est arraché à lui-même  pour se donner sans reprise à l’intérêt général. »

Gaston Courtois - l’Art d’être chef (1958).

LA DISPONIBILITÉ … « AU CONTACT » :

Témoignage d’un capitaine  commandant d’unité  de l’ALAT - opération SERVAL - Mali - 2013 :

« Il est déjà cinq  heures du matin,  le compte rendu  du raid aéroterrestre  de cette  nuit est terminé  et nous nous sommes accordés un petit moment de décompression, utile à la cohésion  du groupe. Tout le monde  part ensuite se coucher ; j’ai fixé le prochain  rendez-vous en début d’après-midi pour débuter la préparation  du raid de nuit, afin que les équipages se reposent. Mais je sais que mes deux sous-officiers renseignement  seront au travail dès huit heures, pour  analyser les résultats de l’attaque et prendre  en compte les nouvelles positions des troupes au sol. Je ne peux décemment pas les laisser seuls, même si j’ai besoin moi aussi de reprendre des forces. Un peu avant dix heures, je les rejoins, armé d’une bonne tasse de café. L’expression de surprise dans leur regard et leurs sourires me prouvent  qu’ils apprécient ma présence,  marque  d’un  investissement personnel.  Nous  analysons ensemble  la nouvelle  situation tactique. »

Témoignage d’un sergent-chef chef de section  - opération TRIDENT - Kosovo - 2000  :

« Après cinq mois d’une mission exigeante, ma section  est la seule de la compagnie qui soit restée au complet pour  assurer la relève sur plusieurs emprises. Une fois les consignes  transmises à la relève, la section entame son désengagement et débute le colisage pour préparer le retour. Deux jours plus tard, des événements viennent accroître la tension et des heurts ont lieu avec les troupes françaises. La section est alors à nouveau engagée comme section  de réserve du SGTIA. Sur tous les visages, la tension  est palpable suite à notre remontée en puissance. Du fait des incidents, le retour est décalé. Cette disponibilité a trouvé toute sa valeur dans cet état de fait alors que dans toutes les têtes, nous étions déjà rentrés en France après cinq mois d’une mission exigeante. »