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Thucydide

cahier de la pensée mili-Terre
Histoire & stratégie
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Thucydide d’Athènes est né entre 465 et 460 av. J.-C. Il était âgé d’une trentaine d’années lorsque éclata la guerre du Péloponnèse, une guerre de vingt-sept ans à laquelle il prit part. Nous ignorons à quelles campagnes il a participé pendant les premières années de guerre. En 424, il est élu stratège, c'est-à-dire magistrat chargé de commander les forces armées. Placé à la tête de l’expédition navale athénienne en Thrace, sa première campagne comme général tourna mal. Il ne put arriver à temps pour empêcher le spartiate Brasidas de s’emparer d’Amphipolis, ce qui lui valut d’être condamné à l’exil. En l’absence de tout témoignage, il est impossible d’évaluer sa part de responsabilité dans cet échec ni même de juger de ses qualités militaires. C’est au cours de cet exil qu’il se consacra à son Histoire de la guerre du Péloponnèse. Rappelé après la chute d’Athènes en 404 et l’amnistie décrétée par les vainqueurs, il revint dans sa ville natale et mourut peu après, entre 399 et 396, sans avoir achevé son œuvre qui s’interrompt au milieu de la vingt et unième année de guerre.


La guerre du Péloponnèse opposa de 431 à 404 les impérialismes de deux cités à leur apogée, Sparte et Athènes. Thucydide, en analysant les causes et le déroulement du conflit, met en œuvre une lecture stratégique, au sens contemporain du terme, puisqu’il met en évidence le caractère dialectique d’une lutte où les protagonistes transforment leur action au contact de l’action de l’adversaire. La victoire appartient à celui qui, le mieux, a su comprendre et s’adapter à la stratégie adverse.

On peut ainsi distinguer dans l’ouvrage quatre niveaux d’analyse:

  • Le premier, situé à l’articulation du politique et du stratégique, est l’étude d’un impérialisme, celui d’Athènes. Ce phénomène est, selon Thucydide, au centre de l’événement: il explique l’origine du conflit, détermine la stratégie générale adoptée, fige cette stratégie dans un conservatisme qui se traduit par l’impossibilité de renoncer à l’empire, et conduit finalement à la défaite par l’impopularité engendrée par l’organisation de cet empire.
  • Le second est une lecture géostratégique de la lutte entre une puissance maritime et une puissance continentale.
  • Le troisième relève de la stratégie proprement dite, à travers une analyse de l’approche indirecte, de son efficacité et de ses limites.
  • Le quatrième enfin se situe dans le domaine de la pensée stratégique. Il contient l’idée selon laquelle toute stratégie est affaire d’adaptation et d’innovation, l’inertie ne pouvant qu’entraîner la défaite.

 

Entre Sparte, puissance continentale, et Athènes, puissance maritime, deux stratégies vont s’affronter. Elles sont exposées dans les discours que Thucydide prête aux chefs de chaque camp: le Spartiate Archidamos et l’Athénien Périclès.

L’option de Périclès relève d’une stratégie oblique qui articule les modes offensif et défensif. La manœuvre défensive se fonde sur le principe selon lequel on ne peut tout défendre ni tout sauvegarder. Considérant Athènes comme une île, il abandonne le territoire à l’adversaire, replie la population derrière les murs de la cité et place son salut dans la flotte, les Péloponnésiens, c'est-à-dire Sparte et ses alliés, n’ayant aucune expérience de la mer. Il sacrifie ainsi le territoire à l’empire d’où Athènes tire sa puissance. Thucydide emploie alors, pour la première fois dans l’histoire, l’expression «maîtrise de la mer». Cette manœuvre est complétée par une autre: constituer un réseau d’alliances pour encercler le Péloponnèse. Dans le registre offensif, refusant l’engagement frontal, Périclès préconise une action indirecte, dont les objectifs sont économiques et psychologiques, qui consiste à ravager par voie maritime les cultures du Péloponnèse. Nous sommes pleinement dans ce que Liddell Hart appellera l’approche indirecte.

La stratégie péloponnésienne se fonde en revanche sur la recherche de la bataille terrestre, de l’engagement du fort au fort sur le théâtre principal. Et, si elle prône aussi la destruction des cultures, c’est pour contraindre l’adversaire à l’engagement. Mais cette grande bataille hoplitique que cherche Sparte lui est refusée. Pendant dix ans, globalement, l’initiative stratégique appartient à Athènes. Ses raids par voie de mer déstabilisent davantage les Péloponnésiens que les ravages de l’Attique n’affaiblissent la cité de Périclès.

La guerre du Péloponnèse est dans un premier temps cette lutte entre deux puissances de nature et de stratégie radicalement différentes. Mais, mieux que les Athéniens, les Spartiates et leurs alliés ont su s’adapter en se dotant d’une flotte puissante. Ainsi, le conflit tend progressivement à devenir une guerre maritime, et les deux batailles déterminantes, Syracuse et Aigos Potamos, sont des batailles navales. Ces deux défaites athéniennes illustrent le mot d’Albert Thibaudet: «La mer triomphe ou n’est vaincue que par la mer».

Les Péloponnésiens apprennent à pratiquer eux aussi la stratégie indirecte: ils s’attaquent au réseau d’alliances de l’adversaire en se posant comme libérateurs des peuples soumis à Athènes. Ensuite, puisque Athènes refuse l’engagement sur le théâtre principal, l’Attique, ils cherchent l’affrontement sur un théâtre extérieur: la Sicile. L’ouverture d’un deuxième front permet la dispersion des forces de l’ennemi, autre grand principe de Liddell Hart.

L’échec des opérations en Sicile cause la perte d’Athènes. Cette défaite est celle du conservatisme et de l’inadaptation. L’incapacité à réfréner la volonté d’étendre l’empire aboutit à une dispersion des forces. Le refus de constituer des troupes légères régulières prive Athènes de la mobilité opérationnelle et tactique indispensable à sa stratégie, alors que Sparte a su se doter de contingents de cavaliers et d’archers.

 

L’ouvrage de Thucydide a été beaucoup étudié à Byzance, mais il est longtemps resté inconnu en Occident. La première traduction latine date de 1513. Lorsque du XVIème au XVIIIème siècle, les théoriciens militaires se tournent vers Antiquité, c’est surtout dans l’Histoire de Polybe et non dans celle de Thucydide qu’ils vont chercher des modèles et des principes, en partie parce que l’athénien néglige les aspects tactiques. Mais, fait hautement révélateur, il existe pourtant un pays européen où, dès le XVIIème siècle, Thucydide est considéré comme un auteur essentiel: il s’agit de l’Angleterre.

 

 


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Titre : Thucydide
Auteur(s) : Monsieur Thierry WIDEMANN
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